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“Thomas Mailaender” Les Belles Images, à la Maison Européenne de la Photographie, du 12 juin au 29 septembre 2024

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“Thomas Mailaender” Les Belles Images

à la Maison Européenne de la Photographie, Paris

du 12 juin au 29 septembre 2024

Maison Européenne de la Photographie


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©Sylvain Silleran, présentation presse, le 11 juin 2024.

Texte Sylvain Silleran

Thomas Mailaender, De la collection « Sunset Books ». © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender, De la collection « Sunset Books ». © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender, De la collection « Sunset Books ». © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender, De la série « Life and Adventures of a Silver Woman on Planet Earth », 2020-2024. © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender, De la série « Life and Adventures of a Silver Woman on Planet Earth », 2020-2024. © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender, De la série « Sponsoring », 2011. © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender, De la série « Sponsoring », 2011. © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender

MEP



Un sale gosse a collé des autocollants partout, sur les murs, les carreaux des fenêtres, des publicités pour des magasins de photo, des marques d’appareils ou de pellicule… Kodak, Fuji, Camara, Phox, ou encore Photo Sprint, le labo photo de Blois. Une bouffée nostalgique saisit celui qui a traversé ces années 80. Et de la nostalgie, il va en être question, justement. Après l’avant-garde queer dont la MEP s’enorgueillissait, voici avec Thomas Mailaender un retour vers le passé, une exposition bric-à-brac de photos trouvées, de rafistolages kitsch sentant la transpiration argentique.


Mais ne nous y méprenons pas, Thomas Mailaender est faussement vintage, il est bien contemporain, son propos est vif, outrancier, racoleur façon Instagram pour récolter du
like. Dans des cadres en céramique molle, informe, ressemblant plus à des travaux manuels d’enfants pour la fête des mères, des photos trouvées, chinées, des fonds de valises de brocantes. Un week-end déjanté en famille, des chiens et chats, une foire aux serpents, un homme cuisant dans la marmite d’une tribu cannibale, mille amusements et étrangetés, milles quêtes de reconnaissance… bienvenue au cirque permanent de la société de l’image du XXème siècle. C’est la fête! Tout le monde est photographe! Tout le monde a sa chance anonyme, voire posthume, de finir exposé à la MEP. L’anti Vivian Meyer en quelque sorte.


Avec un humour potache, Thomas Mailaender s’incruste sur des photos de gagnants de bourses ou de sponsoring recevant leur chèque géant. Il envoie à une société indienne de retouche numérique une photo de jeunes mariés qu’il dit avoir été déchirée suite à une dispute. La photo restaurée est détruite à nouveau suite à une nouvelle dispute et renvoyée. Au fur et à mesure des destructions/réparations, le rafistolage transforme l’image, la rendant de plus en plus irréelle et grotesque. La réparation finit par être aussi destructrice que la déchirure sur la photographie. Deux beaux jeunes gens sont devenus, grâce aux efforts sincères de retoucheurs et des outils numériques, des monstres de foire.


Thomas Mailaender pousse la blague dans les orties du mauvais goût, présentant dans des vitrines une collection absurde d’étranges curiosités. Un album photo consacré aux clichés de Grace Kelly sur lesquels des larmes ont été systématiquement peintes, des strip-teaseuses à trois seins, des cartons de SDF, Un concours d’haltérophilie, un emballage de ceinture de chasteté… Les murs se couvrent de grands tirages de photos absurdes, une anthologie de la stupidité humaine, du bébé jouant avec un fusil à un photographe amateur la tête dans la gueule d’un alligator. Il va encore plus loin lorsqu’il nous invite à regarder tel un voyeur à travers deux trous dans une cloison de bois les prouesses de
Pricasso, un peintre réalisant des portraits sur commande en peignant avec son sexe. Il faut se donner de plus en plus de mal pour choquer le bourgeois, ma bonne dame, par les temps qui courent…


Pour fuir cette épouvantable vision, quoi de mieux que de s’isoler quelque peu, partir à la pêche? Dans une cabane d’acier tenant plus du container que de la petite maison dans la prairie, une petite exposition. L’artiste, au moment où sa compagne accouche, fuit la réalité. Le voilà photographiant ses prises, s’exhibant une fierté indécente en train de nager avec un dauphin, gagnant une course de kart ou s’essayant au parapente. L’immaturité devenue lifestyle portée par notre nouvelle civilisation du selfie dynamite les valeurs familiales.


Retour au réel, la matière: Thomas Mailaender explore le matériau argentique, la physique et la chimie de la photographie. Il transforme une des salles en studio de développement en couvrant les murs d’une solution gélatio-argentique et y imprimant par contact des négatifs géants. Dans une autre expérience il tire des négatifs directement sur la peau de volontaires en les exposant jusqu’au coup de soleil avec une lampe à UV. Si sur le moment, toutes ces attractions sont excitantes et amusantes, à la longue, leur accumulation se révèle aussi lassante qu’un trop long temps passé sur les réseaux sociaux. La dopamine de la surstimulation finit par laisser place à un sentiment de vide, de fatigue. Les
Belles Images pourtant si sucrées, acidulées, augmentées de glutamate laissent un goût amer, un peu triste.


Il reste à s’asseoir dans un canapé argenté pour regarder l’histoire de la
Femme d’Argent, Rosemary Jacobs. Intoxiquée enfant par des gouttes nasales à l’argent prescrites par son médecin, sa peau se colore et devient irréversiblement grise. Thomas Mailaender part rencontrer cette femme devenue en quelque sorte photographie, sa chair empoisonnée, détruite, révélée comme un tirage monstrueux, condamnée dans l’image d’une bête de foire. Il écoute le récit de sa vie brisée et reconstruite par une force de caractère extraordinaire et son combat contre l’industrie médicale et sa corruption. Ce petit film magnifique détonne dans l’océan de superficialité que nous venons de traverser, il nous rappelle la profondeur de l’être humain, la souffrance et la grâce, et le pouvoir du regard.

Sylvain Silleran

Thomas Mailaender, De la série « Les Belles Images », 2010-2024. © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender, De la série « Les Belles Images », 2010-2024. © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender, De la série « Illustrated People », 2013. © Thomas Mailaender.

Thomas Mailaender, De la série « Illustrated People », 2013. © Thomas Mailaender.


Extrait du communiqué de presse :

Commissaires :

Simon Baker, directeur de la MEP
Aden Vincendeau, chargée d’exposition, MEP



La MEP donne Carte Blanche à l’artiste multimédia Thomas Mailaender, lui consacrant ainsi sa première grande rétrospective à Paris. L’artiste, qui entend pousser le champ des expérimentations photographiques par l’exploration d’une large variété de supports, investira les deux étages des Galeries.

Située au croisement de plusieurs disciplines, la pratique artistique de Thomas Mailaender interroge le rôle et la fonction première de l’image par une approche protéiforme de la photographie. Artiste multimédia basé à Marseille, Mailaender poursuit de nombreuses recherches visuelles par l’utilisation de différentes techniques photographiques mais aussi par l’ajout de matériaux singuliers réinvestis dans un contexte muséal.

Ses installations, souvent monumentales, interrogent la place de l’image et sa matérialité dans nos sociétés par l’incorporation de photographies trouvées sur Internet mais aussi dans des brocantes et des marchés aux puces. Collectionneur invétéré d’images anonymes, Thomas Mailaender a rassemblé un corpus de plus de 11 000 documents dans une importante collection intitulée « The Fun Archaeology », dont une partie sera présentée. Explorant les archives du numérique, l’artiste y déniche des images vernaculaires, souvent insolites, qui mettent en exergue l’absurdité des comportements humains. Symptomatiques de nos sociétés ultra-connectées, les sujets explorés par l’artiste questionnent l’image comme objet institutionnel et sa réappropriation à des fins artistiques.

Cette Carte Blanche se présente sous la forme d’un laboratoire photographique expérimental en évolution constante où la richesse des propositions visuelles revisite notre rapport aux images et ses conséquences quotidiennes. Évoluant au gré des propositions de l’artiste, l’exposition remet au centre de ses préoccupations le processus créatif et sa légitimation en tant que tel. S’éloignant du cadre traditionnel d’une monstration plastique et visuelle, l’exposition Les Belles Images a donné lieu à un grand réaménagement des espaces de la MEP.

L’exposition réunit un vaste ensemble d’anciennes et de nouvelles pièces spécialement conçues pour l’occasion, telles que « Fail Anthology », « Extreme Retouch » ou encore « Chemical Room », une installation immersive pensée comme une exploration du support photographique. Le parcours présente entre autres « Les Belles Images », série éponyme, dans laquelle l’artiste réinvestit des photographies provenant d’agences de presse, mais également les séries majeures « Extreme Tourism », « Gone Fishing », ou d’autres, comme « Illustrated People ». Enfin, la série « Life and Adventures of a Silver Woman on Planet Earth » revient sur la vie et l’engagement de Rosemary Jacobs, une militante américaine victime des ravages du nitrate d’argent, qui a utilisé la photographie pour documenter son histoire et dénoncer l’utilisation de ce composé chimique à des fins médicales.

Investissant les deux étages de la MEP et des espaces inédits, cette Carte Blanche réunit à la fois des séries emblématiques de Thomas Mailaender, telles que « Extreme Tourism » ou « Sponsoring » ainsi que des œuvres spécialement conçues pour l’exposition. Débutant dès l’extérieur du bâtiment, le parcours s’ouvre avec un bâteau échoué avec une impression numérique sur la voile, conçue pour l’occasion, donne un premier aperçu de l’univers de l’artiste. Au premier étage, les visiteur·euses peuvent découvrir l’inédite « Extreme Retouch » ou encore « Les Belles Images », avec sa centaine de cadres en céramique. L’exploration de Thomas Mailaender autour du médium photographique se poursuit avec les séries « Handicraft », « Lava », « Gone Fishing » ou encore « Chemical Room », une installation immersive pensée comme une chambre noire au coeur même de la MEP.

Le second étage est axé sur la thématique de l’archive, qui occupe une place centrale dans le travail de Thomas Mailaender. Y sont notamment présentées les séries « Illustrated People», « Fail Anthology » qui réunit 150 tirages dénichés sur Internet, « The Fun Archaeology », un cabinet de curiosité regroupant des centaines de documents, de photographies et autres objets singuliers chinés par l’artiste, ou encore « Crash Archive », un ensemble de photographies d’accident de voiture issues des archives d’un expert en assurance. Le projet « Life and Adventures of a Silver Woman on Planet Earth » y est également présenté sous la forme d’une projection dans une salle aux ambiances de living room américain des années 1970. Le travail de Thomas Mailaender autour de l’édition est également mis en valeur au travers des séries « Bookworm », présenté sous forme d’installation où des vers xylophages dévorent l’un des treize exemplaires du livre éponyme, et de « Sunset Books », série composée de grandes plaques de placoplâtres en cyanotype sur lesquelles sont fixés des livres qui présentent des couchers de soleil en couverture et issus de la collection de l’artiste.



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ExpoMailaender – Super loterie – Golden ticket !

Sur une idée originale de Thomas Mailaender, une super loterie vient rythmer toute la Saison ! Grâce à un « Golden ticket », chaque millième visiteur·euse se verra remettre une surprise : un extrait de tirage, issu de la série « Fail Anthology » et tamponné par l’artiste.