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🔊 “La pensée corps” Alexandra Bircken & Lutz Huelle, à la Fondation Pernod Ricard, Paris, du 15 novembre 2022 au 28 janvier 2023

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“La pensée corps“ 
Alexandra Bircken & Lutz Huelle

à la Fondation Pernod Ricard, Paris

du 15 novembre 2022 au 28 janvier 2023

Fondation Pernod Ricard


Interview de Claire Le Restif, commissaire de l'exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 14 novembre 2022, durée 13’09. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Claire Le Restif, commissaire de l’exposition, 


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 14 novembre 2022, durée 13’09.
© FranceFineArt.

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La pensŽe corps
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©Anne-Fréderique Fer, présentation de l’exposition, le 14 novembre 2022.

Extrait du communiqué de presse :



Alexandra Bircken, Amme (Wet nurse) (détail), 2022. 207 x 63 x 53 cm. Laine, couverture de réservoir, bois, plastique, rouleaux, métal. Courtesy de l’artiste, BQ, Berlin ; et Herald St, London. Photo : Jens Ziehe.
Alexandra Bircken, Amme (Wet nurse) (détail), 2022. 207 x 63 x 53 cm. Laine, couverture de réservoir, bois, plastique, rouleaux, métal. Courtesy de l’artiste, BQ, Berlin ; et Herald St, London. Photo : Jens Ziehe.
Lutz Huelle. Bagu portant un haut rose drapé sur un T-shirt et un pantalon « Shadow Cargo » de la collection printemps/été 2022. © Lutz Huelle. Photo : Francesco Brigida.
Lutz Huelle. Bagu portant un haut rose drapé sur un T-shirt et un pantalon « Shadow Cargo » de la collection printemps/été 2022. © Lutz Huelle. Photo : Francesco Brigida.
Alexandra et Lutz sur la plage de Mimizan, France, en vacances, en 1989. Photo: Wolfgang Tillmans.
Alexandra et Lutz sur la plage de Mimizan, France, en vacances, en 1989. Photo: Wolfgang Tillmans.
Lutz Huelle. © Lutz Huelle.
Lutz Huelle. © Lutz Huelle.
Alexandra Bircken, Doppelhaushälfte, 2021. 171 x 60 x 49 cm. Acier revêtu de poudre, cire, jambe de mannequin, branche, mai- son de poupée, vis, tête de marteau, impression numérique sur papier, peinture acrylique, pelote de laine. Courtesy de l’artiste ; BQ, Berlin; et Herald St, London. Photo : Andy Keate.
Alexandra Bircken, Doppelhaushälfte, 2021. 171 x 60 x 49 cm. Acier revêtu de poudre, cire, jambe de mannequin, branche, mai- son de poupée, vis, tête de marteau, impression numérique sur papier, peinture acrylique, pelote de laine. Courtesy de l’artiste ; BQ, Berlin; et Herald St, London. Photo : Andy Keate.
Lutz habillant Alexandra Bircken pour le défilé Printemps/Eté 2002, à Paris en Octobre 2001. Photo: David Ballu.
Lutz habillant Alexandra Bircken pour le défilé Printemps/Eté 2002, à Paris en Octobre 2001. Photo: David Ballu.

Curatrice de l’exposition : Claire Le Restif

Avec Alexandra Bircken & Lutz Huelle et la contribution de Wolfgang Tillmans





L’exposition La pensée corps met en relation le travail d’Alexandra Bircken et de Lutz Huelle, tous deux liés aux questions d’identité, d’intimité, de perméabilité et de vulnérabilité de l’être humain. Ce qui les lie, c’est un style aux formes tour à tour fracturées et assemblées, découpées et suturées, et une longue histoire d’amitié.


Cette exposition n’a pas pour enjeu les relations entre l’art et la mode, même si elles apparaissent naturellement. L’accent est mis sur les mécanismes, les gestes, la pensée du corps contemporain et l’expérience que nous en avons en tant qu’être humain. Tous deux sectionnent, fractionnent des objets et des vêtements comme autant de modèles ajustables à de nouvelles manières de vivre, de sentir et de se représenter.


Cette relation essentielle au corps et aux matériaux s’est affirmée pour Bircken et Huelle lors de leurs études au Central Saint Martins College of Art and Design de Londres dans les années 1990. Là, il et elle ont pu projeter leurs idées sur le corps-support. Pendant leur période d’apprentissage dans cette école prestigieuse, des individualités comme John Galliano, Alexander McQueen ou Hussein Chalayan étaient régulièrement invitées à intervenir. Cette période les a amené·es à définir leur identité propre en se ré-inventant comme on désire le faire à 20 ans. C’est aussi leur goût pour la musique, Culture Club et Boy George entre autres personnalités queer, qui les a incité·es à choisir Londres.


Amis depuis l’adolescence, ils ont très tôt formé une famille élective avec un troisième complice, le photographe allemand Wolfgang Tillmans, auteur de portraits cultes de Bircken et Huelle. Témoin objectif de toute une génération, il a bousculé avec vigueur les a priori, contribuant à l’émergence d’une certaine vérité sur la jeunesse, depuis le milieu des années 1990 jusqu’à aujourd’hui. Tous les trois traduisent leur époque, politiquement et sociologiquement et bousculent les archétypes. Pour La pensée corps, Wolfgang Tillmans expose un chapitre qu’il a réalisé pour la revue Pop Magazine (2019-2020) dédié à Lutz Huelle. Cet élément est très précieux car il permet d’approcher foule de détails sur le travail de Huelle, tout en étant un témoin de la relation du trio à travers les années.


Alexandra Bircken a d’abord créé sa propre marque Faridi, à une époque où Martin Margiela et Comme des Garçons déconstruisaient le vêtement. C’est en cousant, en tricotant, en fabriquant des objets non fonctionnels, pour elle-même, qu’elle a progressivement rejoint le territoire de l’art. Jörn Bötnagel et Yvonne Quirmbach, fondateur·rices de la galerie BQ à Cologne, aujourd’hui basée à Berlin, observaient assidûment leur voisine installée dans un atelier mitoyen de la galerie. Attentif·ves à cette liberté avec laquelle l’artiste autodidacte explorait précisément les possibles, iels lui proposent sa première exposition à la galerie en 2004.


Lutz Huelle a d’abord travaillé chez le designer anversois Martin Margiela, avant de lancer sa propre marque en 2000 avec son partenaire David Ballu. Il a très vite braqué son attention sur la construction de vêtements par la déconstruction, développant un style asexué. Longtemps, Bircken, avec son allure androgyne et altière, a été le mannequin fétiche des défilés de Huelle. Ce qu’il propose aux femmes et aux hommes c’est de porter des vêtements qui ne les obligent ni à se définir, ni à se contraindre à un modèle.


Cette forme de déconstructivisme est omniprésente dans le travail d’Alexandra Bircken. Chez elle, ce rapport au corps, au genre et aux matériaux se traduit par une plasticité puissante et directe. Ses œuvres mettent au jour le fonctionnement d’une chose, son intimité, sa construction ou son assemblage, qu’il s’agisse d’un vêtement, d’un organe, d’un fragment de corps, d’une moto ou d’une arme à feu. Ses expérimentations avec les matières révèlent également son intérêt pour la peau en tant qu’organe, habit, structure cellulaire, frontière vulnérable entre l’intérieur et l’extérieur.


Pour Lutz Huelle, la mode est un véritable langage. Ses vêtements déconstruisent les archétypes et mettent en avant les mutations à travers des hybrides : mi manteau-mi bomber, veste de smoking d’homme à franges rouges ultra féminines, mi pantalon de boxe mi jupe, chemise sexy à col de smoking.


Si le corps contemporain est souvent pensé en termes binaires, masculin ou féminin, martial ou vulnérable, puissant ou fragile, Bircken et Huelle proposent des représentations qui les font imploser. Lorsqu’iels expérimentent le tissage, le tressage, le noeud ou la découpe nette, iels adoptent une approche anthropologique, qui évoque leur goût pour l’ingéniosité et la multiplicité des inventions et des usages que l’être humain a développés depuis les origines pour se vêtir et se protéger.


Leur génération (la mienne aussi) est celle qui avait vingt ans lors de la chute du mur de Berlin et de la construction de l’Europe. Leurs productions n’ont pas la même finalité, tout comme les processus qui les ont façonnés, mais iels partagent une esthétique proche. Iels ont écouté la même musique, ont observé l’évolution du monde et ont pensé la vulnérabilité du corps et sa réparation. Pour elle et lui, la rue reste un lieu majeur d’inspiration où, avec acuité, iels observent et puisent des éléments injectés ensuite dans les plis de leur travail.


Claire Le Restif
, Curatrice de l’exposition

Les artistes


Alexandra Bircken.
Née en 1967 à Cologne (Allemagne). Vit et travaille à Berlin et Munich.
Alexandra Bircken est diplômée du Central St. Martins College of Art and Design à Londres (BA Fashion), où elle a enseigné entre 2000 et 2008. Depuis 2018, elle est professeure à l’Académie des Beaux-Arts de Munich. Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées, au Centre Régional d’Art Contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, Sète (2022), au Museum Brandhorst, Munich (2021) ; au KINDL – Centre for Contemporary Art, Kesselhaus, Berlin (2021-22) ; au Secession, Vienne (2019) ; au Centre de l’art contemporain d’Ivry, le Crédac ; au Museum Abteiberg, Mönchengladbach (2017) ainsi qu’au Kunstverein Hanovre (2016) et au Hepworth Museum, Wakefield (2014). Son travail a été montré lors de plusieurs expositions collectives, à la 58eme International Art Exhibition de La Biennale di Venezia (2019) ; au Folkwang Museum, Essen (2019) ; au BALTIC Centre for Contemporary Art, Gateshead ; au Frac Lorraine, Metz (2020) et au New Museum, New York (2007) notamment.

Lutz Huelle.
Né en 1966 à Remscheid (Allemagne). Vit et travaille à Paris.
Après avoir obtenu son diplôme de stylisme au Central St. Martins College of Art and Design de Londres et travaillé pendant trois ans comme styliste pour Martin Margiela, Lutz Huelle a lancé son label éponyme LUTZ HUELLE à Paris avec son partenaire David Ballu. Deux fois lauréat du prix ANDAM, le plus grand prix de la mode en France, et du prix Prêt-à-porter au GWAND de Lucerne, en Suisse, l’approche de Lutz Huelle a été décrite comme une « décontextualisation » : sortir les choses de leur contexte, réinventer des façons de porter une garde-robe classique, travailler sur la structure, le volume et l’identité. Sa façon de mélanger et d’assortir différents genres et types de vêtements – sportswear et soirée, décontracté et formel, féminin et masculin – s’est avérée prophétique et fait depuis partie intégrante du paysage de la mode. Lutz Huelle a travaillé (entre autres) comme consultant chez MaxMara Fashion Group de 2000 à 2021, chez BRIONI de 2017 à 2019, a été professeur invité au Central St Martin’s MA à Londres et est chef du département de design de mode et d’accessoires à la HEAD à Genève depuis septembre 2021.