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“Cabinet de dessins néerlandais. Le XVIIIe siècle” à la Fondation Custodia, Paris, du 25 février au 14 mai 2023

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“Cabinet de dessins néerlandais. Le XVIIIe siècle” 
Collection des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique

à la Fondation Custodia, Paris

du 25 février au 14 mai 2023

Fondation Custodia


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Cabinet de dessins nŽerlandais. Le XVIIIe sicle; Collection des MusŽes royaux des Beaux-Arts de Belgique
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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 24 février 2023.
Simon van der Does(La Haye 1539 – après 1591 Anvers), Paysage avec une femme vêtue à l’antique festonnant le buste d’un satyre, 1706. Plume et pinceau à l’encre grise et brune, lavis brun et gris, quelques traits à la pierre noire.– 344 x 258 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/1052. Photo © johan@artphoto.solutions.
Simon van der Does(La Haye 1539 – après 1591 Anvers), Paysage avec une femme vêtue à l’antique festonnant le buste d’un satyre, 1706. Plume et pinceau à l’encre grise et brune, lavis brun et gris, quelques traits à la pierre noire.– 344 x 258 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/1052. Photo © johan@artphoto.solutions.
Aert Schouman (Dordrecht 1710 – 1792 La Haye), Deux passereaux indigènes, 1759. Aquarelle et gouache, sur un tracé au graphite.– 365 x 258 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique,inv. 4060/3327. Photo © johan@artphoto.solutions.
Aert Schouman (Dordrecht 1710 – 1792 La Haye), Deux passereaux indigènes, 1759. Aquarelle et gouache, sur un tracé au graphite.– 365 x 258 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique,inv. 4060/3327. Photo © johan@artphoto.solutions.

Texte de Sylvain Silleran

Hermanus van Brussel (Haarlem 1763 – 1815 Utrecht), Le Popelingsgat à Haarlem, vu en direction de la Korte Annastraat, 1800. Plume à l’encre brun-rouge et grise, aquarelle.– 217 x 253 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/522. Photo © johan@artphoto.solutions.
Hermanus van Brussel (Haarlem 1763 – 1815 Utrecht), Le Popelingsgat à Haarlem, vu en direction de la Korte Annastraat, 1800. Plume à l’encre brun-rouge et grise, aquarelle.– 217 x 253 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/522. Photo © johan@artphoto.solutions.
Simon Andreas Krausz (La Haye 1760 – 1825 La Haye), Une petite grange effondrée avec toit de chaume, près d’une maison. Plume et pinceau à l’encre grise et brune, aquarelle et gouache. – 148 x 179 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/2077. Photo ©  HYPERLINK "mailto:johan@artphoto.solutions" johan@artphoto.solutions.
Simon Andreas Krausz (La Haye 1760 – 1825 La Haye), Une petite grange effondrée avec toit de chaume, près d’une maison. Plume et pinceau à l’encre grise et brune, aquarelle et gouache. – 148 x 179 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/2077. Photo © johan@artphoto.solutions.
Tethart Philipp Christian Haag (Cassel 1737 – 1812 La Haye), Intérieur d’écurie et cheval danois, 1780. Plume et encre grise, aquarelle et gouache. – 303 x 251 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/1475. Photo ©  HYPERLINK "mailto:johan@artphoto.solutions" johan@artphoto.solutions.
Tethart Philipp Christian Haag (Cassel 1737 – 1812 La Haye), Intérieur d’écurie et cheval danois, 1780. Plume et encre grise, aquarelle et gouache. – 303 x 251 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/1475. Photo © johan@artphoto.solutions.
Jean Grandjean (Amsterdam 1752 – 1781 Rome), Vue de la Via Tiburtina sous la Villa [dite] de Mécène à Tivoli, 1779. Plume et pinceau à l’encre brune, lavis brun, gris et gris-vert, rehauts de gouache blanche sur un tracé à la pierre noire.– 414 x 568 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/1419. Photo ©   johan@artphoto.solutions.
Jean Grandjean (Amsterdam 1752 – 1781 Rome), Vue de la Via Tiburtina sous la Villa [dite] de Mécène à Tivoli, 1779. Plume et pinceau à l’encre brune, lavis brun, gris et gris-vert, rehauts de gouache blanche sur un tracé à la pierre noire.– 414 x 568 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/1419. Photo © johan@artphoto.solutions.
Jacob Cats (Altenau 1741 – 1799 Amsterdam), Paysage d’hiver avec patineurs, 1798. Plume et encre brune, aquarelle et gouache sur un tracé à la pierre noire. – 310 x 410 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/861. Photo ©   johan@artphoto.solutions.
Jacob Cats (Altenau 1741 – 1799 Amsterdam), Paysage d’hiver avec patineurs, 1798. Plume et encre brune, aquarelle et gouache sur un tracé à la pierre noire. – 310 x 410 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/861. Photo © johan@artphoto.solutions.
Egbert van Drielst (Groningue 1745 – 1818 Amsterdam), Les Douves et les ruines du château de Haar à Haarzuilens, 1802. Pierre noire, aquarelle et gouache. – 365 x 497 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/1152. Photo ©  johan@artphoto.solutions.
Egbert van Drielst (Groningue 1745 – 1818 Amsterdam), Les Douves et les ruines du château de Haar à Haarzuilens, 1802. Pierre noire, aquarelle et gouache. – 365 x 497 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/1152. Photo © johan@artphoto.solutions.

Pour entrer dans ce cabinet de dessins néerlandais du XVIIIé siècle il faut descendre dans le sous-sol de la fondation Custodia. Quoi de mieux qu’un sous-sol frais comme une cave pour déguster des bons crus venus de la collection des musées royaux des Beaux-Arts de Belgique? Un Ecce Homo sous la vindicte d’une foule, des traits de plume aux accents de Renaissance dansent dans un bruit de lavis brun. Un violoniste reçoit fort volontiers un verre de vin, son regard dérive déjà, il pose le violon et l’archet dans un coin du papier bleu. La finesse de dentelle du dessin de Villem Van Mieris est trompeuse sur ses intentions, sa Mort de Cléopâtre est une scène de boudoir au drapé moelleux et sensuel.

Des Jeunes bergers de Simon van der Does folâtrent dans une campagne douce aux feuilles tendres, mais de la brebis au satyre, il n’y a qu’un pas. Les petits chérubins de Jacob de Wit sont sans doute moins innocents qu’il ne paraissent, ils semblent comploter quelque polissonnerie. Son dessin aux boucles légères est enlevé comme une esquisse italienne, les volumes jaillissent hors du papier, prêts à être sculptés. Il visite la mythologie classique, s’amuse des amours champêtres de Pâris et  d’Œnone. Il faut s’enivrer comme ces bourgeois insouciants sortant d’une fête dans une scène de nuit de Cornelis Troost. Ils brillent, perdus dans la nuit noire, d’un lumière d’or et de grenat.

Deux garnements taquinent une femme endormie. Un violoniste accompagne une chanteuse juchée sur une chaise. La paille de celle-ci craque sous le poids rustique de la cantatrice. Quelques couleurs, un bleu, un orange qui vire au rouge puis au brun suffisent pour tout dire. Jacob Perkois saisit la vie avec audace, effronterie. Il n’a pas besoin d’autre chose que trois personnages et une chaise pour planter le décor, écrire une scène. Des oiseaux délicats, aux plumes fines bien distinctes, petits aplats comme des impressions d’Aert Schouman laissent place à un pugilat d’oiseaux de basse-cour. Une poule blanche furieuse, un dindon, hargneux expriment des caractères bien humains. Prudemment caché derrière un roseau, un canard persifle. La théâtralité de cette scène éclate dans un vacarme que l’on pensait n’appartenir qu’aux grands tableaux, pas au papier, à l’aquarelle.

Sur la vue d’un pont d’Utrecht par Cornelis Pronk, l’horizon est dissimulé, il apparait dans le lointain sous une arche, là où on ne le cherche plus. Les maisons qui longent le canal, une barque qui glisse sous l’autre arche, les personnages, tout échappe au regard, tout apparait et disparait dans un grand jeu. Au bord d’un ruisseau, une maison et un petit pont sont engloutis par la végétation, la nature est argentée, étincelante, elle apparait immense. Une clairière d’Egbert van Drielst révèle un paysage majestueux à l’élégance anglaise, une campagne printanière, enchanteresse où on converse tranquillement, on ramène les bêtes à l’étable. Un champ de blé doré, ployant sous un coup de vent, estompe le berger et son troupeau empruntant la route, lui vole la vedette. 

Un couple se promène sur une digue. D’un côté, un polder au moulin entouré d’eau, une petite ferme; et de l’autre, la mer et un grand voilier qui appareille. Le dessin de Paul Constantin La Fargue est exécuté d’une plume rapide et sûre. L’immensité du ciel rend vaste une terre laborieusement gagnée, un paysage dompté mais toujours indépendant. L’hiver c’est la fête, on s’amuse sur la glace comme à la foire. Tandis que chez Jacob van Strij les arbres sont plein de nœuds, leurs branches chaotiques frisent, presque brûlées. Ici l’hiver est rude, sec comme ce fagot de bois qu’un enfant est allé chercher. Le monde s’est arrêté de vivre, prisonnier des glaces. Pâturages et moulins sont tracés d’un trait presque coléreux, il y a la force chaotique de la nature et celle du labeur des hommes. 

Le dessin tout en réserve de Jan Hulswit offre un retour au calme et au silence pour un homme assis sous de grands arbres. Il s’est éloigné de la ville pour un moment de paix. Il est minuscule, on le distingue à peine, une silhouette avec son large chapeau. Le non dessiné, le blanc du papier peint le feuillage et son bruissement. A l’opposé, la forêt de Paul van Liender est beaucoup plus puissante: les larges troncs, les branches brisées qui ont résisté aux assauts de la nature, le feuillages sombres promettent des mésaventures de contes à qui s’y aventurerait.

Un petit coin de ville par Gerrit Lamberts est dessiné dans un cadrage serré, il fait des bâtiments tronqués des choses abstraites. L’arrière imposant de la grande église surplombe la halle aux poissons comme le ferait une falaise. Mais l’ombre d’un édifice hors-champ encore plus grand recouvre la moitié de la scène et continue d’avancer, menace d’un géant, menace du temps, des heures qui passent. Au milieu il y a un arbre qui ondule au gré des vents, un arbre simple, libre. Quelle allégorie de la vie, de la routine des jours et de leur brièveté. Il faut donc continuer à regarder les arbres qui pointent vers le ciel et s’enivrer, s’enivrer de dessins. La fondation Custodia, par le travail de Ger Luijten, a tenu parole, ces dessins sont vraiment merveilleux.

Sylvain Silleran

Johannes Schouten (Amsterdam 1716 – 1792 Amsterdam), Vue sur l’Amstel, depuis l’ouest, près du portail d’entrée du manoir Ruijschenstein. Plume et encre grise, aquarelle, sur un tracé au graphite. – 222 x 343 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/3345. Photo © johan@artphoto.solutions.
Johannes Schouten (Amsterdam 1716 – 1792 Amsterdam), Vue sur l’Amstel, depuis l’ouest, près du portail d’entrée du manoir Ruijschenstein. Plume et encre grise, aquarelle, sur un tracé au graphite. – 222 x 343 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/3345. Photo © johan@artphoto.solutions.
Cornelis Troost (Amsterdam 1696 – 1750 Amsterdam), Le Retour, après une joyeuse fête dans une maison bourgeoise sur les canaux, 1749. Gouache. – 298 x 417 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/3645. Photo © johan@artphoto.solutions.
Cornelis Troost (Amsterdam 1696 – 1750 Amsterdam), Le Retour, après une joyeuse fête dans une maison bourgeoise sur les canaux, 1749. Gouache. – 298 x 417 mm. Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, inv. 4060/3645. Photo © johan@artphoto.solutions.

Extrait du communiqué de presse :

Commissariat :
Stefaan Hautekeete, historien de l’art, conservateur de la collection des dessins anciens des Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles.




La Fondation Custodia accueille du 25 février au 14 mai 2023 l’exposition Cabinet de dessins néerlandais. Le XVIIIIe siècle. Collection des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Quelque quatre-vingts pépites – scènes de genre, paysages, marines, natures mortes typiques de l’art de cette école – seront présentées. 

Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia depuis 2010 et disparu soudainement le 19 décembre dernier, était à l’initiative de la venue à Paris de cette exposition, véritable immersion dans un cabinet de dessins néerlandais du XVIIIe siècle. 

Cet événement se tiendra en parallèle de l’exposition Créer. Dessiner pour les arts décoratifs 1500-1900. Collection du Rijksmuseum, Amsterdam, présentée auparavant au Design Museum Den Bosch de Bois-le-Duc.

Entre le Siècle d’or hollandais et le XIXe siècle s’étend une longue période où les artistes peignaient et dessinaient dans ces régions. Cependant, leur production sur papier est moins connue du grand public car, à l’inverse du XVIIe siècle, on ne peut pas égrener une liste des grands noms qui en sont les auteurs. Et même au XVIIe siècle, tous les peintres ne pratiquaient pas le dessin. Certes, Rembrandt a réalisé des dessins magistraux, mais on ne connaît presque aucune oeuvre sur papier de Vermeer, Frans Hals et Jan Steen. En 2016, la Fondation Custodia a organisé en collaboration avec la National Gallery of Art de Washington l’exposition Du dessin au tableau au siècle de Rembrandt, pour montrer aux visiteurs le rôle essentiel du dessin dans la réalisation de tableaux en tous genres. Quantité de feuilles du XVIIe siècle sont en effet des études préparatoires à des tableaux. Mais d’autres étaient des dessins achevés et vendus comme des oeuvres en soi, bien que sur papier. Ils présupposaient un public de collectionneurs qui conservaient les feuilles dans des cartons à dessin et des albums et les regardaient et les admiraient entre connaisseurs ou en famille. Le phénomène s’est largement répandu au XVIIIe siècle et les artistes ont capitalisé sur ce marché en produisant, de manière bien plus systématique qu’auparavant, des dessins d’un fini parfait qui étaient appréciés des collectionneurs avertis. Cornelis Ploos van Amstel, qui était lui-même dessinateur, définissait une collection d’art sur papier comme un « Cabinet des plus merveilleux dessins et estampes », c’est-à-dire comme une alternative peu encombrante à une collection de peintures à l’huile.

Le « Cabinet » que la Fondation Custodia ouvre à ses visiteurs entre le 25 février et le 14 mai 2023 à Paris, à travers un choix de 80 dessins, a été constitué durant plusieurs générations dans la ville de Breda, située dans l’actuelle province de Noord-Brabant (Pays-Bas), à partir d’un ensemble de 4 250 feuilles, dont près de 1 200 datent du XVIIIe  siècle néerlandais. Son noyau a été formé par Arnoldus Josephus Ingen Housz (1766-1859), qui était le contemporain de plusieurs des artistes exposés – un collectionneur d’art moderne ! Sa collection a été léguée à son neveu le chevalier Josephus de Grez (1807-1902) qui l’a enrichie d’innombrables feuilles. À la mort de celui-ci, son propre neveu Jean de Grez (né en 1837) en hérita. Il décéda à Bruxelles en 1910, confiant à son épouse le soin de faire don de la totalité de la collection à l’État belge. Quand ce fut chose faite en 1911, les oeuvres ont été déposées aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Après le Rijksmuseum d’Amsterdam, il s’agit de la plus riche collection de dessins néerlandais du XVIIIe siècle. Plus de 30 ans après avoir exposé un choix de dessins de cette époque provenant de la collection amstellodamoise, la Fondation Custodia est heureuse de présenter la collection De Grez, dont Frits Lugt, son fondateur, disait qu’elle était « la plus importante qui soit en Belgique ». Lugt s’étant surtout attaché à collectionner des dessins datant des siècles antérieurs, c’est une magnifique occasion de montrer des oeuvres rarement vues à Paris.

L’exposition s’ouvre sur quelques feuilles de la fin du XVIIe siècle signées Gérard de Lairesse (1640-1711), qui abandonna Liège pour Amsterdam, et Willem van Mieris (1662-1744), dans lesquelles on retrouve respectivement l’influence du classicisme de Poussin et de la peinture de genre typiquement hollandaise : un cadre parfait pour les développements du XVIIIe siècle. Simon van der Does (1653-après 1718) incarne par excellence ce mélange de réalisme et de rites empruntés à l’Antiquité, qu’il étudiait dans les estampes d’après Poussin.

On trouvera une variante plus pure du classicisme dans le travail d’Isaac de Moucheron (1667-1744) et le groupe d’oeuvres d’Abraham Rademaker (1677-1735). Des études de figures sont signées du peintre-biographe Arnold Houbraken (1660-1719) et du graveur et dessinateur parisien Bernard Picart (1673-1733), installé à Amsterdam.  Des maîtres plus célèbres tels que Jacob de Wit (1695-1754) et Cornelis Troost (1696-1750) sont présents avec des oeuvres importantes, le second avec la scène nocturne Le Retour, après une joyeuse fête dans une maison bourgeoise sur les canaux.

Le peintre de Dordrecht Aert Schouman (1710-1792), qui s’était fait une spécialité des oiseaux, est l’auteur d’une splendide aquarelle représentant deux passereaux indigènes de plumage différent : en bas, un gorgebleue à miroir, de la sous-famille des saxicolidés, en haut, non pas la femelle du gorgebleue, mais un mâle rougequeue à front blanc, un passereau de la famille des gobe-mouches. La feuille, datée de 1759, provient de la collection de 375 dessins d’oiseaux qui appartenait à Schouman.

Maints dessins du XVIIIe siècle néerlandais représentent un paysage. Intéressés par les questions de topographies, les artistes se plaisaient à rendre la physionomie de leur pays et de régions lointaines. Les atlas contenant des cartes imprimées et les séries avec des vues du pays et de l’étranger étaient constamment réimprimés ; les dessinateurs s’employaient à mettre en images un environnement proche et facile à visiter. Le résultat est parfois un peu aride et descriptif, mais il est aussi souvent plein d’atmosphère, telle cette Vue sur l’Amstel, depuis l’ouest, près du portail d’entrée du manoir Ruijschenstein, un endroit bien connu que Rembrandt, Jacob van Ruisdael et Meindert Hobbema avaient déjà dessiné un siècle auparavant. Son auteur, Johannes Schouten (1716-1792), réussit à capter la lumière diaphane du paysage et à transporter le spectateur jusqu’au rivage parsemé çà et là de maisons de campagne. La luxuriance de la verdure est plus exubérante dans un remarquable dessin de 1802 d’Egbert van Drielst (1745-1818) représentant les douves et les ruines de la maison De Haar près de Haarzuilens en été : l’exécution de cette feuille justifie pleinement le surnom de « Hobbema de la Drenthe » donné à l’artiste.

Un autre grand maître du paysage, qui a parfois collaboré avec Van Drielst, est Jacob Cats (1741-1799). Il savait évoquer l’atmosphère hivernale de la Hollande comme nul autre, notamment dans une grande feuille réalisée un an avant sa mort. La richesse de la représentation et le soin attentif du détail, caractéristiques de son travail, ne sacrifient jamais à l’anecdote ; les personnages sont aquarellés avec justesse dans leurs occupations saisonnières. La scène a une ampleur panoramique, contrairement à l’aquarelle de Jacob van Strij (1756-1815), peinte d’une main rapide et libre, qui nous offre une vue rapprochée de patineurs sur une rivière gelée. Bien qu’elle soit signée, elle s’apparente davantage à une esquisse. La lumière d’hiver est magnifiquement rendue. Les commentaires du collectionneur Cornelis Ploos van Amstel nous apprennent qu’il appréciait énormément les études et esquisses sommaires, même s’il s’en tenait à l’agencement hiérarchique des collections en les rangeant tout à la fin d’un album.

L’impression de chaleur que Jean Grandjean (1752-1781), mort prématurément, réussit à traduire dans un imposant dessin exécuté à Tivoli en 1779 est aux antipodes de l’ambiance hivernale de Van Strij. Après les Italianisants du XVIIe siècle, Grandjean fut l’un des premiers artistes à parcourir de nouveau l’Italie à la fin du XVIIIe siècle et à y produire de brillants dessins. Dans cette Vue de la Via Tiburtina sous la Villa [dite] de Mécène à Tivoli, sa maîtrise est éclatante : du premier plan ensoleillé à la pénombre de la voûte en forme de tunnel.

Les scènes de genre ont continué de séduire artistes et collectionneurs tout au long du XVIIIe siècle. La Leçon de dessin d’Abraham van Strij (1753-1826), qui représente un jeune dessinateur se voyant instruire sur la façon de reproduire un moulage d’une sculpture classique, est une étude préparatoire à un panonceau à l’huile conservé au Rijksmuseum : elle témoigne de la popularité du dessin vers 1800. L’un des sommets de l’exposition est la Femme à son miroir de Nicolaas Muys (1740-1808) : avec le peintre, nous regardons par-dessus l’épaule d’une femme son reflet dans le miroir, un instant d’intimité rare. Le papier bleu sur lequel le dessin a été tracé au pinceau sur une esquisse à la pierre noire n’est absolument pas décoloré, ce qui donne à la feuille une fraîcheur prodigieuse.

Deux dessins datant d’environ 1800 ont une immédiateté et une originalité similaires : Une petite grange effondrée avec toit de chaume, près d’une maison de Simon Andreas Krausz et Le Popelingsgat à Haarlem, vu en direction de la Korte Annastraat de Hermanus van Brussel. La modernité dans le choix des sujets et la technique dont font preuve Krausz (1760-1825) et Van Brussel (1763-1815) annonce l’art plus informel du XIXe siècle.



Catalogue 
L’exposition s’accompagne de la parution d’un catalogue remarquablement documenté et rédigé avec beaucoup de soin par un groupe de spécialistes sous la direction de Stefaan Hautekeete, conservateur des dessins aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Avec l’aide des connaisseurs Robert-Jan te Rijdt et Charles Dumas, il est responsable du choix des oeuvres présentées.

Cabinet des plus merveilleux dessins Dessins néerlandais du XVIIIe siècle issus des collections des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique. Éditions Snoeck, Gand et les Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 2019.

Un livret d’exposition rédigé par Marie-Liesse Choueiry sera également disponible pour les visiteurs.