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“Giuseppe Penone” Sève et pensée, à la BnF François Mitterrand, Paris, du 12 octobre 2021 au 23 janvier 2022

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“Giuseppe Penone” Sève et pensée

à la BnF François Mitterrand, Paris

du 12 octobre 2021 au 23 janvier 2022

BnF François Mitterand


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© Anne-Frédérique Fer, présentation de l’exposition avec Giuseppe Penone, le 11 octobre 2021.

@ Giuseppe Penone. Pensieri e linfa (Sève et pensée). © Adagp, Paris, 2021, photo © Archivio Penone.
@ Giuseppe Penone. Pensieri e linfa (Sève et pensée). © Adagp, Paris, 2021, photo © Archivio Penone.
Giuseppe Penone dans son atelier, Turin, 2014. © Agence REA / Contrasto / Martino Lombezzi / Image de presse.
Giuseppe Penone dans son atelier, Turin, 2014. © Agence REA / Contrasto / Martino Lombezzi / Image de presse.
Giuseppe Penone. Alberi inversi (Arbres inversés), 2018. Pointe sèche. BnF, Estampes et photographie. © Bertrand Huet / Galerie René Tazé.
Giuseppe Penone. Alberi inversi (Arbres inversés), 2018. Pointe sèche. BnF, Estampes et photographie. © Bertrand Huet / Galerie René Tazé.
Giuseppe Penone. Paesaggio (Paysage), 2015. Pointe sèche. BnF, Estampes et photographie. © Bertrand Huet / Galerie René Tazé.
Giuseppe Penone. Paesaggio (Paysage), 2015. Pointe sèche. BnF, Estampes et photographie. © Bertrand Huet / Galerie René Tazé.
Giuseppe Penone. Pensieri e linfa (Sève et pensée), 2017/2018. Toile, pigment végétal, encre. Collection particulière. © Adagp, Paris, 2021, photo © Archivio Penone.
Giuseppe Penone. Pensieri e linfa (Sève et pensée), 2017/2018. Toile, pigment végétal, encre. Collection particulière. © Adagp, Paris, 2021, photo © Archivio Penone.
Giuseppe Penone. Vene (Veines), 2016. Pointe sèche. BnF, Estampes et photographie. © Bertrand Huet / Galerie René Tazé.
Giuseppe Penone. Vene (Veines), 2016. Pointe sèche. BnF, Estampes et photographie. © Bertrand Huet / Galerie René Tazé.

Texte de Sylvain Silleran



Au centre, l’empreinte d’un doigt : les méandres se poursuivent en dehors du petit ovale imprimé en cercles concentriques bien serrés. Ligne après ligne, le dessin finit par atteindre les bords de la page, recouvrant toute sa surface. Les cercles de croissance d’un arbre indiquent son âge, ceux-ci poursuivent l’histoire de cette impression, un récit qui commence au moment où le doigt a touché le papier. Ces empreintes que l’on n’a de cesse d’effacer, de nettoyer, Giuseppe Penone les chérit, les conserve.


Ses tableaux peints d’empreintes digitales évoquent les traces invisibles sur la couverture d’un livre de poèmes de Walt Whitman, la succession des lectures, des lecteurs. Et au centre, pendu à un fil, un morceau d’argile a gardé la forme de l’intérieur du poing qui l’a serré. Le moment imprimé dans la glaise est celui du geste transmettant sa force et son énergie à la terre, Adam étreignant le matériau dans lequel il a été modelé. Un geste, des muscles qui se tendent, et de ce petit rien quelque chose naît et refuse de disparaitre. Des photogravures font de feuilles d’arbres des traces légères, comme une image en rayons X prise dans du ruban adhésif. Une mémoire collée au scotch sur la page d’un livre, et voilà le souvenir qui devient concret, matière en couleurs.


A occhi chiusi
(les yeux fermés), deux paupières closes dessinées en épines d’acacia collés sur de la toile blanche. L’épine est-elle christique ? Penone parle de la peau, de son extraordinaire sensibilité. La pointe évoque son complémentaire, le doigt qui s’y pique. Le potentiel de l’action et de la réaction, cette possibilité-là fait naître l’homme, le délimite dans son enveloppe sensible. Une minuscule surface de peau est immense de cette infinie possibilité de ressentir, de lire le monde. Les impressions sont de plus en plus grandes, Penone va dans la forêt, il frotte les feuilles, l’écorce sur de grandes bandes de tissu, imprimant des arbres entiers. Dans ces images, cartographie un peu fantomatiques d’un vert et brun poudreux, s’entrecroisent les branches. Parmi les troncs se cache un homme, on distingue le froissement de ses jeans, sa chemise. Il se fond dans l’enchevêtrement de broussailles, anonyme et sans visage.


Les deux longs troncs de Pensieri e linfa (Sève et pensée) se déroulent sur de longues bandes de toile blanche. Le grand arbre repose dans son linceul, sa silhouette apparait sur le suaire en pigments verts, impression de sève. Une histoire est écrite à la main, une écriture qui n’en finit pas, un texte du rouleau ancien, sacré. L’arbre est un livre, le tronc sculpté dévoile le jeune arbuste qu’il fut. La mémoire est mise à jour par un délicat travail d’archéologie du bois, en le creusant patiemment. L’empreinte est ici intérieure, elle est la base de la vie, de la croissance fabuleuse de ce sapin, de ce cèdre.


Des dessins et gravures rassemblés semblent issus d’un codex d’outre monde. Penone décrit une autre vie, un autre temps, consigne ses observation et son expérience dans un carnet de voyage. Il est question d’une possible harmonie entre l’homme et la nature. Un homme est fait d’une multitude de feuilles d’or, des centaines de fils le relient à la nature, aboutissant à 151 noms d’arbres. Un essaim de rêves l’entoure, comme autant d’abeilles, d’étincelles. L’arbre et l’homme sont la prolongation l’un de l’autre, ils fusionnent en un arbre-homme.


Giuseppe Penone remonte cette histoire à contre-courant, explorant le vivant jusqu’aux sources de ce courant de sève qui nourrit tout. Au départ est l’homme-arbre, l’arbre-homme, un, puis tous les deux naissent. La coupure de ce cordon ombilical nous reliant à la nature est-elle la faute originelle qui projette l’homme dans le monde ?


Sylvain Silleran


Extrait du communiqué de presse :


Commissariat :
Marie Minssieux-Chamonard, conservatrice à la Réserve des livres rares, BnF
Cécile Pocheau-Lesteven, conservatrice au département des Estampes et de la photographie, BnF




« J’écris pour répondre à une nécessité qui n’est pas celle de l’écriture elle-même mais celle de mon oeuvre. » Giuseppe Penone



La Bibliothèque nationale de France accueille l’artiste italien Giuseppe Penone, figure incontournable de l’art contemporain, pour sa première grande exposition à Paris depuis 2013. Penone, dont le travail questionne, avec force et poésie, les liens de l’homme avec la nature, a réalisé pour l’occasion Pensieri e linfa (Sève et pensée), une installation spectaculaire conçue à partir de l’empreinte d’un arbre autour duquel se déploie un texte écrit par l’artiste. En regard de cette oeuvre emblématique, des pièces inédites et monumentales côtoient dessins, photographies, livres de bibliophilie et livres d’artistes, ainsi qu’une exceptionnelle série de 18 gravures récemment créées par Penone, qui en a fait don à la Bibliothèque. Cette carte blanche à l’un des artistes majeurs de notre époque est une invitation à déambuler dans son oeuvre singulière et à interroger le travail d’écriture, les notions de trace, du temps et de la mémoire, qui entrent ici en résonance avec les collections patrimoniales et les missions de la BnF.


Penone, figure majeure de la scène artistique internationale

Né en 1947 à Garessio, petite commune rurale du Piémont italien, Giuseppe Penone étudie la sculpture à l’Accademia di Belle Arti de Turin. À l’âge de 21 ans, il réalise une série d’actions dans lesquelles il intervient sur le processus de croissance d’un jeune arbre. Ce travail inaugural est remarqué par le critique Germano Celant qui associe le jeune artiste au mouvement de l’Arte Povera, prônant un art libéré des pratiques et des matériaux traditionnels afin de privilégier le processus créateur au détriment de l’objet fini. Penone s’intéresse très tôt aux possibilités du bronze ainsi qu’aux empreintes corporelles comme mémoire et matrice de l’oeuvre. Son travail, que sous-tend l’idée d’une interdépendance entre nature et culture, associe explorations formelles d’une grande diversité de matériaux (bois, bronze, marbre, pierre, épines d’acacia…) et fragments ou empreintes de corps. Célébré dans le monde entier, lauréat du prestigieux Praemium Imperiale, l’artiste a notamment représenté l’Italie à la biennale de Venise en 2007 et fait l’objet, en France, d’une rétrospective au Centre Pompidou en 2004 suivie d’une exposition de ses sculptures monumentales au château de Versailles en 2013.


La mémoire et l’écrit au coeur d’une oeuvre singulière

Si Giuseppe Penone interroge depuis toujours dans son travail la relation entre nature et culture, sa pensée autour de l’écriture, de la trace et de la mémoire est cependant moins connue. C’est donc naturellement que la BnF invite aujourd’hui l’artiste à présenter son oeuvre sous cet angle, faisant ainsi écho aux collections et aux missions de la Bibliothèque mais aussi à la symbolique et aux caractéristiques architecturales du site François-Mitterrand. Réalisée spécialement pour l’exposition à laquelle elle a donné son titre, Pensieri e linfa (Sève et pensée) en est l’oeuvre phare : il s’agit d’une spectaculaire installation formée du frottage, sur fine toile de lin, du tronc d’un acacia de 30 mètres de long et d’un texte manuscrit de l’artiste qui court de part et d’autre de l’empreinte du tronc en séquences régulières semblables aux pages d’un livre ouvert. Le texte de Penone a fait l’objet d’une traduction en français par Jean-Christophe Bailly, auteur de nombreux écrits sur l’art mais aussi de récits, poésies et pièces de théâtre. Des extraits de cette traduction, lus par Jean-Christophe Bailly lui-même, pourront être écoutés dans l’exposition. Se déployant en ramifications à partir de Sève et pensée, le parcours dévoile un réseau de filiations entre des oeuvres chronologiquement éloignées, et met en lumière, dans l’évolution des formes et des propositions, la récurrence des questionnements. On y découvre plusieurs pièces inédites telles que les douze monumentaux Alberi libro (12 Arbres-livre sculptés à la façon d’un livre ouvert) ou la surprenante série des quatre grands tableaux aux doigts Leaves of grass, inspirée de la première édition du poème de Walt Whitman. Des oeuvres « historiques » (tel le frottage d’un tronc d’arbre Verde del Bosco de 1986), des sculptures (Pensieri di foglie, A Occhi chuisi) ou un ensemble de pièces graphiques (dessins, photographies, estampes et livres d’artistes) issues pour la plupart des collections de la BnF éclaireront sous un jour nouveau les liens intimes que Giuseppe Penone a tissés avec l’écriture et l’imaginaire du livre.



Parcours

À l’image de l’étrange ramure que forment, dans Sève et pensée, autour du tronc, sur les pans de toile, les pleins et déliés de l’écriture cursive, le parcours de l’exposition se déploie en ramifications à partir de cette pièce, dévoilant un réseau de filiations entre des oeuvres chronologiquement éloignées, mettant en lumière, dans l’évolution des formes et des propositions, la constance des questionnements, l’importance des sens -plus particulièrement du toucher -dans le processus créatif, l’incroyable inventivité et la saisissante beauté de l’art de Giuseppe Penone.

La scénographie de l’exposition souligne quant à elle la dimension sacrée, voire christique, de certaines des pièces exposées telles Sève et pensée, long suaire de lin recueillant l’empreinte d’un arbre couché, A occhi chiusi (Les Yeux fermés) réalisée avec des épines d’acacia, ou la monumentale sculpture des Alberi libro (Arbreslivre) évoquant les orgues d’église. L’espace d’exposition évoque ainsi une grande nef de cathédrale flanquée, sur la droite de deux chapelles latérales.

« Au mois de mai 1969, je suis entré dans la forêt du bois et j’ai commencé un parcours dans le temps, lent, pensif, étonné, attentif à la moindre forme renfermée dans le bois fluide. C’est alors que cette cathédrale est sortie du monde muet de la matière pour entrer dans celui de la sculpture et de l’utilisation poétique du réel. » Giuseppe Penone

Le parcours débute par une présentation d’imprimés, de livres d’artistes et de gravures, issus pour la plupart des collections de la BnF. Retraçant l’oeuvre de Penone, ces documents datant des années 1970 à nos jours montrent la récurrence des interrogations de l’artiste sur l’empreinte, la mémoire tactile et l’écriture comme support de pensée et de spéculation. Ils montrent également que le livre a toujours accompagné le geste du sculpteur et qu’il est un laboratoire ou un réceptacle des différentes réflexions qu’il a menées au cours de sa carrière.

Le visiteur découvre ensuite un vaste espace structuré autour des deux longues tables de 15 mètres de long présentant l’oeuvre sur tissu Pensieri e Linfa (Sève et pensée), pièce principale de l’exposition, conçue spécialement pour l’occasion. Présentée à l’horizontale, Sève et pensée renvoie à la notion de fluidité : la fluidité révélée par le toucher, le « glissement aveugle de la main sur l’écorce de l’arbre », la fluidité de la sève qui circule des racines à la cime de l’arbre, la fluidité du fil des pensées.

Aux deux extrémités, deux oeuvres spectaculaires se font face : les Alberi libro (Arbres-livre) et le triptyque d’épines et de marbre A occhi chiusi (Avec les yeux fermés). De part et d’autre des Arbres-livre, deux niches abritent des oeuvres qui s’offrent comme un prolongement à Sève et pensée : l’empreinte de troncs sur toile Verde del bosco (Vert du bois) et la sculpture de branchages de bronze Pensieri di foglie (Pensées de feuilles).

On trouve enfin aux côtés de la pièce emblématique de l’exposition, des ensembles d’oeuvres sur papier (dessins et gravures) qui documentent le processus créatif de l’artiste et font écho au texte de Sève et Pensée.

Le dernier tiers de la galerie est composé de deux « chapelles » plus intimistes. Dans la première, autour de la première édition de Leaves of grass de Walt Whitman issue de la collection de Penone, sont présentées quatre grandes peintures au doigt inspirées de la couverture du livre. Dans la seconde chapelle filant la thématique de l’empreinte digitale sont présentées trois oeuvres : Propagazione (Propagation), réalisée in situ et deux variations anciennes de Svolgere la propria pelle (Développer sa propre peau).