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“Gabriele Münter” Peindre sans détours, au Musée d’Art moderne de Paris, du 4 avril au 24 août 2025

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“Gabriele Münter” Peindre sans détours

au Musée d’Art moderne de Paris, Paris

du 4 avril au 24 août 2025

Musée d’Art moderne de Paris


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©Sylvain Silleran, vernissage presse, le 3 avril 2025.

Texte Sylvain Silleran

Vassily Kandinsky, Gabriele Mü̈nter dessinant sur un rocher à proximité du fort Sidi Bel-Hassen Tunis, 1905. © Gabriele Münter- und Johannes Eichner-Stiftung, Munich.

Vassily Kandinsky, Gabriele Mü̈nter dessinant sur un rocher à proximité du fort Sidi Bel-Hassen, Tunis, 1905. © Gabriele Münter- und Johannes Eichner-Stiftung, Munich.

Gabriele Münter, Petit-déjeuner des oiseaux, 10 mars 1934 ; retouches minimes en janvier 1938. Huile sur carton, 45,5 x 55 cm. Washington, D.C., National Museum of Women in the Arts. Don de Wallace et Wilhelmina Holladay. © 2023 Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn. © Adagp, Paris, 2025.

Gabriele Münter, Petit-déjeuner des oiseaux, 10 mars 1934 ; retouches minimes en janvier 1938. Huile sur carton, 45,5 x 55 cm. Washington, D.C., National Museum of Women in the Arts. Don de Wallace et Wilhelmina Holladay. © 2023 Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn. © Adagp, Paris, 2025.

Gabriele Münter, Penseuse,1917. Toile 66 x 99,5 cm Munich, Lenbachhaus ; donation Gabriele Münter, 1957. Crédit : Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957 © Adagp, Paris, 2025.

Gabriele Münter, Penseuse,1917. Toile 66 x 99,5 cm Munich, Lenbachhaus ; donation Gabriele Münter, 1957. Crédit : Städtische Galerie im Lenbachhaus und Kunstbau München, Gabriele Münter Stiftung 1957 © Adagp, Paris, 2025.

Gabriele Münter

Musée d’art moderne


Le musée d’Art moderne de la ville de Paris rend hommage à une artiste, à ses voyages, et bien sûr à ses deux séjours à Paris. Gabriele Münter est une figure de la peinture du début du XXème siècle. Avec son compagnon Kandinsky elle sera de toutes les avant-gardes.

Son premier appareil photo, un Kodak modèle de 1898, lui permet de photographier les Etats-Unis de 1900. Des scènes de rue, des enfants jouant, l’embarquement sur un bateau à vapeur sur le Mississipi se mélangent à des photos de famille. L’image est abordée avec un naturel désarmant, une spontanéité rare. Des scènes rurales, l’élégance d’une femme à l’ombrelle ressemblent à des tableaux impressionnistes, puis un portrait intimiste fait naitre le sujet de l’obscurité comme dans un tableau classique.

Lors de son premier séjour à Paris elle réalise de charmantes petites linogravures, des rues tranquilles bordées d’arbres, mais surtout des portraits stylisés d’une découpe rapide et souple, qui se déclinent avec des fonds de couleurs différentes, un pop-art du début du siècle. Des vues de Sèvres sont peintes d’une matière épaisse, tactile, mais jamais lourde, conservant la fluidité d’un geste sensible. Les plans successifs des murs et des toits vibrent dans la lumière, les arbres minces, dénudés par l’hiver, se font discrets. Une tête d’homme de 1906 où les ombres vertes, les reflets moutarde s’opposent à la barbe et à la chevelure orange d’automne est une évocation atmosphérique, on y voit les températures, les saisons qui en passant forment les caractères.

De retour en Allemagne, Gabriele peint des beaux portraits, puis des enfants aux yeux immenses et mélancoliques. Les détails disparaissent dans de grandes surfaces aux couleurs franches, scintillantes d’éclats de vivacité, de reflets de néon. Il s’agit d’aller à l’essentiel, de pousser le réel dans ses derniers retranchements, le découper au couteau comme le fera plus tard le cinéma de Murnau.

Des montagnes aux airs japonais de mont Fuji, des gros contours noirs, le mouvement Der Blaue Reiter dynamite le monde dans une explosion de couleur. Nature morte dans le tramway étonne par son cadrage serré: les paquets qu’une femme assise dans le tramway tient sur ses genoux, les mains gantées retenant un pot de bégonias rouges. Des fruits aux couleurs de bonbons, une maison jaune enfantine, un lac bleu avec ses nuages jaunes gonflés comme un pain, des arbres ourlés comme des feuilles de salade, le paysage et l’intérieur se confondent. La nature morte sort de l’atelier, elle devient un champ d’expérimentation s’étendant sur toute la ville, jusqu’à la campagne. Là, de petites meules de foin dans un champ rougeoient au soleil comme des grosses fraises posées là, des formidables nuages dans le ciel, dorés par le soleil couchant, rappellent Van Gogh.

Parfois Gabriele Münter abandonne toute idée de volume pour se concentrer sur la couleur, la forme, tutoyer l’abstraction, comme dans ses enfants endormis. Ces portraits à la simplicité enfantine se décomposent en petits gestes, petits étalements ludiques de matière, quel plus bel affranchissement que ce jeu. Pour accomplir cela, elle accomplit un remarquable travail d’observation, marqué par une tendre fascination pour ses contemporains, et la modernité qui secoue toute l’Europe. Une série de croquis étudie nombre de femmes dans des poses pleines d’audace, d’effronterie, des femmes assises, parfois accompagnées d’un chien, animées d’un trait d’une folle assurance.

De retour à Paris, Gabriele laisse de côté le contour pour une nouvelle approche faussement naïve, un monde de plans colorés et de silhouettes. Une maison au coin d’une rue, une automobile au métal luisant, une vue nocturne d’Auteuil brouillée par l’effervescence des lumières des cafés, tachetée des ampoules des réverbères. Paris est un fauve bien vivant. Un saladier vide avec ses couverts rouges se déploie sur la toile de toute sa profondeur, le vide béant du bol absorbe le regard comme une illusion.

Sténographie, Suissesse en pyjama change encore de registre. La finesse et l’élégance du trait, le traitement par aplats rappellent les délicatesses et l’expressivité de l’estampe japonaise, la peinture de Foujita. Le contraste des couleurs, noir, blanc, rouge et bleu en font une image pop, musicale, hypnotique. La liberté des Auditrices en fait un tableau encore plus inoubliable. La lumière sculpte un espace qui semblait encore plat la seconde précédente, le voila petit là, gigantesque ici, l’intérieur se courbe, se replie, les quatre femmes assises ne sont plus peintes mais sculptées, incarnées, prêtes à se lever d’un bond. Le monde intérieur, son silence, devient par la peinture de Gabriele Münter une nouvelle dimension, un monde charnel, chaleureux, aux pulsations d’un cœur éternellement jeune.

Sylvain Silleran


Extrait du communiqué de presse :

Commissaires :

Isabelle Jansen, directrice et conservatrice de la Fondation Gabriele Münter et Johannes Eichner, Munich

Hélène Leroy, conservatrice en chef, responsable des collections, Musée d’Art Moderne de Paris



Le Musée d’Art Moderne de Paris présente la première rétrospective en France consacrée à l’artiste allemande Gabriele Münter (1877-1962). Co-fondatrice du cercle munichois du Cavalier Bleu (Blaue Reiter), Gabriele Münter compte parmi les femmes artistes les plus éminentes de l’expressionnisme allemand. Dans un monde artistique dominé par les hommes, elle a su créer une oeuvre extrêmement personnelle et diverse qui s’étend sur six décennies.

Si son nom reste souvent associé à celui de Kandinsky qui fut son compagnon durant ses années munichoises (1903-1914), Gabriele Münter n’a jamais cessé de se renouveler, avec une étonnante modernité, maitrisant un grand nombre de techniques et laissant une œuvre foisonnante.

À la suite des rétrospectives très remarquées consacrées à Sonia Delaunay en 2014-2015, Paula Modersohn-Becker en 2016 et Anna-Eva Bergman en 2023, le MAM poursuit ainsi sa politique de présentation de figures féminines majeures de l’Art moderne dont les parcours artistiques sont étroitement liés à la capitale. Le musée invite à découvrir cette pionnière de l’Art moderne, qui débuta sa carrière à Paris, où elle exposa pour la première fois en 1907 au Salon des Indépendants.

À travers une sélection de 150 oeuvres de différentes techniques (peinture, gravure, photographie, broderie, etc), cette exposition inédite en France a pour ambition de proposer un parcours chronologique détaillé de l’oeuvre de Gabriele Münter, représentant plus de 60 années de son oeuvre et de son importance pour l’histoire de l’Art du XXème siècle.

Parcours de l’exposition #expoGabrieleMunter

Gabriele Münter traite de façon inattendue les thèmes classiques de la peinture avec des compositions et des cadrages audacieux, que révèle l’observation attentive de ses tableaux. Sa manière de simplifier les formes, par des jeux de lignes et de cernes, et son emploi des couleurs vives, donne à ses portraits et à ses paysages une intensité toute particulière, presque symbolique et poétique, alors qu’ils figurent des personnages et des lieux ancrés dans la réalité quotidienne. Elle joue de la perspective et des lumières afin de donner à ses natures mortes des aspects mystérieux et oniriques.

La première section de l’exposition accorde une place particulière aux photographies de Münter, qui documentent ses premiers voyages aux Etats-Unis (1898-1900) et en Tunisie (1903-1904). Ce voyage aux Etat-Unis est considéré comme un moment charnière aux prémices de sa carrière ; là-bas, elle se familiarisa avec la technique relativement récente de la photographie et réalisa près de 400 clichés. Alors qu’elle n’avait pas encore commencé à peindre, la pratique de la photographie a marqué son regard.

De retour en Allemagne, Gabriele Münter s’installa à Munich où elle fit la connaissance de Kandinsky. De 1904 à 1908 le couple entreprit de nombreux voyages pendant lesquels Münter peignit et photographia. La première section de l’exposition évoque en particulier le séjour en Tunisie de 1903-1904 à travers ses photographies et carnets de dessins.

La seconde section de l’exposition se concentre sur le premier séjour parisien de Münter en 1906 et 1907, durant lequel elle exécuta près d’un quart de l’ensemble de son oeuvre gravé, en grande partie montré dans l’exposition, et introduit, à travers une série de portraits, l’évolution de sa peinture sous l’influence des avant-gardes parisiennes dès son retour à Munich en 1908. Cette section présente également les broderies de perles qui furent exposées à Paris au Salon d’Automne de 1906.

La troisième section de l’exposition présente les peintures phares des années 1908-1914 qui recouvrent la période dite « expressionniste » de son oeuvre, et qui correspondent à son activité au sein de la Nouvelle Association des Artistes de Munich, puis du Cavalier Bleu. L’artiste se fixa à Munich et acheta une maison à Murnau, dans les Préalpes bavaroises. Sa peinture devient alors plus expressive, se caractérisant notamment par l’emploi de couleurs vives et de formes simplifiées. Or, pendant cette phase, Gabriele Münter ne peignit pas dans un style uniforme. Elle réalisa au même moment de nombreuses compositions aux couleurs sombres notamment lorsqu’elle traitait des motifs inspirés de l’art populaire. Cet intérêt pour l’art vernaculaire ainsi que pour l’art des enfants, qu’elle collectionna et reproduisit dans ses peintures, est présenté en contrepoint dans la quatrième section de l’exposition.

En 1915, Gabriele Münter s’exila en Scandinavie où elle resta jusqu’en 1920. Cette césure dans sa vie privée – Kandinsky était retourné en Russie où il se maria en 1917 – mais aussi professionnelle, s’accompagna également d’un changement dans sa peinture. Des tableaux aux tonalités plus retenues firent leur apparition et la figure humaine y tint un grand rôle. La cinquième section de l’exposition montre cette évolution stylistique au cours des années 1920, en lien avec les nouvelles tendances de la figuration. Parallèlement, le dessin qui, dès les débuts, fut pour Gabriele Münter une technique de prédilection reprit plus d’importance. Nombre d’entre eux se caractérisent par une économie de moyens. Par l’emploi de seulement quelques lignes, l’artiste rend les personnes et leur caractère avec une force d’expression saisissante. Une importante sélection de ces dessins, peu voire jamais exposés, est présentée dans cette section ainsi que des oeuvres réalisées lors de son second séjour parisien en 1929 et 1930.

La sixième et dernière section évoque la peinture de Münter pendant la période du nazisme au cours de laquelle elle continua à peindre, en retrait du système officiel de l’art, exposant assez peu. Elle n’avait en effet aucun intérêt à trop attirer l’attention sur sa participation au groupe du Cavalier Bleu, sur les oeuvres de sa période expressionniste et sur les oeuvres abstraites de Kandinsky qu’elle a conservées de lui, restées cachées dans la cave de sa maison. L’exposition se clôt avec quelques oeuvres phares du milieu des années 1930 à la fin des années 1950 qui donnent un aperçu de la permanence et de l’intensité de son engagement artistique, le projet d’une vie, elle qui déclarait vouloir simplement « peindre sans détours ».


Le catalogue rassemble sept essais de spécialistes français et allemands, dont Kathrin Heinz, Dominique Jarassé, Angela Lampe et Katharina Sykora, en lien avec les différentes sections du parcours de l’exposition, qui détaillent la richesse des techniques plastiques abordées par Münter, en particulier la photographie et son évolution artistique à partir du milieu des années 1920. Il s’agit du premier catalogue d’exposition en français sur l’artiste, une référence importante pour la connaissance et la diffusion de son oeuvre.