đ âLa Photographie Ă lâĂ©preuve de lâabstractionâ au Centre Photographique dâĂle-de-France, au Frac Normandie Rouen, et Micro Onde, du 26 septembre au 13 dĂ©cembre 2020 (prolongĂ©e jusqu’au 21 fĂ©vrier 2021)
âLa Photographie Ă lâĂ©preuve de lâabstractionâ
au Centre Photographique dâĂle-de-France, Pontault-Combault
au Frac Normandie Rouen, Sotteville-lĂšs-Rouen
et Micro Onde, Centre dâart de lâOnde, VĂ©lizy-Villacoublay
du 26 septembre au 13 décembre 2020
Centre Photographique d’Ăle-de-France
Frac Normandie Rouen
Micro Onde
PODCAST – Interview de Nathalie Giraudeau, directrice du CPIF, Audrey Illouz, responsable de Micro Onde, et VĂ©ronique Souben, directrice du Frac Normandie Rouen,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Rouen, le 25 septembre 2020, durĂ©e 17â09, © FranceFineArt.
© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, voyage et prĂ©sentation presse, Centre Photographique dâĂle-de-France, Micro Onde et Frac Normandie Rouen, le 25 septembre 2020.
Extrait du communiqué de presse :
Commissariat :
Nathalie Giraudeau Directrice du CPIF
Audrey Illouz Responsable de Micro Onde – Centre dâart de lâOnde
VĂ©ronique Souben Directrice du Frac Normandie Rouen
Une exposition trois lieux
Frac Normandie Rouen : 12 sept / 06 dĂ©c (prolongĂ©e jusqu’au 21 fĂ©vrier 2021)
Micro Onde – centre d’art de l’onde : 19 sept / 21 nov (prolongĂ©e jusqu’au 16 janvier 2021)
Centre photographique dâIle-de-France : 26 sept /13 dĂ©c (prolongĂ©e jusqu’au 21 fĂ©vrier 2021)
RĂ©alisĂ©e conjointement par le Centre Photographique dâĂle-de-France, le Frac Normandie Rouen et Micro Onde – Centre dâart de lâOnde, lâexposition La Photographie Ă lâĂ©preuve de lâabstraction dresse un panorama des relations entre photographie et abstraction dans la crĂ©ation contemporaine. Elle est conçue en trois volets simultanĂ©s dans chacun des trois lieux.
Cet enjeu majeur et actuel dans le domaine de la photographie nâavait jusquâĂ prĂ©sent bĂ©nĂ©ficiĂ© dâaucune exposition dâimportance en France. LiĂ©e Ă lâĂ©volution du statut de lâimage comme Ă lâessor des nouvelles technologies depuis les annĂ©es 1980, une vĂ©ritable tendance Ă lâabstraction parcourt aujourdâhui une pluralitĂ© de dĂ©marches Ă©voquĂ©es en quatre volets au sein de trois expositions complĂ©mentaires. Ce projet dâenvergure constitue une opportunitĂ© de sâinterroger sur la possibilitĂ© dâune photographie contemporaine abstraite.
Câest une approche formaliste qui est proposĂ©e au CPIF et fait entrer le spectateur dans lâexposition par la couleur. Ainsi, lâaccrochage prend notamment comme matrice la dĂ©composition chromatique du spectre lumineux, qui aura animĂ© les chantres de lâAbstraction picturale au dĂ©but du XXe siĂšcle, pour aborder les stratĂ©gies formelles des artistes qui, fascinĂ©s par la lumiĂšre, renouvellent le rapport au visible. Les artistes mobilisent tout autant les techniques issues de lâĂšre numĂ©rique que les manipulations argentiques plus anciennes. Des piezographies de David Coste aux gommes bichromatĂ©es de Mustapha Azeroual (Monades), des photogrammes de James Welling aux expĂ©rimentations chromogĂ©niques de Philippe Durand et Laure Tiberghien, des empreintes cyanotypes de Megahnn Riepenhoff aux impressions sur latex dâimages issues dâInternet dâAnouk Kruithof, les artistes rivalisent dâinventivitĂ© protocolaire pour dĂ©velopper un nouveau vocabulaire.
Bien que certaines images renvoient encore au documentaire avec Karim Kal (Entourage 1) ou Broomberg & Chanarin (NBC, CBS, UPN, ABC, FOX, HBO, sĂ©rie American Landscapes), et restent descriptives avec Isabelle Le Minh (sĂ©rie DigitomĂ©trie) et JesĂșs Alberto BenĂtez (3280), surfaces, volumes, espaces et couleurs captĂ©s deviennent les sujets, souvent ambigus, de compositions aux rendus abstraits. Dâautres oeuvres, restituent le seul jeu de la lumiĂšre, de la chimie et de la matiĂšre du support, et prennent des formes sculpturales ou installatives comme avec Anne-Camille Allueva et SĂ©bastien ReuzĂ©.
Si dĂšs lâorigine de la photographie, le motif non figuratif, lâobjet mĂ©connaissable, les espaces dĂ©pourvus de tout repĂšre sont prĂ©sents dans la production dâimage, les propositions artistiques actuelles manifestent un regain dâintĂ©rĂȘt pour ces esthĂ©tiques abstraites, mais ambivalentes, ouvrant des perspectives susceptibles de renouveler le genre. Ă travers tout un vocabulaire de formes, mis ici en valeur par une prĂ©sentation reprenant le ruban chromatique, les artistes dĂ©veloppent une rĂ©flexion autant sur la notion de rĂ©el que sur les mĂ©canismes de production dâimage, voire sur sa potentielle « sortie ».
Au Frac Normandie Rouen, deux axes bien distincts sont privilĂ©giĂ©s. Un premier temps amorce lâapparition dâune sorte dâarchĂ©ologie de la photographie, dâune quĂȘte de lâimage originelle, de ses Ă©preuves scientifiques jusquâĂ lâapparition dâune iconographie propre Ă la photographie argentique que ce soit Ă travers les First Successfull Permanent Photographs de Pauline Beaudemont ou les plaques DaguerrĂ©otypes rĂ©utilisĂ©es par Hanako Murakami. Cette recherche se prolonge au travers de dĂ©veloppements purement formels (les papiers froissĂ©s de Walead Beshty, les plaques translucides de Barbara Kasten) qui trouvent leur pleine expression dans les espaces du CPIF.
Par opposition, un deuxiĂšme mouvement rassemble â toujours au Frac â des artistes dont la quĂȘte dâabstraction passe par des approches avant tout liĂ©es aux procĂ©dĂ©s technologiques. Si, dans la lignĂ©e du photographe amĂ©ricain Alfred Stieglitz et des peintres impressionnistes, une rĂ©fĂ©rence Ă la nature et au paysage abstrait se fait encore sentir chez Shannon Guerrico et Taysir Batniji, une nouvelle esthĂ©tique voit le jour davantage motivĂ©e par les plus rĂ©centes possibilitĂ©s technologiques que donnent Ă voir les pixels dâAdrian Sauer (Schwarze Quadrate) ou les diagrammes algorithmiques de Thomas Ruff (Zycles).
Les techniques liĂ©es Ă lâimpression chez Wade Guyton, Evariste Richer et Pierre-Olivier Arnaud comme la crĂ©ation de programmes informatiques des plus performants et dĂ©tournĂ©s pour Stan Douglas et Xavier Antin permettent aux photographes de dĂ©velopper un nouveau langage, sans plus de rĂ©fĂ©rent apparent au monde matĂ©riel. La photographie semble alors avoir actĂ© son basculement dĂ©finitif dans le « purement abstrait ».
Enfin Ă Micro Onde – Centre dâart de lâOnde, lâaxe dĂ©veloppĂ© relĂšve dâune approche rĂ©solument expĂ©rimentale et matĂ©riologique de la photographie. Lâexposition prend pour ancrage lâactivitĂ© photographique du cĂ©lĂšbre dramaturge suĂ©dois August Strindberg â qui sâest livrĂ© dĂšs la fin du XIXe siĂšcle Ă lâĂ©tude de cristaux et de ciels nocturnes donnant lieu Ă ses cĂ©lĂšbres Cristallographies et Celestographies ou photogrammes de cristaux et de ciels. Il sâagit, Ă lâappui de ces premiĂšres expĂ©riences historiques, de sonder des pratiques artistiques contemporaines qui investiguent la matĂ©rialitĂ© de lâimage, lâimagerie scientifique tout autant quâun autre rapport au paysage.
Plus les artistes scrutent le monde physique, plus la reprĂ©sentation sâefface et cĂšde la place Ă lâabstraction: des photographies de stalagmites de Dove Allouche (PĂ©trographies) aux photographies sous-marines de Nicolas Flocâh (Paysages Productifs) en passant par la recrĂ©ation de phĂ©nomĂšnes physiques en laboratoire de Marina Gadonneix (PhĂ©nomĂšnes) ou optiques de Sarah Ritter (LâOmbre de la Terre). Ă lâinverse, plus les artistes scrutent les propriĂ©tĂ©s physiques de lâimage, plus des formes abstraites mais connotĂ©es renvoient au paysage : peinture sur diapositive dans lâinstallation sĂ©rigraphique de Francisco Tropa (Puit), photographie produite uniquement par le jeu de la lumiĂšre et de la chimie alors que lâon croirait un fluide chez Wolfgang Tillmans (Urgency VI).
Une derniĂšre image clĂŽt lâexposition Ă Micro Onde : la vidĂ©o Film ProyecciĂłn dâIgnasi AballĂ. Elle renvoie Ă lâexpĂ©rience sensorielle et visuelle de lâĂ©blouissement, dans le sillage des expĂ©rimentations sensorielles particuliĂšrement fĂ©condes pour dĂ©passer la vision classique du monde aux origines de lâabstraction picturale. Ce motif, quasi « fondamental », se retrouve dâailleurs dans les Sun photographs de Zoe Leonard exposĂ©es au Frac ainsi que dans le Soleil#04-28-F08 de SĂ©bastien ReuzĂ© prĂ©sentĂ© au CPIF, tel un trait dâunion entre les trois expositions.
Exposition collective avec les oeuvres de : Anne-Camille Allueva, Driss Aroussi, Mustapha Azeroual, Eric Baudart, Camille Benarab-Lopez, JesĂșs Alberto BenĂtez, Walead Beshty, Juliana Borinski, Broomberg & Chanarin, Michel Campeau, David Coste, Philippe Durand, Nicolas Flocâh, Marina Gadonneix, Jean-Louis Garnell, Isabelle Giovacchini, Lukas Hoffmann, Karim Kal, Anouk Kruithof, Isabelle Le Minh, Chris McCaw, Constance Nouvel, AurĂ©lie PĂ©trel, Diogo PimentĂŁo, SĂ©bastien ReuzĂ©, Evariste Richer, Meghann Riepenhoff, Alison Rossiter, Doriane Souilhol, Thu-Van Tran, Laure Tiberghien, Wolfgang Tillmans et James Welling.
Un ouvrage bilingue français/anglais aux éditions Hatje Cantz prolongera cette exposition et réunira réflexions et essais originaux de spécialistes.
CATALOGUE « La photographie Ă lâĂ©preuve de lâabstraction » – Sortie prĂ©vue en novembre 2020.
En corrĂ©lation avec les trois expositions et en partenariat avec le festival Normandie Impressionniste, le Frac Normandie Rouen, Micro Onde – Centre dâart de lâOnde et le Centre Photographique dâĂle-de-France publient un catalogue.
Cet ouvrage dâenvergure est lâun des premiers entiĂšrement consacrĂ© Ă la question de lâabstraction dans la photographie contemporaine avec des perspectives originales sur lâĂ©mergence de nouvelles esthĂ©tiques liĂ©es Ă lâapparition des nouvelles technologies.
Avec les textes de :
Nathalie Giraudeau, Directrice du Centre Photographique dâĂle-de-France
Audrey Illouz, Responsable de Micro Onde – Centre dâart de lâOnde
Kathrin Schönegg, historienne de la photographie
VĂ©ronique Souben, Directrice du Frac Normandie Rouen
Ărik Verhagen, professeur en histoire de lâart contemporain, critique dâart et commissaire dâexposition