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“Man Ray et la mode” au Musée du Luxembourg, Paris, du 23 septembre 2020 au 17 janvier 2021

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“Man Ray et la mode” 

au Musée du Luxembourg, Paris

du 23 septembre 2020 au 17 janvier 2021

Musée du Luxembourg


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Man Ray et la mode
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© Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 22 septembre 2020.

Man Ray, Peggy Guggenheim dans une robe de Poiret, 1924. Épreuve contact gélatino argentique, 10,8 x 8 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d'Art moderne/Centre de création industrielle, dation en 1994. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. Rmn-Grand Palais / Guy Carrard. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
Man Ray, Peggy Guggenheim dans une robe de Poiret, 1924. Épreuve contact gélatino argentique, 10,8 x 8 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’Art moderne/Centre de création industrielle, dation en 1994. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. Rmn-Grand Palais / Guy Carrard. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
Pierre Imans, Buste de coiffeur en cire fin années 20, fin années 20. Cire, perruque de cheveux humains. 71 x 39 x 30 cm. Collection privée. © Nicolas Descottes.
Pierre Imans, Buste de coiffeur en cire fin années 20, fin années 20. Cire, perruque de cheveux humains. 71 x 39 x 30 cm. Collection privée. © Nicolas Descottes.
Man Ray, Le Pavillon de l’Élégance, exposition internationale des arts décoratifs et industriels, Robe du soir « Apollo » de Jeanne Lanvin, 1925/1995. Épreuve platine, tirage d’exposition réalisé d’après le négatif sur plaque de verre, 23,5 x 17,5 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne - Mnam/ Centre de création industrielle. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand. Palais / image Centre Pompidou. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.
Man Ray, Le Pavillon de l’Élégance, exposition internationale des arts décoratifs et industriels, Robe du soir « Apollo » de Jeanne Lanvin, 1925/1995. Épreuve platine, tirage d’exposition réalisé d’après le négatif sur plaque de verre, 23,5 x 17,5 cm. Paris, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne – Mnam/ Centre de création industrielle. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, dist. RMN-Grand. Palais / image Centre Pompidou. © Man Ray 2015 Trust / Adagp, Paris 2020.

Texte de Sylvain Silleran



La moquette est veloutée, les murs rose pâle un peu poudreux, dans des vitrines la verticalité des robes des années folles s’offrent, déesses de boudoir. Le travail de photographe de mode de Man Ray ne pouvait trouver plus bel écrin. Des robes Chanel champagne ou noires, luxueuses non pas d’or mais de l’insolente élégance de leurs lignes. Man Ray saisit la liberté d’un monde, d’une époque prête à toutes les audaces, l’ivresse effervescente des nuits, il capte sa lumière et ses ombres et y sculpte des rêves de futur.


Tous ces profils de déesses égyptiennes, ces reines, ces pharaonnes semblent éternels. La fortunée Marie-Laure de Noailles, la modeste Kiki de Montparnasse, le fameux travesti Barbette, qui est qui ? Cela n’a plus d’importance ici. Dans les extravagances mondaines de bal masqué, Nancy Cunard, la marquise Casati, Peggy Guggenheim semblent les personnages oniriques des voyages du Little Nemo de Winsor McCay. Sur un portrait de 1928, la robe scintillante de milles étoiles s’accroche aux épaules blanches de la modèle, rondes et lunaires. Des plumes blanches floues s’élèvent en volutes de fumée, crépitantes, feu d’artifice au parfum de soufre.


Des ailes d’oiseaux, des soies aux reflets de métal : d’étranges animaux se dressent. Ils sont couronnés par des chevelures noires, tache d’encre de chine, Rohrschach de nos songes futuristes, d’une Métropolis verticale où jambes, bras, cous s’allongent vers le ciel. Man Ray photographie une  accélération de la lumière, si rapide qu’elle n’a plus le temps de la nuance, tranchant d’un coup de lame le noir du blanc. Lee Miller au chapeau noir est saisie dans un portrait stylisé, épuré jusqu’à ce qu’il ne reste que les lignes essentielles, un trait de Matisse, une boucle poétique de Cocteau.


L’œil de Man Ray est si contemporain que les dates des clichés nous étonnent : 1927… 1928… comment est-ce possible ? La tignasse punk de Jacqueline Goddard ne l’a-t-on pas vue sur une pochette de disque ? Et cette chevelure tombant en cascade d’un visage renversé, les cheveux peignés ondulant jusqu’à se perdre dans une brume d’écume ? 


Un robe luisante, écailles de poisson nous glisse des mains : sirène surprise dans son bain de minuit ou naïade de métal de science-fiction. Des robes-fleurs, robes-sexes s’ouvrent dans de vertigineuses diagonales, l’effronterie des stylistes nourrit les expérimentations de Man Ray. Il passe du net au flou sans crier gare, du réel à l’irréel. Ses expériences graphiques, ses solarisations sont une matière dense, tactile. Le dessin se mêle à la photographie, la composition transforme les silhouettes en lettrages, le cadrage ouvre un champ théâtral, dramatique.


Une créature longiligne ondule dans une robe. Le cliché explose, la femme se décompose en centaines de perles. Le positif se confond avec le négatif, l’organique avec le minéral, la chair et l’acier. Le voile qui recouvre un visage fusionne l’érotisme d’un bas et l’architecture industrielle. Dans ces années de l’entre-deux-guerres Man Ray est un alchimiste, il mélange, distille, la plume et le verre, le pistil et le cuivre, la magie et l’électricité. Avec une classe désinvolte d’un barman, il nous sert de beaux cocktails, des elixirs de jouvence aux reflets d’or. Nous voulons rester jeunes et que les lumières de la fête ne s’éteignent jamais.

Sylvain Silleran, rédacteur pour FranceFineArt


Extrait du communiqué de presse :

 

commissaire général :
Xavier Rey, directeur des musées de Marseille

commissaires scientifiques :
Alain Sayag, conservateur honoraire au Musée national d’Art moderne
Catherine Örmen, conservateur, historienne de la mode

 

Man Ray et la Mode : l’oeuvre de cette grande figure de la modernité est ici présentée sous un angle méconnu. Protagoniste de la vie artistique parisienne de l’entre-deux guerres et du surréalisme en particulier, Man Ray a fait l’objet d’une importante rétrospective au Grand Palais en 1998, et d’une exposition à la Pinacothèque de Paris en 2008. Mais son oeuvre n’avait jamais été explorée sous l’angle de la mode.

Man Ray arrive à Paris en 1921 sur les conseils de Marcel Duchamp, qui l’introduit dans le milieu de l’avant-garde et dans le Tout-Paris des années folles. Pour des raisons alimentaires, Man Ray va d’abord s’adonner avec succès au portrait mondain et glisser peu à peu des mondanités vers la mode. Son premier contact dans le monde de la mode sera Paul Poiret, mais bien vite la plupart des grands couturiers vont faire appel à lui : Madeleine Vionnet, Coco Chanel, Augusta Bernard, Louise Boulanger, et surtout, Elsa Schiaparelli.

Née avec le XXe siècle, la photographie de mode est balbutiante : au début des années 1920, elle est utilitaire, documentaire et inféodée aux codes de l’illustration de mode. Rapidement, les magazines, principaux vecteurs de diffusion des modes, vont lui consacrer de plus en plus de place. Ainsi Man Ray commence-t-il à publier ses portraits dans les chroniques mondaines de Vogue, Vanity Fair, et Vu, mais c’est Harper’s Bazaar, au cours des années 1930, qui fera de lui un photographe de mode célèbre. Ses compositions étranges, ses recadrages, jeux d’ombres et de lumière, ses solarisations, colorisations et autres expérimentations techniques vont contribuer à la création d’images oniriques et frappantes, qui s’inscriront dans des mises en page particulièrement novatrices. C’est ainsi que l’artiste offre à la mode une vision nouvelle du désir et du rêve et à la photographie de mode ses lettres de noblesse.

Figure de l’avant-garde, Man Ray est ainsi impliqué dans la culture de masse qui émerge au travers de la mode et de la publicité. L’exposition met en lumière cet enrichissement permanent entre « l’art pour l’art » et les productions assujetties à une commande. Ainsi de la photographie iconique, Les Larmes, qui est d’abord, il convient de le rappeler, une publicité pour une marque de mascara !

Dans l’exposition, une large sélection de photographies – tirages originaux, mais également tirages contemporains de grand format – dialogue avec quelques modèles de haute couture et des documents cinématographiques évocateurs de la mode des années 1920 et 1930, une mode qui fait désormais la part belle à la coiffure et au maquillage. Ces courts extraits audiovisuels donnent un autre éclairage sur la mode en montrant que la manière de filmer s’émancipe aussi. Quant aux revues de mode, elles occupent une large place, afin de souligner le rôle majeur qu’elles ont tenu dans la diffusion toujours plus large d’une esthétique nouvelle.

Man Ray a tout fait pour dissimuler ce qu’il considérait comme une activité mineure, son « métier » de photographe professionnel, préférant privilégier une posture d’artiste peintre inventif et libre. Lorsqu’il pratiquait la photographie de mode il tirait parcimonieusement, se limitant aux contacts puis seulement aux images retenues pour la publication. A cette époque, les revues étaient propriétaires, non seulement des tirages, mais aussi des négatifs. La dispersion et la rareté de ces images aujourd’hui réunies dans l’exposition leur confère un caractère exceptionnel.

Le recours à des tirages modernes pour en montrer certaines permet d’apprécier les différences entre des épreuves qui ont cependant toutes été réalisées à partir des négatifs originaux, car la photographie est un objet, et pas seulement une image.

Le parcours de l’exposition se déroule à travers les sections suivantes: Du portrait des années 1920 à la photographie de mode, La montée de la mode et de la publicité et L’apogée d’un photographe de mode, les années Bazaar.