Agenda CulturelIncontournablesPodcasts

🔊 “Edward Weston” Modernité révélée, à la Maison Européenne de la Photographie, du 15 octobre 2025 au 25 janvier 2026

Partage


“Edward Weston” 
Modernité révélée

à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 15 octobre 2025 au 25 janvier 2026

Maison Européenne de la Photographie


Entretien avec  Laurie Hurwitz, commissaire d'exposition et responsable de la collection vidéos d'artistes de la MEP, co-commissaire de l'exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, 14 octobre 2025, durée 19'46, © FranceFineArt.

PODCAST –  Entretien avec
Laurie Hurwitz,
commissaire d’exposition et responsable de la collection vidĂ©os d’artiste de la MEP, co-commissaire de l’exposition,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, 14 octobre 2025, durĂ©e 19’46,
© FranceFineArt.


previous arrow
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
18-20251014_103449
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
next arrow
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
18-20251014_103449
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
Edward Weston
previous arrow
next arrow
©Anne-Frédérique Fer, vernissage presse, le 14 octobre 2025.

Extrait du communiqué de presse :


Edward Weston, Shells, 1927. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Gregg Wilson.

Edward Weston, Shells, 1927. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Gregg Wilson.

Edward Weston, Clouds, Santa Monica, 1936. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.

Edward Weston, Clouds, Santa Monica, 1936. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.

Edward Weston, Portrait of Enrique (Enrica, wearing a black cross, looking sideways), 1916-1919. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.

Edward Weston, Portrait of Enrique (Enrica, wearing a black cross, looking sideways), 1916-1919. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.

Commissaires :
Simon Baker & Laurie Hurwitz, MEP, Paris
Polly Fleury & Hope Kingsley, Wilson Centre for Photography, Londres
Chargée de production : Elisa Monteillet, MEP, Paris
Cette exposition a été réalisée avec le soutien du Wilson Centre of Photography sur une idée de Michael Wilson.



La MEP présente Modernité révélée, la plus grande exposition dédiée à Edward Weston à Paris depuis près de trente ans. Figure majeure de la modernité photographique, Weston a forgé un langage visuel radicalement novateur, fondé sur la clarté, la rigueur formelle et une exploration approfondie du médium photographique.

Conçue à l’initiative de Michael Wilson — fondateur du Wilson Centre for Photography à Londres et l’un des plus grands collectionneurs de photographies au monde — l’exposition réunit un ensemble rare de tirages d’époque issus de sa collection, dont plusieurs sont présentés pour la première fois en France. Ces oeuvres offrent un éclairage exceptionnel sur l’évolution du travail de Weston et sur l’émergence d’un modernisme photographique pleinement affirmé.

S’étendant sur plus de trois décennies, de 1908 à 1945, le parcours retrace la trajectoire artistique de Weston. Ses premières photographies pictorialistes, réalisées en Californie dans les années 1910 et au début des années 1920, s’inscrivent dans les traditions visuelles du XIXe siècle : flous soigneusement maîtrisés, mises en scène élaborées, et présence de symboles allégoriques. Progressivement, son regard se transforme : les images gagnent en netteté, les compositions s’épurent, et l’accent se porte de plus en plus sur la forme, la surface et la structure. Dès les années 1920, certaines oeuvres tendent vers l’abstraction géométrique — bien que Weston n’ait jamais adopté un style unique. Cette transformation s’opère de manière continue : les motifs se croisent, les techniques évoluent, révélant un artiste en constante recherche, affûtant sans relâche son regard.

L’exposition met en lumière les grandes étapes de ce cheminement, notamment son séjour au Mexique, où il collabore étroitement avec Tina Modotti. Ensemble, ils créent des portraits et des nus empreints d’une liberté nouvelle et d’une radicalité inédite. Ces images dialoguent avec ses paysages évocateurs de la côte californienne, autour de Point Lobos et Carmel.

Le coeur de l’exposition rassemble ses séries les plus emblématiques : gros plans sensuels de formes naturelles — poivrons, coquillages, fruits et légumes — photographiés avec une intensité presque obsessionnelle ; paysages de dunes et de rochers à Point Lobos et dans la Death Valley ; nus lumineux de Charis Wilson, sa muse et compagne. Weston y révèle la beauté universelle des choses les plus simples, qu’il transforme en formes sculpturales épurées. Portraits, nus, natures mortes et paysages se répondent dans une mise en relation inédite, dévoilant les résonances profondes de son oeuvre. Chez Weston, les formes naturelles prennent souvent des qualités anthropomorphiques subtiles, témoignant de la puissance formelle et de la richesse expressive de son regard.

Modernité révélée invite à redécouvrir un artiste visionnaire dont l’approche novatrice a profondément marqué l’histoire de la photographie. L’exposition inclut également une sélection rare d’oeuvres de photographes pictorialistes majeurs, offrant un éclairage précieux sur les premières influences de Weston et sur le contexte artistique d’où a émergé sa modernité.

Un catalogue richement illustré, publié par Morel Books et dirigé par Elisa Monteillet, accompagnera cette exposition historique.

Edward Weston, Clouds, Santa Monica, 1942. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.

Edward Weston, Clouds, Santa Monica, 1942. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.

Edward Weston, Charis, Santa Monica (Nude in doorway), 1936. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.

Edward Weston, Charis, Santa Monica (Nude in doorway), 1936. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.

Edward Weston, Shell and Rock Arrangement, 1931. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.

Edward Weston, Shell and Rock Arrangement, 1931. © Center for Creative Photography, Arizona Board of Regents / Edward Weston, Adagp, Paris, 2025. Courtesy Wilson Centre for Photography.


Parcours de l’exposition

Modernité révélée retrace l’évolution d’Edward Weston, depuis les flous pictorialistes de ses débuts jusqu’à la netteté et la rigueur formelle qui deviendront les signes distinctifs de la photographie moderniste. Couvrant près de trois décennies, l’exposition rassemble plus de cent tirages rares et originaux issus du Wilson Centre for Photography. Elle invite le public à redécouvrir l’un des grands pionniers de la photographie à travers une œuvre d’une richesse et d’une intensité exceptionnelles.

L’exposition s’ouvre sur deux photographies emblématiques qui en cristallisent le propos, selon un concept imaginé par Michael Wilson pour mettre en lumière l’extraordinaire amplitude de l’oeuvre de Weston : M on the Black Horsehair Sofa (1921) et Tina Modotti (Nude in Studio) (1922). La première incarne pleinement l’esthétique pictorialiste : une pose alanguie, une lumière diffuse, une ambiance picturale enrichie de symboles comme un bouquet floral et un miroir circulaire. La seconde, réalisée à peine un an plus tard, marque une rupture saisissante. La figure est assise, cigarette à la main, dans un studio dépouillé — photographiée avec une netteté tranchante et un regard moderne, direct. Ces deux oeuvres, bien qu’éloignées d’une seule année, illustrent le basculement au coeur de la démarche de Weston : une quête infatigable de
nouvelles manières de voir.

À partir de là, l’exposition replace les débuts de Weston dans le contexte plus large du pictorialisme. Ses premiers tirages dialoguent avec des images d’Edward Steichen, George Seeley, Anne Brigman, Dorothea Lange, Margrethe Mather et Alfred Stieglitz, photographes dont l’oeuvre a influencé ou anticipé son langage visuel initial. Stieglitz, fervent défenseur de la photographie en tant qu’art à part entière, a ouvert de nouvelles voies par ses revues Camera Work et 291, ainsi que par sa galerie new-yorkaise. Des tirages précoces de Weston — dont un autoportrait saisissant — sont présentés aux côtés de ces oeuvres historiques. D’autres photographies témoignent de la vie artistique de Weston et de son cercle californien au début des années 1920, marquant un ancrage distinct dans les paysages et les rythmes de la côte Ouest, en contraste avec ses contemporains de la côte Est.

La suite du parcours se concentre sur les années 1920, décennie décisive durant laquelle Weston transforme en profondeur sa pratique. Plutôt que de suivre une évolution linéaire, cette section révèle une approche mouvante : Weston explore différents sujets et styles, revient à certains motifs, affine son vocabulaire formel dans une recherche continue.

Elle s’ouvre sur les oeuvres issues de ses séjours prolongés au Mexique entre 1923 et 1926, aux côtés de Tina Modotti — photographe, activiste politique, muse et partenaire créative. Immergé dans la vie intellectuelle et artistique de Mexico, Weston élabore un langage visuel audacieux, fondé sur le contraste, la forme, et une immédiateté nouvelle. Un portrait marquant de Modotti, décliné en tirages gélatino-argentique et palladium, révèle autant l’expérimentation technique de Weston que son attention grandissante aux subtilités tonales. Encouragé par Modotti, Weston adopte une vision plus radicale encore, apprenant à voir le monde autrement à travers son objectif.

Cette période mexicaine accentue son élan expérimental : ses portraits et ses nus gagnent en rigueur formelle, et son obsession pour les formes naturelles devient centrale. Il photographie inlassablement coquillages, fruits ou objets ordinaires, cherchant la composition parfaite, ajustant lumière, ombre et volume jusqu’à atteindre une précision sculpturale.

Les formes dialoguent entre elles dans l’objectif de Weston : les courbes d’un coquillage font écho aux lignes d’un corps nu ; la blancheur éclatante de Excusado (1926), photographie d’une cuvette de toilettes, évoque discrètement la sensualité d’un torse. Shell (1927), sans doute l’une de ses images les plus iconiques, incarne sa capacité à élever les objets les plus simples en études lumineuses de la forme, où texture et lumière flirtent avec l’abstraction. Pendant cette période, son traitement du nu évolue : le corps est fragmenté, presque sculpté par la lumière. Ce travail trouve son sommet dans Charis, Santa Monica (Nude in Doorway) (1936), l’un de ses chefs-d’oeuvre.

Le coeur de l’exposition rassemble des oeuvres majeures des années 1920 et 1930, dans lesquelles Weston transforme l’ordinaire en matière sensuelle et inattendue. Dans ses célèbres études de poivrons, les plis et courbes végétales rappellent les torses humains, entre sculpture moderniste et sensualité pure. Weston parle alors de rendre visible « l’essence même de la chose ». À cette même époque, il photographie ce qui l’entoure — un coupe-oeuf, une planche à tamis, un arbre noueux — avec une intensité nouvelle.

Ses portraits deviennent plus audacieux, avec des cadrages inédits et une netteté affirmée, dans une dynamique proche des avant-gardes européennes. À la fin des années 1920, ses oeuvres sont exposées dans les grands événements de la « Nouvelle Objectivité », un mouvement qui prône la clarté photographique et rejette les artifices picturaux. Cette évolution se manifeste également dans ses nus, de plus en plus fragmentés et abstraits, où le corps devient pure forme.

Weston passe librement du corps humain au monde naturel, perfectionnant sans relâche sa vision à travers l’étude, la répétition, et l’innovation formelle. Ses études de sable, de roches, de bois — Rock Erosion et Sandstone Erosion (Point Lobos) — frôlent l’abstraction. Réalisées sur la côte californienne dramatique qu’il explore inlassablement, ces oeuvres dévoilent une géométrie naturelle où chaque motif devient une architecture en soi. Autour de ces paysages, l’exposition présente des portraits puissants : Charis Wilson, future épouse de Weston, son frère Leon, son fils Brett, ou encore sa belle-fille Elinore Stone.

La dernière section de l’exposition réunit un ensemble de chefs-d’œuvre des années 1930, dont les fameux nus lumineux sur les dunes d’Oceano. Weston y photographie Charis avec une attention portée aux lignes et aux surfaces, créant un contraste saisissant entre les courbes du corps et la texture du sable. Ces images témoignent d’une maîtrise technique totale et d’une réinvention radicale du nu photographique. Elles sont accompagnées de vues panoramiques spectaculaires — Big Sur, Death Valley, ou encore les dunes du littoral — qui confirment la place singulière de Weston dans l’histoire de la photographie moderne.

L’exposition se clôt sur un groupe de photographies réalisées à la fin de sa vie, autour de sa maison de Carmel, en Californie, alors que la maladie limitait progressivement sa pratique. Weston, bien que diminué, conserve un regard aiguisé. Il capture des moments intimes, parfois empreints d’humour, dans des images comme Charis in a Gas Mask ou Exposition of Dynamic Symmetry, où proches et amis posent dans les cadres des fenêtres de sa maison en bois. C’est dans cette maison, perchée sur les hauteurs de Point Lobos, qu’Edward Weston s’éteint en 1958, entouré des paysages qui auront façonné son regard et auquel il a offert quelques-unes de ses images les plus durables.