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🔊 “Anne Marie Laureys” Bise, à La Verrière – Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles, du 17 mai au 29 juillet 2023

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“Anne Marie Laureys” Bise

à La Verrière – Fondation d’entreprise Hermès, Bruxelles

du 17 mai au 29 juillet 2023

Fondation d’entreprise Hermès


Interview de Anne Marie Laureys, par Anne-Frédérique Fer, à Bruxelles, le 16 mai 2023, durée 15’27. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Anne Marie Laureys,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 16 mai 2023, durée 15’27,
© FranceFineArt.


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Anne Marie Laureys
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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 16 mai 2023.

Extrait du communiqué de presse :

Portrait d’Anne Marie Laureys. © AmandP
Portrait d’Anne Marie Laureys. © AmandP
Anne Marie Laureys, The potter thinking, 2018, grès émaillé, 45 x 37 x 32 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, The potter thinking, 2018, grès émaillé, 45 x 37 x 32 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Suitable by daylight, 2018, grès émaillé, 45 x 30 x 21 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Suitable by daylight, 2018, grès émaillé, 45 x 30 x 21 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Sister brainstorm, 2018, grès émaillé, 60 x 43 x 35 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Sister brainstorm, 2018, grès émaillé, 60 x 43 x 35 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Respiration circulaire, 2016, grès émaillé, 60 x 36 x 24 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Respiration circulaire, 2016, grès émaillé, 60 x 36 x 24 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Boneless Desire Opus #3, 2022, grès émaillé, 50 x 40 x 45 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Boneless Desire Opus #3, 2022, grès émaillé, 50 x 40 x 45 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Abundance of her delicacies, 2021, grès émaillé, 75 x 63 x 56 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.
Anne Marie Laureys, Abundance of her delicacies, 2021, grès émaillé, 75 x 63 x 56 cm, courtesy de l’artiste © Peter Claeys.

Commissariat :

Joël Riff, chargé de la programmation de La Verrière




Avec Amélie Lucas-Gary, Maude Maris et Auguste Rodin

Deuxième exposition de Joël Riff en tant que commissaire de La Verrière, « Bise » éveille la vigueur d’un souffle. Tout s’anime dans des bourrasques visuelles, qui naissent d’un tourbillon entre les mains. L’événement marque la première exposition personnelle à Bruxelles de l’artiste belge Anne Marie Laureys, et propose de donner une visibilité inédite à sa production de céramiste tout en l’associant à trois autres personnalités : Maude Maris, Amélie Lucas-Gary et Auguste Rodin. Articulant oeuvres existantes, nouvelles productions et prêt exceptionnel d’un objet historique, l’accrochage affirme une dynamique sculpturale sous la bienveillance de la peinture. Cette étape de la nouvelle programmation de La Verrière s’autorise à inventer sa propre temporalité, à prendre son temps, avec certaines invitations qui se déploient dans la durée, aussi bien dans l’espace d’exposition que dans la publication.

La bise est un vent du Nord qui balaie l’Europe. Elle est froide et sa caresse peut sembler clinique. Elle apporte pourtant le beau temps. Elle nous touche, en une période où le contact n’est plus d’usage. Aussi, où que l’on soit, l’origine des choses relève d’un façonnage insufflé de vie par des gestes de démiurge. D’ailleurs ce mot en grec ancien signifie artisan. Le potier gonfle depuis toujours des poumons d’argile. Anne Marie Laureys, depuis plus de quatre décennies, tourne la terre. Ses formes retiennent leur respiration. Et ici, une autre expire infiniment.




« BISE »

Anne Marie Laureys modèle des chairs sans figure. Elle fait naître d’un souffle ses créatures, entre ses paumes, à partir d’une motte bien centrée. Sur un axe, des volumes sont tournés puis déformés et assemblés. Ils sont monstres. L’artiste bouscule la pratique ancestrale de la poterie, exploitant sa dextérité en la matière pour métamorphoser le gabarit d’une vaisselle bien faite en une lignée d’ectoplasmes. Pour cela elle éventre et dévisage avec pour objectif de soulever une harmonie alternative. C’est la cuisson qui permet de tenir d’improbables équilibres sans quoi la terre s’affaisserait. Des organes gonflés à l’épiderme tendrement poudré patientent, tenant la pose, dans leur envolée. Leur voltige s’immortalise. Ce façonnage implique une double rotation, différée, avec d’abord celle de l’argile sur sa girelle, puis celle du public autour de l’objet terminé. Ça s’appelle la révolution.


L’exposition « Bise » célèbre le contact et le mouvement, deux principes fondateurs de la terre tournée. Les doigts accompagnent ainsi la substance mise en animation pour guider les contours et élever les contenances. Les céramiques d’Anne Marie Laureys demeurent des récipients. Elles contiennent ses humeurs, les conservent ou les déversent. Sur son tour, elle fait la pluie et le beau temps. Son répertoire aérien éveille tout un lexique météorologique. Rafales voire cyclones font virevolter la souplesse des pans. En sa fabrique, l’artiste contrôle les tempêtes dont résultent ses nuages. Et dans l’atmosphère, la bise désigne traditionnellement un vent du Nord qui balaie l’Europe en traversant la Belgique. Contrairement à nombre de phénomènes bien ancrés dans leur territoire, elle vient toujours d’ailleurs, et n’appartient à personne. Alors elle souffle indifféremment, et fait tout tourbillonner.


L’exposition « Bise » n’est pas un baiser. C’est une autre chorégraphie de corps qui se joue là pour exprimer une amabilité et manifester la communauté que l’on compose par ce geste d’acceptation qui encadre la relation sociale. Des surfaces se touchent. Il s’agit d’affirmer une adhésion, alors qu’en 2023 le savoir-vivre se cherche de nouvelles politesses. À Bruxelles, la bise est unique, particulièrement appuyée car c’est la seule. On y met tout. L’ensemble de l’oeuvre d’Anne Marie Laureys exalte une dimension tactile. On devine encore l’empreinte de ses phalanges dans la glaise fraîche dessinant dans le modelé des anneaux semblables aux métamères du lombric, ces segments articulés qui permettent au tube sa mobilité. L’occasion aussi de s’enthousiasmer de l’homonymie entre peau et pot.


Anne Marie Laureys offre un arrêt sur image, une pause dans le cours des choses. Et leur poids est une fatalité que l’humain travaille à désamorcer ou du moins relativiser, notamment par l’expérience de la sculpture et de la danse. Le contraste est d’autant plus saisissant que ses œuvres n’évoquent pas des objets cois, mais des silhouettes fougueuses altérées par une soudaine bourrasque.


L’endroit de l’envers, le dedans du dehors ne se distinguent plus clairement, et rappellent la fameuse figure du Ruban de Möbius, noeud sans fin n’ayant ni intérieur ni extérieur. Le fond se retrouve paroi. Tout est renversé. Comme un vêtement en boule, le linge froissé semble avoir été porté. Le tissu ici est derme. Et c’est en chirurgienne qu’Anne Marie Laureys oeuvre en greffant à la barbotine de nouveaux éléments au tronc originel pour former des compositions complexes. Il existe des formes que l’observation seule ne réussit pas à élucider, tant leur fabrication paraît sophistiquée. De son atelier situé en pleine campagne wallonne, entre Tournai et Courtrai, sortent des solides aériens dont la fascination est renforcée par une mystérieuse application de la couleur. Les apparences affichent une palette de velours. Qu’elles évoquent des phénomènes atmosphériques, des précipités dans une solution aqueuse, des volutes de fumée et autres exhalaisons encore, ces formations parviennent à figer le vaporeux dans toutes ses variations. Elles en concrétisent les tempéraments.


L’exposition « Bise » consiste en un accueil chaleureux de la production d’Anne Marie Laureys, une inscription volontaire de son travail au sein du monde de la sculpture, dans le sillage immédiat et sans détour d’Auguste Rodin, tout simplement. Donner simultanément à voir une pièce du maître autorise un raccourci flagrant. La gestion des masses conduit à une malléabilité des corpulences. À La Verrière se manifestent les lois de la pesanteur. Toutes les terres cuites décollent, quand le bronze expire. Ces matériaux témoignent des conditions terrestres, que l’on s’en échappe ou en approuve la gravité. Et plus haut que l’horizon, on retrouve la peinture de Maude Maris. À rebours des usages, sa présence renouvelée contredit le défilement du calendrier. Persistons. Ainsi, sa visibilité transversale invite à nous attarder, à poursuivre une conversation, à intensifier une complicité. Cette continuité de compagnonnages au long court se vérifie dans la publication, qui s’ouvre avec une nouvelle contribution d’Amélie Lucas-Gary invitée à déployer un récit en feuilleton.


Joël Riff
, commissaire des expositions de La Verrière

Biographie de l’artiste

Anne Marie Laureys sculpte des nuages de terre. Née en 1962 à Beveren près d’Anvers en Belgique, elle se forme à la LUCA School of Arts de Gand d’où elle sort diplômée en 1985, et ne s’est pas arrêtée de tourner depuis. L’ensemble de sa production résulte de cet outil ancestral qu’est le tour, dont la force hypnotique lui permet de développer un lexique intarissable. Elle perfectionne sa pratique en réalisant des séries limitées d’objets de commande, avant de se consacrer à la sculpture à partir des années 2000. Elle intègre alors des collections muséales en Europe, en Asie et aux États-Unis, dont récemment le Metropolitan Museum of Art (New York).