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“Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten” au Grand Palais [Centre Pompidou – Constellation], du 26 juin 2025 au 4 janvier 2026

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“Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten”

au Grand Palais [Centre Pompidou – Constellation], Paris

du 26 juin 2025 au 4 janvier 2026

Centre Pompidou


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©Sylvain Silleran, vernissage presse de l’exposition, le 19 juin 2025.

Texte Sylvain Silleran

Niki de Saint Phalle, Photo de la Hon repeinte, 1979. Peinture sur impression offset, 300 × 293 cm. Niki Charitable Art Foundation, Santee, Californie. © 2025 Niki Charitable Art Foundation / Adagp, Paris. Photo Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved/Katrin Baumann © Hans Hammarskiöld/ Hans Hammarskiöld Heritage.

Niki de Saint Phalle, Photo de la Hon repeinte, 1979. Peinture sur impression offset, 300 × 293 cm. Niki Charitable Art Foundation, Santee, Californie. © 2025 Niki Charitable Art Foundation / Adagp, Paris. Photo Niki Charitable Art Foundation, All rights reserved/Katrin Baumann © Hans Hammarskiöld/ Hans Hammarskiöld Heritage.

Leonardo Bezzola (photo). Niki de Saint Phalle, Pontus Hulten et Jean Tinguely au cours d’un dîner dans la maison-atelier des artistes, Essonne, septembre 1982.Photo © Estate Leonardo Bezzola.

Leonardo Bezzola (photo). Niki de Saint Phalle, Pontus Hulten et Jean Tinguely au cours d’un dîner dans la maison-atelier des artistes, Essonne, septembre 1982.Photo © Estate Leonardo Bezzola.

Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, impasse Ronsin, Paris, 1961. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Bibliothèque Kandinsky/Fonds Shunk et Kender/Dist. GrandPalaisRmn. Photo Shunk-Kender © J. Paul Getty Trust, tous droits réservés. Gift of the Roy Lichtenstein Foundation in memory of Harry Shunk and Janos Kender.

Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, impasse Ronsin, Paris, 1961. Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Bibliothèque Kandinsky/Fonds Shunk et Kender/Dist. GrandPalaisRmn. Photo Shunk-Kender © J. Paul Getty Trust, tous droits réservés. Gift of the Roy Lichtenstein Foundation in memory of Harry Shunk and Janos Kender.

Jean Tinguely, Méta-matic no 17, 1959. Fer et bois peints, papier, encre, latex, moteur à carburant, 330 x 170 x 190 cm, Moderna Museet, Stockholm. Donation des Amis du Moderna Museet, 1965. © Adagp, Paris, 2025. Photo © Moderna Museet, Stockholm.

Jean Tinguely, Méta-matic no 17, 1959. Fer et bois peints, papier, encre, latex, moteur à carburant, 330 x 170 x 190 cm, Moderna Museet, Stockholm. Donation des Amis du Moderna Museet, 1965. © Adagp, Paris, 2025. Photo © Moderna Museet, Stockholm.

Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten

Grand Palais



Des roues de vélos entrainant des courroies, des bidons, des instruments trouvés dans un placard de cuisine: l’univers de ferraille récupérée, de machines gaffeuses de Gaston couleur de rouille ou noires rencontre celui des collages sculpturaux, viscéraux, des langueurs aimantes aux couleurs vives. Jean Tinguely rencontre Niki de Saint Phalle, et quelle rencontre! Ce couple iconique, nous le connaissons, qu’en dire de plus? Alors entre un troisième personnage, Pontus Hulten, audacieux conservateur qui entretint avec ces deux artistes une longue relation, une amitié complice et loyale.

Cette joyeuse anarchie foutraque s’applique à dynamiter les conventions. Niki de Saint Phalle tire au fusil, Jean Tinguely crée ses Meta-matics, machines à dessiner, où des moteurs de solex entrainent un bras tenant un crayon. Tous deux peignent ainsi d’insolentes œuvre automatiques, coulures ou gribouillages, précurseurs bien plus amusant de ChatGPT. On regrettera cette machine aujourd’hui immobile, même la boite de jetons permettant autrefois de la faire fonctionner est protégée par une épaisse paroi de plexiglas.

Des nanas, il reste quelques photos, et dessins. Hon, la géante, la formidable femme-caverne ou sous-marin dans laquelle on entre par le sexe, qui fit sensation en 1966 au Moderna Museet de Stockholm n’est plus qu’un souvenir, quelques fragments comme des reliques, des posters. Il est difficile d’exposer à postériori une œuvre qui est faite pour interagir, une rencontre festive et éphémère avec le public, destinée à être détruite à la fin de l’exposition. D’ailleurs voici l’avis de décès du Crocodrome de Zig & Puce. Plus qu’une œuvre, le Grand Palais nous présente une époque, son vent de liberté qui s’essouffle quelque peu en arrivant jusqu’à nous. Aujourd’hui les artistes sont ‘engagés’, ils n’ont pas le temps de s’amuser.

Cyclop, l’immense tête couverte de fragments de miroirs, étincelle de ses milles feux rappelant les boules à facettes disco. Il ne manque que la musique. Celle-ci vient des innombrables cartes et lettres que les deux artistes envoyaient à Pontus Hulten. « Hey Pontus! » Comme salut rythme cette correspondance si fraîche, mélangeant mots et dessins. Majuscules, minuscules, signes, tracés indomptables, tout se mêle avec une spontanéité chaleureuse, les artistes y parlent de leur quotidien, de ces banalités si importantes, il en faut, rêvent, présentent leurs projets, cherchent organisation et financement à leurs formidables ambitions.

Les machines de Tinguely avec leurs petits moteurs, leurs modestes engrenages hirsutes de fil de fer, leurs formes colorées venues de l’histoire de l’art abstrait, de Mondrian, de Kandinsky, sont des animaux familiers, amicaux, qu’il est triste de muséifier, d’aligner derrière la ligne ‘ne pas franchir’ imprimée au sol. Heureusement quelques-une de ses machines, des plus imposantes, sont remises en service. Une machine monumentale, jungle de plantes, une tête d’élan, des silhouettes, des roues, des personnages, jouets géants, milles choses dissimulées à découvrir, entre dans une transe de secousses toutes les 9 minutes. Une machine à lancer des ballons fera aussi le bonheur de tout enfant passant par là.

Les monstres de Niki de Saint Phalle, Dragons, Crocodiles ou femme accouchant trouvent leur source dans un art brut, organique, fait d’organes et de viscères. Elle y éparpille façon puzzle la religion et les institutions, les modèles sociétaux, le carcan bourgeois. Plus tard les formes s’arrondissent, tendres et moelleuses, amoureuses, mais non moins satiriques. Un vieux couple fait sa promenade du dimanche, promenant en laisse une araignée géante, un homme lit le journal sous le regard d’une sympathique vache multicolore.

Une promenade nostalgique, donc, dans un passé que l’on regarde s’éloigner derrière ses vitrines sans pouvoir le toucher. On l’observe comme la vache colorée regarde passer les trains. On essaie de garder un peu de ces couleurs, du cliquetis de ces mécaniques heureuses, de leur grincement moqueur. On a bien besoin d’un peu de joie par les temps qui courent.


Sylvain Silleran

Jean Tinguely, Le Crocodrome de Zig et Puce. © Centre Pompidou, 1977. Illustration : Jean Tinguely. © Adagp, Paris, 2024 et Niki de Saint Phalle © Niki Charitable Art Foundation/Adagp, Paris, 2024.

Jean Tinguely, Le Crocodrome de Zig et Puce. © Centre Pompidou, 1977. Illustration : Jean Tinguely. © Adagp, Paris, 2024 et Niki de Saint Phalle © Niki Charitable Art Foundation/Adagp, Paris, 2024.

Niki de Saint Phalle, L’Accouchement rose, 1964. Plâtre, peinture, objets divers, fibres textiles et grillage sur panneau de bois, 219 x 152 x 40 cm , Moderna Museet, Stockholm. Donation de l’artiste, 1964. © 2025 Niki Charitable Art Foundation / Adagp, Paris. Photo © Moderna Museet, Stockholm.

Niki de Saint Phalle, L’Accouchement rose, 1964. Plâtre, peinture, objets divers, fibres textiles et grillage sur panneau de bois, 219 x 152 x 40 cm , Moderna Museet, Stockholm. Donation de l’artiste, 1964. © 2025 Niki Charitable Art Foundation / Adagp, Paris. Photo © Moderna Museet, Stockholm.


Extrait du communiqué de presse :

Commissaire : Sophie Duplaix, Conservatrice en chef des collections contemporaines Musée national d’art moderne – Centre Pompidou

Commissaire associée : Rita Cusimano, Attachée de conservation Musée national d’art moderne – Centre Pompidou



Exposition coproduite par le Centre Pompidou et le GrandPalaisRmn avec l’aimable participation de la Niki Charitable Art Foundation


Niki de Saint Phalle (1930−2002) et Jean Tinguely (1925−1991) marquent les premières décennies du Centre Pompidou avec des réalisations spectaculaires, telles Le Crocrodrome de Zig & Puce (1977) dans le forum du bâtiment ou la Fontaine Stravinsky (1983) au pied de l’Ircam. Cette exposition − qui inaugure la collaboration entre le Centre Pompidou et le GrandPalaisRmn pendant la fermeture pour rénovation du site « Beaubourg » − met en lumière des moments clés de la carrière de ce couple mythique, uni par des liens artistiques indéfectibles et une vision de l’art comme acte de rébellion contre les normes établies.

C’est par le prisme de Pontus Hulten (1924−2006), premier directeur du Musée national d’art moderne au Centre Pompidou de 1977 à 1981, que l’exposition revient sur les créations de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely. Grâce à l’impulsion donnée par cette personnalité très tôt remarquée dans le monde des musées, les deux artistes bénéficient d’une importante visibilité. Hulten, animé par l’idée rimbaldienne de « changer la vie » et porté par une approche muséale radicale et novatrice, offre un soutien inconditionnel au couple d’artistes. Il partage leurs conceptions anarchistes au service d’un art pour tous, pluridisciplinaire et participatif, qui bouscule les conventions et déplace les lignes.

Pontus Hulten favorise l’acquisition par les institutions d’œuvres majeures de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, et organise au Centre Pompidou des rétrospectives des deux artistes, celle de Saint Phalle en 1980 et de Tinguely en 1988. Il orchestre également la réalisation de leurs projets d’installations hors normes, tant au Moderna Museet de Stockholm, la première institution qu’il dirige, avec la gigantesque Nana pénétrable Hon – en katedral en 1966, qu’à Paris au Centre Pompidou avec Le Crocrodrome de Zig & Puce et ses éléments de fête foraine, en 1977. C’est aussi grâce à Pontus Hulten que Niki de Saint Phalle parachève la réalisation d’une vie de Jean Tinguely après son décès, Le Cyclop, monstre de métal visitable ponctué d’oeuvres d’amis artistes et caché au coeur des bois de Milly-la Forêt, près de Paris. L’exposition « Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten » propose un parcours à la fois historique et ludique, où s’entrelacent art, amour, amitié et engagement, tout en soulignant la part d’utopie et de provocation artistique partagée par les trois protagonistes.

La richesse de la collection du Centre Pompidou, associée à des prêts majeurs d’institutions nationales et internationales, permet de découvrir ou redécouvrir des oeuvres emblématiques des deux artistes. Les machines animées, plus ou moins autodestructrices et « inutiles », de Tinguely, sont une critique acerbe de la mécanisation et du progrès technologique de la société industrielle des Trente Glorieuses. Les Tirs de Niki de Saint Phalle, reliefs blancs renfermant des poches de couleurs sur lesquels elle tire pour « faire saigner la peinture », renversent tant les codes de l’art que de la société, en mettant en évidence le pouvoir féminin. Ses célèbres Nanas colorées et joyeuses s’inscrivent dans la continuité de cette approche iconoclaste. L’exposition présente également des films d’archives rares et toute une correspondance de lettres-dessins autour des oeuvres et des projets titanesques de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely, menés en complicité avec Pontus Hulten.

Au-delà de la célébration de deux artistes majeurs du 20e siècle, portés par la vision d’un homme de musée d’exception, cette exposition interroge leur horizon de pensée selon lequel la revendication d’une autonomie de l’art, la remise en question de l’institution et l’adresse directe au public, deviennent des moteurs de la création.

2025 marque le centenaire de la naissance de Jean Tinguely.



Le catalogue Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten. Sous la direction de Sophie Duplaix. Coédition Centre Pompidou / GrandPalaisRmn