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“Eva Jospin” au Grand Palais [Galerie 9], du 10 décembre 2025 au 15 mars 2026

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“Eva Jospin” Grottesco

au Grand Palais [Galerie 9], Paris

du 10 décembre 2025 au 15 mars 2026

Grand Palais


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©Sylvain Silleran, vernissage presse, le 8 décembre 2025.

Texte Sylvain Silleran

Eva Jospin, Panorama, 480 x 900 x 900 cm, 2016. Bois et carton. © flufoto (Barış Aras & Elif Çakırlar) Courtesy Noirmontartproduction. © Adagp, Paris, 2025.

Eva Jospin, Panorama, 480 x 900 x 900 cm, 2016. Bois et carton. © flufoto (Barış Aras & Elif Çakırlar) Courtesy Noirmontartproduction. © Adagp, Paris, 2025.

Eva Jospin, Portrait. © Laure Vasconi.

Eva Jospin, Portrait. © Laure Vasconi.

Vue d’exposition Eva Jospin, Palazzo, 2023, Palais des papes, Avignon. © Benoît Fougeirol. © Adagp, Paris, 2025. Oeuvres visibles : Eva Jospin, Nymphées, 2022. 700 x 1000 x 800 cm. Bois, carton, pierres, coquillages, papier colorés, matériaux divers. & Eva Jospin, Cénotaphe, 2020. 1000 x 380 x 380 cm. Bois, carton, coquillage, liège, laiton, matériaux divers.

Vue d’exposition Eva Jospin, Palazzo, 2023, Palais des papes, Avignon. © Benoît Fougeirol. © Adagp, Paris, 2025. Oeuvres visibles : Eva Jospin, Nymphées, 2022. 700 x 1000 x 800 cm. Bois, carton, pierres, coquillages, papier colorés, matériaux divers. & Eva Jospin, Cénotaphe, 2020. 1000 x 380 x 380 cm. Bois, carton, coquillage, liège, laiton, matériaux divers.

Eva Jospin – Grottesco
Grand Palais

La lumière entre par les fenêtres du Grand Palais, légèrement bleutée par des filtres posés sur les carreaux, éclairant un archipel de rochers. Une baie où l’on navigue d’île en île, explorant les vestiges d’une civilisation éteinte. Le ciel parisien, le pont Alexandre III et les Invalides au loin dialoguent ainsi avec les dômes et les colonnes des temples romains, architecture contre architecture. Eva Jospin et sa douzaine de petits lutins ont créé un véritable monde, un monde-temple où nous sommes invités à venir méditer.

Les couches de carton ondulé façonnent des falaises de roche, assemblent les pierres des temples, les symétries des grands escaliers. Ce monde ancien évoque Angkor envahi par la jungle, Rome, Pompéi, une découverte archéologique silencieuse, mais aussi un univers de jeu video, une forme de paysage et d’architecture familières aux gamers. Ces édifices romains, temples agrémentés de bassins partagent leurs rochers avec des grottes. Des ouvertures sombres gardées par des stalactites comme des crocs ouvrent un passage vers un deuxième monde, encore plus lointain et profond, plus mystérieux encore.

Une grotte originelle? La caverne de Platon? Ces gouffres sont envahis de racines tombantes, de lianes s’écoulant, suspendues. La végétation est partout, le temps a tout dévoré, et de ces racines comme des artères, la vie renait, la nature reprend ses droits. Deux petits bosquets dorés se détachent du mur blanc. De grandes forêts impénétrables impressionnent, denses et étouffantes.
Eva Jospin introduit des petits éléments, incrustant ici et là des petits coquillages, glissant des feuilles de papier roses ou bleues entre les couches géologiques de carton brun. Une longue racine bleue rappelle les vaisseaux sanguins des planches d’anatomie, les croquis de codex exotiques.

Un tableau en broderie présente un monde englouti sous les eaux, un autre une arche perdue dans les bois nous rappelant l’engouement romantique pour les ruines romaines au XVIIIème. D’autres sont des reliquaires vénérant des grottes et des chutes d’eau comme des sexes féminins. Une cascade de fils aux reflets argentés tombe comme un rideau dans son cadre de carton. Un drapé céleste aux accents cristallins.
Les échelles se mélangent, on passe d’une petite maquette au gigantisme le plus flamboyant: un dôme au milieu de la salle touche presque le plafond. Sous ce dôme des petites niches ornées de stalactites sont éclairées, leur fond peint fait penser à des décors de théâtre. Le dôme lui-même semble commencer à fondre, se dissolvant doucement en concrétions qui se forment sous sa coupole, telles un glaçage de gâteau sous la chaleur, à moins que ce ne soient des racines.
Le parcours nous mène à un grand panorama au fond, une immense forêt en Cinémascope, grandeur nature. Elle entoure le visiteur, l’absorbe, le retient, le subjugue de sa moiteur. Au centre une roche émerge, à demi ensevelie, quelque chose semble y avoir été sculpté mais a été effacé par le temps. Il reste une faible trace, à présent hésitant entre nature et artifice.

Tout fourmille de mille détails, des petites choses dissimulées et que l’on aperçoit sur le chemin du retour. Ce monde ne se livre pas en un instant, il faut le parcourir, s’y perdre, revenir sur ses pas. Le monde d’Eva Jospin nous égare, entre la puissance des masses rocheuses, des troncs et des colonnes et la fragilité du matériau, le carton le plus simple. De plus, elle pose ses sculptures à même le sol, sans socle, sans cordon ni marquage au sol. La sculpture déjà fragile par son matériau est livrée au public dans sa nudité la plus confiante, dans une forme d’innocence plutôt bienvenue. Quel beau voyage!

Sylvain Silleran


Extrait du communiqué de presse :

Le Grand Palais invite les artistes Eva Jospin et Claire Tabouret à s’approprier chacune une galerie. Eva Jospin présente Grottesco et Claire Tabouret, D’un seul souffle.

Pour son exposition Grottesco, Eva Jospin investit la Galerie 9 en rassemblant plus d’une quinzaine d’oeuvres, certaines spécifiquement produites pour l’exposition et dévoilées pour la première fois au public, d’autres aux motifs récurrents dans le travail de l’artiste, mais entièrement revisitées pour l’occasion.

Les paysages sculptés et les architectures imaginaires d’Eva Jospin ont su créer, au fil des années, une oeuvre profondément singulière.

Le titre de l’exposition, Grottesco, renvoie à une légende : celle d’un jeune Romain, tombé par hasard dans une cavité oubliée où, sous terre, il découvre de magnifiques fresques. Ce n’est qu’ultérieurement que l’on reconnaîtra en ces vestiges la Domus Aurea de Néron, ensevelie depuis des siècles. À partir de ce palais qui semblait grotte naît le « grotesque » — un style où le végétal, l’architectural, le fantastique s’enlacent dans un imaginaire foisonnant. C’est à ce fil que s’accroche Eva Jospin, pour tisser son propre monde. Depuis une dizaine d’années déjà, la grotte a pris racine dans son travail, s’ajoutant à la forêt, l’habitant, la transformant. Dans ses dessins, ses sculptures et ses installations, on retrouve cette idée de cavité révélée, de profondeur cachée, de formes et de motifs en prolifération.

Le visiteur est invité à traverser l’exposition comme on entre dans un monde. Pas à pas. En surplombant d’abord un Promontoire, en contournant un Cénotaphe, en pénétrant une grotte ornée d’un dôme rappelant celui du Panthéon. On traverse ensuite des ruines architecturales ou des habitations troglodytes pour arriver enfin devant une immense forêt. Elle nous enlace, nous arrête, elle est impénétrable. Mais l’exposition ne se découvre jamais d’un seul regard : elle nous demande une marche constante, un rebroussement, un détour. La forêt nous contraint à revenir sur nos pas, et ainsi découvrir un autre visage, une face cachée. Car ici, le motif n’est jamais stable, il prolifère, s’ancre dans les matières comme dans les souvenirs. Le parcours où l’architecture domine à l’aller, révèle la nature sauvage et puissante qui l’enveloppe au retour.

À chaque détour, la perception se transforme : ce que l’on pensait reconnaître devient étrange ; ce qui semblait familier se révèle inconnu. L’architecture se mêle au végétal, le minéral dialogue avec le textile. Les oeuvres se regardent, s’imitent, se répondent, parfois à travers un simple motif répété, déplacé, réinterprété. Parmi les pièces inédites, une série de bas-reliefs brodés attire l’oeil. Fusion de textile et de sculpture, ces oeuvres bousculent la hiérarchie des techniques : la broderie perd sa planéité, gagne en volume, devient architecture. Perles, fils libres, franges et cascades évoquent des nymphées réinventés, des paysages surgit d’un autre temps. Ces broderies sculptées marquent une nouvelle étape dans le travail d’Eva Jospin, une nouvelle extension de son périmètre de marche ou d’exploration vers des formes encore plus hybrides.

Depuis Panorama (Louvre, 2016) jusqu’à cette invitation au Grand Palais, en passant par le Palais des Papes, l’Orangerie de Versailles ou le Musée Fortuny à Venise, Eva Jospin n’a cessé d’élargir les contours de son oeuvre, de l’augmenter, de la revisiter. Travaillant par superpositions, contaminations et métamorphoses, elle brouille sans cesse les pistes entre les techniques, les matières, les styles et les époques. L’artiste continue de nous émerveiller en jouant avec les échelles et accordant à l’infiniment petit et à l’infiniment grand, la même précision et le même détail. Chaque oeuvre se fait à la fois vestige et promesse, transformant une galerie du Grand Palais en un théâtre d’un monde silencieux, dépourvu de présences humaines ou animales, mais néanmoins habité par l’imaginaire de l’artiste.


Rencontre avec Eva Jospin

réalisée lors de son exposition Galleria
au musée de la Chasse et de la Nature, Paris,
du 16 novembre 2021 au 20 mars 2022.

Le podcast est toujours à l’écouter sur FranceFineArt : https://francefineart.com/2021/11/15/3161_eva-jospin/

Catalogue – GrandPalaisRmnÉditions

Exposition produite par le GrandPalaisRmn
Avec le soutien de GALLERIA CONTINUA
Scénographie Jean-Paul Camargo



Biographie  Eva Jospin

Eva Jospin, née en 1975 à Paris, est diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Depuis une quinzaine d’années, elle compose de minutieux paysages forestiers et architecturaux, qu’elle décline sur différents supports. Dessinés à l’encre ou brodés, taillés dans le carton ou sculptés en bronze, ils évoquent les jardins baroques italiens, les rocailles fantaisistes du XVIIIe siècle et les grottes artificielles.

Pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2017 et élue membre de la section sculpture à l’Académie des beaux-arts en 2024, Eva Jospin a bénéficié de nombreuses expositions d’envergure internationale ; notamment au Palais de Tokyo à Paris (Inside, 2014), au Palazzo dei Diamanti à Ferrare en 2018, au Museum Pfalzgalerie à Kaiserslautern en 2019, à la Hayward Gallery à Londres en 2020, au Het Noordbrabants Museum à Den Bosch (Paper Tales, 2021), au Musée de la Chasse et de la Nature à Paris (Galleria, 2021), à la Fondation Thalie à Bruxelles (Panorama, 2023) et au Palais des Papes à Avignon (Palazzo, 2023). En 2024, de nouvelles expositions personnelles d’Eva Jospin sont organisées au Museo Fortuny à Venise (Selva) et à l’Orangerie du Château de Versailles (Eva Jospin – Versailles).

L’artiste a également dévoilé plusieurs installations monumentales et immersives dans le cadre de commandes spécifiques, au centre de la Cour Carrée du Louvre (Panorama, 2016) ou à l’Abbaye de Montmajour (Cénotaphe, 2020), et signé la création d’un ensemble de panneaux brodés pour le défilé Dior Haute Couture 2021-2022 (Chambre de Soie, 2021). Eva Jospin a également créé des oeuvres pérennes au Domaine de Chaumont-sur-Loire, (Folie, 2015), à Beaupassage à Paris (La Traversée 2018) et à Milan avec une installation conçue comme un jardin d’hiver (Microclima, 2022).

En 2025, l’artiste est l’invitée de l’Atelier Courbet à Ornans où son exposition Chambre d’écho dialogue avec l’exposition Paysages de marche au Musée Courbet, puis du Grand Palais à Paris où son exposition Grottesco se déploie dans l’édifice de décembre 2025 à mars 2026. Elle présente également deux expositions au Brésil au Musée Oscar Niemeyer à Curitiba et à la Casa Bradesco à Sao Paulo à l’occasion de la saison France-Brésil 2025.


Au même moment au Grand Palais

Claire Tabouret D’un seul souffle – Galerie 10.2

Pour son exposition D’un seul souffle, Claire Tabouret investit la Galerie 10.2 en choisissant de présenter les maquettes grandeur nature, les esquisses et autres travaux préparatoires des six futurs vitraux contemporains pour la cathédrale Notre-Dame de Paris.

En décembre 2024, Claire Tabouret, en association avec l’atelier Simon-Marq, a été désignée lauréate de la consultation engagée par le ministère de la Culture pour la création de vitraux contemporains pour Notre-Dame de Paris.

Depuis cette date, Claire Tabouret s’est attelée à la réalisation de maquettes grandeur nature pour les six baies du bas-côté sud de la nef de Notre-Dame.

Pour répondre à l’invitation du Grand Palais, l’artiste propose de dévoiler les coulisses de cette création hors norme en exposant ces « cartons », les esquisses et autres travaux préparatoires.

En raison du caractère historique du projet, Claire Tabouret souhaite ainsi inviter le public à l’accompagner dans cette aventure et lui offrir un premier regard sur les maquettes grandeur nature, alors que les vitraux seront encore en cours de fabrication à l’Atelier Simon-Marq. La scénographie de l’exposition permet au visiteur de ressentir l’atmosphère si particulière de l’atelier, afin qu’il puisse vivre ce moment rare d’un travail en cours, encore en mouvement.

Pour respecter les prescriptions de la consultation conduite par l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, Claire Tabouret a travaillé en choisissant une balance de couleurs équilibrées mais vives pour que les futurs vitraux conservent cette lumière blanche. Elle a choisi de réaliser cet ensemble d’oeuvres en recourant à la technique du monotype, technique d’impression que l’artiste pratique de manière obsessionnelle depuis de nombreuses années. Les monotypes, enrichis par le recours au pochoir, notamment pour les rosaces et autres motifs décoratifs sériels créent une transition douce avec l’évocation en arrière-plan des vitraux du XIXe siècle : « Ces derniers mois, j’ai créé des maquettes à taille réelle pour chacune des six baies concernées dans le bas-côté sud de la cathédrale. Chacune fait environ 7 mètres de haut. J’ai voulu ainsi être très proche des cartons que réalisent les maîtres-verriers de l’Atelier Simon-Marq. La technique du monotype s’est imposée, comme une évidence. J’ai une presse à l’atelier et j’aime énormément ce procédé d’impression, qui offre des similitudes avec le vitrail. Je peins à l’encre sur du plexiglas transparent, en pensant l’image à l’envers, parfois en jouant du mouvement de la touche, parfois avec des pochoirs qui donnent des contours nets. Puis j’imprime le tout sur du papier très épais. Pour chacune des six baies, j’ai peint ainsi une cinquantaine de morceaux correspondant aux différentes pièces des vitraux et leurs rosaces, assemblés ensuite dans ces très grandes maquettes. »

Le thème de la Pentecôte, symbole d’unité et d’harmonie entre les hommes, choisi par l’archevêché de Paris, a fortement inspiré Claire Tabouret. « J’ai été emportée par la beauté, la poésie du thème de la Pentecôte, choisi par l’archevêque de Paris. Cette idée d’harmonie, d’hommes qui parviennent à s’unir, à se comprendre malgré la diversité de leurs langues, cette folle espérance, j’ai eu envie d’y participer. On vit dans un monde tellement divisé, chaotique, effrayant… »