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🔊 “Wampum” Perles de diplomatie en Nouvelle-France, au musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris, du 8 février au 15 mai 2022

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“Wampum“
Perles de diplomatie en Nouvelle-France

au musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris

du 8 février au 15 mai 2022

musée du quai Branly – Jacques Chirac


Interview de Paz Núñez-Regueiro, Responsable de l’Unité Patrimoniale Amérique au musée du quai Branly - Jacques Chirac, et co-commissaire de l'exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 février 2022, durée 16’24. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Paz Núñez-Regueiro, Responsable de l’Unité Patrimoniale Amérique au musée du quai Branly – Jacques Chirac, et co-commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 février 2022, durée 16’24.
© FranceFineArt.

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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 7 février 2022.

Extrait du communiqué de presse :



Teharihulen Michel Savard, Réciprocité, 2009. Sculpture, technique mixte. Collection de l’artiste. © Teharihulen Michel Savard, photo Michelle Boisvert, 2021.
Teharihulen Michel Savard, Réciprocité, 2009. Sculpture, technique mixte. Collection de l’artiste. © Teharihulen Michel Savard, photo Michelle Boisvert, 2021.
Shell breast ornament, 18e siècle. Coquillage, cuivre et verre (?), 37 x 14,5 x 4,3 cm, 249 g. Grands Lacs (région des), Amérique, Huron (population). N° inventaire : 71.1934.33.36 D. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Valérie Torre.
Shell breast ornament, 18e siècle. Coquillage, cuivre et verre (?), 37 x 14,5 x 4,3 cm, 249 g. Grands Lacs (région des), Amérique, Huron (population). N° inventaire : 71.1934.33.36 D. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Valérie Torre.
Massue, début du 19e siècle. Bois, perles de coquillage. 58 x 17 x 10 cm, 900 g, 70 x 15 cm. Grands Lacs (région des), Amérique, Wyandot. N° inventaire : 71.1917.3.14 D. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Benoît Jeanneton.
Massue, début du 19e siècle. Bois, perles de coquillage. 58 x 17 x 10 cm, 900 g, 70 x 15 cm. Grands Lacs (région des), Amérique, Wyandot. N° inventaire : 71.1917.3.14 D. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Benoît Jeanneton.
Paire de mocassins, Fait par les femmes, vers 1780. Peau de cervidé, piquants de porc-épic, perles cylindriques, cuir, métal, écorce de bouleau, tissu, 8,5 x 27,5 x 21,5 cm, 191 g. Saint-Laurent (région du), Amérique, Haudenosaunee/Wyandot. N° inventaire : 71.1909.19.61.1-2 Am D. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Bruno Descoings.
Paire de mocassins, Fait par les femmes, vers 1780. Peau de cervidé, piquants de porc-épic, perles cylindriques, cuir, métal, écorce de bouleau, tissu, 8,5 x 27,5 x 21,5 cm, 191 g. Saint-Laurent (région du), Amérique, Haudenosaunee/Wyandot. N° inventaire : 71.1909.19.61.1-2 Am D. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Bruno Descoings.
Paire de mocassins, Fait par les femmes, vers 1780. Peau de cervidé, piquants de porc-épic, perles cylindriques, cuir, métal, écorce de bouleau, tissu, 8,5 x 27,5 x 21,5 cm, 191 g. Saint-Laurent (région du), Amérique, Haudenosaunee/Wyandot. N° inventaire : 71.1909.19.61.1-2 Am D. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Bruno Descoings.
Paire de mocassins, Fait par les femmes, vers 1780. Peau de cervidé, piquants de porc-épic, perles cylindriques, cuir, métal, écorce de bouleau, tissu, 8,5 x 27,5 x 21,5 cm, 191 g. Saint-Laurent (région du), Amérique, Haudenosaunee/Wyandot. N° inventaire : 71.1909.19.61.1-2 Am D. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Bruno Descoings.

Commissariat :

Paz Núñez-Regueiro, Responsable de l’Unité Patrimoniale Amérique au musée du quai Branly – Jacques Chirac

Nikolaus Stolle Chercheur invité pour le projet CROYAN, musée du quai Branly – Jacques Chirac




Perle de coquillage d’Amérique du Nord, le wampum est bien plus qu’une simple matière première. Utilisé comme ornement ou symbole de prestige, échangé et offert, enfilé et tissé, il est le témoin précieux d’un chapitre de l’histoire de la Nouvelle-France des 17e et 18e siècles. À travers une cinquantaine de pièces et issue d’un dialogue avec des partenaires autochtones, l’exposition Wampum. Perles de diplomatie en Nouvelle-France propose de faire connaître au public cet élément fondamental dans les relations entre les nations autochtones et les colonies européennes établies sur ce vaste territoire.

Le wampum, perle cylindrique manufacturée à partir de coquillages de la côte atlantique, a chez les groupes autochtones un usage social et politique. Il vient orner les attributs de prestige et est utilisé pour produire des objets mnémoniques tels des colliers tissés et des cordelettes. Il est utilisé dès le début du 17e siècle comme objet d’échange entre Européens et Amérindiens.

Employé aux temps de la Nouvelle-France (1600-1760) dans les relations variées établies entre groupes algonquiens, iroquoiens et européens, le wampum est une entrée privilégiée pour comprendre la société profondément métisse qui se met alors en place. Il documente notamment les traditions diplomatiques autochtones, l’adaptation européenne à ces traditions et la mythologie amérindienne.

Pour la toute première fois, l’exposition réunit l’ensemble des wampums conservés en France, à Paris, Chartres, Besançon et Lille, parmi les plus anciens au monde. L’étude historique et l’analyse comparative de ces spécimens arrivés sous l’Ancien Régime par le biais des représentants des rois de France et par les missionnaires catholiques offre la possibilité d’appréhender de manière inédite les valeurs, les usages et les intentions liés au wampum dans un contexte historique, politique et social précisément délimité. Objet du passé, le wampum est aussi un symbole du présent : l’exposition aborde également son rôle dans les pratiques autochtones actuelles.

L’exposition est conçue par les commissaires Paz Núñez-Regueiro, conservatrice en chef du patrimoine, responsable de l’Unité patrimoniale des Amériques au musée du quai Branly – Jacques Chirac, et Nikolaus Stolle, chercheur invité au musée du quai Branly – Jacques Chirac, avec un comité scientifique composé de spécialistes du wampum et de la culture et pensée amérindienne : Michael Galban (Nation paiute/washoe), conservateur au Seneca Art & Culture Center (Victor, New York) ;Jonathan Lainey (Nation huronne-wendat), conservateur au musée McCord (Montréal, Québec) ; Nicole O’Bomsawin (Nation abénakise), ancienne directrice du Musée des Abénakis (Odanak, Québec) ; Leandro Varison, chargé de la recherche au musée du quai Branly – Jacques Chirac. Le projet est réalisé en collaboration avec le Seneca Art & Culture Center, Ganondagan State Historic Site et le Musée McCord, où une itinérance de l’exposition est prévue en 2023, ainsi que le Bureau du Nionwentsïo (Conseil de la Nation huronne-wendat, Wendake, Québec).




Publication

Pour accompagner l’exposition, le n. 33 de Gradhiva est consacré à « Wampum. Les perles de la diplomatie »

Ce numéro de Gradhiva part sur les traces des exemplaires de wampum conservés en France (à Paris, Chartres, Besançon et Lille), parmi les plus anciens au monde, et revient sur leurs significations et leurs usages relisant l’histoire et les pratiques culturelles passées et actuelles des peuples abénaki, français, huron-wendat et haudenosaunee (iroquois). Les branches et colliers de wampum – ces « perles qui parlent » des groupes iroquoiens, algonquiens et européens aux 17e et 18e siècles – éclairent à nouveaux frais une histoire diplomatique des deux côtés de l’Atlantique. [ Parution : 8 décembre 2021 ]

Gradhiva, la revue d’anthropologie et d’histoire des arts du musée du quai Branly – Jacques Chirac, fondée en 1986 par Michel Leiris et Jean Jamin se veut un lieu de débats sur l’histoire et les développements actuels de l’anthropologie. Chaque numéro comporte un dossier thématique abordant un sujet original, comme la musique et les droits d’auteur, les figurations populaires des grands hommes ou encore l’ambiguïté visuelle dans les arts occidentaux et extra-occidentaux.

Ceinture, 18e siècle. Coquillage (Wampum), 12 x 106 x 0,5 cm, 665 g. Canada, Amérique, Huron, Ottawa. N° inventaire : 71.1878.32.61. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Patrick Gries.
Ceinture, 18e siècle. Coquillage (Wampum), 12 x 106 x 0,5 cm, 665 g. Canada, Amérique, Huron, Ottawa. N° inventaire : 71.1878.32.61. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Patrick Gries.

Manchettes, 18e siècle. Coquillage (wampum), piquant de porc-épic, cuir, 17 x 34 x 1,4 cm, 485 g. Mohawk (population). N° inventaire : 71.1878.32.60. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Valérie Torre.
Manchettes, 18e siècle. Coquillage (wampum), piquant de porc-épic, cuir, 17 x 34 x 1,4 cm, 485 g. Mohawk (population). N° inventaire : 71.1878.32.60. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Patrick Gries, Valérie Torre.

Parcours :



I. Introduction – Le nord-est americain à l’époque de la Nouvelle France

Vers le tout début du 17e siècle en Amérique du Nord-Est, alors que la France étend son emprise coloniale dans la région, de petites perles cylindriques en coquillage dénommées wampum (appelées « porcelaines » par les Français), commencent à être utilisées comme objets d’échange entre Européens et Autochtones. Chez ces derniers, le wampum a un usage social et politique bien établi, et orne souvent les objets de prestige. Certaines nations iroquoiennes, telles les Confédérations huronne-wendat et haudenosaunee (iroquoise), l’emploient pour produire des colliers tissés et des ficelles de perles qui servent à matérialiser la parole donnée. Dans un monde de l’oralité où l’écrit n’a pas encore sa place, les nations européennes se plient aux protocoles autochtones, et adoptent l’usage de ces « perles qui parlent » pour négocier alliances et traités. Ainsi démarre une histoire vieille de plus de quatre siècles au cours de laquelle les usages et les valeurs du wampum évoluent au gré des bouleversements politiques et culturels qui affectent la région et transforment l’autonomie amérindienne.

Cette exposition part sur les traces des exemplaires de wampum conservés en France, parmi les plus anciens au monde, et revient sur leurs significations et usages à travers le temps, sur la base d’un dialogue avec des partenaires abénaki, français, huron-wendat et haudenosaunee.



II. Bâtir la paix

La légende fondatrice de la Confédération haudenosaunee illustre l’ancrage profond des perles de coquillage wampum dans les sociétés nord-amérindiennes. Dekanawidah, le Grand Pacificateur, crée l’unité des Cinq-Nations iroquoises et met un terme à leurs guerres en ralliant le chef despote Tatodaho par l’offrande de wampum blanc, symbole de paix et de pureté. Au 17e siècle, la rivalité des Couronnes française et anglaise est transposée en Amérique du Nord et envenime les tensions existantes entre les nations autochtones, en déséquilibrant les rapports de force. Les guerres franco-iroquoises voient les Iroquois se battre contre les Hurons-Wendat et les implantations françaises de la vallée du Saint-Laurent pour contrôler le commerce des fourrures et capturer les prisonniers nécessaires à renflouer leur population décimée par les maladies européennes. Après les attaques répétées contre les commerçants français et leurs alliés algonquins, les Français mènent une expédition punitive contre les Seneca à Ganondagan en 1687, suivie par l’attaque du village français de Lachine par les Iroquois en 1689. Un jalon est franchi en 1701 avec la Grande Paix de Montréal, un traité de paix négocié avec du wampum entre la France et trente-neuf nations d’Iroquoisie, des Grands Lacs, de la vallée du Saint-Laurent et de l’Est. Il s’agit néanmoins d’un équilibre fragile.



III. Les perles de wampum

Dans les sociétés autochtones, les perles de coquillage blanc sont très estimées car elles expriment la vérité, la loi et la paix. L’introduction d’outils métalliques permet la production de perles violettes, manufacturées à partir de la lèvre violacée d’une palourde dure à travailler. Les nations algonquiennes de la côte atlantique étaient les premiers producteurs de perles de wampum mais, à compter du 17e siècle, les Hollandais puis les Anglais se mettent également à en produire.

Les Haudenosaunee (Iroquois) soumettent les populations côtières autochtones afin de contrôler l’accès au wampum : cette ressource reste la porte d’entrée privilégiée à tous les réseaux d’alliances et d’échanges autochtones. Les Abénakis migrent vers le nord et s’établissent auprès des Français ; les Pequots et les Wampanoag restent sur place et maintiennent la production pour le compte des nouveaux arrivants. Ces perles sont commercialisées avec les nations à l’intérieur des terres et le long du fleuve Saint-Laurent et des Grands Lacs. Les Européens croient à tort que les perles de wampum fonctionnent comme monnaie parmi les Autochtones, car ces derniers peuvent troquer le wampum échangé entre eux contre des marchandises commerciales.



IV. De la main des femmes

Au 17e siècle, le wampum est employé pour parer vêtements et accessoires, en raison de ses qualités protectrices et esthétiques. Les perles tubulaires de verre noires et blanches les remplacent progressivement au siècle suivant, tout comme la laine, le lin, le coton et le verre tendent à supplanter les fourrures, le cuir, les fibres végétales locales et les piquants de porc-épic. Ces matériaux d’importation font gagner du temps aux femmes, et leur permettent d’expérimenter de nouvelles techniques et motifs décoratifs inspirés des Français. Les mocassins, plus adaptés que les chaussures européennes, se maintiennent et sont même adoptés par les Français de Nouvelle-France qui embrassent certains aspects du mode de vie local. La mode de l’époque est connue par les illustrations et les rares objets conservés, ainsi que par certaines miniatures réalisées pour la vente. Les Ursulines de Québec produisent des articles religieux et des maquettes figurant les communautés autochtones établies dans les missions religieuses de la vallée du Saint-Laurent, destinés au marché de curiosités en France.



V. Paré de wampum

Le wampum est un insigne de statut. Les membres d’une nation n’ont pas tous besoin d’en disposer en quantité. Chez les Haudenosaunee, les colliers, les branches et les ornements de wampum sont conservés par les mères de clans. Les membres éminents et les chefs de ces clans sont les seuls à en faire usage lors des festivités ou des réunions du conseil de leur nation : ils se parent alors de colliers, d’ornements de cou, de pectoraux et de brassards en perles de coquillage pour rendre leur présence visible et imposante. Les motifs qui ornent ces pièces ne sont pas uniquement décoratifs mais véhiculent aussi une information, car ils se réfèrent aux symboles du langage visuel autochtone en usage à l’époque. Au 18e siècle, certaines nations autochtones accordent aussi de la valeur aux perles de verre qui s’apparentent au wampum. Ainsi, en 1771, le trésor communal des Abénakis comprend neuf colliers de wampum, deux colliers de perles de verre et treize branches de wampum.



VI. L’arbre de paix

Les affaires d’une nation sont discutées par les chefs héréditaires, les aînés, les mères de clans et les femmes à la tête des familles. Ces conseils internes peuvent impliquer la présentation de colliers de wampum comme loi ou preuve d’un précédent. Les assemblées diplomatiques entre nations s’organisent de la même manière. Il s’agit d’événements sociaux, auxquels sont conviés un grand nombre de parents, à qui on offre cadeaux, nourriture et diversion, et qui servent de témoins. Les chefs et les orateurs présentent des colliers et des branches de wampum à la fin de chaque discours, comme gage de sincérité et témoignage de la parole donnée, mais aussi dans le but de confier la mémoire des mots prononcés à un individu. Les Européens vont accepter de se plier aux règles du conseil. Ainsi, les Français vont participer à ces rituels diplomatiques, fumant le tabac sacré et produisant des dizaines de colliers et de branches de wampum qui sont présentés lors des rencontres. Ils distribuent également des marques de loyauté et de mérite, telles les médailles de paix en or et en argent.



VII. Les robes noires

Au 17e siècle, l’arrivée des ordres catholiques, dont ceux des Récollets et des Jésuites fondés en France, conduit au développement de missions dans la vallée du Saint-Laurent. Les ordres missionnaires participent à la politique coloniale française sur place. La Compagnie de Jésus joue un rôle central : elle s’associe à l’administration coloniale et participe à la politique diplomatique de la colonie, les Jésuites étant quasiment les seuls de l’Amérique française à connaître les langues des populations autochtones, et leurs moeurs. Ils sont nommés « robes noires » par les autochtones en raison de leur longue soutane noire. L’action missionnaire est particulièrement forte auprès des Abénakis, des Hurons-Wendat, des Mohawk et des Nipissings. L’usage des colliers de wampum, bien établi parmi ces nations, s’adapte à ce contexte : sous l’action des missionnaires, les communautés converties au christianisme les utilisent comme offrandes dévotionnelles afin de s’attirer les faveurs des saints et du clergé français. C’est ainsi que voient le jour les colliers de wampum votifs qui sont pour la première fois ornés d’inscriptions en latin visuellement porteuses du message qui leur est associé. Six colliers votifs de wampum auraient été envoyés par des communautés autochtones christianisées à des ordres religieux en France. Ces colliers matérialisent l’alliance établie avec les saints. Les motifs décoratifs autochtones sont remplacés par une inscription en latin qui rend intelligible à ceux qui ne maîtrisent pas les codes mnémotiques autochtones, le message associé aux colliers. Seuls trois des six colliers envoyés en France sont parvenus jusqu’à nous. Celui-ci, saisi dans les collections ecclésiastiques à la Révolution française, correspond peut-être à celui produit par les Hurons en 1666.



VIII. Le feu du conseil ne faiblit pas

À l’issue de la guerre de Sept Ans (1756-1763), la France perd toutes ses possessions en Amérique du Nord. Des traités de paix et d’amitié sont conclus entre les Britanniques et les Sept-Nations du Canada, une confédération autochtone regroupant les nations établies le long de la vallée du Saint-Laurent, dont les Hurons-Wendat, les Abénakis et les Mohawks. Un autre traité est négocié en 1794 à Canandaigua (État de New York) entre les nouveaux États-Unis et la Confédération haudenosaunee. Au 19e siècle, des traités territoriaux voient le jour aux États-Unis et au Canada : les accords passés avec les nations autochtones sont néanmoins défavorables à ces dernières, et conduisent les communautés loin de leurs terres ancestrales. Elles subissent des politiques d’assimilation forcée. L’érosion de l’autonomie et de l’influence amérindienne sonne le glas de l’acceptation partagée du wampum en Amérique du Nord, dont l’usage est alors restreint à la sphère autochtone, aux affaires internes et intertribales. De nos jours, avec les mouvements d’autodétermination menés par les nations nord-amérindiennes, les colliers de wampum sont devenus des symboles de la souveraineté autochtone et ont retrouvé leur rôle de premier plan. La Loi sur les Indiens, adoptée en 1876, donne au gouvernement canadien l’autorité exclusive de légiférer sur les « Indiens et les terres réservées pour les Indiens. » Parti dans les bois avec ce texte de loi, l’artiste huron-wendat Michel Savard l’a exécuté avec son fusil de chasse : de la « blessure » coule du sang rouge, couleur associée à l’identité autochtone, ainsi que des perles de wampum, ayant servi à la confection des colliers de guerre employés pour les alliances et les traités avec l’État canadien, bafoués depuis par ce dernier.



IX. Les wampums conservés en France

Les pièces présentées dans cette exposition ont été amenées en France et intégrées aux collections royales, aristocratiques, ecclésiastiques et à celles du milieu savant, avant d’être confisquées au moment de la Révolution française pour rejoindre les collections publiques. Les wampums arrivés sous l’Ancien Régime sont le fruit des ententes et des échanges établis entre Français et Autochtones et témoignent tant de l’ancienneté de ces relations que de la souveraineté des nations nord-amérindiennes. Ils rendent compte de la richesse des cultures autochtones au moment de la colonisation française dans la région. Les dialogues noués autour de ces pièces par les partenaires abénaki, français, haudenosaunee et huron-wendat rassemblés dans le cadre de ce projet, rendent compte des valeurs et sentiments multiples que ces pièces suscitent.