🔊 “Un printemps incertain” Invitation à quarante créateurs, au MAD, musée des Arts Décoratifs, Paris, du 19 mai au 3 octobre 2021
“Un printemps incertain”
Invitation à quarante créateurs
au MAD, musée des Arts Décoratifs, Paris
du 19 mai au 3 octobre 2021

PODCAST – Interview de CloĂ© Pitiot, Conservatrice au DĂ©partement moderne et contemporain au MusĂ©e des Arts DĂ©coratifs, et co-commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 28 mai 2021, durée 18’56, © FranceFineArt.
© Anne-Frédérique Fer, visite presse, le 28 mai 2021.





Extrait du communiqué de presse :
Commissariat :
Sous la direction générale d’Olivier Gabet, directeur du Musée des Arts Décoratifs
Commissariat collectif : Véronique Ayroles, Marianne Brabant, Marie-Sophie Carron de la Carrière, Louise Curtis, Dominique Forest, Amélie Gastaut, Karine Lacquemant, Anne Monier, Jean-Luc Olivié, Cloé Pitiot et Béatrice Quette
Le Musée des Arts Décoratifs présente un nouvel accrochage de ses galeries permanentes consacrées aux collections modernes et contemporaines. Une exposition qui mêle nouvelles acquisitions et oeuvres majeures des collections.
Cet accrochage est aussi le fruit d’une invitation lancée à la fin du printemps 2020 à près de 40 designers, créateurs, graphistes et artisans, tous sollicités pour témoigner de ce qu’avait été ce « printemps incertain », expression empruntée à Virginia Woolf, dans son roman The Years publié en 1937. Un printemps et une année 2020 qui auront été pour la création, le design, le graphisme, non pas une année entre parenthèses mais l’occasion de créer, d’imaginer, de rêver, d’arpenter le monde en pensée, et autrement.
Les oeuvres ici exposées sont chargées d’histoire personnelle. Elles témoignent d’un moment singulier, traversé avec prudence, mais qui permit à certains de faire un pas de côté et d’emprunter des chemins oubliés comme des sentiers inconnus.
L’ironie de l’histoire, c’est que ce qui ne devait être qu’une période transitoire s’est mué en éternité. Le printemps a été rattrapé par l’automne et cette exposition montre que les artistes n’ont jamais cessé d’oeuvrer malgré la crise qui a changé notre rapport au temps et à la création.
Du dessin à l’objet en passant par le texte manifeste ou l’affiche, cette exposition, tissée au travers du parcours des galeries modernes et contemporaines, entend faire dialoguer des oeuvres réalisées pendant le confinement avec celles des collections du musée.
« Un printemps incertain » veut présenter cette parenthèse inattendue qui fut celle de l’isolement, de l’éloignement, de la solitude pour certains ou bien des retrouvailles pour d’autres. Certains ont créé en silence quand d’autres oeuvraient dans le brouhaha de la vie de famille, mais tous ont, par leurs créations, ouvert des horizons insoupçonnés.
Ces semaines qui sont devenues des mois ont formé une expérience inédite, pour les créateurs comme pour le musée lui-même et ses équipes. Jamais depuis 1939, hors période de rénovation et de travaux, le musée n’avait été fermé aussi longtemps et brutalement, ses équipes éparpillées et séparées malgré le continuum fructueux des réunions et des appels.
« Un printemps incertain » en témoigne aussi à sa manière : la commission des acquisitions du printemps et la réunion du Cercle Design 20/21, qui marquent l’enrichissement annuel des collections contemporaines et le début de l’été, ont été repoussés à l’automne 2020, non pas simple translation de dates, mais mutations et réflexion sur ce que signifie acquérir des oeuvres pour un musée dans un monde plongé dans la crise. Réflexion collective qui est à l’oeuvre dans cette exposition invitation, partagée par les membres de l’équipe scientifique concernés par la création contemporaine, design, graphisme, craft, monde du jouet, etc.
La pandémie de la « Covid 19 » fut bien sûr une source d’inspiration, que ce soit à travers des broderies de virus, un film sur l’impatience des objets exposés à retrouver leurs visiteurs, mais aussi des visières en impression 3D conçues par des makers pour les hôpitaux. Mais « Un printemps incertain » ne peut se contenter de montrer ce que la situation sanitaire a inspiré aux designers, ce qui serait très littéral, mais plutôt et plus justement, ce qu’a été pour eux ce moment. En échangeant avec les créateurs réunis, autant dire de suite qu’il n’y avait de la part du musée aucune attente particulière, une typologie requise, juste l’envie de montrer, simplement, ce qu’aura été pour chacun cette période proprement incroyable. Resserrant les liens déjà existants, c’est souvent en priorité les créateurs proches du musée, exposés ou présents dans les collections, compagnons de route et complices, qui ont été contactés, appelés, invités.
Dans une démarche d’humilité, il a été donné totale liberté à tous, pour certains la nature et le vivant sont l’un des thèmes récurrents ; le vol d’un papillon épris de liberté, une collection de galets roulés par les vagues, des photographies de rivage, des dessins de tables dressées dans des jardins inaccessibles, le tressage de plantes envahissantes, des tableaux de plumes.
Le Studio et l’Atelier, que le virus a déconnectés des lignes de production, sont devenus plus que jamais « un lieu à soi », filant la métaphore woolfienne, un espace solitaire où certains des créateurs ont retrouvé la voie de l’expérimentation, de l’esquisse, de la maquette. La main a souvent repris le dessus sur la machine, pour faire naître tissage de couleurs, miroirs chromatiques, labyrinthes tortueux… Quelquefois le confinement de certains créateurs en famille a entraîné un élan créatif vers le monde de l’enfance faisant émerger dans un sursaut de joie un mini-golf improvisé dans un couloir de maison, ou bien un alphabet revisité tout en combinaison et en couleur.
Dans les galeries modernes et contemporaines, c’est un parcours sensible, souvent inframince, qu’offrent les traces, les moments d’un « printemps incertain », sans lourdeur, sans leçon donnée, sans anticipation préconçue d’un « monde d’après » et aux conclusions hâtives que certains aimeraient en tirer.
Les noms des créateurs :
Â
Antoine+Manuel, Wendy Andreu, François Bauchet, Camille Baudelaire, Karina Bisch, Erwan Bouroullec, Ronan Bouroullec, François Brument, Coldberg Cohen, matali crasset, Marion Delarue, Valérie Delarue, Mathieu Ducournau, Humo Estudio, Elise Fouin, Constance Guisset, Helmo, Alexandre Humbert, Sandrine Isambert, Patrick Jouin, AC/AL (Amandine Chhor et Aïssa Logerot), Mathieu Lehanneur, Xavier Le Normand, Studio Lennarts & De Brujn, Anette Lenz, Pierre Marie, Fanette Mellier, Alexandre Benjamin Navet, Pablo Reinoso, Samy Rio, Julian Schwarz, Pierre di Sciullo, Martin Szekely, Frédéric Tacer, Atelier Tout va bien, Gérald Vatrin, Iona Vautrin et Julien Vermeulen.
Â