đ âLâOutreligneâ Milton Becerra et Pancho Quilici, Ă la Maison de lâAmĂ©rique latine, Paris, du 24 mai au 22 juillet 2023
âLâOutreligneâ
Milton Becerra et Pancho Quilici
Ă la Maison de lâAmĂ©rique latine, Paris
du 24 mai au 22 juillet 2023

PODCAST –Â Interview de Milton Becerra et Pancho Quilici, artistes,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 23 mai 2023, durĂ©e 12â51,
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :






Commissariat : Christine Frérot
La Maison de lâAmĂ©rique latine Ă Paris consacre sa prochaine exposition, LâOutreligne, Ă deux artistes vĂ©nĂ©zuĂ©liens, Milton Becerra (nĂ© dans lâĂ©tat de TĂĄchira, en 1951) et Pancho Quilici (nĂ© Ă Caracas, en 1954), Ă dĂ©couvrir du 24 mai au 22 juillet 2023.
Sous le commissariat de Christine Frérot, les visiteurs pourront mesurer comment avec ces «passeurs de temps», la ligne défie et franchit les horizons, culturels, historiques, naturels, géométriques et constructifs, en toute liberté, avec raison et déraison.
ArrivĂ©s en France au dĂ©but des annĂ©es 1980, oĂč ils vivent et travaillent depuis lors, les deux jeunes artistes vĂ©nĂ©zuĂ©liens, imprĂ©gnĂ©s Ă des degrĂ©s divers de lâesthĂ©tique cinĂ©tique de leurs aĂźnĂ©s, vont trĂšs tĂŽt se dĂ©faire de cette sĂ©duction passagĂšre pour trouver une voie qui leur est propre. Chez eux, gĂ©omĂ©trie et nature se fondent dans un complexe et savant rĂ©seau de lignes, de trames et de formes, leurs « syntaxes » innovantes entrent en rĂ©sonance et se confondent dans leurs utopies cosmogoniques et chamaniques. Dans sa quĂȘte revendiquĂ©e de questionnements Ă la fois existentiels et formels, chacun sâattache aussi Ă dĂ©finir la place dĂ©terminante quâont, autant dans sa rĂ©flexion que dans lâexpĂ©rimentation, les rĂ©fĂ©rences mathĂ©matiques et scientifiques.
Le temps, ce « temps sans durĂ©e » dont parle lâĂ©crivain Philippe Curval Ă propos de Quilici, est au coeur de la gestation de lâoeuvre, confortĂ© par ces vertus que partagent les deux artistes, la lenteur, la patience et la persĂ©vĂ©rance.
La cohabitation muséographique de leurs oeuvres doit sembler fluide et cohérente et induire une communauté de pensée dans laquelle le « tressage » de Becerra répond au « maillage » de Quilici et réciproquement.
Si lâon se penche sur la maniĂšre quâa chacun dâimaginer sa gĂ©omĂ©trie et de construire sa propre « aventure de lignes », comme lâĂ©crit Henri Michaux Ă propos de Paul Klee, on rĂ©alise combien ce dĂ©fi au vide est pensĂ© en amont et irrigue leur discours culturel, imprĂ©gnĂ© dâune rĂ©flexion nourrie de curiositĂ©s et de lectures de nature scientifique.
PrĂ©senter ensemble ces deux sensibilitĂ©s gĂ©nĂ©rationnelles, câest donc, Ă travers un dialogue scĂ©nographique inĂ©dit, tenter de trouver une visibilitĂ© Ă leur communautĂ© dâidĂ©es, pour construire une Ă©ventuelle troisiĂšme voie, celle proposĂ©e et acceptĂ©e comme un dĂ©fi naturel, dans une installation pensĂ©e et rĂ©alisĂ©e en commun spĂ©cifiquement pour le rez-de-chaussĂ©e de la Maison de lâAmĂ©rique latine.
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Extraits du catalogue – Texte de Christine FrĂ©rot, commissaire
« On peut alors se demander ce quâont en commun Pancho Quilici et Milton Becerra en dehors de ce qui, Ă premiĂšre vue seulement, peut les opposer ? Quâest-ce qui les rapproche ? Que partagent-ils ? On observe dâabord combien le plus cĂ©lĂšbre hĂ©ritage artistique de leur pays, le cinĂ©tisme, imprĂšgne Ă des degrĂ©s divers leur complexe univers de lignes et leurs Ă©laborations de trames et de formes, dans lesquels gĂ©omĂ©trie et nature se confondent. Dans sa quĂȘte revendiquĂ©e de questionnements Ă la fois existentiels et formels, chacun sâattache aussi Ă dĂ©finir la place dĂ©terminante quâont, dans sa rĂ©flexion, les rĂ©fĂ©rences mathĂ©matiques et scientifiques. Par ailleurs, lâapesanteur, oĂč sâaffirme leur commun dĂ©sir dâespace, est dĂ©terminante dans leur approche conceptuelle, artistique et sensible ; quant au rĂŽle jouĂ© par le temps, ce « temps sans durĂ©e » dont parle lâĂ©crivain Philippe Curval Ă propos de Quilici, il est au coeur de la gestation de lâoeuvre, confortĂ© par ces vertus que partagent les deux artistes, la lenteur, la patience et la persĂ©vĂ©rance.
Si lâon se penche sur la maniĂšre quâa chacun dâimaginer sa gĂ©omĂ©trie et de construire sa propre « aventure de lignes », comme lâĂ©crit Henry Michaux Ă propos de Paul Klee, on rĂ©alise combien ce dĂ©fi au vide est pensĂ© en amont et irrigue leurs discours culturel imprĂ©gnĂ© dâune rĂ©flexion nourrie de curiositĂ©s et de connaissances de nature scientifique. Les prĂ©senter ensemble, câĂ©tait donc, Ă travers un dialogue scĂ©nographique inĂ©dit, tenter de trouver une visibilitĂ© Ă leur communautĂ© dâidĂ©es, pour construire une Ă©ventuelle troisiĂšme voie, celle proposĂ©e au rez-de-chaussĂ©e de la Maison dâAmĂ©rique latine dans une installation pensĂ©e et rĂ©alisĂ©e en commun, Ă ma demande, par les deux artistes pour cette exposition. »
« Quâil serpente dans la gĂ©omĂ©trie contrĂŽlĂ©e de Quilici et la prĂ©cision mathĂ©matique â autant cartĂ©sienne quâaudacieuse – de ses tracĂ©s, ou quâil se matĂ©rialise chez Becerra dans une intervention qui invoque la tradition ou la mĂ©moire indigĂšne, Ă la croisĂ©e du Land art et de lâArte povera â sans quâil prĂ©tende pour autant appartenir Ă aucun de ces mouvements -, leur lien avec la « nature », par la mĂ©diation de la ligne, est indĂ©fectible. Autant la dĂ©marche de Becerra est pensĂ©e dans sa relation Ă lâhomme et lâĂ©voque en permanence dans sa « gĂ©omĂ©trie habitĂ©e », autant Quilici, dont lâart est dĂ©pouillĂ© de toute rĂ©fĂ©rence proprement humaine, propose une « lointaine proximitĂ© », comme il la dĂ©finit, avec la logique abstraite et/ou scientifique de lâespace-temps, celle de « la matrice minĂ©rale » (Edouard Glissant) du monde. Et puis, de Milton Ă Pancho, il y a les pierres, les cordes et les fils, la ligne toute puissante comme point de dĂ©part de la recrĂ©ation incessante des origines, de sa dimension mythologique, matĂ©rielle et palpable, Ă celle plus Ă©vanescente dâun entrelacs de traits et de constellations, oĂč la gĂ©omĂ©trie, en filigrane, tisse un cosmos de fiction.»