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🔊 “Ossip Zadkine” Une vie d’ateliers, au musée Zadkine, Paris, du 11 novembre 2022 au 2 avril 2023

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“Ossip Zadkine“ Une vie d’ateliers

au musée Zadkine, Paris

du 11 novembre 2022 au 2 avril 2023

Musée Zadkine


Interview de Cécilie Champy-Vinas, directrice du musée Zadkine et co-commissaire de l'exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 novembre 2022, durée 18’15. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Cécilie Champy-Vinas, directrice du musée Zadkine et co-commissaire de l’exposition,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 10 novembre 2022, durée 18’15.
© FranceFineArt.

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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 10 novembre 2022.

Extrait du communiqué de presse :



Valentine Prax, La Musique, Vers 1925-1930. Huile sur verre, 47 x 56 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022. Photo © musée Zadkine/Paris Musées.
Valentine Prax, La Musique, Vers 1925-1930. Huile sur verre, 47 x 56 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022. Photo © musée Zadkine/Paris Musées.
Marc Vaux, Zadkine dans son atelier de la rue Rousselet, accoudé à  Formes féminines, Vers 1920. Épreuve gélatino-argentique, 24 x 17,7 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris 2022.
Marc Vaux, Zadkine dans son atelier de la rue Rousselet, accoudé à  Formes féminines, Vers 1920. Épreuve gélatino-argentique, 24 x 17,7 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris 2022.
Anonyme, Zadkine sans son atelier rue Vaugirard, en compagnie du peintre Foujita, Vers 1914. Épreuve gélatino-argentique, 11 x 16 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022.
Anonyme, Zadkine sans son atelier rue Vaugirard, en compagnie du peintre Foujita, Vers 1914. Épreuve gélatino-argentique, 11 x 16 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022.
Anonyme, Zadkine posant un maillet et un ciseau à la main, près de sa Grande porteuse d’eau en bois rue d’Assas. Vers 1928-1930. Épreuve gélatino-argentique, 16,7 x 12,2 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022. Photo © DR.
Anonyme, Zadkine posant un maillet et un ciseau à la main, près de sa Grande porteuse d’eau en bois rue d’Assas. Vers 1928-1930. Épreuve gélatino-argentique, 16,7 x 12,2 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022. Photo © DR.

Commissariat :

Cécilie Champy-Vinas, directrice du musée Zadkine

Pauline Créteur, chargée de recherches à la Bibliothèque nationale de France





Ouvert en 1982, grâce au legs de Valentine Prax, peintre et épouse du sculpteur Ossip Zadkine, le musée Zadkine célèbre cette année son quarantième anniversaire. À cette occasion, le musée présente l’exposition Ossip Zadkine. Une vie d’ateliers qui entraîne le visiteur au coeur de l’atelier des deux artistes. Près d’une centaine d’oeuvres en constitue le parcours, rassemblant une belle sélection de chefs-d’oeuvre de Zadkine, mais aussi des peintures de Prax rarement montrées et de nombreuses photographies inédites, certaines de photographes de renom tels André Kertész ou Marc Vaux. L’exposition bénéficie également d’un prêt exceptionnel du musée de Grenoble, une Tête de jeune fille, parmi les premières têtes taillées dans le marbre par Zadkine à la Ruche. Le parcours occupe l’ensemble des salles du musée dans une scénographie renouvelée, qui évoque «l’esprit d’atelier ».



Pendant quarante ans, les murs et les arbres de cette demeure ont été témoins du quotidien et de la création du couple d’artistes. Depuis quatre décennies, le musée Zadkine conserve et valorise leur oeuvre respectif, et plus particulièrement celui du sculpteur, artisan du renouveau de la sculpture au XXe siècle.



À la fois lieu physique et espace mental, autant nid, abri que poste d’observation, cette maison-atelier se déploie comme habitacle des oeuvres. Scène de la création, elle sert aussi de cadre aux mémoires de Zadkine et de Prax, et de décor aux nombreuses photographies qui font partie des archives du musée aujourd’hui.



L’exposition Ossip Zadkine. Une vie d’ateliers est l’occasion de révéler une partie de ces précieux témoignages et ainsi d’offrir au public une évocation incarnée de l’atelier des deux artistes. Dans un jeu de miroir, les photographies sont associées aux sculptures, peintures et dessins de Zadkine et de Prax, principalement issus de la collection du musée, pour faire apparaître leur lieu de vie et de création comme un tout ; car « autant qu’un morceau du monde, la maison est un monde en soi : celui que son propriétaire porte dans sa tête et qu’elle matérialise » (Mona Chollet, Chez soi : une odyssée de l’espace domestique, 2015).



Depuis les premiers ateliers que Zadkine a peuplés de ses sculptures dès son arrivée à Paris en 1910 jusqu’à l’atelier du jardin que le sculpteur s’est fait construire après-guerre, le parcours de l’exposition suit un principe chrono-thématique. Une partie introductive raconte les premiers ateliers dans lesquels Zadkine a vécu et travaillé, au coeur du quartier Montparnasse. Le second chapitre est consacré à la maison-atelier de la rue d’Assas où il s’installe en 1928 avec Valentine Prax, qu’il a épousée en 1920. La troisième et dernière partie propose de se plonger dans le processus de création et l’effervescence de la vie de l’atelier.

PUBLICATIONS

Anonyme, Zadkine posant un maillet et un ciseau à la main, près de sa Grande porteuse d’eau en bois rue d’Assas. Vers 1928-1930. Épreuve gélatino-argentique, 16,7 x 12,2 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022. Photo © DR.
Anonyme, Zadkine posant un maillet et un ciseau à la main, près de sa Grande porteuse d’eau en bois rue d’Assas. Vers 1928-1930. Épreuve gélatino-argentique, 16,7 x 12,2 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022. Photo © DR.

Ossip Zadkine. De l’atelier au musée aux Editions Paris Musées 

L’anniversaire des quarante ans du musée Zadkine est l’occasion de publier un nouveau guide des collections du musée, intitulé Ossip Zadkine. De l’atelier au musée, qui s’insère dans la collection « Chefs-d’oeuvre » de Paris Musées. Il a été conçu par un comité éditorial composé d’historiens de l’art et de conservateurs spécialistes de Zadkine, et rassemble des notices richement illustrées sur les oeuvres majeures de la collection. Il comprend également un essai sur l’histoire de la maison-atelier devenue musée et une chronologie développée, depuis la naissance d’Ossip Zadkine jusqu’à aujourd’hui.


Ossip Zadkine, Le Maillet et le ciseau : souvenirs de ma vie
aux Editions Paris Musées

La célébration des 40 ans du musée Zadkine est également l’occasion de rééditer l’autobiographie du sculpteur, parue en 1968 aux éditions Albin Michel et épuisée depuis lors.

Ossip Zadkine, Formes féminines, 1922. Lave, 78 x 43 x 16 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris,  2022.Photo ©Eric Emo /musée Zadkine/Paris Musées.
Ossip Zadkine, Formes féminines, 1922. Lave, 78 x 43 x 16 cm. Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022.Photo ©Eric Emo /musée Zadkine/Paris Musées.
Ossip Zadkine, Femme à l’oiseau, 1930. Pierre de Pouillenay, 175 x 44 x 44 cm . Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris,  2022. Photo © Eric Emo/musée Zadkine/Paris Musées.
Ossip Zadkine, Femme à l’oiseau, 1930. Pierre de Pouillenay, 175 x 44 x 44 cm . Paris, musée Zadkine. © Adagp, Paris, 2022. Photo © Eric Emo/musée Zadkine/Paris Musées.
Ossip Zadkine, Rébecca, ou La Grande porteuse d’eau, 1927. Plâtre peint, 272 x 65 x 63 cm. Paris, musée Zadkine. © ADAGP, Paris, 2022. Photo © Pierre Antoine.
Ossip Zadkine, Rébecca, ou La Grande porteuse d’eau, 1927. Plâtre peint, 272 x 65 x 63 cm. Paris, musée Zadkine. © ADAGP, Paris, 2022. Photo © Pierre Antoine.

Parcours de l’exposition



Introduction
Le sculpteur Ossip Zadkine et la peintre Valentine Prax ont passé ensemble presque quarante ans, de 1928 à 1967, dans la maison, les ateliers et le jardin de la rue d’Assas. Ce lieu, discret havre de paix au coeur de Montparnasse, est devenu en 1982 le musée Zadkine, grâce aux legs consenti à la Ville de Paris par Valentine Prax. L’épouse du sculpteur a en effet consacré les dernières années de sa vie à défendre la mémoire de Zadkine et à préserver l’atmosphère de ces ateliers où les deux artistes avaient vécu et créé une large partie de leurs oeuvres. Pour célébrer les quarante ans de l’institution, l’exposition Ossip Zadkine. Une vie d’ateliers dévoile un aspect inédit des collections du musée Zadkine : son fonds de photographies. Sa vie durant, Zadkine a posé devant l’objectif et ce sont aujourd’hui des centaines de photographies qui font partie des archives du musée. Ces clichés, tantôt anonymes, tantôt signés de grands noms de la photographie du XXe siècle, comme Marc Vaux, André Kertész ou Daniel Frasnay, révèlent le sculpteur dans l’intimité de sa maison-atelier. Dans un jeu de miroir, les photographies et les oeuvres de Zadkine et de Prax se répondent et invitent le visiteur à découvrir la genèse des sculptures emblématiques de la collection. Le parcours, chronologique, se déploie dans tout l’espace du musée et s’articule en trois temps. La première partie évoque les débuts de Zadkine, à l’époque où, encore peu connu, le sculpteur change plusieurs fois d’atelier tout en restant fidèle au quartier de Montparnasse, alors en plein essor. La deuxième partie commence en 1928, moment clé dans l’histoire de Zadkine et du musée, puisque c’est à cette date que Zadkine et Prax emménagent dans la maison de la rue d’Assas, aujourd’hui devenue le musée Zadkine. Cette partie traite de la question de l’atelier dans les années 1930-1940 : une période décisive dans la vie de Zadkine dont la notoriété prend alors son envol, tout comme celle de Prax qui poursuit au côté de son mari une carrière de peintre. La Seconde Guerre mondiale surprend les deux artistes et rebat douloureusement les cartes, puisque Zadkine, d’origine juive, est contraint à l’exil aux États-Unis tandis que Prax, restée seule en France, survit difficilement aux Arques dans le Lot, où le couple avait acquis une maison de campagne en 1934. La dernière partie, qui prend place dans l’atelier du jardin, construit dans les années 1950, évoque la période de l’après-guerre. Zadkine, rentré en France en 1945, voit alors sa réputation consacrée par de nombreux prix et expositions, et s’impose comme l’un des maîtres de la sculpture moderne. Son atelier devient un centre d’enseignement qui forme une nouvelle génération d’artistes. La disposition de l’atelier de Zadkine, bien connue grâce aux photographies et aux archives, est restituée ici grâce à une scénographie qui évoque l’esprit d’atelier. Certaines sculptures sont présentées sur des sellettes, au côté d’outils et d’objets personnels du sculpteur, rarement montrés au public, afin d’offrir au visiteur une évocation incarnée de l’atelier.

À Montparnasse, d’atelier en atelier
Né dans l’actuelle Biélorussie en 1888, Zadkine arrive en 1910 à Paris, « là où l’on devient véritablement artiste, sculpteur en particulier », comme il l’écrit dans ses mémoires intitulées Le Maillet et le ciseau (publié en 1967, l’ouvrage vient d’être réédité cette année aux éditions Paris Musées). Après un bref passage à l’École des Beaux-Arts, abandonnée au bout de six mois, Ossip Zadkine se familiarise très vite avec le quartier de Montparnasse. Il s’installe d’abord à la Ruche, la célèbre cité d’artistes fondée en 1902 par Alfred Boucher, qui hébergea, entre autres, Chagall, Soutine et Modigliani. Mais Zadkine n’apprécie guère la Ruche qu’il juge malcommode et excentrée. Dès qu’il en a les moyens, il se rapproche de l’épicentre de Montparnasse : il s’installe rue de Vaugirard dans le 15ème arrondissement en 1911, puis rue Rousselet dans le 7e arrondissement en 1913, dans l’atelier qu’il occupera jusqu’à son installation en 1928 rue d’Assas. C’est là qu’il rencontre, peu après la Première guerre mondiale, la jeune Valentine Prax, sa voisine d’atelier, qu’il épouse en 1920. Au fil de ses rencontres avec les avant-gardes et de ses déménagements d’atelier en atelier, la sculpture de Zadkine trouve son identité. Formé au travail du bois, Zadkine apprend à Paris à tailler la pierre et le marbre – matériaux nobles mais coûteux pour un jeune artiste débutant. À la Ruche et dans l’atelier de la rue Vaugirard au début des années 1910, Zadkine est donc souvent à la recherche de pierre et de bois à sculpter. Très pauvre, il travaille avec des matériaux de récupération et crée alors ses premières têtes en pierre, sculptées en taille directe. La Tête de jeune fille, exceptionnellement prêtée par le musée de Grenoble pour l’exposition, est ainsi l’un des premiers marbres réalisés par Zadkine encore conservés. Elle a sans doute été ébauchée à la Ruche, comme le rapporte Zadkine dans ses mémoires. « J’ai commencé, écrit-il, à tailler la pierre à la Ruche. Le tas de détritus, déjà évoqué, continuait à m’être source de richesses. Ainsi, une fois, y avais-je trouvé une tête en marbre à peine commencée qu’un sculpteur colérique ou déçu avait sans doute jetée. Le bloc de pierre se trouva évidemment très vite en mon « quartier de brie » [Zadkine désigne ainsi de façon ironique son atelier] pour […] devenir, quelques temps après, une tête à facettes cubistes. Cette tête reste, sans doute, le premier témoignage de l’intérêt que j’avais commencé à porter à la peinture cubiste. » Rares sont les photographies qui gardent la mémoire des premiers ateliers occupés par Zadkine à Montparnasse. L’une des plus anciennes de la collection a probablement été prise vers 1912, à la Ruche ou rue de Vaugirard. Sur cette photographie, on aperçoit, posées sur des sellettes, plusieurs têtes en pierre en train d’être taillées, qui ne sont pas sans rappeler la Tête de jeune fille en marbre acquise par le musée de Grenoble en 1921. Une autre photographie montre l’artiste quelques années plus tard, dans son atelier de la rue de Vaugirard, en compagnie du peintre Foujita dont Zadkine était proche (Foujita sera le témoin de son mariage avec Valentine Prax en 1920). L’atelier de la rue Rousselet, plus vaste et plus lumineux, a été davantage photographié : en 1922, c’est rue Rousselet que Zadkine pose, accoudé à sa sculpture Formes féminines, devant l’objectif de Marc Vaux. Comme nombre d’artistes de Montparnasse, Zadkine entretient en effet des liens étroits avec celui que l’on surnomme le « photographe des peintres », spécialiste de la photographie d’atelier. C’est à Marc Vaux que l’on doit certains des plus beaux tirages de la collection du musée Zadkine. L’exposition entend également rendre hommage à Valentine Prax, l’épouse d’Ossip Zadkine et la fondatrice du musée, qui, bien qu’elle soit aujourd’hui moins connue que son mari, n’en a pas moins fait une vraie carrière d’artiste. Plusieurs de ses peintures sont ainsi présentées dans l’exposition, au côté des sculptures de Zadkine. L’une des plus belles est peut-être La Musique, une huile sur verre aux couleurs éclatantes. Lorsqu’elle réalise cette peinture, dans le courant des années 1920, Valentine Prax est une artiste reconnue, dont les oeuvres se vendent alors mieux, parfois, que celles de Zadkine. La grande originalité de cette oeuvre émane de sa technique, la peinture sur verre, avec laquelle Valentine Prax a eu beaucoup de succès. Elle explique dans ses mémoires (Avec Zadkine. Souvenirs de notre vie, 1973) qu’« était présentée à l’amateur la face du verre opposée à celle qui supportait la peinture ; au travers de la vitre la couleur restait fraîche et étonnamment lumineuse. »

La folie d’Assas
En 1928, Prax et Zadkine s’installent dans la maison-atelier de la rue d’Assas devenue aujourd’hui le musée Zadkine. Zadkine s’enthousiasme de suite pour sa « folie d’Assas » : le lieu, calme et niché dans la verdure, n’en est pas moins idéalement situé, à deux pas de l’effervescence de Montparnasse. Il s’agit d’une ancienne dépendance d’un couvent, convertie en maison particulière à la fin du XIXe siècle, à laquelle ont été accolés deux grands ateliers, reconnaissables à leurs larges baies vitrées. Zadkine avait repéré la maison de longue date, mais il n’avait pu s’y installer plus tôt, faute d’argent pour payer le premier terme du loyer. On comprend alors son enthousiasme lorsqu’en 1928, la vente d’une sculpture lui apporte l’argent nécessaire pour emménager dans cette maison. Zadkine et Prax apprécient tout particulièrement le jardin de la maison, qui donne au lieu une atmosphère bucolique et qui comble leur goût pour la nature et les animaux. Le sculpteur n’hésite pas à y entreposer des œuvres et parfois même à y travailler. C’est ainsi dans le jardin que Zadkine pose, le maillet et le ciseau à la main, au côté de La Femme à l’oiseau, l’une de ses oeuvres majeures, réalisée en 1930 pour son ami américain Steven Greene, qui la destinait au décor du parc de son hôtel particulier parisien. Plusieurs photographies, dont beaucoup sont dues à Marc Vaux, montrent l’aspect de l’atelier de la rue d’Assas dans les années 1930. Sur l’une d’entre elles, Zadkine est juché sur un escabeau, au côté d’une grande sculpture en bois intitulée Rebecca ou La Grande Porteuse d’eau. Cette sculpture, dont le musée conserve la version en plâtre polychrome, est emblématique de l’évolution du style de Zadkine à cette période, qui s’intéresse alors aux thèmes antiques et bibliques. Les années 1930 constituent une période particulièrement riche, tant pour Zadkine que Prax. Les deux artistes enchaînent les commandes et les expositions, en France comme à l’étranger, notamment en Belgique, aux Pays-Bas et aux États-Unis où Zadkine expose pour la première fois en 1937. À cette même période, le couple fait l’acquisition d’une maison et d’une grange dans le village des Arques (Lot) qui devient un second atelier. Les oeuvres voyagent de Paris aux Arques ou des Arques à Paris. Mais l’impulsion créatrice du couple connaît un coup d’arrêt avec la Seconde Guerre mondiale. D’origine juive, Zadkine prend la difficile décision de s’exiler aux États-Unis, tandis que Prax se réfugie aux Arques. À New York, le sculpteur a l’impression de retrouver la précarité de ses débuts et refait sa vie loin de son épouse. Quelques oeuvres importantes naîtront cependant au cours de cette période tragique, comme La Prisonnière dont on aperçoit la maquette au centre d’une vue de son atelier new yorkais. De retour en France en 1945, Zadkine ne parvient à retrouver sa maison atelier de la rue d’Assas qu’au prix d’un long procès avec les locataires qui l’avait occupée pendant la guerre. Le conflit marque durablement la création de Zadkine : l’artiste s’intéresse alors à des sujets monumentaux, qui incarnent tout à la fois la destruction de l’humanité mais également sa perpétuelle renaissance. Les formes deviennent plus abstraites et inspirées par le monde végétal. C’est alors que naissent certaines de ses oeuvres les plus emblématiques, comme La Forêt humaine et La Ville détruite, dont le monument sera inauguré en 1953 à Rotterdam.

Vivre et travailler dans l’atelier
Dans les années 1950-1960, Zadkine est désormais reconnu sur la scène internationale comme l’un des grands sculpteurs de sa génération. En 1950, il reçoit le grand prix de sculpture à la biennale de Venise et les expositions consacrées à son oeuvre se multiplient partout dans le monde. Zadkine se fait connaître également grâce l’enseignement : le sculpteur dirige la classe de sculpture à l’Académie de la Grande Chaumière à partir de 1946 et en 1948, il ouvre sa propre école, The Ossip Zadkine Studio of Modern Sculpture and Drawing. Ses cours y obtiennent un grand succès et attirent des élèves venus du monde entier, comme Marta Colvin qui vient du Chili ou Alicia Penalba, originaire d’Argentine. Amis, élèves et admirateurs se pressent alors dans ses ateliers de la rue d’Assas et du quartier Notre-Dame-des-Champs, où Zadkine les accueille chaleureusement. Plusieurs photographies montrent Zadkine au milieu de ses élèves : elles gardent le souvenir de cet enseignement de la sculpture, auquel l’artiste se consacra avec ferveur jusqu’au début des années 1960. Elles font écho au livre de souvenirs rédigés par l’un des élèves de Zadkine, Gaston-Louis Marchal, qui s’intitule Avec Zadkine. Vers 1950, le sculpteur fait construire dans son jardin un nouvel atelier vaste et lumineux. S’y accumulent des oeuvres qui se mêlent aux objets du quotidien, dont certains sont encore conservés au musée, comme les livres de la bibliothèque personnelle de Zadkine, son accordéon ou sa collection de pipes. Dans l’atelier du jardin prend place à l’occasion de l’exposition une évocation de l’atelier de Zadkine. Des outils du sculpteur, posés sur une ancienne table de travail, et un bois inachevé, permettent de mieux comprendre le processus de création d’un artiste qui grâce à sa formation de menuisier-ébéniste, maîtrisait parfaitement son « métier ». Ainsi le musée Zadkine, inauguré en 1982, grâce au legs de Valentine Prax, redevient, le temps d’une exposition, la maison-atelier qu’il était du vivant du sculpteur.