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🔊 “Édition LimitĂ©e” Vollard, Petiet et l’estampe de maĂźtres, au Petit Palais, Paris, du 26 janvier au 23 mai 2021 (prolongĂ©e jusqu’au 29 aoĂ»t 2021)

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“Édition LimitĂ©e”
Vollard, Petiet et l’estampe de maütres

au Petit Palais, Paris

du 26 janvier au 23 mai 2021 (prolongĂ©e jusqu’au 29 aoĂ»t 2021)

Petit Palais

PODCAST - Interview de Clara Roca, conservatrice des arts graphiques et photographies des XIXe et XXe siĂšcles au Petit Palais et commissaire de l'exposition,  par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 3 mars 2021, durĂ©e 27’45. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Clara Roca, conservatrice des arts graphiques et photographies des XIXe et XXe siĂšcles au Petit Palais et commissaire de l’exposition,

par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 3 mars 2021, durĂ©e 27’45, © FranceFineArt.


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© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec Clara Roca, le 3 mars 2021.

Gyula Halåsz, dit Brassaï, Ambroise Vollard chez lui, 1934. Photographie. © Paris Musées / Petit Palais / Brassaï. © Estate Brassaï - RMN-Grand Palais.
Gyula HalĂĄsz, dit BrassaĂŻ, Ambroise Vollard chez lui, 1934. Photographie. © Paris MusĂ©es / Petit Palais / BrassaĂŻ. © Estate BrassaĂŻ – RMN-Grand Palais.
Pierre Bonnard, Affiche pour la Revue Blanche, 1894. Lithographie en quatre couleurs sur papier entoilé,. © Paris Musées / Petit Palais.
Pierre Bonnard, Affiche pour la Revue Blanche, 1894. Lithographie en quatre couleurs sur papier entoilé,. © Paris Musées / Petit Palais.
Edvard Munch, Album des peintres graveurs, planche Le Soir : Angstefühl, 1896. Lithographie en deux couleurs, Paris, BibliothĂšque de l’Institut national d’histoire de l’art, Collections Jacques Doucet, VI P 20.
Edvard Munch, Album des peintres graveurs, planche Le Soir : Angstefühl, 1896. Lithographie en deux couleurs, Paris, BibliothĂšque de l’Institut national d’histoire de l’art, Collections Jacques Doucet, VI P 20.
Maurice Denis, Amour, couverture, 1892-1899. Lithographie en trois couleurs, © Paris Musées / Petit Palais.
Maurice Denis, Amour, couverture, 1892-1899. Lithographie en trois couleurs, © Paris Musées / Petit Palais.
Edouard Vuillard, Paysages et intérieurs, planche Intérieur aux tentures roses I, 1896-1899. Lithographie en cinq couleurs sur Chine volant, © Paris Musées / Petit Palais.
Edouard Vuillard, Paysages et intérieurs, planche Intérieur aux tentures roses I, 1896-1899. Lithographie en cinq couleurs sur Chine volant, © Paris Musées / Petit Palais.
Aristide Maillol, La Vague, gravure sur bois, 1895-1898. Petit Palais, don Indivision Petiet 2020. © Paris Musées / Petit Palais.
Aristide Maillol, La Vague, gravure sur bois, 1895-1898. Petit Palais, don Indivision Petiet 2020. © Paris Musées / Petit Palais.

Texte de Sylvain Silleran




Un mur d’estampes, une diversitĂ© hĂ©tĂ©roclite d’images nous plonge dans le cabinet d’un marchand d’art. Deux Baigneuses de Suzanne Valadon, une Jeune Fille au piano par Gustave Leheutre, une VĂ©nus de Henri Fantin-Latour. Chez Ambroise Vollard, le papier imprimĂ© vit, respire, il est aujourd’hui un peu jauni par le siĂšcle qui s’est Ă©coulĂ©, certes, mais l’encre parle, chante mĂȘme. Des eaux-fortes de Picasso, des gravures de Gauguin, Vollard a tout Ă©ditĂ©. Il nous offre Ă  travers ses livres d’artistes et affiches un bel aperçu d’un Paris oĂč, en ce tournant de siĂšcle, graveurs et lithographes participent Ă  une avant-garde audacieuse.




Une affiche de Bonnard pour l’exposition ‘les peintres graveurs’ et son Ă©tude au pastel mettent en scĂšne une femme admirant une estampe. Sa nuque blanche dĂ©licate disparait sous une forĂȘt de boucles noires. Une petite forme un peu abstraite, presque rien, mais qui suffit Ă  rĂ©pondre au grand rectangle d’une estampe par une prĂ©sence Ă  laquelle l’Ɠil ne peut plus se dĂ©tacher. La modernitĂ© de sa composition lorsqu’il reprĂ©sente une table couverte de gravures jetĂ©es lĂ  en dĂ©sordre est amplifiĂ©e par le texte rouge graffitĂ© dont les caractĂšres s’Ă©parpillent jusqu’Ă  devenir des dĂ©tails des dessins.




Le CafĂ©-concert de ThĂ©o Van Rysselberghe est une apparition blanche, lumineuse comme un spectre. Une danseuse s’envole devant un mur de silhouettes sombres en chapeaux Ă  rubans et hauts de formes. La gravure sur bois Le Premier janvier de Felix Vallotton est un Ă©trange carnaval de masques lunaires, taches claires flottant dans une masse noire sirupeuse. Y emergent un col, un motif floral de robe, les rayures d’un pantalon, une humanitĂ© Ă  peine arrachĂ©e Ă  la nuit. Le paysage cĂŽtier en couleurs les Rochers rouges de Armand Guillaumin superpose tant de couches de couleurs, de gestes et de nuances que l’ocĂ©an vit de ses mille vagues, les rochers faussement immobiles sont animĂ©s de toutes les Ă©nergies de la terre.




A la sensualitĂ© de Bonnard, le regard mutin de sa lectrice de la revue blanche, les Ă©preuves des planches inachevĂ©es de Ker-Xavier Roussel prĂ©sentent la rĂȘverie d’un monde sans contours, sans limites. Les rayures d’une robe s’Ă©lĂšvent telles les longues herbes dans le champ, s’envolent et libĂšrent les corps de baigneuses. Les lithographies de Maurice Denis ont une dĂ©licatesse soyeuse, textile. Ses amoureuses diaphanes sont habillĂ©es d’Ă©toffes fleuries. La nature faite habit ou sofa a des accents de chanson folklorique. Chez Edouard Vuillard c’est un collage de couleurs et de motifs, de transparences et de hasards qui peint une intimitĂ©, un intĂ©rieur tendre. Dans cet appartement se tĂ©lĂ©scopent rouges et jaunes, ici et lĂ  un trait rapide, une impression d’objet fugace, une lampe s’allume et puis s’Ă©teint.




Le travail des lithographes, la Baigneuse de Renoir magnifiĂ©e par Auguste Clot, toute la douceur de l’aquarelle, du crayon lĂ©ger comme une plume font de ces livres d’artistes des merveilles poĂ©tiques. Lorsque la typographie rencontre l’estampe, que Bonnard illustre Verlaine imprimĂ© en caractĂšres Garamont, les pages s’ouvrent dans un face-Ă -face enfantant une grĂące odorante d’encre. Le jardin des supplices d’Octave Mirbeau, François Villon, les fleurs du Mal, l’OdyssĂ©e… Quelle bibliothĂšque!




Des aquatintes de Georges Rouault, une galerie de portraits de personnages de cirque dĂ©bordent de couleurs. Acrobates, clowns, jongleurs semblent de nouvelles figures de tarot, princiĂšres, trop grandes pour leur cadre. Chagall illustre les Fables de La Fontaine d’une plume virevoltante, une brume originelle qu’il modĂšle en arbre, en corbeau, en renard. Maillol grave une vague, une vague de fourrure prenant d’assaut le corps lascif et gĂ©nĂ©reux d’une femme, l’enveloppant comme un animal pour s’y fondre. Le dĂ©sir, l’Ă©rotisme au parfum musquĂ©, on le sent, il monte, on le respire. L’estampe, ses mystĂšres et son pouvoir d’Ă©vocation; et avec ses magiciens, le collectionneur, le montreur de merveilles, Vollard.



Sylvain Silleran


Extrait du communiquĂ© de presse :



Commissariat :

Clara Roca, conservatrice des arts graphiques et photographies des XIXe et XXe siĂšcles au Petit Palais


Le Petit Palais explore avec cette exposition inĂ©dite l’activitĂ© d’éditeur d’estampes et de livres illustrĂ©s de l’emblĂ©matique marchand d’art Ambroise Vollard. Vollard travailla avec les plus grands artistes de son temps : Picasso, Bonnard, Cassatt, Chagall, Maillol, Redon, Rouault et tant d’autres. PassionnĂ© par l’édition, il y a investi l’essentiel de sa fortune tirĂ©e de la vente des toiles des maĂźtres modernes et hissa cette activitĂ© Ă  un niveau d’exigence jamais vu jusqu’alors. BĂ©nĂ©ficiaire de nombreux dons et legs de Vollard lui‑mĂȘme et de ses hĂ©ritiers, le Petit Palais a choisi de mettre en valeur cet ensemble exceptionnel d’estampes, livres illustrĂ©s et objets d’édition (bronzes et cĂ©ramiques), enrichi de nombreux prĂȘts d’autres institutions et collections.

L’exposition sera l’occasion d’évoquer Ă©galement la personnalitĂ© d’Henri Marie Petiet, successeur de Vollard et figure majeure du commerce de l’estampe d’aprĂšs-guerre. L’exposition rend donc un double hommage au rĂŽle de ces deux marchands et Ă©diteurs d’art.

La carriĂšre de marchand d’Ambroise Vollard (1866-1939) le situe comme une figure essentielle du commerce de l’art au tournant des XIXe et XXe siĂšcles, entre Paul Durand-Ruel et Daniel-Henry Kahnweiler. C’est lui qui promeut CĂ©zanne, Gauguin et qui ouvre sa galerie au jeune Picasso.

En plus de ses activitĂ©s de marchand de tableaux, il se lance avec passion dans l’édition d’estampes dĂšs 1894 en rĂ©Ă©ditant la Suite Volpini de Gauguin. Mais l’aventure dĂ©bute rĂ©ellement lorsqu’il rĂ©alise les deux fameux Album des peintres-graveurs (1896 et 1897), qui rĂ©unissent les planches de maĂźtres comme Fantin-Latour, Puvis de Chavannes, ou de jeunes artistes qui incarnent une nouvelle modernitĂ© comme les Nabis, dans le sillage de Redon. Vollard diffuse les oeuvres de Mary Cassatt mais Ă©dite aussi la fameuse suite des Saltimbanques de Picasso ainsi que des albums individuels de Bonnard, Vuillard et Denis en misant sur le mĂȘme principe de l’édition d’estampes d’artistes Ă  tirage limitĂ©. 

En parallĂšle, il dĂ©veloppe une activitĂ© d’éditeur de livres d’artiste. Il s’y investit entiĂšrement, tant financiĂšrement que personnellement. Il lui faut pourtant attendre les annĂ©es 1920 et surtout 1930 pour voir les ventes se multiplier et un engouement se crĂ©er autour de ses Ă©ditions. Son perfectionnisme le conduit Ă  sĂ©lectionner et Ă  commander lui-mĂȘme les papiers et les caractĂšres d’imprimerie. Vollard prend ainsi un rĂŽle de crĂ©ateur Ă  part entiĂšre, en coordonnant tous les acteurs d’une aventure Ă©ditoriale titanesque.

DĂšs ses premiĂšres Ă©ditions, notamment son magistral ParallĂšlement de Verlaine illustrĂ© par Bonnard (1900), Vollard choque les bibliophiles par ses partis pris, et surtout par son affection pour la lithographie en couleurs. Sa rĂ©putation est faite. Suivront de nombreuses rĂ©alisations d’envergure, comme Le Jardin des supplices (illustrations de Rodin, 1902), Sagesse (Maurice Denis, 1911), Les Fleurs du mal (Émile Bernard, 1916), Le Chef-d’oeuvre inconnu (Picasso, 1931) ou encore Passion (Rouault, 1939). Son influence auprĂšs des artistes est telle qu’il encourage les peintres Ă  s’intĂ©resser parfois durablement Ă  l’estampe bien sĂ»r, mais aussi Ă  s’essayer Ă  la peinture sur cĂ©ramique ou encore Ă  la sculpture, comme c’est le cas pour Maillol.

En 1939, il dĂ©cĂšde brutalement dans un accident de voiture. Henri Marie Petiet (1894-1980), qui se fourni auprĂšs de Vollard depuis les annĂ©es 20, rachĂšte l’essentiel de son stock d’estampes, dont la fameuse Suite Vollard de Picasso, dont il va assurer la diffusion. Il s’impose d’emblĂ©e comme son successeur en tant que marchand d’estampes, mais aussi comme passeur de la modernitĂ© française Ă  l’étranger et notamment aux États-Unis. Petiet Ă©dite lui-mĂȘme certains crĂ©ateurs qui ont travaillĂ© avec Vollard, comme Maillol ou Derain, et se lance Ă  son tour dans l’édition d’un livre d’artiste, Les Contrerimes de Toulet illustrĂ© par Jean-Émile Laboureur, son graveur fĂ©tiche. Enfin, il soutient de nouveaux artistes comme Marie Laurencin, Marcel Gromaire ou encore Edouard Goerg qui le prĂ©sente comme le « plus Vollard des marchands ».

La mĂ©diation de l’exposition permettra de mieux comprendre les techniques de l’estampe et de l’imprimerie avec notamment la prĂ©sentation d’outils et d’une presse taille-douce prĂȘtĂ©e par l’Imprimerie nationale et activĂ©e lors de dĂ©monstrations. Enfin, un parcours dĂ©diĂ© Ă  l’exposition sera disponible en tĂ©lĂ©chargeant l’application de visite du Petit Palais lancĂ©e au mĂȘme moment que l’exposition. L’application, dont le contenu sera Ă©galement disponible sur le visioguide du musĂ©e, offrira une visite guidĂ©e trĂšs vivante de l’exposition Ă  travers quelques oeuvres clĂ©s et grĂące aux propres anecdotes de Vollard et de Petiet, dont les personnalitĂ©s atypiques et attachantes seront ainsi mises en valeur. Il y aura en outre un mini-site ludique permettant de composer une page d’édition avec des typographies et des motifs ornementaux.




Le parcours de l’exposition 



Un marchand-Ă©diteur hors du commun

Rien ne destine Ambroise Vollard (1866-1939) Ă  devenir un marchand-Ă©diteur Ă  la renommĂ©e internationale. Fils de notaire venu de la RĂ©union pour faire son droit en mĂ©tropole, il abandonne ses Ă©tudes pour se lancer dans le commerce d’art. AprĂšs un bref apprentissage dans la galerie L’Union artistique, il s’installe Ă  son compte dans le 17e arrondissement en 1890, puis prend en 1893 une boutique mieux placĂ©e au 37, rue Laffitte. Il dĂ©mĂ©nage plusieurs fois au sein de la mĂȘme rue quand ses moyens lui permettent de louer un local plus grand. Il est alors au coeur du quartier des marchands de tableaux. Son procĂ©dĂ© commercial atypique consiste Ă  acheter Ă  prix modique des ensembles d’oeuvres, voire des fonds entiers d’ateliers de jeunes artistes d’avant-garde comme Pablo Picasso ou AndrĂ© Derain. Vollard prend des risques en misant sur un succĂšs diffĂ©rĂ©, assurant ainsi la sĂ©curitĂ© matĂ©rielle de nombreux artistes dĂ©butants. Bien qu’on le connaisse essentiellement comme marchand de tableaux, Vollard s’engage dĂšs ses dĂ©buts dans le domaine des arts graphiques et notamment de l’estampe. Il achĂšte puis revend des tirages et s’autorise mĂȘme les rĂ©Ă©ditions. Il se fait l’acteur de la reconnaissance des artistes dont il expose, prĂȘte et vend les oeuvres Ă  travers l’Europe entiĂšre, et jusqu’aux États-Unis. Il contribue ainsi Ă  façonner une certaine histoire de l’art occidental alors que le salon officiel, entravĂ© par une attitude conservatrice, ne reconnaĂźt pas l’art moderne.



Éditeur d’estampes

De 1896 Ă  1900 environ, Ambroise Vollard Ă©dite essentiellement des estampes originales. Sa premiĂšre publication d’envergure est celle de deux albums qui offrent un vĂ©ritable panorama de l’estampe au tournant des XIXe et XXe siĂšcles : Les Peintres graveurs, en 1896, puis l’Album d’estampes originales de la galerie Vollard, en 1897. DĂšs ces deux premiĂšres Ă©ditions, il privilĂ©gie non pas des graveurs de profession mais des artistes peintres qu’il encourage aussi Ă  pratiquer la sculpture et la peinture sur cĂ©ramique. Il essaie ainsi d’attirer les amateurs non seulement d’estampes modernes mais aussi de peinture, en proposant des tirages limitĂ©s, numĂ©rotĂ©s et signĂ©s par les artistes qui s’imposent comme des oeuvres d’art Ă  part entiĂšre. Vollard tente ainsi de distinguer ses estampes du flux exponentiel des reproductions photomĂ©caniques et de l’estampe populaire. MalgrĂ© ces efforts, les deux albums d’estampes de Vollard sont des Ă©checs commerciaux. Ses premiers pas d’éditeur sont cependant saluĂ©s par une part de la critique qui dĂ©fend l’estampe originale et la lithographie en couleurs, longtemps dĂ©daignĂ©e car associĂ©e Ă  la publicitĂ©. Dans son ouvrage La Lithographie originale en couleurs, AndrĂ© Mellerio, critique d’art proche des nabis, souligne et salue l’engagement de Vollard pour cette technique.



Éditeur de livres d’artiste

Alors que le livre devient de plus en plus accessible grĂące Ă  la production industrielle, Vollard Ă©dite ses ouvrages en sĂ©rie limitĂ©e, gĂ©nĂ©ralement entre 200 et 400 exemplaires, et cible une clientĂšle riche et Ă©litiste. Il donne un nouveau souffle Ă  l’édition de luxe dĂšs 1900 avec la publication du magistral ParallĂšlement de Verlaine illustrĂ© par Bonnard. DĂšs ses premiers projets, des constantes apparaissent : l’amour des caractĂšres anciens et des beaux papiers, la prĂ©sĂ©ance de l’image sur le texte. Pour Vollard, les livres dont s’emparent les artistes sont pensĂ©s comme « une succession de tableaux ». Son intelligence Ă©ditoriale tient en sa capacitĂ© Ă  rĂ©unir avec efficacitĂ© un texte et un peintre, devenant en quelque sorte crĂ©ateur Ă  son tour. Le gigantesque programme Ă©ditorial de Vollard frappe par sa diversitĂ©. Une part provocatrice rĂ©volutionne le livre d’artiste, une autre cherche tant bien que mal Ă  se rĂ©concilier avec les bibliophiles que ses partis pris choquent. Une derniĂšre pĂ©riode de publications, dans les annĂ©es 1930, voit l’arrivĂ©e d’artistes qui renouvellent le vivier des Ă©ditions Vollard et en confirment les ambitions. Tout au long de sa carriĂšre, Ambroise Vollard est aussinle fier auteur de textes dont il confie l’illustration aux artistes qu’il apprĂ©cie.



Les successeurs

VĂ©ritable drame pour ses collaborateurs et surtout pour les artistes, le dĂ©cĂšs accidentel d’Ambroise Vollard Ă  l’aube de la Seconde Guerre mondiale laisse une vingtaine de livres d’artiste Ă  divers Ă©tats d’achĂšvement. Le marchand-Ă©diteur meurt sans hĂ©ritier direct et ne laisse derriĂšre lui qu’un testament datant de 1911. Or, sa situation a bien changĂ© : il a accumulĂ© dans son hĂŽtel rue de Martignac une fortune en oeuvres de maĂźtres trĂšs difficile Ă  estimer. DĂšs juillet 1939, Lucien Vollard, frĂšre d’Ambroise, demande Ă  Roger LacouriĂšre de dresser un Ă©tat des travaux Ă©ditoriaux en cours. AidĂ© de Martin Fabiani, marchand d’art tristement cĂ©lĂšbre pour avoir participĂ© aux spoliations et au trafic illĂ©gal d’oeuvres d’art pendant la Seconde Guerre mondiale, il entreprend d’achever et d’assurer la distribution de quelques projets de son frĂšre. D’autres sont repris par les artistes eux-mĂȘmes ou par de nouveaux Ă©diteurs comme TĂ©riade et Maeght. L’intĂ©gritĂ© du stock d’estampes est quant Ă  elle prĂ©servĂ©e par Henri Marie Petiet qui le rachĂšte en bloc et prend la relĂšve du marchand-Ă©diteur, commercialisant la fameuse Suite Vollard de

Picasso et Ă©ditant des artistes que Vollard avait fait Ă©merger tel Aristide Maillol.



L’hĂ©ritier spirituel d’Ambroise Vollard

Henri Marie Petiet (1894-1980), issu d’une famille d’ingĂ©nieurs, d’industriels ou encore de militaires, ne semblait pas destinĂ© lui non plus Ă  devenir un grand marchand-Ă©diteur d’estampes. Actif de 1924 Ă  sa mort, il rĂšgne dans son magasin À la Belle Épreuve, rue de Tournon, dans le 6e arrondissement de Paris. TrĂšs jeune, il dĂ©veloppe un goĂ»t pour les livres de luxe et se constitue une bibliothĂšque de qualitĂ©. C’est l’illustration qui l’entraĂźne vers l’estampe. Il se forme alors auprĂšs des marchands qui font rĂ©fĂ©rence dans ce domaine, dont Ambroise Vollard auprĂšs duquel il fait ses premiĂšres acquisitions en 1924. Petiet partage de plus son goĂ»t pour l’aventure Ă©ditoriale et soutient des artistes aussi divers que Marie Laurencin, Jean-Émile Laboureur, Édouard Goerg et AndrĂ© Dunoyer de Segonzac. Mais son principal fait d’armes est l’acquisition en 1940 du fonds d’estampes de Vollard qu’il n’a de cesse de valoriser. Petiet se dĂ©marque par son ouverture atypique Ă  l’Europe et surtout aux États-Unis. En 1927, il part Ă  la conquĂȘte de l’AmĂ©rique grĂące Ă  son ami d’enfance Jean Goriany, qui le reprĂ©sente sur place. Il contribue Ă  la constitution et Ă  l’enrichissement de collections privĂ©es et nombreux dĂ©partements de gravures de musĂ©es : de Bonnard Ă  Picasso, les artistes dont il vend les oeuvres renforcent leur prĂ©sence outre-Atlantique. Celui que l’on connaĂźt dans la profession comme « Le Baron » se fait ainsi Ă  son tour passeur de modernitĂ©.



Catalogue de l’exposition aux Éditions Paris MusĂ©es

Figure hors norme du marchĂ© de l’art au tournant du siĂšcle, Ambroise Vollard (1866-1939) se distingue par son audace qui le fit soutenir des artistes modernes comme CĂ©zanne, Gauguin ou encore le jeune Picasso et Rouault. CaractĂšre difficile et Ă©nigmatique, il se passionne Ă©galement pour l’édition d’estampes et le livre illustrĂ©, dĂ©ployant beaucoup de son Ă©nergie et de ses moyens pour solliciter inlassablement crĂ©ateurs et collectionneurs. À la fin de la guerre, Henri Petiet (1894-1980) rachĂšte le fonds de la galerie Vollard, dont il Ă©tait client, s’approvisionnant rĂ©guliĂšrement en planches de Bonnard ou Picasso (il fera notamment signer par Picasso la fameuse « Suite Vollard »). Superbement illustrĂ©, cet ouvrage met en lumiĂšre le rĂŽle capital de ces deux marchands dans le domaine spĂ©cifique de l’édition d’estampes et de livres d’artiste.