🔊 “Réouverture du musée de la Chasse et de la Nature” & “Damien Deroubaix, La Valise d’Orphée” au musée de la Chasse et de la Nature, Paris, du 3 juillet au 31 octobre 2021
“Réouverture du musée de la Chasse et de la Nature” & “Damien Deroubaix, La Valise d’Orphée”
au musée de la Chasse et de la Nature, Paris
du 3 juillet au 31 octobre 2021
Musée de la Chasse et de la Nature
PODCAST – Interview de Christine Germain-Donnat, directrice du musée de la Chasse et de la Nature,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 28 juin 2021, durée 17’49.
© FranceFineArt.
(photographie © Estelle Poulalion)
Extrait du communiqué de presse :
Christine Germain-Donnat, directrice du musée de la Chasse et de la Nature
Un musée singulier
Musée habité, demeure de collectionneur esthète, le Musée de la Chasse et de la Nature, fondé en 1967 par François et Jacqueline Sommer, a su ces dernières années, sous la houlette de Claude dʼAnthenaise son conservateur durant 23 ans décaler son propos cynégétique pour approfondir les rapports de lʼhomme et de lʼanimal au cours de lʼhistoire. Volontiers singulière, la muséographie y joue avec brio le mélange des genres au coeur de lʼécrin historique et majestueux que constituent les hôtels de Guénégaud et de Mongelas réunis. Depuis la rénovation et l’extention du Musée en 2007, les expositions temporaires ont été autant dʼoccasions pour des artistes contemporains invités, dʼinvestir les lieux comme de dialoguer avec les collections riches et variées.
Le succès de cette « formule » inédite et innovante à lʼépoque, nʼest plus à prouver puisquʼun public toujours plus nombreux est venu au musée ; 120 000 visiteurs sʼy sont en effet pressés en 2018.
À lʼétroit dans ses murs, le musée a saisi lʼoccasion du déménagement de lʼadministration de la Fondation François Sommer dans un autre bâtiment pour sʼagrandir et ainsi étendre son parcours de visite sous les combles. Les nouvelles salles offrent désormais la possibilité de déployer la collection et de montrer des oeuvres récemment acquises ou jusquʼalors non exposées. Cette seconde rénovation (juillet 2019 – avril 2021) dote par ailleurs le musée dʼun confort de visite appréciable associant espace, climatisation et nouveaux services, au premier rang desquels une librairie devenue indispensable, un atelier pédagogique doublé et un café dans la cour. Plus clair et lumineux, le second étage du musée entend perpétuer lʼambiance si singulière voire onirique qui règne dans les salles « historiques » du premier niveau et conforter ainsi son statut de musée atypique loué par de nombreux visiteurs.
À lʼheure où nous écrivons, les établissements culturels sont désespérément fermés et la culture dématérialisée, remisant dès lors lʼexpérience de visite et de rencontre avec les oeuvres au rang des souvenirs. Il nʼéchappe à personne que la pandémie que nous subissons et lʼinéluctable réchauffement climatique annoncé nous poussent à reconsidérer lʼimpact de notre mode de vie sur la planète comme notre rapport au(x) vivant(s), au sens le plus large.
Le Musée de la Chasse et de la Nature est parfaitement conscient de lʼacuité avec laquelle se posent aujourdʼhui les questions environnementale et écologique, comme il ressent lʼévolution générale des mentalités voire la radicalisation des opinions. La pertinence de ces interrogations a en grande partie guidé le propos des nouvelles salles, dans une évidente continuité avec les préoccupations originelles de la Fondation François Sommer, engagée de longue date dans la gestion des espaces naturels et la promotion des sciences et connaissances liées à la nature.
Cʼest au travers des oeuvres dʼart, de leur exposition, juxtaposition ou confrontation que nous souhaitons toucher le public, loin de tout discours didactique ou démonstratif. Libre à chacun de se laisser surprendre, voire dérouter, de saisir ou non les mises en dialogue comme les contrepoints dans notre choix dʼoeuvres. Un diorama à lʼère de lʼanthropocène destiné aux petits comme aux grands ouvre ces nouvelles salles que nous avons souhaité placer sous l’égide de savants connus et de philosophes plus confidentiels, qui, dès le XIXe siècle, pensaient autrement, ouvrant de plus larges horizons à la question animale comme à la protection de la nature et des espèces.
Lʼexposition de Damien Deroubaix, « La Valise dʼOrphée », qui ouvrira cette année aux mêmes dates que le musée, lancera notre programmation dʼexpositions privilégiant régulièrement le regard des artistes contemporains sur les thématiques chères au musée, et qui à lʼavenir offrira une place nouvelle au design comme aux arts décoratifs.
Christine Germain-Donnat, Directrice et conservateur du Musée de la Chasse et de la Nature
L’exposition Damien Deroubaix et « La Valise dʼOrphée »
Commissariat de l’exposition : Joanna Chevalier
Pour sa réouverture, le Musée de la Chasse et de la Nature invite Damien Deroubaix, artiste emblématique de la scène française contemporaine, pour une exposition temporaire : « La Valise dʼOrphée ».
Emporté dans un monde de magie et de sacré, le visiteur se trouve plongé dans une grotte primitive réalisée par lʼartiste, où sont alignées trois cents figurines zoomorphiques modelées en différents matériaux (bronze, céramique…) et souvent vieilles de plusieurs milliers dʼannées. Recueillies autour du bassin méditerranéen et collectionnées par lʼantiquaire Naji Asfar, cet ensemble lilliputien tient dans le volume dʼune valise.
Durant lʼAntiquité, ces petites statuettes étaient utilisées pour leur pouvoir prophylactique supposé. Vénéré, redouté, parfois domestiqué, lʼanimal faisait alors partie du quotidien des humains et véhiculait une forte charge symbolique. Cette collection témoigne de cultures et de religions disparues où lʼanimal tenait une place bien différente de celle que lui réserve notre civilisation.
Pour ce monde révolu, Damien Deroubaix investit toute la salle dʼexposition en créant une grotte ornée dʼune série de tableaux, gravures sur bois et sculptures, comme pour protéger ces fragiles trésors aux significations souvent nimbées de mystères. En dénonçant la cruauté des humains qui menacent la vie animale, végétale et la survie de notre planète, Damien Deroubaix catapulte ces objets millénaires vers un questionnement actuel où lʼhomme et la nature se trouvent en interaction. Dans la cour du musée, le visiteur est accueilli par la reproduction géante en bronze de la Vénus de Hohle Fels, prenant la place dʼOrphée qui, dans la mythologie, a le pouvoir de charmer les bêtes sauvages. Lʼartiste puise son inspiration dans la préhistoire pour faire resurgir cette déesse-mère, symbole de fécondité et de protection, qui donne une note dʼespoir, une ouverture vers une forme dʼéveil et dʼharmonisation. Ainsi, « La Valise dʼOrphée » sʼadresse à tous les publics, lʼexpressionnisme de Damien Deroubaix ouvrant de nouvelles perspectives dʼinterprétation à la collection antique.