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🔊 “CrĂ©er. Dessiner pour les arts dĂ©coratifs 1500–1900” Collection du Rijksmuseum, Amsterdam, Ă  la Fondation Custodia, Paris, du 25 fĂ©vrier au 14 mai 2023

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“CrĂ©er. Dessiner pour les arts dĂ©coratifs 1500–1900” Collection du Rijksmuseum, Amsterdam

Ă  la Fondation Custodia, Paris

du 25 février au 14 mai 2023

Fondation Custodia


Interview de Reinier Baarsen, conservateur principal du mobilier, Rijksmuseum Ă  Amsterdam, et commissaire de l’exposition, par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 24 fĂ©vrier 2023, durĂ©e 20’57. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Reinier Baarsen, conservateur principal du mobilier, Rijksmuseum Ă  Amsterdam, et commissaire de l’exposition,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 24 fĂ©vrier 2023, durĂ©e 20’57.
© FranceFineArt.


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CrŽer. Dessiner pour les arts dŽcoratifs 1500Ð1900; Collection du Rijksmuseum
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CrŽer. Dessiner pour les arts dŽcoratifs 1500Ð1900; Collection du Rijksmuseum
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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 24 février 2023.

Extrait du communiqué de presse :

Projet pour un vase en acier damasquinĂ©, Atelier de PlĂĄcido Zuloaga (Madrid 1834 – 1910 Madrid) Eibar, vers 1870-1880. Graphite et lavis jaune. – 351 x 121 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2019-412.
Projet pour un vase en acier damasquinĂ©, Atelier de PlĂĄcido Zuloaga (Madrid 1834 – 1910 Madrid) Eibar, vers 1870-1880. Graphite et lavis jaune. – 351 x 121 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2019-412.
Projet pour un heurtoir, AttribuĂ© Ă  Ubaldo Gandolfi (San Matteo della Decima 1728 – 1781 Bologne) Bologne, vers 1760-1770. Plume et encre brune, lavis brun, sur un tracĂ© Ă  la pierre noire. – 287 x 200 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2015-16.
Projet pour un heurtoir, AttribuĂ© Ă  Ubaldo Gandolfi (San Matteo della Decima 1728 – 1781 Bologne) Bologne, vers 1760-1770. Plume et encre brune, lavis brun, sur un tracĂ© Ă  la pierre noire. – 287 x 200 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2015-16.
Projet pour le dĂ©cor d’un vase en porcelaine, Anatole-Alexis Fournier (SĂšvres 1864 – 1926 SĂšvres) SĂšvres, vers 1907. Pierre noire, aquarelle. – 520 x 310 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2016-32-2.
Projet pour le dĂ©cor d’un vase en porcelaine, Anatole-Alexis Fournier (SĂšvres 1864 – 1926 SĂšvres) SĂšvres, vers 1907. Pierre noire, aquarelle. – 520 x 310 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2016-32-2.
Projet pour un lustre en argent et bronze dorĂ©, Luigi Valadier (Rome 1726 – 1785 Rome), Rome, vers 1764. Plume et encre brune, sur un tracĂ© Ă  la pierre noire. – 445 x 291 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2019-9.
Projet pour un lustre en argent et bronze dorĂ©, Luigi Valadier (Rome 1726 – 1785 Rome), Rome, vers 1764. Plume et encre brune, sur un tracĂ© Ă  la pierre noire. – 445 x 291 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2019-9.
Projet pour un secrĂ©taire, Joseph Nussbaumer, Vienne, 1816. Plume et encre noire, aquarelle, sur un tracĂ© Ă  la pierre noire. – 453 x 312 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2013-52.
Projet pour un secrĂ©taire, Joseph Nussbaumer, Vienne, 1816. Plume et encre noire, aquarelle, sur un tracĂ© Ă  la pierre noire. – 453 x 312 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2013-52.
Projet pour un secrĂ©taire, Joseph Nussbaumer, Vienne, 1816. Plume et encre noire, aquarelle, sur un tracĂ© Ă  la pierre noire. – 453 x 312 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2013-52.
Projet pour un secrĂ©taire, Joseph Nussbaumer, Vienne, 1816. Plume et encre noire, aquarelle, sur un tracĂ© Ă  la pierre noire. – 453 x 312 mm. Amsterdam, Rijksmuseum, inv. RP-T-2013-52.

Commissariat :

Reinier Baarsen, conservateur principal du mobilier, Rijksmuseum Ă  Amsterdam, Pays-Bas.





La Fondation Custodia accueille du 25 fĂ©vrier au 14 mai 2023 l’exposition CrĂ©er. Dessiner pour les arts dĂ©coratifs 1500-1900. Collection du Rijksmuseum, Amsterda m.

Cet Ă©vĂ©nement se tient en parallĂšle de l’exposition Cabinet de dessins nĂ©erlandais. Le XVIIIe siĂšcle. Collection des MusĂ©es royaux des Beaux-Arts de Belgique, avec une pensĂ©e Ă©mue pour Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, disparu soudainement le 19 dĂ©cembre dernier.

SĂ©lectionnĂ©s, Ă©tudiĂ©s et explorĂ©s par Reinier Baarsen, conservateur des arts dĂ©coratifs du Rijksmuseum, prĂšs de 200 dessins d’arts dĂ©coratifs du XVIe au XIXe siĂšcle issus du musĂ©e amstellodamois sont prĂ©sentĂ©s pour la premiĂšre fois au public français.

Depuis une dizaine d’annĂ©es, le Rijksmuseum d’Amsterdam mĂšne une intensive politique d’acquisitions pour rassembler un important ensemble de dessins d’arts dĂ©coratifs. Ce groupe trĂšs spĂ©cifique entend faire le lien entre son immense fonds d’estampes d’ornement et sa fameuse collection d’objets d’art et de piĂšces de mobilier, dont l’origine remonte quant Ă  elle Ă  la fondation du musĂ©e. Ces objets – et les dessins qui les illustrent – accompagnaient le quotidien des dignitaires qui les avaient commandĂ©s, ornaient leur demeure ou des Ă©difices religieux. Ils sont aujourd’hui le tĂ©moignage du mode de vie en Europe, entre la Renaissance et l’orĂ©e du XXe siĂšcle. Si ces feuilles restent en grande partie anonymes, elles rĂ©vĂšlent parfois la main d’un artiste connu – Ă©bĂ©niste, orfĂšvre, sculpteur ou peintre – ou peuvent ĂȘtre rattachĂ©es Ă  son atelier. Erasmus Quellinus I (1584-1640), Baldassare Franceschini (1611-1690), Daniel Marot (1661-1752), Gilles-Marie Oppenord (1672-1742), Luigi Valadier (1726-1785), Jean-DĂ©mosthĂšne Dugourc (1749-1825), Albert-Ernest Carrier-Belleuse (1824-1887), EugĂšne-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879) ou RenĂ© Lalique (1860-1945) comptent parmi les grands noms reprĂ©sentĂ©s dans cette exposition.

ClassĂ©s en douze chapitres thĂ©matiques, les dessins sont interrogĂ©s sur leur relation avec les oeuvres d’art qu’ils reprĂ©sentent. Ils sont un Ă©lĂ©ment clĂ© de leur conception, de leur fabrication ou encore de leur commercialisation. Les diffĂ©rentes Ă©tapes de la crĂ©ation et de l’existence d’un objet impliquaient de nombreuses personnes : artistes concepteurs, artisans et exĂ©cutants spĂ©cialisĂ©s, mais aussi potentiels acquĂ©reurs ou commanditaires. Ces protagonistes trouvĂšrent dans les dessins un support de communication visuelle nĂ©cessaire Ă  leurs Ă©changes ou leurs nĂ©gociations. L’exposition permet ainsi de dĂ©couvrir les diffĂ©rentes fonctions de ces projets d’arts dĂ©coratifs, de cerner le rĂŽle de chacun de ces acteurs et l’usage qu’ils faisaient de ces oeuvres d’art. Pour renforcer le propos, des piĂšces d’orfĂšvrerie et de mobilier, parmi lesquelles une exceptionnelle saliĂšre hollandaise en argent du XVIIe ou un secrĂ©taire marquetĂ© parisien du XVIIIe siĂšcle (prĂȘt du Petit Palais, Paris), sont liĂ©s.



De l’esquisse à l’objet

Acte premier de mise en image d’une idĂ©e en train de naĂźtre, les dessins de conception ouvrent le parcours de l’exposition. À ce stade, l’artiste imagine, se corrige, explore diffĂ©rentes solutions et variantes afin de prĂ©ciser son projet sur le papier. L’esquisse pour un petit cadre peut-ĂȘtre destinĂ© Ă  un bĂ©nitier en argent, montre un dessinateur au travail. Encore insatisfait, celui-ci tente de clarifier certains dĂ©tails, les repassant Ă  la plume ou les rĂ©pĂ©tant sur la feuille. Le dessin est son outil de crĂ©ation. Le Projet de plat Ă  condiment en argent rĂ©vĂšle l’inventivitĂ© gĂ©niale de son auteur, probablement Johannes Lutma (1584-1669), le plus fameux orfĂšvre du XVIIe siĂšcle Ă  Amsterdam. DĂ©formant la perspective, il inclina le plateau vers l’avant pour montrer les petits compartiments qui le composent. Il offrait ainsi des informations utiles Ă  l’exĂ©cution de la piĂšce. Un grand nombre de dessins pouvaient ĂȘtre rĂ©alisĂ©s au cours du processus de crĂ©ation d’une oeuvre d’art. Les artistes annotaient les feuilles, indiquaient les Ă©chelles, les dimensions, dĂ©taillaient certains Ă©lĂ©ments. Important architecte d’origine française, actif aux Pays-Bas, Daniel Marot (1661-1752) conçut Ă©galement des dĂ©cors pour des intĂ©rieurs. Il inscrivit sur son Projet pour une table console, un trumeau et une torchĂšre de nombreuses instructions pour sa rĂ©alisation. Huit mois plus tard, il prĂ©cisa, Ă  l’aide d’une encre diffĂ©rente, les changements qui avaient Ă©tĂ© opĂ©rĂ©s lors de son installation.



Se former au dessin d’arts dĂ©coratifs

L’ébĂ©niste autrichien du XIXe siĂšcle, Joseph Nussbaumer indiquait quant Ă  lui de nombreux dĂ©tails utiles et techniques dans ses feuilles, comme la dimension des meubles, les Ă©lĂ©ments d’assemblage ou mĂȘme le sens du fil du bois. Par sa composition trĂšs structurĂ©e, prĂ©sentant le secrĂ©taire comme une vĂ©ritable architecture (plan, coupe, Ă©lĂ©vation), son dessin s’inscrit dans la tradition allemande des Meisterrisse. Ce terme dĂ©signe le projet dessinĂ© du chef-d’oeuvre qu’un aspirant Ă©bĂ©niste se devait de soumettre pour rejoindre une guilde. L’exposition s’arrĂȘte sur cette pratique qui n’était par ailleurs pas l’apanage des seuls artisans allemands : dans de nombreuses villes en Europe, plusieurs corps de mĂ©tiers Ă©taient soumis Ă  cette mĂȘme rĂšgle. MaĂźtriser l’exĂ©cution de tels dessins constituait dĂšs lors une part importante de la formation de tout artiste.



L’atelier Valadier et les commandes ecclĂ©siastiques

L’utilisation de ces feuilles, vĂ©ritables outils de l’artiste et de l’artisan, impliquait souvent leur destruction quand elles n’étaient pas prĂ©servĂ©es et transmises avec les fonds de l’atelier. Celles qui furent conservĂ©es constituent des tĂ©moignages prĂ©cieux pour notre comprĂ©hension des procĂ©dĂ©s de fabrication et d’organisation du travail au sein d’un atelier. Une section entiĂšre est consacrĂ©e aux Valadier, Ă©minente dynastie d’orfĂšvres romains au XVIIIe et XIXe siĂšcles, dont le Rijksmuseum conserve dĂ©sormais un fonds consĂ©quent de feuilles. VĂ©ritable cas d’étude, il permet de saisir toute l’importance de ces dessins et la diversitĂ© de leurs rĂŽles au sein d’un atelier. Une section entiĂšre est consacrĂ©e aux Valadier, Ă©minente dynastie d’orfĂšvres romains au XVIIIe et XIXe siĂšcles, dont le Rijksmuseum conserve dĂ©sormais un fonds consĂ©quent de feuilles. VĂ©ritable cas d’étude, il permet de saisir toute l’importance de ces dessins et la diversitĂ© de leurs rĂŽles au sein d’un atelier. Les Valadier rĂ©pondaient Ă  de nombreuses commandes pour les grandes familles de l’aristocratie romaine, pour la papautĂ© et pour des projets ecclĂ©siastiques. Luigi Valadier (1726-1785) rĂ©alisa ainsi deux lustres monumentaux pour la cathĂ©drale de Saint-Jacques de Compostelle. Le projet pour l’un d’eux est exposĂ© Ă  la Fondation Custodia. DĂ©finie avec clartĂ© et assurance, cette piĂšce est l’expression d’un style rococo majestueux. Dans toute l’Europe, jusqu’au XVIIIe siĂšcle, l’Église fut en effet un mĂ©cĂšne de premier plan pour la crĂ©ation d’oeuvres d’art. Les dessins pour des objets ecclĂ©siastiques occupent ainsi une place importante tout au long de l’exposition, et un
chapitre en particulier leur est dĂ©diĂ©. d’un atelier.




 

Des dessins collectionnés
MalgrĂ© l’aspect trĂšs pratique liĂ© Ă  leur usage, les dessins d’arts dĂ©coratifs peuvent et doivent aussi ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de vĂ©ritables oeuvres d’art. En raison de leurs qualitĂ©s esthĂ©tiques, de leur exĂ©cution parfois virtuose et de l’image idĂ©ale qu’ils pouvaient incarner, ils furent collectionnĂ©s par les amateurs autant que par les artistes qui y trouvĂšrent des modĂšles d’inspiration. Certaines feuilles Ă©taient aussi produites sans lien avec la crĂ©ation d’un objet particulier, mais pour elles-mĂȘmes, destinĂ©es Ă  sĂ©duire des amateurs cultivĂ©s, et vouĂ©es Ă  leurs collections. Elles se caractĂ©risent par un grand raffinement. Le dessin de Giovanni Battista Foggini (1651-1725) est la reprĂ©sentation d’un coffret idĂ©al, ornĂ© de panneaux en pierre dure et d’élĂ©ments sculptĂ©s en bronze dorĂ©, dans la plus pure tradition florentine du dĂ©but du XVIIIe siĂšcle. Acquise par un collectionneur anglais, la feuille servit sans doute de substitut Ă  un vĂ©ritable coffret dans sa collection. Si le dessin est dĂ©pourvu du caractĂšre prĂ©cieux de ses matĂ©riaux, il le surpasse sans doute dans sa conception.



Dessiner pour diffuser et vendre les Ɠuvres d’arts dĂ©coratifs
Le trĂšs rĂ©putĂ© Gilles-Marie Oppenord (1672-1742), architecte et ornemaniste du style rocaille crĂ©a des oeuvres pour les plus grands princes et dignitaires français et Ă©trangers. Sa virtuositĂ© de dessinateur se dĂ©ploie dans plusieurs feuilles prĂ©sentĂ©es Ă  la Fondation Custodia, telles que le splendide Projet pour une applique ou encore le Projet pour un boĂźtier d’horloge. Ce dernier dessin fut gravĂ© en contrepartie par Gabriel Huquier (1695-1772) pour une sĂ©rie de livres illustrĂ©s rassemblant des modĂšles d’objets d’arts conçus par Oppenord. Il est prĂ©sentĂ© dans une section consacrĂ©e Ă  ces feuilles prĂ©paratoires aux modĂšles gravĂ©s qui permirent une large diffusion des innovations dĂ©veloppĂ©es dans le domaine des arts dĂ©coratifs. Les modĂšles ou les projets d’orfĂšvrerie, d’objets d’art ou de mobilier Ă©taient souvent rĂ©alisĂ©s dans le but de persuader les clients d’acheter ou de commander de telles oeuvres. Ces dessins Ă©taient prĂ©sentĂ©s directement dans l’atelier ou envoyĂ©s, accompagnĂ©s d’une lettre contenant des indications complĂ©mentaires, aux potentiels acquĂ©reurs. Ils montraient les objets de la plus attrayante des maniĂšres. En effet, ceux-ci n’étaient bien souvent fabriquĂ©s que sur commande. Au XIXe siĂšcle, ce sont de vrais petits catalogues commerciaux illustrĂ©s de dessins qui se dĂ©veloppĂšrent. Deux sont d’ailleurs prĂ©sentĂ©s dans l’exposition.


Le renouveau des arts décoratifs
Le parcours accompagne le visiteur jusqu’aux derniĂšres dĂ©cennies du XIXe siĂšcle. Dans toute l’Europe, les arts dĂ©coratifs connurent alors un vĂ©ritable renouveau. Des objets du quotidien Ă©taient signĂ©s par de jeunes artistes dĂ©sireux de s’éloigner d’une production de masse, nĂ©e de la rĂ©volution industrielle, et de renouer avec l’ambition d’excellence. Leurs dessins montrent leur volontĂ© de mettre leur style individuel au service d’innovations dĂ©coratives. L’un des reprĂ©sentants les plus connus de l’Art nouveau en France fut sans doute RenĂ© Lalique (1860-1945) dont deux feuilles prĂ©paratoires Ă  des bijoux sont exposĂ©es. D’Anatole-Alexis Fournier (1864-1926) est prĂ©sentĂ© un ravissant Projet de dĂ©cor pour un vase en porcelaine, destinĂ© Ă  la manufacture de SĂšvres. Son caractĂšre presque Ă©vanescent, ses formes linĂ©aires et pures Ă©voquent pleinement la production de cette Ă©poque.

Cette exposition propose au public de dĂ©couvrir un nouvel aspect des fonctions du dessin et de son rĂŽle central dans le processus de crĂ©ation d’une oeuvre d’art. Elle s’inscrit ainsi dans la volontĂ© de la Fondation Custodia d’explorer les arts graphiques de toutes les Ă©poques et de toutes les Ă©coles, et de transmettre au plus grand nombre tant leurs qualitĂ©s d’usage que leur beautĂ© intrinsĂšque.



Catalogue
L’exposition s’accompagne d’un catalogue rĂ©digĂ© par Reinier Baarsen et publiĂ© en anglais. Outre une introduction gĂ©nĂ©rale au sujet, le propos de chaque chapitre est prĂ©sentĂ© avant d’ĂȘtre dĂ©veloppĂ© au travers de notices d’oeuvres illustrĂ©es.

Process. Design Drawings from the Rijksmuseum, 1500–1900. Rotterdam, nai010 publishers, 2022. 

Un livret d’exposition rĂ©digĂ© par Maud GuichanĂ© et Marie-Liesse Choueiry est Ă©galement disponible pour les visiteurs.