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“La Comédie humaine“

Balzac par Eduardo Arroyo Ă  la Maison de Balzac, Paris

du 6 fĂ©vrier au 10 mai 2020 (prolongĂ©e jusqu’au 16 aoĂ»t 2020)

Maison de Balzac.fr

À partir du 16 juin prochain, le public pourra retrouver progressivement les collections et les expositions des musées de la Ville de Paris en toute sécurité.
Conformément aux directives du gouvernement et afin de garantir une protection optimale durant les visites, les musées de la Ville de Paris ont mis en place des mesures sanitaires et de nouvelles dispositions d’accueil après 3 mois de fermeture.
Désormais, pour visiter les expositions temporaires, la réservation en ligne d’un billet horodaté est nécessaire pour tous, y compris les détenteurs de la carte Paris Musées, afin de garantir un contrôle optimal des jauges pour assurer des visites en toute sécurité. Ces réservations ouvriront dès le mardi 9 juin 2020 sur : www.billetterie-parismusees.paris.fr L’accès aux collections permanentes restera gratuit et sans réservation.

Interview de Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac et commissaire de l'exposition,

PODCAST Interview de Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac et commissaire de l’exposition,

par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 5 fĂ©vrier 2020, durĂ©e 15’48. © FranceFineArt.

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Eduardo Arroyo
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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 5 février 2020.

Edouardo Arroyo, Balzac 1850, 2014. Huile sur toile. Collection particulière. Courtesy Galerie Louis Carré & Cie. © Adagp, Paris, 2019.
Edouardo ArroyoBalzac 1850, 2014. Huile sur toile. Collection particulière. Courtesy Galerie Louis Carré & Cie. © Adagp, Paris, 2019.
Edouardo Arroyo, Les Jardies, 2014. Collage et technique mixte sur papier. Maison de Balzac. © Mercedes Cosano. © Adagp, Paris, 2019.
Edouardo ArroyoLes Jardies, 2014. Collage et technique mixte sur papier. Maison de Balzac. © Mercedes Cosano. © Adagp, Paris, 2019.

Extrait du communiqué de presse :

commissariat : Yves Gagneux, directeur de la Maison de Balzac

Avec cette nouvelle exposition, la Maison de Balzac présente un artiste qui est le seul à s’être intéressé à la fois à la figure de Balzac, aux personnages tirés de ses romans mais aussi aux endroits où l’écrivain a vécu. À travers une trentaine de peintures, collages et dessins, réalisés depuis 2014, La Comédie humaine, Balzac par Eduardo Arroyo montre comment cet artiste utilise sa connaissance très fine de Balzac pour se pencher sur ses propres impressions.

Portraits de l’écrivain, intérieurs et personnages deviennent ainsi le prétexte à un vagabondage dans les souvenirs, à une narration qui prolonge les mémoires du peintre. Les oeuvres nous invitent à une promenade dans le Paris d’hier et portent une rêverie nourrie de souvenirs liés à cette ville, explorent des sensations qu’Arroyo place dans la lignée des romans d’Aragon. Littérature et peinture se croisent tant et si bien qu’elles se fondent.

Eduardo Arroyo s’est fait connaĂ®tre dans les annĂ©es 1960, comme l’un des fondateurs du mouvement pictural « Figuration narrative Â». Sa peinture aux couleurs vives, au dessin prĂ©cis, exprime le fort tempĂ©rament d’un peintre contestataire, engagĂ© dans la politique comme dans l’art.

Le premier contact d’Arroyo avec Balzac lorsqu’il arrive à Paris dans les années 60, c’est la sculpture de Rodin sur le boulevard Raspail, il découvre ensuite les curieux portraits de l’écrivain par Picasso. Mais ce lien se concrétise lorsque Gilles Aillaud propose en 1964 le thème du roman Une passion dans le désert à Eduardo Arroyo et Antonio Recalcati pour un cycle de treize peintures, peu après présenté par les critiques comme le manifeste d’un nouveau mouvement pictural, la figuration narrative.

C’est en 2013, qu’Arroyo réintroduit Balzac dans sa peinture, avec près d’une trentaine d’oeuvres. En 2015, il décide de publier une Comédie humaine illustrée, chantier colossal, propre à stimuler l’artiste. Curieux, il a figuré les héros d’ouvrages peu connus, comme Melmoth réconcilié ou Les Employés. Il n’hésite pas à peindre des personnages que Balzac lui-même renonce à décrire, comme s’il y voyait un défi à relever. Arroyo ne restitue d’ailleurs pas La Comédie humaine, ni la vie de Balzac, mais y trouve l’inspiration, en retient des impressions qui se mêlent à des souvenirs personnels, pour des créations souvent surprenantes.

Le projet a malheureusement Ă©tĂ© brisĂ© par sa disparition en 2018, mais de nombreux portraits de personnages ont nĂ©anmoins Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s : ces Ĺ“uvres d’Arroyo forment la première tentative d’illustration de La ComĂ©die humaine par un artiste d’envergure. La Maison de Balzac est la première institution en France Ă  consacrer un hommage Ă  cet artiste disparu.

Parcours de l’exposition :


Portraits de l’écrivain

Au fil de ses lectures, Eduardo Arroyo s’est de plus en plus intĂ©ressĂ© au personnage mĂŞme de Balzac ; apparaissent alors les portraits. Ceux-ci Ă©voquent non seulement l’écrivain mais aussi le Paris des annĂ©es 1960 oĂą s’installe Arroyo, après avoir quittĂ© une Espagne peu ouverte Ă  l’innovation artistique. La statue de Rodin sur le boulevard Raspail, et les curieux portraits de Picasso, avaient en effet beaucoup impressionnĂ© Arroyo qui se souvient aussi de son ami Daniel Anselme, considĂ©rĂ© comme un vĂ©ritable sosie de l’écrivain. Les techniques utilisĂ©es par Arroyo pour ses Balzac s’accordent Ă  ses souvenirs : ce sont une sculpture, des visages dessinĂ©s dans l’esprit des gravures de Picasso, d’autres qui transparaissent sur un fond de peinture Ă©voquant une palette, possible allusion aux ateliers alors frĂ©quentĂ©s, des collages qui traduisent ces mosaĂŻques d’impressions, l’assemblage de fragments de photographies anciennes qui renvoient Ă  son passé…

Personnages de romans
Arroyo n’illustre pas La ComĂ©die humaine mais s’en nourrit pour y chercher l’inspiration, il en retient des impressions qui le conduisent Ă  imaginer de nouveaux personnages qui lui sont très personnels. Ses portraits de Victorine Taillefer ou de Madame de Mortsauf n’évoquent en rien les douces crĂ©atures des romans ; le colonel Chabert apparaĂ®t dans la nouvelle de Balzac comme un homme brisĂ© physiquement et moralement, privĂ© de sa femme, dĂ©pouillĂ© de sa fortune, de son grade et mĂŞme de son identitĂ© : un homme Ă  plaindre. Or comment Arroyo qui a dĂ©testĂ© le rĂ©gime soutenu en Espagne par l’armĂ©e, considĂ©rera-t-il un ancien colonel de NapolĂ©on ? Chabert reste pour lui un militaire, qu’il reprĂ©sente dans sa sĂ©cheresse. Melmoth, avec ses trois cornes, cesse d’être la victime du tentateur pour devenir la personnification du diable. Edouardo Arroyo n’hĂ©site pas Ă  peindre des personnages que Balzac lui-mĂŞme renonce Ă  dĂ©crire, comme s’il y voyait un dĂ©fi Ă  relever. Ainsi d’Élisabeth Baudoyer, « une de ces figures qui se dĂ©robent au pinceau par leur vulgaritĂ© mĂŞme Â», ou du cousin Pons dont le « vaste visage percĂ© comme une Ă©cumoire, oĂą les trous produisaient des ombres, et refouillĂ© comme un masque romain, dĂ©mentait toutes les lois de l’anatomie(1). Â» La lecture d’Arroyo est active, Ă©veille chez lui des souvenirs, des rĂ©miniscences, suscite des rĂ©actions parfois fortes : d’innombrables petites madeleines de Proust, qu’en vĂ©ritable amateur de littĂ©rature, il prend plaisir Ă  partager. Les hĂ©ros balzaciens forment ainsi le prĂ©texte Ă  une promenade poĂ©tique dans des souvenirs, et cette galerie de portraits constitue un livre d’artiste qui est aussi album de souvenirs, ce qui explique les techniques utilisĂ©es, la photographie, les ciseaux et la colle qui remplacent la palette et les pinceaux.

Intérieurs
L’intĂ©rĂŞt d’Edouardo Arroyo pour la biographie de l’écrivain revĂŞt une forme particulièrement originale avec les reprĂ©sentations des intĂ©rieurs de Balzac aux Jardies, près de Sèvres, et de sa rĂ©sidence de la rue FortunĂ©e – l’actuelle rue Balzac dans le 16e arrondissement de Paris. Ici encore, rien de littĂ©ral. Quelques rĂ©miniscences des maisons bourgeoises dĂ©crites par Balzac et dont Arroyo a connu l’équivalent en Espagne comme en France, se marient avec l’évocation des objets acquis auprès des antiquaires et accumulĂ©s par Balzac, qui se prĂ©sentait lui-mĂŞme comme atteint de « bricabracomanie Â», ce qui plaĂ®t beaucoup Ă  Arroyo. L’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des techniques est Ă©quilibrĂ©e par la prĂ©sence systĂ©matique de croquis figurant Balzac, souvent sa tĂŞte, parfois rĂ©duite Ă  la moustache, les yeux et la royale. La figure de Balzac griffonnĂ©e sur chaque collage semble faire un clin d’oeil au spectateur. L’espace se trouve disloquĂ©, la planĂ©itĂ© de la toile est soulignĂ©e par l’application des papiers peints, mais contrariĂ©e par des reprĂ©sentations en lĂ©gère perspective, et par la profondeur des photographies. De mĂŞme, les repères chronologiques se bousculent : mobilier nĂ©o-gothique, Henri III ou du XXe siècle ; papiers peints dĂ©suets mais conception rĂ©solument moderne du tableau… Tous ces motifs restent figuratifs mais l’ambiguĂŻtĂ© spatiale et le bouleversement des repères temporels rendent, au dire mĂŞme d’Arroyo, ces crĂ©ations plus conceptuelles que les portraits, moins directes, moins rĂ©alistes encore, plus libres.

(1) « Le Cousin Pons Â», La ComĂ©die humaine, tome 7, Ă©dition de la PlĂ©iade, NRF, 1977, p. 485.