Agenda CulturelIncontournables 2Podcasts

🔊 “Louis Janmot” au Musée d’Orsay, du 12 septembre 2023 au 7 janvier 2024

Partage


“Louis Janmot” Le Poème de l’âme

au Musée d’Orsay, Paris

du 12 septembre 2023 au 7 janvier 2024

MusĂ©e d’Orsay


Interview de Servane Dargnies de Vitry, Conservatrice peinture au musée d’Orsay, et co-commissaire de l’exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 11 septembre 2023, durée 17’04. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Servane Dargnies de Vitry, Conservatrice peinture au musĂ©e d’Orsay, et co-commissaire de l’exposition,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 11 septembre 2023, durĂ©e 17’05,
© FranceFineArt.


previous arrow
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
next arrow
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
Louis Janmot
previous arrow
next arrow
©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 11 septembre 2023.

Extrait du communiqué de presse :

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Chute fatale, vers 1872. Fusain, pierre noire, estompe, rehauts de craie blanche et pastel sec et lavis noir sur papier bleu, 111 x 142 cm. Lyon, musée des Beaux-Arts. Don des héritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA - Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Chute fatale, vers 1872. Fusain, pierre noire, estompe, rehauts de craie blanche et pastel sec et lavis noir sur papier bleu, 111 x 142 cm. Lyon, musĂ©e des Beaux-Arts. Don des hĂ©ritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA – Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l'âme. L’idéal, vers 1850-1854. Huile sur toile, 113,1 x 144,3 cm. Lyon, musée des Beaux-Arts. Don des héritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. L’idĂ©al, vers 1850-1854. Huile sur toile, 113,1 x 144,3 cm. Lyon, musĂ©e des Beaux-Arts. Don des hĂ©ritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA – Photo Alain Basset.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Rayons de soleil, vers 1854. Huile sur toile, 113,2 x 145,7 cm. Lyon, musée des Beaux-Arts. Don des héritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Rayons de soleil, vers 1854. Huile sur toile, 113,2 x 145,7 cm. Lyon, musĂ©e des Beaux-Arts. Don des hĂ©ritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA – Photo Alain Basset.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l'âme. Le Mauvais Sentier, 1850. Huile et tracé au crayon graphite sur toile, 112,6 x 143,4 cm. Lyon, musée des Beaux-Arts. Don des héritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA - Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Le Mauvais Sentier, 1850. Huile et tracĂ© au crayon graphite sur toile, 112,6 x 143,4 cm. Lyon, musĂ©e des Beaux-Arts. Don des hĂ©ritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA – Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Le Printemps, vers 1850. Huile sur toile, 113,7 x 142,4 cm. Lyon, musée des Beaux-Arts. Don des héritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA - Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Le Printemps, vers 1850. Huile sur toile, 113,7 x 142,4 cm. Lyon, musĂ©e des Beaux-Arts. Don des hĂ©ritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA – Photo Martial Couderette.

Commissariat :

Servane Dargnies-de Vitry, Conservatrice peinture au musée d’Orsay, Paris

Stéphane Paccoud, Conservateur en chef chargé des peintures et sculptures du XIXe siècle au musée des Beaux-Arts de Lyon



Cette exposition est organisée par le musée d’Orsay avec la collaboration scientifique et les prêts exceptionnels du musée des Beaux-Arts de Lyon.


Le peintre lyonnais Louis Janmot (1814-1892), élève d’Ingres et admirateur de Delacroix, est à la croisée de plusieurs courants artistiques du XIXe siècle. Le Poème de l’âme, auquel il consacre près d’un demi-siècle, est une oeuvre à la fois picturale et littéraire. Conservé dans son intégralité au musée des Beaux-Arts de Lyon, il illustre le parcours initiatique d’une âme sur la Terre, à travers deux cycles en dix-huit peintures, seize dessins et trente-quatre poèmes. Le Poème d e l’âme interpella Charles Baudelaire, fascina Théophile Gautier, et fut qualifié par Henri Focillon, historien de l’art et directeur du musée de Lyon de 1913 à 1924, d’« ensemble le plus remarquable, le plus cohérent et le plus étrange du spiritualisme romantique ».


Le premier cycle, composĂ© de dix-huit peintures Ă  l’huile sur toile exĂ©cutĂ©es entre 1835 et 1854, raconte les premières annĂ©es d’une âme au Ciel et sur la Terre, laquelle âme est reprĂ©sentĂ©e sous les traits d’un jeune garçon, accompagnĂ© d’une jeune fille. On suit les Ă©tapes et les vicissitudes de leur parcours : naissance, enfance, dangers d’une mauvaise Ă©ducation, retour sur le droit chemin, amour naissant, rĂŞve d’idĂ©al, puis expĂ©rience de la rĂ©alitĂ© la plus terrible avec la mort prĂ©maturĂ©e de la jeune femme. ThĂ©ophile Gautier, puis Baudelaire furent attirĂ©s par ces toiles exposĂ©es pour la première fois en 1854 puis admises Ă  l’Exposition Universelle de 1855, grâce Ă  Delacroix.


Le second cycle, composé de seize dessins au fusain sur papier marouflé sur toile auxquels Janmot travailla jusqu’en 1881, raconte comment le garçon désormais seul et devenu adulte, est confronté aux tentations et aux malheurs de l’âme humaine : solitude, doute, refus de Dieu jusqu’à la chute fatale. La fin, heureuse, voit survenir la délivrance divine et la rédemption de l’homme. Le second cycle ne fut jamais exposé dans sa totalité du vivant de l’artiste mais l’intégralité des oeuvres furent reproduites par le photographe Félix Thiollier en 1881, grâce au procédé au charbon.


Un long poème de deux mille huit cent quatorze vers, intitulé
L’Âme, accompagne les oeuvres. Écrit par Janmot lui-même et publié en deux fois, la première partie en 1854 et l’autre en 1881, il renforce parfois le « message » ou la signification des peintures, et leur est indissociable. Le Poème de l’âme n’est ni tout à fait un simple cycle peint, ni un livre illustré ; c’est une oeuvre hybride, à la fois littéraire et picturale, et qui invite à la contemplation, à l’écoute et à la déambulation.


L’exposition propose de faire découvrir
Le Poème de l’âme dans son intégralité. Si le premier cycle est exposé dans le parcours permanent du musée des Beaux-Arts de Lyon, le second, plus fragile du fait de la nature des oeuvres, est habituellement conservé en réserve et très rarement montré. À l’instar des protagonistes du Poème de l’âme, le public sera invité à explorer les mystères que recèlent ces images, lors d’une déambulation étape par étape, « voyage initiatique » à travers les oeuvres. L’exposition s’attachera à faire coexister les deux modes d’expression – visuel et textuel. Ainsi, le visiteur pourra entendre le poème tout en contemplant les tableaux. Alexandre Astier a généreusement prêté sa voix pour ces lectures d’extraits du poème diffusées dans les salles et inclus dans l’audioguide de l’exposition.


Outre la découverte des deux cycles, l’exposition souhaite apporter des clés de lecture à travers une série de cabinets thématiques – dédiés aux cycles picturaux, à l’iconographie de l’âme, à l’idéal, au paysage ou encore au cauchemar et à l’inconscient. Ces développements replaceront
Le Poème de l’âme et son auteur à la croisée de références, d’influences et de courants aussi bien littéraires, religieux et philosophiques qu’artistiques. Janmot, peintre de l’âme, est certes un artiste singulier dans son époque, mais son oeuvre fait écho à celle de plusieurs autres artistes tels que William Blake, Philipp Otto Runge ou Francisco de Goya avant lui, ses contemporains les Préraphaélites, ou encore, plus tard, les symbolistes, en particulier Odilon Redon qui a été en contact avec lui.






#LouisJanmot
– Catalogue de l’exposition Louis Janmot. Le Poème de l’âme – CoĂ©dition MusĂ©e d’Orsay / In Fine Ă©ditions d’art

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. L’Ange et la mère, vers, 1836-1847. Huile sur toile, 112,6 x 143,8 cm. Lyon, musée des Beaux-Arts. Don des héritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA - Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. L’Ange et la mère, vers, 1836-1847. Huile sur toile, 112,6 x 143,8 cm. Lyon, musĂ©e des Beaux-Arts. Don des hĂ©ritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA – Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Le Passage des âmes, vers 1838-1845. Huile sur toile, 112,6 x 145,5 cm. Lyon, musée des Beaux-Arts. Don des héritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA - Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Le Passage des âmes, vers 1838-1845. Huile sur toile, 112,6 x 145,5 cm. Lyon, musĂ©e des Beaux-Arts. Don des hĂ©ritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA – Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Sursum corda !, 1879. Fusain, pierre noire, craie blanche et pastel sur papier rose, 114 x 144 cm. Lyon, musée des Beaux-Arts. Don des héritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA - Photo Martial Couderette.

Louis Janmot (1814 – 1892), Le Poème de l’âme. Sursum corda !, 1879. Fusain, pierre noire, craie blanche et pastel sur papier rose, 114 x 144 cm. Lyon, musĂ©e des Beaux-Arts. Don des hĂ©ritiers de l’artiste, 1968. Image © Lyon MBA – Photo Martial Couderette.


Parcours de l’exposition

Introduction
Le Poème de l’âme, oeuvre à la fois picturale et littéraire, est le projet d’une vie, élaboré de 1835 à 1881 par le peintre lyonnais Louis Janmot. Il raconte l’épopée d’une âme sur la terre en trente-quatre tableaux et dessins, conservés au musée des Beaux-Arts de Lyon, formant deux séries distinctes et accompagnés d’autant de poèmes en vers. L’exposition invite à parcourir l’histoire de cette âme, à embarquer avec les personnages pour un voyage initiatique, à les suivre dans leur quête d’absolu. Présenté en partie à l’Exposition universelle de 1855, remarqué par Charles Baudelaire et Théophile Gautier, le cycle n’obtiendra jamais le succès espéré. Janmot était-il trop singulier pour son temps, comme le pensait Eugène Delacroix, admirateur et défenseur du Poème de l’âme ? Dans l’exposition, une série de « cabinets » permet d’explorer les inspirations philosophiques, spirituelles et littéraires du peintre-poète et de découvrir ses affinités avec d’autres artistes, de William Blake à Odilon Redon, qui ancrent bien Le Poème de l’âme dans le XIXe siècle.

 

Cabinet n°1 : Épopées picturales et illustrées
Les cycles peints sont habituellement conçus pour s’intégrer dans une architecture. Parmi ceux que Janmot a pu connaître dans sa jeunesse : l’Histoire de Psyché de Raphaël (1518), pour la villa Farnesina à Rome, et la Vie de saint Bruno d’Eustache Le Sueur (1645-1648), pour la chartreuse de Paris (musée du Louvre). Mais Le Poème de l’âme ne s’intègre dans aucun lieu spécifique. C’est plutôt l’alliance de la peinture et de la poésie qui préside à sa conception, comme dans les « livres enluminés » de William Blake. Il faut donc plutôt se tourner du côté de la littérature et de l’illustration pour trouver les sources de Janmot. L’artiste s’inspire des poésies épiques et philosophiques de son temps, comme La Chute d’un ange d’Alphonse de Lamartine (1838) ou La Divine Épopée d’Alexandre Soumet (1840), ou encore des grandes épopées européennes interprétées par les artistes romantiques : La Divine Comédie de Dante (1303-1321), Le Paradis perdu de John Milton (1667) ou La Chanson des Nibelungen, légende médiévale allemande.


Partie 1 –
Le Poème de l’âme, première série (1835-1854)
Les vingt années d’élaboration du premier cycle du Poème de l’âme auraient pu donner lieu à un ensemble stylistiquement très disparate. Il se dégage pourtant de cette série de dix-huit tableaux une grande cohérence visuelle. Les fonds évoquent des décors de théâtre devant lesquels les personnages se déplacent latéralement, comme sur une scène, renforçant de la sorte l’impression de continuité. Le peintre-poète raconte ainsi le parcours initiatique d’une âme, sous les traits d’un jeune garçon vêtu de rose que l’on voit grandir et évoluer de tableau en tableau. Sa quête existentielle passe par la rencontre avec son âme soeur – une jeune fille vêtue de blanc – qui, comme lui, aspire au ciel, à la pureté et à l’harmonie. On suit les étapes et les vicissitudes de leur parcours : naissance, petite enfance, éducation, amours naissantes et rêve d’idéal. L’apparente quiétude de cette première série, en contraste avec la seconde, est souvent contredite par des détails nichés dans les oeuvres ainsi que par les poèmes en vers qui soulignent à chaque étape le caractère tragique du destin de l’âme.


Cabinet n° 2
: L’âme et l’ange gardien
Au cours du XIXe siècle, en particulier avec le romantisme, puis le symbolisme, la représentation de l’âme prend une importance considérable. Les artistes répondent de manières variées au même problème iconographique : comment représenter une entité immatérielle, distincte du corps et ayant une existence au-delà de la mort ? Tour à tour, l’âme prend la forme d’une figure féminine ailée, allégorie de la pureté et de la spiritualité, ou se matérialise sous l’aspect d’une ombre ou d’un flux s’échappant du corps. Janmot, quant à lui, la représente sous les traits d’un jeune garçon ayant la faculté surnaturelle de s’élever vers les cieux. La légèreté de l’âme délivrée de la pesanteur terrestre est le dénominateur commun d’oeuvres diverses. Les ailes, attribut de l’âme, peuvent la faire confondre avec son double céleste, l’ange gardien, qui connaît lui aussi un grand succès populaire au XIXe siècle, de la littérature enfantine et des manuels de piété aux plus grandes oeuvres littéraires et artistiques de l’époque.


Cabinet n°3 :
L’idéal
L’oeuvre de Janmot se caractérise par un même archétype féminin comme hors du temps, qui s’impose tôt dans ses créations. S’il prend pour modèles des proches, parmi lesquels son épouse ou ses filles, il les transforme au fil de ses études en fonction de son idéal esthétique. Son goût croise plusieurs sources formelles : la perfection du dessin de son maître Jean Auguste Dominique Ingres, l’antique et la grâce de la peinture florentine de la Renaissance, en particulier celle de Sandro Botticelli. Les figures féminines du Poème de l’âme mêlent les références à la Vierge, dont le culte connaît alors un essor considérable, et la littérature, contemporaine ou passée. Janmot s’inspire très directement de La Divine Comédie du poète médiéval florentin Dante, alors très appréciée par les milieux romantiques mais aussi catholiques. Le parcours du héros en porte la trace, quête d’une bien-aimée perdue qui emprunte à Dante le nom de Béatrix.


Partie 2 –
Le Poème de l’âme, deuxième série (1854-1879)
Pour le second cycle du Poème de l’âme, Janmot abandonne la peinture pour le dessin. Le fusain est associé à des rehauts colorés, sur des feuilles de dimensions similaires à celles des tableaux. Il ne s’agit pas de cartons préparatoires, mais d’oeuvres abouties qui sont en partie exposées aux Salons de 1861 et 1868. L’atmosphère est plus sombre, ce que renforce le choix du médium. Marqué par la perte de la femme qu’il aimait, le jeune homme affronte le désespoir. Il cherche une issue dans les plaisirs, cède à la tentation et au doute mais ne trouve que la souffrance. Une fin heureuse, mais ambiguë, marque l’aboutissement de ce parcours initiatique : il retrouve au ciel sa bien-aimée. Le ton pessimiste fait écho aux épreuves que Janmot rencontre lui-même dans sa vie personnelle. La tonalité est également plus politique, en phase avec l’évolution conservatrice des milieux catholiques des années 1860-1870.


Cabinet n°4 :
Cauchemar, les dangers de l’inconscient
Le rêve, très présent dans Le Poème de l’âme, est tour à tour mélancolique, mystique, sensuel ; il s’aventure aussi dans des contrées dangereuses lorsqu’il devient cauchemar, titre donné à la huitième composition. Janmot a peut-être eu connaissance de ce thème, alors prisé dans la littérature et les arts, par les gravures d’oeuvres de ses prédécesseurs, tels que le Suisse Johann Heinrich Füssli, l’Anglais William Blake ou l’Espagnol Francisco de Goya. À son tour, il explore les tourments psychiques et ce que l’on nommera bientôt l’« inconscient ». L’artiste a pu être initié par deux amis médecins aliénistes à ces thématiques qui trouveront un écho auprès des symbolistes, puis, au temps de la psychanalyse, des surréalistes. Odilon Redon a fréquenté Janmot et lui a peut-être emprunté son goût pour le fusain. Max Ernst et Salvador Dalí n’ont pas connu Le Poème de l’âme, mais Dalí a exprimé sa curiosité pour l’artiste en le découvrant dans une exposition en 1968.


Cabinet n°5 :
Paysage et réalité
Le paysage tient une large place dans les scènes du Poème de l’âme ; il participe à l’action en s’accordant à l’état d’âme du personnage principal. S’il se forme en tant que peintre d’histoire, Janmot est sensibilisé à la pratique du paysage par deux de ses camarades lyonnais, Paul Flandrin et Florentin Servan. À leurs côtés, il apprend l’étude sur nature pour trouver des motifs qu’il reprendra ensuite dans ses compositions. La plupart des décors sont inspirés du Bugey. Située dans le département de l’Ain, non loin de Lyon, cette région correspond, dans sa partie montagneuse, à l’extrémité sud du Jura. Elle offre un aspect contrasté, alliant falaises escarpées, plateau aux prairies verdoyantes et marais. Janmot est attaché à cette région, d’où sa famille maternelle est originaire. L’été, au fil des années 1840 et 1850, il séjourne dans le village de Lacoux chez son ami Servan. Flandrin les rejoint fréquemment, et le trio travaille de concert dans la campagne environnante.