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🔊 “Prix Découverte Louis Roederer 2021” à l’Église des Frères-Prêcheurs, Les Rencontres de la photographie d’Arles – 52e édition, du 4 juillet au 29 août 2021

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“Prix Découverte Louis Roederer 2021”

à l’Église des Frères-Prêcheurs,
Les Rencontres de la photographie d’Arles – 52e édition

du 4 juillet au 29 août 2021

Les Rencontre de la photographie d’Arles

PODCAST : Interview de Sonia Voss,commissaire de l'exposition Prix Découverte Louis Roederer 2021, par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 8 juillet 2021, durée 17'50". © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Sonia Voss,commissaire de l’exposition Prix Découverte Louis Roederer 2021,

par Anne-Frédérique Fer, à Arles, le 8 juillet 2021, durée 17’50.
© FranceFineArt.

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Prix Découverte Louis Roederer 2021
Prix DŽcouverte Louis Roederer 2021
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Prix Découverte Louis Roederer 2021
Prix DŽcouverte Louis Roederer 2021
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©Anne-Fréderique Fer, visite de l’exposition avec Sonia Voss, le 8 juillet 2021.

Farah Al Qasimi, S et A au téléphone, série Mirage de la vie, 2020. Avec l’aimable autorisation de Third Line, Dubaï, et Helena Anrather, New York.
Farah Al Qasimi, S et A au téléphone, série Mirage de la vie, 2020. Avec l’aimable autorisation de Third Line, Dubaï, et Helena Anrather, New York.
Mariana Hahn, Sans titre, installation Eros et Thanatos eurent un enfant, 2020-2021. Photographie de Chroma.
Mariana Hahn, Sans titre, installation Eros et Thanatos eurent un enfant, 2020-2021. Photographie de Chroma.
Aykan Safoğlu, série Sirius se couche, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de The Pill.
Aykan Safoğlu, série Sirius se couche, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de The Pill.

Extrait du communiqué de presse :





Commissaire de l’exposition :  Sonia Voss




Depuis leur création, les Rencontres d’Arles défendent la photographie et l’ensemble de ses acteurs : photographes, artistes, commissaires d’exposition, éditeur·rice·s… C’est dans cette volonté que les Rencontres d’Arles associent le Prix Découverte Louis Roederer à tous les lieux d’expositions : les galeries, les centres d’arts, les espaces associatifs, les lieux indépendants et les institutions qui sont souvent les premiers à accompagner les artistes émergent·e·s. Les onze projets retenus seront exposés lors de la prochaine édition des Rencontres d’Arles. Pendant la semaine d’ouverture, un jury décernera le Prix Découverte Louis Roederer qui récompense un·e artiste et la structure porteuse du projet à travers une acquisition d’un montant de 15 000 euros et le public décernera le Prix du Public à travers une acquisition d’un montant de 5 000 euros. Le Prix Découverte Louis Roederer évolue et joue l’ouverture en incluant, en plus des galeries, tous les lieux d’exposition dans son processus de sélection. Cette année, les 11 projets retenus sont considérés comme une seule et même exposition, pensée, de la sélection à l’accrochage, par une commissaire, Sonia Voss. C’est dans un lieu emblématique du festival, l’église des Frères-Prêcheurs, qu’elle et la scénographe Amanda Antunes vont mettre en valeur la scène émergente, de manière innovante et éco-responsable.



Avec le soutien de la Fondation Louis Roederer et de Polka.



Lors de la soirée de clôture de la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles du samedi 10 juillet 2021, le jury du Prix Découverte Louis Roederer 2021 a été remis à Tarrah Krajnak pour sa série “Rituels de maîtres II : Les nus de Weston”. Le public de la semaine d’ouverture a quant à lui récompensé Ilanit Illouz pour son travail “Wadi Qelt, dans la clarté des pierres.

 


Les onze projets sélectionnés

FARAH AL QASIMI

The Third Line, Dubaï, Emirats Arabes Unis et Helena Anrather, New York, Etats-Unis

Née en 1991 à Abou Dabi, Émirats arabes unis. Vit et travaille à Dubaï, Émirats arabes unis, et New York, États-Unis.

Mirage de la vie

Avec humour et au moyen d’un usage subtil et audacieux des couleurs, Al Qasimi nous conduit dans des intérieurs typiques de la classe bourgeoise de son pays d’origine, les Émirats arabes unis. Les éléments de décoration traditionnels y côtoient les objets utilitaires modernes, l’usage familier se fond dans la représentation sociale, l’esthétique propre au golfe Persique se mêle à celle héritée du colonialisme. Pour mettre en lumière cette hétérogénéité de goûts et de valeurs, l’artiste joue habilement avec les stéréotypes. Le résultat, hybride, saturé, à la fois joyeux et troublant, reflète les évolutions ultrarapides d’une toute jeune nation. La problématique culturelle, politique et religieuse de la visibilité des femmes, et plus généralement de la représentation des corps est aussi au centre de ses photographies qui, par leur caractère suggestif et leurs cadrages sophistiqués, contournent le tabou de la figuration en s’attachant à des objets érotisés et mettent au premier plan les femmes, ainsi que leurs interactions sociales, au sein des espaces qu’elles habitent.



KETUTA ALEXI-MESKHISHVILI

Galerie Frank Elbaz, Paris, France

Née en 1979 à Tbilissi, Géorgie. Vit et travaille à Berlin, Allemagne.

Ornements géorgiens

Familier et impersonnel tout à la fois, le sac plastique est au centre du plus récent travail de Ketuta Alexi-Meskhishvili. Fascinée par cet objet à la fois fragile et durablement polluant – ce « fossile du futur » selon l’artiste – elle le collectionne depuis quelques années. En Géorgie, dont elle est originaire, certains de ces sacs à usage touristique portent des motifs ornementaux traditionnels, semblables à ceux que l’on trouve dans les églises byzantines. Le rideau présenté ici est caractéristique de la méthode de l’artiste : issu d’un négatif 4 x 5 pouces auquel elle a apposé un sac plastique éclairé au doigt lumineux – accessoire en vogue chez les clubbeurs –, il est adapté à la nature et aux dimensions du site d’exposition. La matière translucide du textile et son drapé tombant renvoient à l’attachement de l’artiste pour les jeux de transparence et de lumière ainsi qu’au motif de la fenêtre qui apparaît dans nombre de ses oeuvres, tandis que les bords noirs rappellent l’analogie entre le rectangle de la photographie et la fenêtre qui ouvre sur le monde.



MARIANA HAHN

Display, Berlin, Allemagne

Née en 1985 à Schwäbisch-Hall, Allemagne.

Vit et travaille entre Paris, France, et Berlin, Allemagne.

Éros et Thanatos eurent un enfant

Éros et Thanatos eurent un enfant est une installation mixte reflétant la diversité des techniques utilisées par l’artiste : photographie, film, sculpture, matières et objets travaillés de façon processuelle par fossilisation, pourrissement, corrosion. Prenant pour point de départ un moulage réalisé dans les fouilles de Pompéi, l’oeuvre est comme un hommage à la photographie, art dont on a pu dire qu’il puisait son origine dans les premières traces de figures humaines. Le corps, enseveli il y a près de 2 000 ans, se présente à nous tel un instantané. Le sel et le cuivre présents dans l’installation renvoient également à une histoire matérielle du médium, tandis que les images animées, obtenues à l’aide d’une caméra Super 8 débarrassée de son objectif, ont l’aspect granuleux des premières épreuves héliographiques, sur lesquelles la figure humaine n’est encore qu’un fantôme.



ILANIT ILLOUZ

Maba | Fondation des Artistes, Nogent-Sur-Marne, France

Née en 1977 à Paris, France. Vit et travaille à Paris.

Wadi Qelt, dans la clarté des pierres

Wadi Qelt, dans la clarté des pierres s’appuie sur une recherche au long cours autour des éléments naturels et propose une étude photographique expérimentale de la vallée éponyme, située dans le désert de Judée, entre Jérusalem et Jéricho, à proximité de la mer Morte. L’assèchement dramatique du lac a transformé la région en une zone lunaire, rongée par le sel. Celui-ci, ramassé à même le sol du désert, est ensuite utilisé par l’artiste dans son atelier pour fossiliser ses tirages et leur conférer une qualité sculpturale. À la fois image et composant structurel, il fait scintiller l’oeuvre en même temps qu’il la fige, rappelle le caractère vivant de la matière minérale aussi bien que sa beauté hiératique, suggère un paysage à contempler et un écosystème menacé.



JONAS KAMM

Université des Arts Folkwang, Essen, Allemagne

Né en 1990 à Bad Reichenhall, Allemagne. Vit et travaille à Berlin, Allemagne.

Les habitants

La série Les Habitants résulte d’un processus de production hybride, à la croisée de l’architecture, de la sculpture et de la photographie. Ces images – des rendus bidimensionnels issus de l’espace virtuel 3D – prennent naissance dans un espace initialement modélisé par l’artiste au moyen d’un logiciel informatique. Kamm sculpte ensuite des figures à l’aide d’outils virtuels et d’une texture qu’il a d’abord « prélevée » photographiquement dans son environnement physique. Une fois les figures réalisées, le programme, imitant les outils de la photographie, permet à l’artiste de choisir un angle et, parmi un spectre de possibilités quasi illimité, de régler ses sources lumineuses, sa focale, son ouverture, etc. Les figures de Kamm, vaguement anthropomorphiques, sont comme des médiateurs flottant entre monde réel et monde dématérialisé. La réduction qui caractérise ces images, l’indécidabilité de leur statut font d’elles les vecteurs de récits non formés, les porteurs d’un sens potentiel mais encore imprécis, mystérieux, ouvrant un espace que nous sommes invités à remplir.



TARRAH KRAJNAK

As-Is.La Gallery, Los Angeles, Etats-Unis

Née en 1979 à Lima, Pérou. Vit et travaille à Los Angeles, États-Unis.

Rituels de maîtres II : Les nus de Weston

Le travail de Tarrah Krajnak se réfère étroitement à l’histoire de la photographie d’une part et à l’identité féminine et latino-américaine de l’autre. Dans la lignée de son premier hommage critique à Ansel Adams, elle propose ici un deuxième volet, consacré à un autre « maître » nord-américain, Edward Weston, dont elle reconstitue les fameux Nus. Elle y prend la place des modèles Bertha Wardell et Charis Wilson. Tout en reproduisant les poses de ces dernières, elle se met en scène comme auteure des photographies, déclencheur à distance en main. Rétablissant à l’image ce que Weston a laissé hors champ – ou mettant en évidence les choix de cadrage – d’exclusion – de Weston, Krajnak rejoue un chapitre significatif de l’histoire de la photographie en la recentrant sur le rôle du modèle féminin. Par son acte performatif et photographique, Krajnak affirme son identité latino-américaine et son corps de couleur et établit par sa présence et son geste de reconstruction de l’image un dialogue avec son prédécesseur, Weston, aussi bien qu’avec le regardeur contemporain.

Ilanit Illouz, Wadi, série Les Dolines, 2016-2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Ilanit Illouz, Wadi, série Les Dolines, 2016-2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Jonas Kamm, Série Les Habitants, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Jonas Kamm, Série Les Habitants, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Tarrah Krajnak, Autoportrait en Weston/en Bertha Wardell, 1927/2020, série Rituels de maîtres II : les Nus de Weston, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Tarrah Krajnak, Autoportrait en Weston/en Bertha Wardell, 1927/2020, série Rituels de maîtres II : les Nus de Weston, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Massao Mascaro, Série Sub Sole, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Massao Mascaro, Série Sub Sole, 2021. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.
Ketuta Alexi-Meskhishvili, Vignes, série Ornements géorgiens, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie frank elbaz, Paris.
Ketuta Alexi-Meskhishvili, Vignes, série Ornements géorgiens, 2020. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie frank elbaz, Paris.
Zora J Murff, Toutes nos éclipses rayonnantes (Vivian Strong), série En aucun point intermédiaire, 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Webber, Londres.
Zora J Murff, Toutes nos éclipses rayonnantes (Vivian Strong), série En aucun point intermédiaire, 2019. Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Webber, Londres.
Andrzej Steinbach, Série L’Appareil, 2019. Avec l’aimable autorisation de la Galerie Conradi, Hambourg.
Andrzej Steinbach, Série L’Appareil, 2019. Avec l’aimable autorisation de la Galerie Conradi, Hambourg.
Andrzej Steinbach, Série L’Appareil, 2019. Avec l’aimable autorisation de la Galerie Conradi, Hambourg.
Andrzej Steinbach, Série L’Appareil, 2019. Avec l’aimable autorisation de la Galerie Conradi, Hambourg.

MASSAO MASCARO

Fondation A Stichting, Bruxelles, Belgique

Né en 1990 à Lille, France. Vit et travaille à Bruxelles, Belgique.

Sub Sole

Sub Sole (du latin : sous le soleil) est un travail photographique mené de 2017 à 2020 autour de la mer Méditerranée en suivant l’itinéraire mythologique du voyage d’Ulysse : Ceuta, Naples, Athènes, Palerme, Istanbul, Tunis et Lampedusa. Carrefour de cultures, berceau de mythes fondateurs, la région méditerranéenne est, aujourd’hui plus que jamais, marquée par les migrations, l’exil et le déplacement. Au fil de sept voyages et de nombreuses rencontres de hasard, Mascaro va au-devant de la jeunesse qui habite et traverse cette région. Les récits littéraires qui ont nourri l’artiste sont les compagnons invisibles des photographies. Elles imprègnent de leurs sources anciennes les images contemporaines. Enjeux politiques, économiques, existentiels, poétiques se croisent sous le soleil ; sous la lumière dure et chaude de la Méditerranée qui imprime son rythme aux vies humaines.



ZORA J MURFF

Webber Gallery, Londres, Grande-Bretagne / New York, Etats-Unis

Né en 1987 à Des Moines, États-Unis. Vit et travaille à Fayetteville, États-Unis.

EN AUCUN POINT INTERMÉDIAIRE

En aucun point intermédiaire prend pour sujet le quartier noir de North Omaha, dans le Nebraska ; associant portraits de ses habitants et paysage urbains, la série évoque un environnement social profondément déterminé par les successives politiques racistes et l’injustice qui y règne de longue date. Mêlant enquête humaine et topographique d’une part, travail d’analyse d’archives de l’autre, Murff met l’accent sur l’enchevêtrement complexe des violences qui ciblent la communauté noire de la ville : celle des crimes les plus odieux, tels le lynchage de Will Brown (1919), l’assassinat de Vivian Strong (1969) ou les récentes violences policières dont les vidéos ont largement circulé sur les réseaux sociaux ; mais aussi celle, systémique, des décisions gouvernementales aux effets sournois non moins dévastateurs, menant à l’exclusion sociale et économique, comme la ghettoïsation programmée du quartier par les politiques d’urbanisme. Les corps et les lieux qu’ils habitent portent tous deux les stigmates du racisme qui, aujourd’hui encore, participe de façon dominante de la condition noire aux États-Unis.



AYKAN SAFOĞLU

The Pill, Istanbul,Turquie

Né en 1984 à Istanbul, Turquie. Vit et travaille à Berlin, Allemagne, et Vienne, Autriche.

Sirius se couche

Tout commence avec la chute d’un arbre, une nuit, sous la fenêtre de l’artiste. À partir de cet événement et du souvenir déclencheur de vacances estivales passées avec ses parents sur l’île d’Imbros, l’artiste déroule le récit de sa propre expérience du déracinement. Turc, éduqué au lycée allemand d’Istanbul, celui-ci s’est exilé à Berlin au moment de ses études, suivant les traces de ses tantes et de son oncle. Les études au lycée allemand, censées déboucher sur une vie meilleure, mettent au jour le déchirement entre deux cultures, deux pays. Le récit intime, celui d’une réconciliation familiale et personnelle, s’appuie sur des archives photographiques personnelles, matériau de prédilection de Safoğlu, dont le travail repose sur le maniement d’images existantes, le palimpseste, la mise en relation avec l’oralité. Ici les photographies semblent être passées à la broyeuse. Leur trame reconstituée, elles défilent comme sur un tapis roulant évoquant une route, rythmées par les pas de l’artiste qui en accompagnent le mouvement narratif.



ANDRZEJ STEINBACH

Berlinische Galerie – Musée d’Art Moderne de Berlin, Allemagne

Né en 1983 à Czarnków, Pologne. Vit et travaille à Berlin, Allemagne.

L’appareil

Troisième volet d’une série de portraits s’attachant aux questions de la représentation et de notre perception du modèle photographique, LAppareil met en scène la figure d’une – ou d’un – photographe en pleine action. La neutralité sexuelle du modèle l’assimile à l’appareil photographique, dont il est comme une continuité : l’appareil du titre est tout autant l’objet mécanique que le corps qui le fait fonctionner et le met en mouvement. Le regard et le corps sont interconnectés. Reproduisant une situation de casting ou d’observation scientifique, Steinbach fait simuler au modèle diverses stratégies photographiques, gestuelles et attitudes, crée des variations à l’aide d’un jeu réduit d’accessoires, tout en laissant systématiquement hors champ l’action ou l’objet vers lequel l’appareil est dirigé. S’agit-il d’une scène de guerre, d’une manifestation ? Si les clichés renvoient à des usages très codés de la photographie et, en creux, à des genres précis, ils rappellent aussi le processus à l’œuvre dans leur fabrication, généralement effacé par l’image elle-même.



MARIE TOMANOVA

Pragovka Gallery, Prague, République Tchèque

Née en 1984 à Valtice, République tchèque. Vit et travaille à New York, États-Unis.

Ce fut jadis mon univers

Ce fut jadis mon univers est le récit autobiographique d’un retour au pays natal après une décennie d’absence. Revenue de New York à Mikulov, village tchèque de Moravie-du-Sud, et à la ferme familiale, Tomanova documente ses retrouvailles avec ses proches. Pourtant l’inquiétante étrangeté domine. La maison regrettée, remémorée, fantasmée – refuge imaginaire dans les difficiles moments de l’exil – est devenue un cadre insolite, disloqué, dans lequel elle ne trouve plus sa place. Les sentiments de désorientation et de perte d’identité, étroitement liés au déracinement, sont éprouvés de façon plus conflictuelle encore lorsqu’ils marquent comme ici le retour tant attendu « chez soi ». La série prolonge l’exploration du genre de l’autoportrait cher à l’artiste. Le timbre dateur de l’appareil photographique renvoie au temps, celui de la prise de vue qui, dans sa précision, s’oppose au temps confus du souvenir. Tel le héros de Brigadoon, l’artiste est enfermée dans un anachronisme, un décalage subtil et puissant entre nostalgie et expérience vécue.