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“Sarah Sze” Night into day, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, du 24 octobre 2020 au 7 mars 2021 (prolongée jusqu’au 30 mai 2021)

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“Sarah Sze” Night into day

à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris

du 24 octobre 2020 au 7 mars 2021 (prolongée jusqu’au 30 mai 2021)

Fondation Cartier pour l’art contemporain


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Sarah Sze
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© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 22 octobre 2020.

Sarah Sze, Timekeeper, 2016. Matériaux mixtes, miroirs, bois, acier inoxydable, impressions pigmentaires, vidéoprojecteurs, lampes, bureaux, tabourets, pierre. Dimensions variables. © Sarah Sze © Photo Sarah Sze.
Sarah Sze, Timekeeper, 2016. Matériaux mixtes, miroirs, bois, acier inoxydable, impressions pigmentaires, vidéoprojecteurs, lampes, bureaux, tabourets, pierre. Dimensions variables. © Sarah Sze © Photo Sarah Sze.
Sarah Sze, Slice, 2018. Prototype dans le cadre de l'exposition Night Into Day à la Fondation Cartier. Matériaux mixtes, bois, acier inoxydable, acrylique, vidéoprojecteurs, impressions pigmentaires, céramique et scotch. Dimensions variables. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.
Sarah Sze, Slice, 2018. Prototype dans le cadre de l’exposition Night Into Day à la Fondation Cartier. Matériaux mixtes, bois, acier inoxydable, acrylique, vidéoprojecteurs, impressions pigmentaires, céramique et scotch. Dimensions variables. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.
Sarah Sze, Slice, 2018. Prototype dans le cadre de l'exposition Night Into Day à la Fondation Cartier. Matériaux mixtes, bois, acier inoxydable, acrylique, vidéoprojecteurs, impressions pigmentaires, céramique et scotch. Dimensions variables. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.
Sarah Sze, Slice, 2018. Prototype dans le cadre de l’exposition Night Into Day à la Fondation Cartier. Matériaux mixtes, bois, acier inoxydable, acrylique, vidéoprojecteurs, impressions pigmentaires, céramique et scotch. Dimensions variables. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.

Texte de Sylvain Silleran

Aujourd’hui je veux être un oiseau. Au milieu de la fondation Cartier vide et froide, un nid géant a été construit par Sarah Sze. Ce ventre rond de broussailles métalliques m’accueillera chaleureusement, il me promet un ici ailleurs lumineux, un abri où me cacher, enlever enfin mon masque et me laisser bercer par les sons et les images de la nature.

Sur cet échafaudage sont accrochés des centaines de petits rectangles de papier aux bords déchirés, des cartes postales blanches, écrans sur lesquels des dizaines de projecteurs impriment des photographies et des petits morceaux de vidéos. On dirait des écrans de portables, ces milliers de rectangles ayant capturé nos attentions. Ces fenêtres absurdes et minuscules sont celles à travers lesquelles nous regardons le monde à présent. Nous avons tapissé les murs de notre maison de ces cartes postales mouvantes, des bouts de paysages éparpillés façon puzzle. Avec elles c’est le monde qui éclate en une multiplication d’identités et nous ne pouvons plus regarder qu’ailleurs. Immobile, confortablement fasciné, lapin pris dans les phares de la voiture qui fonce, nous embrassons notre servitude. Sur les grandes vitres de la fondation les images de la nature défilent, la lave d’un volcan érupte en continu. Et les mains d’un magicien déploient un jeu de cartes en éventail tandis qu’un couteau découpe une matière indéfinissable en tranches jaunes, tout n’est donc qu’illusion ?

Des maquettes du projet, une caisse à outils restée là, des prises électriques bien alignées d’où sortent des câbles comme les rails d’une gare, connectant projecteurs et appareils laissent l’impression d’un chantier inachevé. Le temps ne s’est pas arrêté une fois l’œuvre achevée et installée; celle-ci n’est pas figée comme un objet fini mais laissée ouverte, nous attendant pour se dessiner une suite. D’ailleurs un petit schéma traine là sur une feuille de papier, sans doute pour nous indiquer la bonne direction. L’échafaudage est celui de l’homme en devenir, un cocon, l’espoir de la métamorphose. Le scintillement hypnotique des images évoque autant les écrans de Shibuya que l’édifice un nid d’hirondelles sous le toit d’une maison de la Sarthe. Je suis ici et je suis ailleurs, je suis banal et je suis extraordinaire. Démultiplié par le réseau ne devient-on pas le néant à force d’être tout ?

La bande-son à laquelle on ne fait d’abord pas attention se fait peu à peu plus présente. Des pépiements d’oiseaux parviennent à nos oreilles sans que l’on sache vraiment si ils viennent du jardin entourant le bâtiment ou d’un enregistrement numérique diffusé par hauts-parleurs. La nature et ce qu’elle a de divin ou nos divinités-images, l’artificiel devenu dieu, qui est qui ? 

Dans l’unité de cette maison primitive, sauvage et puissante comme le sont les igloos, les tipis et les yourtes, il devient possible de renaitre. La nature y est déjà entrée: quelques boules de rotin, nids d’oiseaux, quelques roseaux y ont élu domicile. Le tactile, le charnel, le voilà l’important, voilà ce qui nous manque pour être des hommes. Le tas de sel, petite montagne blanche, les boîtes de quincaillerie, le mètre ruban, les outils et les babioles dessinent les rayons d’une explosion, le big bang du réel, de ce qu’on peut toucher. Le numérique, l’online clignote sans fin mais nos doigts se réveillent enfin de leur engourdissement sur la dalle de verre si glaciale des tablettes. Nos mains veulent toucher, empoigner et bâtir à nouveau.

Sylvain Silleran


Extrait du communiqué de presse :




Sarah Sze, Images in Refraction (West), 2019. Matériaux mixtes, acrylique, vidéoprojecteurs, impressions pigmentaires, scotch.Dimensions variables. © Sarah Sze © Photo Genevieve Hanson.
Sarah Sze, Images in Refraction (West), 2019. Matériaux mixtes, acrylique, vidéoprojecteurs, impressions pigmentaires, scotch.Dimensions variables. © Sarah Sze © Photo Genevieve Hanson.
Sarah Sze, Centrifuge, 2017. Oeuvre présentée à Haus Der Kunst. Matériaux mixtes, bois, bambou, acier inoxydable, impressions pigmentaires, vidéoprojecteurs, ceramique, acrylique et sel. Dimensions variables. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.
Sarah Sze, Centrifuge, 2017. Oeuvre présentée à Haus Der Kunst. Matériaux mixtes, bois, bambou, acier inoxydable, impressions pigmentaires, vidéoprojecteurs, ceramique, acrylique et sel. Dimensions variables. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.
Sarah Sze, Centrifuge, 2017. Oeuvre présentée à Haus Der Kunst. Matériaux mixtes, bois, bambou, acier inoxydable, impressions pigmentaires, vidéoprojecteurs, ceramique, acrylique et sel. Dimensions variables. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.
Sarah Sze, Centrifuge, 2017. Oeuvre présentée à Haus Der Kunst. Matériaux mixtes, bois, bambou, acier inoxydable, impressions pigmentaires, vidéoprojecteurs, ceramique, acrylique et sel. Dimensions variables. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.
Sarah Sze, Prototype d'installation en studio en préparation de l'exposition Night Into Day à la Fondation Cartier pour l'art contemporain, 2019. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.
Sarah Sze, Prototype d’installation en studio en préparation de l’exposition Night Into Day à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2019. © Sarah Sze Photo © Sarah Sze Studio.

Commissaire :
Leanne Sacramone, assistée de Maëlle Coatleven




Toujours fidèle aux artistes, et 20 ans après la première exposition qu’elle lui a consacrée, la Fondation Cartier pour l’art contemporain invite à nouveau l’artiste américaine Sarah Sze à créer une exposition immersive en dialogue avec les espaces transparents du bâtiment iconique de Jean Nouvel. Internationalement reconnue pour son oeuvre défiant les frontières entre peinture, sculpture et architecture, Sarah Sze assemble des objets du quotidien et des images en mouvement dans des installations d’une étonnante délicatesse et complexité. Dans cette nouvelle exposition, l’artiste explore la manière dont la prolifération des images – imprimées dans les magazines, glanées sur le web ou prises depuis l’espace – engage et transforme, dans la vie de tous les jours, notre relation aux objets, au temps et à la mémoire. Brouillant les frontières entre intérieur et extérieur, mirage et réalité, passé et présent, les oeuvres exposées font perdre au visiteur tout repère et toute notion de temps en raison de leur nature à la fois architecturale, filmique et sculpturale.



En pénétrant dans la première salle d’exposition, le visiteur est attiré par une installation monumentale aux allures de planétarium semblant flotter dans l’espace, une structure sphérique suspendue faite d’acier inoxydable et de bambou. Cette sculpture se compose d’objets, de lumières, de sons, de photographies imprimées et de vidéos projetées sur de petits morceaux de papier déchirés. Grâce à des vidéoprojecteurs rotatifs, des images animées jaillissent sur les parois de verre de la Fondation, transformant le bâtiment en une lanterne magique au gré de leurs collisions, de leurs changements d’échelle, de leur disparition et de leur réapparition. Nombre de ces vidéos, prises par l’artiste au moyen de son iPhone ou collectées sur internet, représentent des éléments intemporels de la nature – la terre, le feu, l’eau – et portent notre attention sur des phénomènes naturels tels que le mouvement des nuages, l’éruption d’un geyser ou encore la croissance d’une plante. D’autres vidéos montrent la transformation de matériaux – par exemple une craie ou de la mousse coupées en morceaux – proposant une expérience visuelle qui éveille notre sens du tactile dans nos vies saturées d’images. Ces contenus disparates sont juxtaposés afin que le spectateur, à travers la vision et la lecture des images, participe activement à l’interprétation de l’oeuvre.



S’étirant sur toute la circonférence du bâtiment, ces images mènent le visiteur vers un second espace où ils découvrent une sculpture de forme concave réfléchissante dont on ne saurait dire si elle émerge du sol ou si elle est au contraire tombée du ciel. Sa surface fragmentée en d’acier reflète des fragments d’images et d’objets, et donne le sentiment d’un paysage fracturé. Un pendule oscillant au-dessus d’elle vient frôler cette surface dans un mouvement irrégulier.



Inspirées du planétarium et du pendule – des modèles scientifiques conçus dans notre quête de connaissance du cosmos –, les sculptures de Sarah Sze tentent de représenter les insondables concepts de temps et de mémoire. Les images diaphanes et fragmentaires de l’installation apparaissent et disparaissent, se désintègrentet s’évaporent, à l’instar des images floues et décousues qui peuvent surgir de notre mémoire.