Commissariat :

Héloïse Conésa, cheffe du service de la photographie, chargée de la photographie contemporaine au département des Estampes et de la photographie, BnF

La Bibliothèque nationale de France (BnF) marque son implication auprès des photographes, des tireurs et des éditeurs à travers son soutien aux grands prix photographiques qui structurent par leur action une part importante de la création dans ce champ artistique : le prix Niépce, le prix Nadar, la Bourse du Talent et le prix Camera Clara.

Pour la quatrième année consécutive, la Bibliothèque présente, en collaboration avec Gens d’images, la Fondation Grésigny et Picto Foundation, une sélection des tirages des lauréats de ces prix partenaires, dans une exposition qui s’inscrit comme un rendez-vous annuel des amateurs de photographie, offrant ainsi l’occasion de s’immerger dans l’effervescence de la création photographique contemporaine.

#Le prix Niépce Gens d’images

Créé en 1955, le Prix Niépce Gens d’images est le premier prix de photographie professionnelle lancé en France. Il distingue chaque année le travail d’un photo­graphe confirmé, âgé de moins de 50 ans, français ou résidant en France depuis plus de trois ans. Depuis 2016, il bénéficie du mécénat de Picto Fondation et du soutien de l’ADAGP. Le lauréat du prix bénéficie par ailleurs d’une présentation de son travail lors d’un « Atelier Gens d’images », d’une exposition à la galerie Dityvon de l’Université d’Angers et d’une exposition au Jeu de Paume-Château de Tours. Ce prix historique a été soutenu dès sa création par la BnF qui acquiert réguliè­rement des oeuvres des lauréats.

Le prix Niépce Gens d’images 2024 a été attribué à Anne-Lise Broyer.

Diplômée de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris et de l’Ate­lier national de recherches typographiques, Anne-Lise Broyer poursuit depuis plus de vingt ans un travail photographique singulier, où se nouent très intimement lecture et surgissement d’une image, écriture et photographie. En dessinant à la mine graphique directement sur le tirage argentique, elle fabrique des situations visuelles qui renvoient autant à la spécificité de l’image photographique qu’à son histoire technique (dessin photogénique, daguerréotype…) et elle voyage ainsi entre deux mondes sensibles, celui du regard et celui de la main.

#Le prix Nadar Gens d’images

Le Prix Nadar Gens d’images récompense depuis 1955 un livre remarquable consacré à la photographie ancienne ou contemporaine édité en France au cours de l’année. Il est attribué en partenariat avec la BnF et le musée Nicéphore Niépce, avec le parrainage du ministère de la Culture. Les ouvrages intègrent les collections de la BnF grâce au dépôt légal.

Le prix Nadar Gens d’images 2024 a été attribué à Chambre 207, photographies de Jean-Michel André, publié aux Éditions Actes Sud

Jean-Michel André poursuit une travail de création photographique reposant sur une vision politique et poétique du territoire, dont il interroge les limites, la mé­moire et les évolutions. Les questions liées à l’absence, au manque et à la répa­ration font partie des fils conducteurs de l’ensemble de ses séries. Chambre 207, sa dernière monographie, inscrite dans la veine de l’autofiction, repose sur une mémoire réinventée à la suite d’un terrible trauma d’enfance.

# La Bourse du Talent

La Bourse du Talent, créée en 1998, a révélé de nombreux photographes qui portent un regard singulier sur notre société et nous invitent à la regarder autrement. À l’origine de l’émergence de talents, sans distinction d’âge, de nationalité ou de parcours, cette bourse a été initiée au sein de Photographie.com par Didier de Faÿs, avec le soutien de Picto Foundation, qui réalise les tirages des lauréats. Grâce à la générosité des photographes et du laboratoire Picto, un ensemble de leurs tirages rejoint les collections de la BnF. Plusieurs centaines de photographies ont ainsi fait leur entrée dans le patrimoine national, attestant de la vivacité de la scène photographique contemporaine.

Depuis 2023, la Bourse du Talent s’intéresse aux nouvelles écritures documen­taires utilisées pour raconter notre monde et récompense trois photographes.

Lauréats de la Bourse du Talent 2024 :

Karla Hiraldo Voleau – Doble moral

Artiste franco-dominicaine qui mêle photographie, écriture et perfomance, Karla Hiraldo Voleau travaille principalement sur l’identité ou les rôles de genre mais se tourne aussi vers des sujets politiques. Le projet « Doble moral » vise à donner la parole aux femmes de République dominicaine à travers leurs récits d’avortement clandestin, accompagnés de portraits photographiques puissants et solidaires.

Guillaume Holzer – Territoire nomade

Issues de huit ans de vie et d’engagement auprès des communautés nomades des mers en Indonésie mais aussi d’une activité professionnelle dans une ONG, les photographies de Guillaume Holzer, prises dans l’archipel de Komodo, sont une ode au nomadisme et une réflexion sur la liberté, l’identité et la relation profonde entre l’homme et la mer.

Hassan Kurbanbaev – Untitled (portrait of Uzbekistan) 2018 – 2021

Photographe indépendant qui vit à Tachkent en Ouzbékistan, Hassan Kurbanbaev a parcouru son pays pendant plusieurs années, photographiant des communautés locales et des paysages. Il étudie les questions de représentation et les problèmes d’identité culturelle, cherchant à exprimer sa propre voix dans le contexte de l’art contemporain d’Asie centrale et à faire connaître son pays à un public international.

# Le prix Camera Clara

Crééen 2012 par Joséphine de Bodinat-Moreno, le prix Camera Clara est réservéaux artistes qui travaillent àla chambre photographique, se positionnant en hors-champ du déferlement vertigineux des images numériques et faisant l’éloge d’une démarche réfléchie et d’une certaine lenteur. Le prix récompense un travail d’auteur inédit et présentéen série ou ensemble photographique afin qu’il puisse être jugésur sa cohérence, tant sur la forme que sur son contenu.

Alexandra Catiere, lauréate du prix Camera Clara 2024

Née à Minsk, en Biélorussie, formée par Irving Penn et à l’ICP à New York, Alexandra Catiere, qui vit et travaille à Paris, a reçu de nombreux prix, parmi lesquels le prix Élysée à Lausanne et le prix BMW au musée Nicéphore Niépce. Elle a par ailleurs été lauréate de la Grande commande pour le photojournalisme : « Radioscopie de la France ». De l’ancienne Union soviétique à la France en passant par les États-Unis, cette photographe fait de l’intemporalité l’un des aspects majeurs de sa création. La série primée, « Le souffle de l’être », d’une grande sensibilité poétique, présente des oeuvres récentes qui sont autant de ponts jetés vers des chemins intérieurs.