🔊 “Variations Ă©picènes” Ă la Maba, Maison d’Art Bernard Anthonioz, du 10 septembre au 13 dĂ©cembre 2020
“Variations Ă©picènes”Â
Ă la Maba, Maison d’Art Bernard Anthonioz, Nogent-sur-Marne
du 10 septembre au 13 décembre 2020
PODCAST – Interview de Vanina Pinter, commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Nogent-sur-Marne, le 9 septembre 2020, durée 14’42, © FranceFineArt.
© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 9 septembre 2020.
Extrait du communiqué de presse :
Commissaire : Vanina Pinter
Chaque automne, la MABA invite la scène graphique contemporaine à investir ses espaces autour des enjeux et problématiques de la discipline. Cette année, l’exposition Variations épicènes, présentée du 10 septembre au 13 décembre, sous le commissariat de Vanina Pinter, met à l’honneur le travail de sept graphistes autrices : Margaret Gray, Catherine Guiral, Anette Lenz, Fanette Mellier, Marie Proyart, Susanna Shannon et Sylvia Tournerie.
Activant la crĂ©ation contemporaine dans une scĂ©nographie originale de Kevin Cadinot et Ă travers des propositions graphiques rĂ©alisĂ©es par Julie Rousset et Audrey Templier, le parcours de l’exposition entremĂŞle trois approches – laboratoire de projets, cabinet de documentation, constellation de rĂ©fĂ©rences – pour proposer une rĂ©ponse ouverte et non autoritaire Ă une commande de la MABA : rĂ©flĂ©chir Ă une exposition collective de graphistes femmes.
Variations épicènes n’est pas un panorama, mais plutôt une ouverture sur une réserve inépuisable de travaux qui devra être à l’avenir davantage documentée, archivée. L’exposition se construit autour d’une imbrication de trois chemins continus, trois trames de réflexions pour privilégier les variations possibles. Ce processus de travail, rarement stabilisé, fait place aux hors-champs, au déséquilibre, afin de ne pas se conformer à une seule « grille de vision ». Différentes voies, donc, pour révéler des voix en acte.
La première trame se focalise autour de (presque) sept projets de sept graphistes autrices. Chacun de ces projets déployés au rez-de-chaussée de l’espace d’exposition permet d’entrer dans les coulisses d’un laboratoire intellectuel, poétique, formel ; de comprendre les heures de recherches en amont. Comment une graphiste a composé, peaufiné, osé ? Comment des graphistes ont élaboré un acte culturel ?
Chaque projet déploie des enjeux, des compétences techniques, une méthodologie de travail inscrite dans un contexte et une attention spécifique aux publics. Chacun témoigne d’une vision du design. Il sera demandé aux visiteuses et visiteurs, à chaque changement de projet, de s’adapter à une élasticité de la compréhension. Chacune, chacun éprouvera la multiplicité du design graphique, son hétérogénéité comme ses multiples champs d’application. Il s’agit ainsi de s’immerger dans l’intensité du travail de Sylvia Tournerie pour Arte, d’Anette Lenz pour Le Phare, Centre chorégraphique national du Havre Normandie, de Marie Proyart avec et pour Dominique Gonzalez-Foerster, de Susanna Shannon pour les Unes de Libération, de Margaret Gray pour les Archives départementales du Bas-Rhin, de Catherine Guiral pour la théorie et de Fanette Mellier pour son petit livre Matriochka. Toutes élaborent des productions culturelles indépendantes et critiques.
La salle à l’étage se présente, elle, comme une antichambre à la fabrique de l’exposition ou à la fabrique de l’histoire. Elle a été pensée à mi-chemin entre le cabinet de documentation et la pièce de basculement. Elle consolide le savoir et ajoute d’autres points de vue. Elle se veut être une pièce de préparation en constante alimentation où d’autres graphistes affirment leur savoir-faire et leur contribution (Atelier 25- Capucine Merkenbrack et Chloé Tercé, Aurore Chassé, Agnès Dahan, Claire Huss, Maroussia Jannelle, Clémence Michon, Lisa Sturacci).
Le troisième chemin relie le tout. Il doit sa construction à des « cailloux » accumulés au fil des années, à Virginia Woolf, Françoise Collin, Monique Wittig, Christa Wolf, Joyce Carol Oates, Carla Lonzi… ainsi qu’à des échanges avec des graphistes depuis 2001. Ce troisième tableau s’apparente à une constellation chuchotante. Ce chemin de dames symbolique contribue, entre repères imperceptibles et piliers fondamentaux, à soutenir une histoire du design graphique plurielle.
Les projets présentés
Margaret Gray
Conception graphique de la façade sérigraphiée des Archives départementales du Bas-Rhin, 2002-2007
Après de longues années d’échanges, de recherches, de sélections, de mises au point typographiques et numériques, Margaret Gray a élaboré patiemment un motif sériel composant un ensemble, sérigraphié sur du verre, pour la façade nord des Archives départementales du Bas-Rhin. Véritable commentaire du fonds, galerie de portraits du passé alsacien, réflexions sur la photographie, cette façade cristallise nombre de réflexions, notamment sur le continuum entre la lettre et l’image.
Catherine Guiral
Écritures, exemplaire unique, 2020
Graphiste de livres, de sites Internet, de scénographies d’expositions au sein du studio officeabc qu’elle dirige avec Brice Domingues, Catherine Guiral a toujours pensé, théorisé, partagé sa vision du graphisme en parallèle d’une pratique de l’écriture. Plus précisément, d’écritures au pluriel car sa pratique peut se révéler tout aussi universitaire que joyeuse, ultra-précise et/ou malicieusement critique, truffée de références et de polysémie. Ses textes sont un promontoire pour étudier la profession, penser notre société du spectacle.
Anette Lenz
Identité, communication, projection filmée pour Le Phare, Centre chorégraphique national du Havre Normandie, 2013-2020
À sa nomination en 2013, la chorégraphe Emmanuelle Vo-Dinh choisit Anette Lenz comme graphiste pour imposer la lumière du Phare, centre chorégraphique créé en 1996 au Havre. Plus qu’une identité, c’est une collaboration esthétique, qui se développe au fil des années et sur différents média. Une brochure du Phare restitue plus qu’une programmation, une réflexion plastique sur les corps en mouvement ; une affiche, un acte poétique dans la ville.
Fanette Mellier
Matriochka, Éditions du livre, impression Art & Caractère, 2019
Le dernier ouvrage de Fanette Mellier mesure 6,5 sur 8,5 cm et comporte 32 pages. Comment un si petit objet peut-il devenir la quintessence de la pratique de la graphiste ? Matriochka parle de transmission, qu’elle soit générationnelle ou professionnelle. La maîtrise du moindre paramètre de la matérialité du livre a permis à Fanette Mellier d’en faire un classique, un écrin à la lecture.
Marie Proyart
Transcription graphique des rĂŞves martiens de Dominique Gonzalez-Foerster, 2018
À plusieurs reprises, depuis 2009, Marie Proyart, spécialiste du design éditorial, a élaboré des murs typographiques pour l’artiste Dominique Gonzalez-Foerster. Elle met en scène les écrits de l’artiste dans l’espace de l’exposition. Dernièrement, la graphiste a donné une traduction aux rêves martiens de l’artiste, inventant trois logiques d’écritures de signes différentes.
Susanna Shannon
Conseil en direction artistique et propositions de Unes pour Libération (mars et avril 2012)
Durant deux mois (mars et avril 2012, en pleine campagne présidentielle), le journal Libération demande à Susanna Shannon d’apporter son expertise de DA de presse pour dynamiser ses Unes. Chaque jour, au sein de la rédaction, elle propose plusieurs Unes qu’elle soumet à la discussion aux directeurs artistiques. Plus de 200 propositions en suivront, des mises en perspectives graphiques de l’actualité, réflexions à la construction et à la déconstruction de la Une d’un quotidien national.
Sylvia Tournerie
Habillages événementiels et génériques pour Arte, 2013-2020
Depuis 2013, Sylvia Tournerie conçoit et réalise de nombreux habillages événementiels (habillage de la programmation d’été « Summers », des fêtes de fin d’année depuis 2016, de la Journée internationale des droits des femmes, de « Viva Verdi ! », « Winter of Moon » etc.) et des génériques (« Lucarne », le zapping « Ailleurs en Europe ») pour la chaîne Arte. À travers cette exploration du motion design, Sylvia Tournerie met en mouvement et en rythme un répertoire renouvelé de formes géométriques et de lettrages.
Un journal de l’exposition, mis en page par Julie Rousset et Audrey Templier, documente tous ces projets.