“Prix Marcel Duchamp 2024” au Centre Pompidou, du 2 octobre 2024 au 6 janvier 2025
“Prix Marcel Duchamp 2024”
Abdelkader Benchamma / Gaëlle Choisne / Angela Detanico et Rafael Lain / Noémie Goudal
au Centre Pompidou, Paris
du 2 octobre au 6 janvier 2025
Texte Sylvain Silleran
Gaelle Choisne. PMD24 Prix Marcel Duchamp 2024. © Centre Pompidou, Bertrand Prévost.
Angela Detanico et Rafael Lain. PMD24 Prix Marcel Duchamp 2024. © Centre Pompidou, Bertrand Prévost.
Abdelkader Benchamma. PMD24 Prix Marcel Duchamp 2024. © Centre Pompidou, Bertrand Prévost.
Noémie Goudal. PMD24 Prix Marcel Duchamp 2024. © Centre Pompidou, Bertrand Prévost.
Prix Marcel Duchamp 2024
Centre Pompidou
Cette année les lauréats du Prix Marcel Duchamp questionnent le monde dans son essence même, tentant une déconstruction non plus des hommes ou de la société et de ses codes, ça c’est fait et il y en a déjà plein les musées, mais du réel cette fois-ci, de l’expérience de la terre que l’on sent sous nos pieds.
Gaëlle Choisne s’affirme dans une vision qui se construit « contre une vision occidentale univoque, matérialiste et autoritaire du monde« , choisissant un « afrofuturisme« . Allons-y donc pour l’afrofuturisme (équivoque, spirituel et libertaire donc). Mais point de mégalopoles lumineuses et audacieuses ici, nous voilà dans une caravane poussiéreuse de diseuse de bonne aventure. Un doigt griffu, une cigarette menthol se consumant posée sur le rebord d’un gros coquillage faisant office de cendrier, un petite bouteille à demi remplie d’un alcool vert quelque peu suspect plantent le décor. Un dé, des perles échappées du fil d’un bracelet brisé, des clefs ont roulé sur un sol simili-goudronné incrusté de chainettes de pacotille. Des projections sur des fragments de céramique rappellent un vieux poste de télévision. Sur le mur, un collage paresseux de photos découpées, des tracés au feutre, des petites choses, perles, pastilles, papiers déchirés jetés là comme des éclaboussures. Michael Jackson et un logo évoquant une marque de bière, ou encore un flyer de marabout-guérisseur… Ce monde sale et déglingué sent le déjà-vu et le tabac froid. Pas sûr que cette vision glauque éveille des ardeurs spirituelles et libératrices…
Noémie Goudal nous invite dans une caverne sombre. Là, des images de grottes sont projetées, de beaux endroits aux roches claires, des arbres tropicaux à l’humidité chaleureuse. Dans un bruit d’eau qui coule doucement, qui fuit goutte à goutte, des morceaux de roche, de terre se détachent et s’effondrent dans un roulement musical et des nuages de poussière. Mais ces roches sont des fragments d’images, les pièces d’un décor de carton qui tombent, bien moins lourds que prévu. Ils révèlent petit à petit un autre paysage, une nouvelle grotte, une autre cascade avec sa canopée, paysage somme toute fort similaire à celui qui se désagrège. Non seulement le monde est faux, la nature est postiche, il se morcelle, fondant sous une érosion accélérée ou un procédé quelque peu explosif, mais son effondrement n’a aucun effet puisque le nouveau monde qui naît de sa destruction est le même. Nous voilà pris dans un cycle d’éternel recommencement, assistant à un effondrement sans fin, qui d’ailleurs finit par perdre son sens anxiogène et nous invite à l’embrasser comme nouvel état du monde.
Angela Detanico et Rafael Lain projettent un ciel étoilé sur les murs, des étoiles mouvantes comme des organismes vivants, des bactéries pulsantes vues au microscope. En s’approchant encore, l’image projetée apparait comme des pixels carrées, un artifice numérique, un cosmos né d’un code informatique. Des planètes, Saturnes entourés de plein d’anneaux pendent à des fils, rébus de miroirs. On tourne autour, on se penche, tentant d’apercevoir un reflet d’étoiles, de soi-même, histoire de faire un selfie, quelque chose, mais rien n’apparait, seule se reflète la grosse tuyauterie bleue des plafonds du centre Pompidou, la grosse machinerie-poumon qui nous apporte de quoi respirer. Au sol, un cercle de lumière grandit, un sol blanc, granuleux, une terre d’ailleurs, minérale et stérile. Quelques mots, signes enfin compréhensibles, se dérobent, rendus à une abstraction techno-philosophique.
Abdelkader Benchamma investit l’espace en dessinant sur les murs. Un tracé noir sur blanc, du fusain, de la large brosse qui serpente, traversée de fissures comme autant de vaisseaux sanguins. Son dessin de marbre, de coupes géologiques, dissèque le monde comme un corps vivant aux profondeurs infinies. La roche a une noblesse, mieux, est un luxe qui s’épaissit comme un mystère. Sur des projections, des petites silhouettes semblent s’animer, des hommes explorent une grotte cylindrique comme le canon du revolver qui menace James Bond au début du générique. Le noir et blanc pur, sans aucune nuance de gris, est un langage qui ne permet pas la dissimulation, un geste d’équilibriste qui engendre l’émotion. Le noir s’irise de couleurs de terre, de bleus. Par endroits, on dirait des cases de BD, un roman de science-fiction qui serait en fait une exploration intérieure, une psychanalyse. Ce voyage au plus profond de la structure de la terre, au plus loin des millions d’années d’histoire est dessiné comme une cinématographie de western, une vision hypnotique et lancinante. Finalement, pour tout voir il suffisait de dessiner sur le mur…
Sylvain Silleran
Portrait Abdelkader Benchamma. Prix Marcel Duchamp 2024, Centre Pompidou. Credit photo Hugues Lawson-Bodu 2024.
Portrait Noémie Goudal. Prix Marcel Duchamp 2024, Centre Pompidou. Credit photo Hugues Lawson-Bodu 2024.
Portrait Gaelle Choisne. Prix Marcel Duchamp 2024, Centre Pompidou. Credit photo Hugues Lawson-Bodu 2024.
Portrait Angela Detanico et Rafael Lain. Prix Marcel Duchamp 2024, Centre Pompidou. Credit photo Hugues Lawson-Bodu 2024.
Extrait du communiqué de presse :
Commissariat :
Jeanne Brun, Directrice adjointe du Musée national d’art moderne
Du 2 octobre 2024 au 6 janvier 2025, le Centre Pompidou accueille la 24e édition du Prix Marcel Duchamp et présente les oeuvres et installations des quatre artistes nommés le 10 janvier dernier. Choisi par un jury international, le nom du lauréat de l’édition 2024 sera dévoilé le lundi 14 octobre.
Créé en 2000 par l’ADIAF pour mettre en lumière la scène française et contribuer à son rayonnement international, Le Prix Marcel Duchamp a pour ambition de distinguer les artistes les plus représentatifs de leur génération et de promouvoir la diversité des pratiques aujourd’hui à l’oeuvre, en France dans le domaine des arts visuels. Il a permis de distinguer plus de 100 artistes depuis son lancement, dont 23 lauréats. Ce partenariat fidèle entre l’ADIAF (Association pour la diffusion internationale de l’art français) et le Centre Pompidou s’inscrit résolument dans une volonté de mettre en valeur la scène française auprès du plus grand nombre et d’affirmer le nécessaire soutien à ces artistes.
Depuis 2016, les quatre artistes nommés exposent ensemble, au Centre Pompidou, avant l’annonce du lauréat, offrant ainsi aux visiteurs un instantané de la création artistique actuelle. Les nommés de cette édition 2024, Abdelkader Benchamma, Gaëlle Choisne, Angela Detanico et Rafael Lain, Noémie Goudal, témoignent d’abord par leurs parcours et références, leurs pratiques (dessin, installations hybrides, photographie, vidéo, travail autour des systèmes de signes), leurs univers formels, de la diversité de la création artistique regroupée sous la bannière de « scène française ». Un même questionnement, qu’on pourrait dire « cosmique », traverse pourtant leurs propositions respectives pour cette édition. Il rend compte des préoccupations que suscitent les bouleversements universels auxquels ils et nous assistons. Plongeant dans les sciences, l’astrologie, les mythes, explorant l’épaisseur du temps, les oeuvres présentées deviennent alors des lieux de scrutation, fictionnels, imaginaires, réflexifs, d’un ordre du monde devenu inintelligible ; des interstices par lesquels les phénomènes invisibles ou lointains apparaissent ; des espaces où révéler, ou faire advenir, les multiples visages de la réalité présente et des futurs possibles.
Les artistes du Prix Marcel Duchamp 2024
Abdelkader Benchamma
Né en 1975 à Mazamet (France), Abdelkader Benchamma vit et travaille à Paris et à Montpellier. Depuis 2019, il est représenté par la galerie Templon Paris – Brussels – New York. À l’international, il est représenté par ADN Galeria, à Barcelone et la galerie Isabelle Van den Eynde, à Dubaï.
Diplômé des Beaux-Arts de Montpellier et de l’École des Beaux-Arts de Paris, il a choisi le dessin comme medium de prédilection. Ses installations dessinées remettent continuellement en question les lieux d’expositions, devenant, pour reprendre ses mots, des « espaces de résonance », propices à la convocation de mémoires, autant individuelles que collectives, géologiques que spirituelles. Ses vastes fresques éphémères sont réalisées directement à l’encre sur les murs, transformant les architectures en un ailleurs, un monde de flux et de paysages mentaux, entre le reconnaissable et l’indiscernable, à la frontière entre le physique et le symbolique. Réflexion sur les ressorts de la perception, ses oeuvres explorent nos systèmes de connaissance, la survivance des mythes et des croyances, mais aussi les réminiscences, persistances rétiniennes ou neuronales.
Lauréat du Prix Drawing Now en 2015, il a été invité la même année par le Drawing Center de New York à inaugurer leur programme de dessin mural avec « Representation of Dark Matter » (2015-2016). Il est lauréat du 1er Prix Occitanie-Médicis en 2018, qui lui permet d’être résident à la Villa Médicis, Rome. Expositions personnelles en France et l’international : exposition au Het Noordbrabants Museum (HNBM) aux Pays-Bas (2024).« Solastalgia: Archaeologies of Loss », au Power Plant, Toronto (2023), « Géologie des déluges » à la Fondation Schneider, Wattwiller (2023), « Rayon Fossile », à la Collection Lambert, Avignon (2021), « Fata Bromosa » au MRAC Occitanie, Sérignan (2019), « L’Horizon des évènements » au Centquatre, Paris (2018), et « Echos de la naissance des mondes » au Collège des Bernardins, Paris à l’occasion de la Nuit Blanche (2018), « The Great Invisible Battle » au BlueProject Foundation, Barcelone (2016) et « Random » au FRAC Auvergne (2015). Expositions collectives : « Capítulo IV: Historia », à Lago/Algo, Mexico, Mexique (2023), « Histoire de Pierres », à la Villa Médicis, Rome (2023), « Syncopation », au POLA Museum of Art à Hakone, Japon (2019), « Eldorama », à Lille 300, Lille (2019); « Melancholia », à la Fondation Boghossian, Bruxelles (2018); « Tamawuj », à la Sharjah Biennal, Sharjah (2017); « On aime l’art…! , Collection agnes b. », à la Fondation Yvon Lambert, Avignon (2017); « The Future of a Promise », à la 54e Biennale de Venise (2011); « Told, Untold, Retold » MATHAF, au Arab Museum of Modern Art, Doha, Qatar (2010).
Gaëlle Choisne
Née en 1985 à Cherbourg. Gaëlle Choisne vit et travaille à Paris. Représentée par Air de Paris, Romainville (Grand Paris).
De mère haïtienne et de père breton, Gaëlle Chosine se saisit des enjeux contemporains de la catastrophe, de l’exploitation des ressources et des vestiges du colonialisme dans des installations opulentes qui mêlent traditions ésotériques créoles, mythes et cultures populaires. Sculptrice et vidéaste, elle tire de ses voyages les matériaux qui composent ses installations et ses films. Exotisme mercantile, imaginaires littéraires et croyances constituent les thèmes d’une oeuvre dynamique, généreuse et sociale. Elle conçoit ses expositions comme des plateformes ouvertes et inclusives, véritables espaces de sociabilité et de travail en commun. Elle y invite citoyens, chercheurs, musiciens et artistes à collaborer à l’occasion de workshops de recherche, d’ateliers pratiques, de cours de cuisine ou de concerts improvisés.
Exposition en duo : « Lorna Simpson x Gaelle Choisne », Reiffers Art Initiatives, Paris (2023). Expositions personnelles récentes : Maât and the tears of god, Espace Croisé, Prix AWARE, Roubaix, France (2024) ; Temple of Love – To Hide, KfW Stiftung, Frankfurt, Allemagne (2024) ; « Immortelles », A SUD, Fondazione Zimei, Pescara, Italie (2023) ; « Monument aux Vivant.e.s », Musée National de l’histoire de l’immigration – Palais de la Porte Dorée, Paris, France (2023) ; « Temple of Love — Atopos », MAC VAL, Vitry-sur-Seine, France (2022) ; « Temple of Love – To Hide », Kunstlerhaus Bethanien, Berlin, Allemagne (2022) ; Nuit Blanche, Musée d’Art Moderne de Paris, France (2020) ; Temple of Love — Adorable, The Mistake Room, Los Angeles, Etats-Unis (2020) ; Temple of Love, Bétonsalon, Paris, France (2019). Expositions collectives en 2024 : 15e Biennale de Gwangju (Corée du Sud) ; Biennale de Toronto (Canada) ; Van Gogh et les Etoiles, Fondation Van Gogh, Arles (France) ; Revenir du présent, Regards croisés sur la scène actuelle / POUSH x Collection Lambert, Avignon (France) ; et Mermaid, Villa Medicis, Rome (Italie) ; et Collection Lambert, Avignon (France). Autres expositions récentes : Quotidien communs, La Ferme du Buisson, Noisiel, France (2023) ; Is something missing, Cu. Mother, Frac Corsica, Corse, France (2023); Des corps, des écritures, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Paris, France (2022) ; The situation is fluid, Amsterdam Art Gallery, Rijksakademie collection, Amsterdam, Pays-Bas (2021) ; Inférieur 2020., cur. Musée d’art moderne de Paris, Musée national d’art moderne de Kyoto, Japon (2021) ; Soft Water Hard Stone, Temple of Love — Love to Love, 5e New Museum Triennial, New York, Etats-Unis (2021). Gaëlle Choisne est la lauréate du Prix AWARE 2021.
Angela Detanico et Rafael Lain
Nés respectivement en 1974 et 1973 au Brésil, ils vivent et travaillent àParis.
Angela Detanico et Rafael Lain travaillent ensemble depuis plus de 20 ans. Sémiologue-linguiste et graphiste de formation, le duo s’est rapidement imposésur la scène internationale par une réflexion subtile menée sur un art de protocole teintéde sensations et de récits actuels. Ils tirent de la recherche – tant scientifique que littéraire – des systèmes de représentation et d’écriture du temps, de l’espace, de la mémoire, de l’infini et poursuivent ainsi un questionnement sur le rôle majeur du langage.Fins connaisseurs de la poésie concrète, ils sont globalement àla recherche de nouvelles écritures d’une matérialitéinédite et, par la mise en place de systèmes extrêmement rigoureux, ils inventent des processus de création et des grilles de lecture d’une infinie poésie.
Expositions personnelles (sélection) : Light words, Martine Aboucaya, Paris, France (2023); Vermelho, Sobre a Terra, sob o céu, São Paulo, Brésil (2022), Two Voices, Rozenstraat, Amsterdam Pays-Bas (2022) ; au CRP/ Centre Régional de la Photographie Hauts-de-France, Perspective, Douchy-les-Mines, France (2021) ; Meteorológica, ECPS, São Paulo, Brésil (2019) ; Between Yesterday and Tomorrow, The Club, Tokyo, Japon (2019) ; Archipel, Musée de l’Abbaye Saint-Croix, Les sables-d’Olonne, France (2018) ; 52. Biennale du Venezia – Padiglione Brasile, Venise, Itale (2007) Expositions collectives (sélection) : 6th Mardin Biennial, Turquie (2024) ; Signposts of the world, Nariwa Art Museum, Takahashi, Japon ( 2023) ; Atlas of the Irreverse, Graz University, Autriche (2023) ; Soundtrack for a Troubled Time, Huidenclub, Rotterdam, Pays-Bas (2022) ; À mains nues, MAC Val, Vitry-sur-Seine, France (2022) ; L comme Lambert, Collection Lambert, Avignon, France (2021) ; 22.º Guatemala Biennial, Guatemala (2021) ; Biennial of the Americas, Denver, USA (2021) ; Obras-Projeto, Mube, São Paulo, Brésil (2020) ; Escrituras Ácratas, Centro Párraga, Murcia, Espagne (2020) ; La lune, Grand Palais, Paris, France (2019) ; O Rio dos Navegantes, MAR, Rio de Janeiro, Brésil (2019) ; Another visit with the sculpture, Laboratorio Arte Alameda, Mexico City, Mexique (2018) ; Unpacking My Library, EMST – National Museum of Contemporary Art, Athénes, Grèce (2018) ; Manipulating the world, Moderna Museet, Stockholm, Suède (2017) ; Flatland, MUDAM, Luxembourg (2017) Laurétas du Prix Nam June Paik Award 2004 (Allemagne)
Noémie Goudal
Née en 1984, vit et travaille à Paris. Représentée par la galerie Edel Assanti, Londres
La pratique de Noémie Goudal, diplômée du Royal College of Art (2010), s’appuie sur la construction d’installations illusionnistes, mises en scène dans le paysage puis transposées en films, photographies et performances. Des dispositifs optiques, tels que l’anamorphose, composent ces décors pour lesquels elle privilégie une forme d’artisanat et des effets spéciaux modestes. Le regard de l’artiste, imprégné par l’histoire des sciences ou encore la paléoclimatologie, porte sur des angles pluriels de compréhension et d’observation de nos environnements naturels. En décortiquant des strates et perspectives d’une image, elle questionne nos constructions mentales du paysage. À travers un équilibre parfait entre réalisme et fiction construite, ses images subliment le substrat scientifique dont elles ne se départissent jamais.
Expositions personnelles (sélection) : Mostyn, (Angleterre, 2024), FRAC Auvergne (France, 2024), Rencontres de la Photographie d’Arles (France, 2022), Centre d’Art Le Grand Café (France, 2021), Musée Delacroix — Louvre (France, 2021), Musée des Beaux Arts du Locle (Suisse, 2019), Galerie Hayward (Angleterre, 2015), le BAL (France, 2016). Performances en duo (sélection) : Collection Lambert (France, 2022), Centre Pompidou (France, 2023), Tate Modern (Angleterre, 2023), Biennale de Venise (Italie, 2023), PS21 Chatham (USA, 2023). Expositions collectives (sélection) : Kunsthall Trondheim (Norvège, 2024), National Museum of Women in the Arts (USA, 2024), FRAC MECA (France, 2024), Victoria & Albert Museum (Angleterre, 2023) Prix HSBC pour la photographie, Paris, France (2013) Shanghai Photofair, Exposure Award Winner, Shanghai, China (2019) Shpilman International Prize for Excellence in Photography, Nominated, Jerusalem, Israël (2022) Women to Watch UK, National Museum of Women in the Arts, Washington, USA (2023)