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“Pat Andrea / Nicolas Debon” à la galerie Les Arts Dessinés – Huberty & Breyne, Paris, du 12 janvier au 05 février 2022

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“Pat Andrea / Nicolas Debon” 

à la galerie Les Arts Dessinés – Huberty & Breyne, Paris

du 12 janvier au 05 février 2022

galerie Les Arts Dessinés


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© Sylvain Silleran, visite de l’exposition, le 14 janvier 2022.


Nicolas Debon, Marathon - Couverture de l'album, 2021. Technique mixte sur papier, 40 x 31,1 cm.
Nicolas Debon, Marathon – Couverture de l’album, 2021. Technique mixte sur papier, 40 x 31,1 cm.
Nicolas Debon, Marathon - Page 99, 2021. Technique mixte sur papier, 30,5 x 23 cm.
Nicolas Debon, Marathon – Page 99, 2021. Technique mixte sur papier, 30,5 x 23 cm.
Pat Andrea, Trio en Hollande, 2017. Technique mixte sur papier, 60 x 70 cm.
Pat Andrea, Trio en Hollande, 2017. Technique mixte sur papier, 60 x 70 cm.
Pat Andrea, Martyr(e), 2006. Technique mixte sur papier, 150 x 180 cm.
Pat Andrea, Martyr(e), 2006. Technique mixte sur papier, 150 x 180 cm.

Texte de Sylvain Silleran



Les planches cinématographiques de Nicolas Debon ne sont pas bien grandes, pourtant les cases de sa bande dessinée sont immenses, des paysages vastes comme les plaines des westerns. D’épaisses feuilles de papier servent de toiles à ces petits tableaux poétiques, une peinture fine et délicate. Peu importe l’histoire qu’il conte avec Marathon, ses plans, les champs, les contrechamps sont ceux de polars, de thrillers, de ces grandes fresques qui émerveillent. C’est épique, la lumière est chaude et dorée puis grise, dangereuse, humide. Les ombres des personnages sont celles du danger qui rôde, du destin qui emporte comme un torrent. Dans le silence de ce pages aux bulles muettes, on regarde les hommes comme un ange gardien qui les surveillerait d’en haut. On les observe douter, s’accrocher malgré tout à leurs rêves, à leurs vies. Tout peut basculer ici, au milieu d’un carrefour où s’engage un tramway. Et puis on rêve comme avec Little Nemo, on se réveille dans un cirque coloré avec un gars vachement fortiche.

Pat Andrea dessine des jeunes filles pas sages. Elles ont de longues jambes et des petites culottes de Vénus de lavabos. Leurs longs cheveux de maitresses d’école sont des coiffures un peu désuettes, de vieux encarts publicitaires de magazines, de ceux dans lesquels Henry Darger décalquait ses petites filles. Comme chez Darger il est question de violence et de cruauté, des larmes coulent le long des visages, les lèvres sont ouvertes sur un cri. Il est question de désir et de danger. Femmes martyrs, suppliciées, tourmentées, violées ou bien séductrices, rebelles, leur chair absorbe tout, se colore de ces indignités comme d’un bronzage.

Le grotesque de cirque pop réunit une joueuse de baseball et une naine sortie de chez Velasquez. La prof de français allume ses élèves mais elle est prisonnière de son bureau comme une criminelle médiévale. La Jeanne d’Arc brûle dans le brasier de sa propre robe relevée. Ailleurs une robe ouverte d’une fente rappelle plus une césarienne qu’un sexe. Le désir est intrusif, acéré et quelque peu méchant. Le dessin est désinvolte, joue au j’men foutiste pour mieux brouiller les pistes. Pat Andrea maitrise parfaitement son trait, change de registre à chaque instant, passe du crayon, du fusain à la peinture, l’aquarelle, au crayon de couleur. Tout ce qui est à portée de sa main finit par donner corps à ces contes surréalistes.

On se regarde les unes les autres, on se tient bien droite pour la photo. Le monde des apparence ne tarde pas à se déchirer, alors on se crèpe le chignon, on ne sait pas bien pourquoi, on peut pas faire autrement que se faire du mal. On cherche bien un peu de répit, un peu de tendresse, mais on sait pas comment ça marche ces choses-là. Dans ce nirvana rock, ça sonne comme du P.J. Harvey, le Rape Me de Kurt Cobain, Violet de Hole. L’émotion est restée brute, adolescente, un truc dans les marges des cahiers qu’on dessinait au bahut. Cette vérité, cette justesse est là, et l’architecture des traits bien droits tracés à la règle, ces maisons au toit violet, on ne veut pas y entrer, on préfère bien être dehors, libres. C’est déjà ça de pris.




Sylvain Silleran

Pat Andrea, Le Detonateur. Dessin, technique mixte sur papier, 150 x 180 cm.
Pat Andrea, Le Detonateur. Dessin, technique mixte sur papier, 150 x 180 cm.
Pat Andrea, Chien et femme, 2017. Technique mixte sur papier, 60 x 70 cm.
Pat Andrea, Chien et femme, 2017. Technique mixte sur papier, 60 x 70 cm.


Extrait du communiqué de presse :



Frédéric Bosser, fondateur de la revue Les Arts Dessinés et la galerie Huberty & Breyne s’associent pour ouvrir un nouvel espace entièrement dédié au dessin contemporain. Dessin de presse, illustration pour enfant, Bande Dessinée ou roman graphique seront à l’honneur de ce lieu situé en plein coeur du Marais, 19 rue Chapon, dans le 3e arrondissement de Paris.

Fidèle aux valeurs de la revue, la galerie Les Arts Dessinés a pour ambition de rendre compte de la richesse et de la pluralité de la scène graphique contemporaine. Observatoire de la création actuelle, la programmation s’articulera autour d’artistes confirmés et en devenir. Plateforme idéale de dialogues et d’échanges entre les artistes et le public, elle prévoit une année riche en découverte ainsi que la publication régulière de carnets de dessin consacrés aux artistes exposés.

Pour l’inauguration, la galerie Les Arts Dessinés est heureuse de confier cette première exposition à l’artiste hollandais Pat Andrea, avec une trentaine de dessins libres et inédits présentés dans l’espace principal. Tandis que l’espace « Découverte » sera consacré au dessinateur Nicolas Debon, illustrateur jeunesse et auteur de remarquables bandes dessinées telles que Marathon, L’Essai, L’Invention du vide ou Le Tour des Géants.




Les expositions

Pat ANDREA – Espace principal

Pat Andrea est l’un des grands dessinateurs actuels, internationalement reconnu sur la scène de l’art contemporain. Alors que le MORE Museum de Gorssel aux Pays-Bas lui consacre une belle rétrospective, le peintre emblématique de la Nouvelle Subjectivité inaugure la nouvelle galerie Les Arts Dessinés le 11 janvier 2022 avec une trentaine de dessins libres inédits et plus anciens.

Ses mondes irréalistes peuplés d’inquiétantes figures féminines et sexuées ne peuvent laisser indifférent. Une oeuvre singulière et osée mettant en scène des jeunes femmes en proie à d’étranges métamorphoses, ou figurées dans des scènes à haute teneur fantasmatique. Derrière les couleurs vives, les collages ingénus et les chevelures ondoyantes des femmes-enfants de Pat Andrea se cachent de petites et de grandes histoires, entre violence et tendresse, drame et humour.

« Les femmes sont présentes dans toute mon oeuvre. Je tente de les comprendre en les dessinant, tout simplement. » Pat Andrea

À l’intérieur de ses huis-clos angoissants, les femmes hurlent, frappent et torturent. Tour à tour terrifiées ou terrifiantes, heureuses ou mélancoliques, chastes ou aguicheuses, honteuses ou cruelles, les adolescentes érotisées de Pat Andrea interpellent. Une violence sourde transpire de l’imaginaire de l’artiste. Les scènes inquiétantes mêlées d’humour et de couleurs pastelles recouvrent les tensions d’une ironie déguisée. Dans le monde de Pat Andrea s’entrechoquent la douceur de l’enfance, la violence des sentiments et l’érotisme d’une longue paire de jambes nues. Un monde de contrastes déroutant qui fait naître une réalité nouvelle et poétique.

Biographie – Peintre et sculpteur néerlandais, Pat Andrea naît en 1942 à La Haye d’une famille d’artistes, l’illustratrice Metti Naezer et le peintre Kees Andrea. Il est l’un des représentants de la Nouvelle Subjectivité. De 1960 à 1965, Pat Andrea étudie à l’Académie Royale des Beaux-Arts de La Haye. Soutenu par Jean Clair, il expose à Paris pour la première fois en 1976, puis l’année suivante, le célèbre critique l’invite à nouveau pour l’exposition “La nouvelle subjectivité” au Festival d’automne à Paris avec, notamment, Jim Dine, Ronald B. Kitaj, David Hockney, Sam Szafran, Raymond Mason. Ces artistes internationaux partagent la même approche en proposant une image différente de la réalité. Il voyage en Amérique Latine et séjourne régulièrement à Buenos Aires. À partir de 1989, il exécute ses premières sculptures. Il enseigne à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris de 1998 à 2007. En 2002, il est élu membre correspondant à l’Académie des Beaux-Arts. À partir de 2003, il commence à illustrer, sur la demande de l’éditrice Diane de Selliers, deux contes de Lewis Carroll : Alice au pays des merveilles et De l’autre côté du miroir. La parution de l’ouvrage, en 2006 est suivie, les années suivantes, de nombreuses expositions de ces séries dont celle présentée au château de Chenonceau en 2007, celle proposée par le musée de la Carte à jouer en 2011 à Paris ou encore au Musée Dali à Paris en 2019.




Nicolas DEBON –
Espace rencontres

Pour son inauguration, la galerie Les Arts Dessinés consacre son espace Découverte au dessinateur et illustrateur Nicolas Debon. L’occasion de découvrir une sélection de planches originales de chacun de ses albums : L’Invention du vide, Le Tour des Géants, L’Essai, et Marathon paru en 2021 chez Dargaud.

Le travail de Nicolas Debon se distingue par une extrême sensibilité et par une maîtrise impressionnante du dessin et de la couleur. Après un début de carrière dans l’illustration jeunesse, Nicolas Debon se lance en 2009 dans l’écriture d’une première bande dessinée. Il publie chez Dargaud L’Invention du vide, une histoire complète qui, entre fiction et réalité, met en scène les débuts de l’alpinisme. Une aventure documentaire servie par un graphisme original en couleurs directes parfaitement appropriées aux décors majestueux. En 2012, il s’attèle avec Le Tour des Géants à l’incroyable épopée vécue par des hommes durant le Tour de France en 1910. L’auteur s’attarde notamment sur les coureurs Faber et Garrigou permettant d’apporter une vision plus humaine que sportive avec de réels moments d’émotion.

Dans L’Essai, album publié en 2015, Nicolas Debon s’est intéressé à l’histoire vraie de la colonie libertaire fondée en 1903 par Jean-Charles Fortuné Henry à Aiglemont dans les Ardennes françaises. « Nicolas Debon transporte sa peinture et ses pastels sur le terrain du politique, en narrant un fait historique qui a fasciné autant qu’effrayé à l’époque. Avec justesse, distance et concision, [il] décrit ce chantier colossal, montre la foi de ces hommes dans un progrès social mais aussi leurs doutes quant à la signification de leur geste » [1].

Après le cyclisme et l’escalade, l’auteur s’est attaqué en 2021 à la course à pied avec Marathon. À chaque album, Nicolas Debon inscrit le sport dans un contexte historique et social fort. À mi-chemin entre la bande dessinée et le dessin libre, Marathon offre plusieurs pages sans commentaire, sans parole, sans bulle. Juste des cases, des hommes exténués, un paysage souvent abrupt, sec, balayé par le vent.

[1] Benjamin Roure pour BoDoï

Biographie – Né en 1968 en Lorraine. Il étudie à l’École des beaux-arts de Nancy, puis enchaîne des petits boulots dans l’administration culturelle. En 1993, il part au Canada, où il réside une dizaine d’années, et devient notamment, dessinateur de vitraux. Un cours du soir lui fait découvrir l’univers de l’illustration jeunesse. Ses premiers travaux, publiés par des éditeurs nord-américains, sont bientôt remarqués : il est ainsi finaliste des prix littéraires du Gouverneur général du Canada, et, en 2007, lauréat du Horn Book Award, un important prix américain de littérature jeunesse.  Nicolas vit désormais près de Paris, où il se consacre à l’illustration jeunesse (il a notamment travaillé pour Nathan, Gallimard Jeunesse, Flammarion-Le Père Castor ou Bayard) et, de plus en plus, à la bande dessinée. Il a également participé aux albums collectifs de la série « La Fontaine aux fables » (tomes 2 et 3, 2004-2006, Delcourt) comme dessinateur tout en publiant son premier album en solo, Le Tour des géants (2009), chez Dargaud. Depuis, toujours chez le même éditeur, il a sorti L’Invention du vide (2012), L’Essai (2015) et Marathon (2021).