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“Face au Soleil“ Un astre dans les arts

au musée Marmottan Monet, Paris

du 21 septembre 2022 au 29 janvier 2023

musée Marmottan Monet


Interview de Marianne Mathieu, directrice scientifique du musĂ©e Marmottan Monet et co-commissaire de l'exposition, par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 20 septembre 2022, durĂ©e 8’41. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Marianne Mathieu, directrice scientifique du musĂ©e Marmottan Monet et co-commissaire de l’exposition,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 20 septembre 2022, durĂ©e 8’41.
© FranceFineArt.

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Face au Soleil : un astre dans les arts
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©Anne-Fréderique Fer, vernissage presse, le 20 septembre 2022.

Extrait du communiqué de presse :

 

Arthur G. Dove, Soleil rouge, 1935. Huile sur toile, 51,4 x 71,1 cm. Washington, The Phillips Collection. © Washington, courtesy The Phillips Collection.
Arthur G. Dove, Soleil rouge, 1935. Huile sur toile, 51,4 x 71,1 cm. Washington, The Phillips Collection. © Washington, courtesy The Phillips Collection.
Albert Trachsel, Soleil, 1909. Huile sur toile, 57 x 73 cm. République et Canton du Jura, Collection jurassienne des beaux-arts.
Albert Trachsel, Soleil, 1909. Huile sur toile, 57 x 73 cm. République et Canton du Jura, Collection jurassienne des beaux-arts.
Valdemar SchÞnheyder MÞller, Coucher de soleil, Fontainebleau, c. 1900. Huile sur toile, 116,2 x 88,3 cm. SKM, National Gallery of Danemark. © SKM Photo / Jakob Skou-Hansen.
Valdemar SchÞnheyder MÞller, Coucher de soleil, Fontainebleau, c. 1900. Huile sur toile, 116,2 x 88,3 cm. SKM, National Gallery of Danemark. © SKM Photo / Jakob Skou-Hansen.
Charles Marie Dulac, Soleil levant à Assise, 1897. Huile sur toile, 38 x 46 cm. Collection Lucile Audouy. © Collection Lucile Audouy, photo Thomas Hennocque.
Charles Marie Dulac, Soleil levant à Assise, 1897. Huile sur toile, 38 x 46 cm. Collection Lucile Audouy. © Collection Lucile Audouy, photo Thomas Hennocque.
Claude Monet, Impression, soleil levant, 1872. Huile sur toile, 50 cm x 65 cm. Paris, musée Marmottan Monet. © musée Marmottan Monet, Paris / Christian Baraja SLB.
Claude Monet, Impression, soleil levant, 1872. Huile sur toile, 50 cm x 65 cm. Paris, musée Marmottan Monet. © musée Marmottan Monet, Paris / Christian Baraja SLB.
Caspar David Friedrich, Matin de Pùques, c. 1828/1835. Huile sur toile, 43,7 x 34,4 cm. Madrid, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid. © Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid.
Caspar David Friedrich, Matin de Pùques, c. 1828/1835. Huile sur toile, 43,7 x 34,4 cm. Madrid, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid. © Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, Madrid.
William Turner, The Sun Setting Through Vapour, c. 1809. Huile sur toile, 69,2 x 101,6 cm. The Barber Institute of Fine Arts, University of Birmingham. © The Henry Barber Trust, The Barber Institute of Fine Arts, University of Birmingham.
William Turner, The Sun Setting Through Vapour, c. 1809. Huile sur toile, 69,2 x 101,6 cm. The Barber Institute of Fine Arts, University of Birmingham. © The Henry Barber Trust, The Barber Institute of Fine Arts, University of Birmingham.

Commissariat :

Marianne Mathieu, directrice scientifique du musée Marmottan Monet, Paris

Dr. Michael Philipp, conservateur en chef au musée Barberini, Potsdam

Une exposition du musée Marmottan Monet, à Paris et du Museum Barberini, à Potsdam.






Le 13 novembre 1872, Claude Monet peignait depuis la fenĂȘtre de son hĂŽtel au Havre, une vue du port par la brume. ExposĂ©e deux ans plus tard sous le titre Impression, soleil levant (1872, Paris, musĂ©e Marmottan Monet) l’oeuvre inspire au critique Louis Leroy le terme d’Impressionnistes et donne son nom au groupe formĂ© par Monet et ses amis.


En 2022, le musĂ©e Marmottan Monet cĂ©lĂšbre les 150 ans du fleuron de ses collections, Impression, soleil levant et lui rend hommage Ă  travers l’exposition « Face au Soleil, un astre dans les arts » du 21 septembre 2022 au 29 janvier 2023.


Albrecht DĂŒrer, Luca Giordano, Pierre-Paul Rubens, Claude GellĂ©e dit « Le Lorrain », Joseph Vernet, Mallord William Turner, Gaspar David Friedrich, Gustave Courbet, EugĂšne Boudin, Camille Pissarro, Paul Signac, AndrĂ© Derain, Maurice Denis, FĂ©lix Vallotton, Laurits Tuxen, Edvard Munch, Otto Dix, Otto Freundlich, Sonia Delaunay, Vladimir Baranov-RossinĂ©, Joan MirĂł, Alexandre Calder, Otto Piene, GĂ©rard Fromanger et Vicky Colombet sont quelques-uns des maĂźtres rĂ©unis pour cĂ©lĂ©brer le plus illustre lever de soleil de l’histoire de l’art.


53 prĂȘteurs, prĂšs d’une centaine d’oeuvres retracent l’histoire de la reprĂ©sentation du soleil dans les arts depuis l’AntiquitĂ© jusqu’à nos jours. Un rare ensemble de dessins, peintures, photographies et instruments de mesure provenant de l’Observatoire de Paris illustre les dĂ©veloppements de l’astronomie Ă  travers les siĂšcles et sont mises en rĂ©sonance avec l’évolution de la peinture de paysage et d’atmosphĂšre.


Orbe rouge chez les Égyptiens, figure masculine dĂ©nommĂ©e HĂ©lios, Apollon, PhĂ©bus en GrĂšce puis Ă  Rome, le soleil-dieu de l’antiquitĂ©, incarnation d’un indispensable Ă©lan vital ouvre le parcours de l’exposition. Plaque d’ivoire, prĂ©cieuses enluminures, exceptionnels tarots, peintures du Moyen Âge et de la Renaissance suivent et rendent compte d’un autre soleil. Lorsqu’un seul Dieu suffit Ă  rĂ©gner sur l’occident chrĂ©tien, l’astre perd de son importance. Le soleil n’est plus crĂ©ateur, mais crĂ©ation du Dieu fait homme (Bible sacrĂ©e, La crĂ©ation du Ciel et de la Lune). Sa reprĂ©sentation, ramenĂ©e Ă  un cercle Ă  visage humain, se fait rare et, avec son complĂ©ment la lune, cantonne par exemple les illustrations de la crucifixion (Anonyme, MaĂźtre de Valence, Crucifixion, 1450/1460, musĂ©e Thyssen Bornemisza, Madrid).


Les chutes d’Icare ou de PhaĂ©ton dĂ©crites au XVIIe par l’Italien Saraceni (MusĂ©e Capodimonte, Naples) et le nĂ©erlandais Goltzius (BNF, Paris), au XVIIIe par le français Henri-Antoine de Favanne (musĂ©e des beaux-arts, Tours) tĂ©moignent de la pĂ©rennitĂ© des thĂšmes mythologiques devenus l’apanage des grands souverains au premier rang desquels le Roi Soleil, Louis XIV. Le monarque qui fait dĂ©peindre le triomphe du Char d’Apollon dont Le lever du Soleil (Charles de La Fosse, musĂ©e des beaux-arts, Rouen), pour orner les appartements du Roi Ă  Versailles fonde, en 1667 l’Observatoire Astronomique de Paris, haut lieu de la recherche scientifique. La figure de l’astronome reprĂ©sentĂ©e ici par une peinture de Luca Giordano (musĂ©e des beaux-arts, ChambĂ©ry) s’impose Ă  la suite de Copernic. En dĂ©montrant que la terre tourne sur elle-mĂȘme et autour du soleil (et non l’inverse), le savant est Ă  l’origine d’une vĂ©ritable rĂ©volution qui n’est pas sans lien avec la vie des arts. La soif de reprĂ©senter le monde tel qu’il est, trouve un Ă©cho dans l’émergence et les dĂ©veloppements de la peinture de paysage. Le thĂšme d’une nature au soleil, levant ou couchant, se dĂ©veloppe. Les oeuvres Pierre-Paul Rubens (musĂ©e du Louvre, Paris), Claude GellĂ©e dit Le Lorrain (musĂ©e du Louvre, Paris), Joseph Vernet (Dulwich Picture Gallery, Londres), William Turner, Caspar David Friedrich, Gustave Courbet, EugĂšne Boudin retracent cette Ă©volution dont Impression, soleil levant de Claude Monet apparait comme l’un des sommets.


Les annĂ©es 1880-1914 marquent une nouvelle Ă©tape. À la science de l’observation qu’est l’astronomie s’ajoute celle de l’astrophysique qui permet d’étudier la nature physique des objets cĂ©lestes. Ces dĂ©veloppements scientifiques majeurs, largement retranscrits par la presse de l’époque, permettent de mieux connaĂźtre le soleil dont on dĂ©couvre la composition chimique. Le soleil devient un sujet d’étude Ă  part entiĂšre et un thĂšme en soi pour les artistes. On ne peint plus seulement un paysage dominĂ© au loin par l’astre, mais l’astre lui-mĂȘme selon un cadrage serrĂ©. Chaque mouvance offrant une vision qui lui est propre : naturaliste et harmonieuse chez les nordiques Valdemar SchĂžnheyder MĂžller, Laurits Tuxen, Anna Ancher ; symboliste chez FĂ©lix Vallotton ; poĂ©tique chez le fauve AndrĂ© Derain, l’orphiste Delaunay ou le futuriste Wladimir Baranov-RossinĂ© ; expressionniste voire tragique chez Albert Trachsel, Otto Dix et Edvard Munch



Vers 1920, une nouvelle rĂ©volution – la thĂ©orie de la relativitĂ© gĂ©nĂ©rale d’Einstein qui Ă©tablit que l’univers est en perpĂ©tuel expansion – interrompt le face Ă  face des artistes avec le soleil. Les poĂ©tiques constellation de MirĂł et les stabiles de Calder rendent compte de cette dilatation de l’espace. Dans cette immensitĂ© en perpĂ©tuelle croissance, le soleil n’est plus qu’une modeste Ă©toile : toujours Ă©blouissante chez Richard Warren Poussette-Dart, promise Ă  disparaĂźtre chez Piene. L’Impression soleil levant, 2019 de GĂ©rard Fromanger s’inscrit dans cette lignĂ©e et renouvelant depuis l’espace le point de vue proposĂ© par Monet il y 150 ans, clĂŽture l’exposition.

Joachim von Sandrart, Allégorie du jour, 1643. Huile sur toile, 148 x 123 cm. Schleissheim, Bayerische StaatsgemÀldesammlungen, Staatsgalerie im Neuen © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais/image BStGS.
Joachim von Sandrart, Allégorie du jour, 1643. Huile sur toile, 148 x 123 cm. Schleissheim, Bayerische StaatsgemÀldesammlungen, Staatsgalerie im Neuen © BPK, Berlin, Dist. RMN-Grand Palais/image BStGS.
Soleil sur la ville, Splendor Solis, traitĂ© d’alchimie, XVIe siĂšcle. Folio 35 v – Manuscrit en VĂ©lin, 50 feuillets, 30,8 x 22 x 3,8 cm. Paris, BibliothĂšque nationale de France, dĂ©partement des Manuscrits. © Paris, BibliothĂšque nationale de France.
Soleil sur la ville, Splendor Solis, traitĂ© d’alchimie, XVIe siĂšcle. Folio 35 v – Manuscrit en VĂ©lin, 50 feuillets, 30,8 x 22 x 3,8 cm. Paris, BibliothĂšque nationale de France, dĂ©partement des Manuscrits. © Paris, BibliothĂšque nationale de France.
StĂšle funĂ©raire cintrĂ©e au nom de la dame Tahy, VIIe - VIe siĂšcles av. J.-C. Bois, stuc et pigments polychromes, 24.7 cm x 20.5 cm x 2.2 cm. GenĂšve, Fondation Gandur pour l’Art. © Fondation Gandur pour l’Art, GenĂšve. AndrĂ© Longchamp.
StĂšle funĂ©raire cintrĂ©e au nom de la dame Tahy, VIIe – VIe siĂšcles av. J.-C. Bois, stuc et pigments polychromes, 24.7 cm x 20.5 cm x 2.2 cm. GenĂšve, Fondation Gandur pour l’Art. © Fondation Gandur pour l’Art, GenĂšve. AndrĂ© Longchamp.

Parcours de l’exposition

 



En 2014-2015, ici-mĂȘme, les travaux rĂ©unis d’historiens, d’historiens de l’art et d’astrophysiciens ont permis de rĂ©vĂ©ler de nombreux dĂ©tails concernant l’histoire d’un des chefs d ’oeuvres du musĂ©e Marmottan Monet, l’Impression, soleil levant de Claude Monet. Parmi les multiples dĂ©couvertes qui jalonnaient l’histoire de ce tableau, la premiĂšre Ă©tait celle de la date de sa rĂ©alisation qui Ă©tait demeurĂ©e jusqu’alors hypothĂ©tique. La conclusion Ă©tait on ne peut plus prĂ©cise : cette peinture avait vu le jour le 13 novembre 1872, il y a donc exactement cent cinquante ans. Afin de cĂ©lĂ©brer cet anniversaire, des scientifiques d’horizons variĂ©s ont Ă  nouveau Ă©tĂ© rĂ©unis et livrent aujourd’hui, dans cette exposition originale, une mise au point sur l’évolution de la pensĂ©e humaine face au soleil. Leurs conclusions sur l’évolution des connaissances, depuis la plus haute antiquitĂ©, s’étendent Ă  la maniĂšre dont les artistes ont fait ces dĂ©couvertes, les ont transposĂ©es et continuent de se placer face au soleil.

ANTIQUITÉ
Les textes, les images, les objets que nous ont lĂ©guĂ©s les civilisations antiques ou les plus reculĂ©es, font du soleil le dieu « crĂ©ateur ». C’est, en effet, la rĂ©gularitĂ© attendue de ses cycles, cette alternance d’apparitions et de disparitions journaliĂšres ou saisonniĂšres dans une barque ou sur un char sur lequel prennent place les dieux dĂ©miurges, qui fait vivre et doit faire revivre Ă©ternellement la nature et l’homme. Ce rĂŽle, que tout un clergĂ© entretient et dĂ©veloppe, est repris par les artistes de deux maniĂšres. En premier lieu, par la prĂ©sence physique dominatrice de l’astre ou de son symbole, qui darde ses rayons – rayons qui deviendront des mains dispensatrices dans le monde amarnien – comme autant de promesses de santĂ© et de rĂ©coltes abondantes. Ensuite, par ses couleurs. L’identification colorĂ©e du soleil n’est pas, en effet, uniforme ; elle peut ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e par l’or, mĂ©tal rare, prĂ©cieux et aux vertus magiques, mais aussi par le rouge du sang, ce fluide vital de l’ĂȘtre humain.

LES PREMIERS SIÈCLES
Avec les religions du Livre, le statut du soleil va se trouver modifiĂ©. En effet, de crĂ©ateur il devient « créé » comme le dit la GenĂšse qui fixe au quatriĂšme jour la crĂ©ation du soleil et de son pendant nocturne, la lune, symbole du froid et de l’obscur. Ainsi se trouvait introduit un astre qui n’avait jusqu’alors tenu qu’un rĂŽle mineur et limitĂ©. Ainsi se trouvait aussi modifiĂ©e la place que l’astre du jour allait se voir confiĂ©e par les artistes : il quittait dĂ©sormais sa position centrale et dominatrice pour ĂȘtre installĂ© plus bas dans la composition et sur une ligne qui allait l’opposer Ă  la lumiĂšre nocturne, rĂ©duite Ă  seulement le dernier quart de l’astre. De cette dualitĂ© ne tarderait pas Ă  naĂźtre et Ă  s’opposer le paradis resplendissant de lumiĂšre et de bonheur et l’enfer regorgeant d’ombre et de terreur. L’intĂ©rĂȘt pour le ciel et les phĂ©nomĂšnes qu’on peut y observer se dĂ©veloppe Ă  la Renaissance et, bientĂŽt, au-delĂ  du soleil et de la lune, ce sont tous les astres que les artistes commencent Ă  convoquer.

DU GÉOCENTRISME À L’HÉLIOCENTRISME
À partir du dĂ©but du XVIe siĂšcle, le repĂ©rage pragmatique de l’apparition et de la disparition des astres a permis Ă  ces nouveaux scientifiques que sont les astronomes, de les lier Ă  certains phĂ©nomĂšnes naturels rĂ©currents et Ă  reconsidĂ©rer la place de l’homme dans l’univers. Si, pendant des siĂšcles Ă  la suite du gĂ©ographe PtolĂ©mĂ©e, on avait considĂ©rĂ© que la terre Ă©tait le pivot du monde autour duquel se mouvaient astres et planĂštes, des recherches scientifiques permettent Ă  Nicolas Copernic, en particulier, d’affirmer que c’est, en fait, le soleil qui occupe le centre de l’univers et, qu’autour de lui, tout tourne. Du gĂ©ocentrisme, la science passe Ă  l’hĂ©liocentrisme qu’illustrent de nombreuses publications. Ce soleil « scientifique » voit le jour au moment oĂč, dans le domaine de l’art, le paysage prend son essor. Nombreux sont les artistes, de Rubens au Lorrain ou Ă  Vernet, qui lui donnent dĂ©sormais une place centrale tout en l’insĂ©rant dans des reprĂ©sentations mĂ©tĂ©orologiques jusqu’alors inusitĂ©es.

PERMANENCE DES MYTHES
Le XVIIe siĂšcle va ĂȘtre celui du soleil « confisquĂ© » quand des souverains de droit divin, passionnĂ©s d’astronomie, vont s’identifier Ă  l’astre cĂ©leste et vouloir occuper sa place prééminente au sein de la sociĂ©tĂ©. Ils vont, pour cela, convoquer toutes les rĂ©fĂ©rences antiques, en particulier apolliniennes, et les confier Ă  leurs artistes qui vont multiplier les rĂ©fĂ©rences solaires dans tous les arts. A la demande de ces souverains, l’astre du jour ou ses manifestations vont rĂ©gner aux nouveaux plafonds des palais mais vont se glisser aussi dans des formes artistiques plus inattendues. Par exemple lorsqu’il fallut, dessiner le costume royal de Louis XIV pour le Ballet royal de la nuit, de 1653 qui se terminait par l’arrivĂ©e du souverain en « Soleil levant ». La sculpture emboĂźtera le pas, puis, la numismatique, plus modeste mais plus convaincante par sa facilitĂ© de circulation, sans compter les arts dĂ©coratifs oĂč le visage rayonnant de l’astre va devenir omniprĂ©sent.

ACADÉMIE
Si Louis XIV a mis le soleil Ă  son service, il a aussi mis les Ă©rudits de son temps au service d’un soleil « mĂ©moriel ». C’est Ă  lui que la France doit, en 1666, la crĂ©ation de l’AcadĂ©mie royale des Sciences et de l’Observatoire de Paris oĂč le souverain n’hĂ©site pas Ă  appeler les plus cĂ©lĂšbres astronomes europĂ©ens tel le cĂ©lĂšbre Giovanni Domenico Cassini, de l’universitĂ© de Bologne, ou le vĂ©nitien Vincenzo Coronelli, l’auteur des gigantesques globes cĂ©lestes et terrestres offerts au roi, en 1683. Les Ă©tudes et les instruments de mesure ou d’enseignement se multiplient et se complexifient dĂšs lors. Des rĂ©pertoires sont alors constituĂ©s dans lesquels sont portĂ©s toutes les informations qui alimentent une importante production imprimĂ©e. Les artistes sont aussi appelĂ©s Ă  coopĂ©rer qui doivent fournir les illustrations des grands Ă©vĂ©nements cĂ©lestes majeurs telle l’éclipse lunaire du 21 novembre 1714, date Ă  laquelle la terre s’interposa entre le soleil et la lune, les trois astres Ă©tant alignĂ©s.

ROMANTISME
À la fin du XVIIIe siĂšcle et plus encore au dĂ©but du suivant, une scission s’établit entre recherches scientifiques et esthĂ©tiques. Tandis que le matĂ©riel qui permet les Ă©tudes solaires se complexifie et que les rĂ©sultats ne concernent plus qu’un nombre restreint de spĂ©cialistes, un soleil « mystique » apparait qui suit un autre chemin dans la peinture. Son apparition est toujours liĂ©e Ă  celle du paysage mais, dĂ©sormais, il n’est plus le simple faire-valoir d’un coin de nature mais l’expression d’une relation particuliĂšre de l’homme avec l’infini. Sa place, tout comme les variations de son intensitĂ©, souvent noyĂ©e dans un autre phĂ©nomĂšne naturel tel que le brouillard, vise Ă  exprimer et Ă  faire ressentir une Ă©motion spirituelle. Ce nouveau soleil, tout imprĂ©gnĂ© de littĂ©rature romantique et de sens du sublime, rĂ©vĂšle l’état d’ñme dans lequel baignent les quelques minuscules modĂšles qu’on voit avancer sur le chemin d’un destin inconnu, enfants de Goethe imaginĂ©s par Caspar David Friedrich.

NÉO ET SUIVANTS
Pendant longtemps la lumiĂšre qui baignait les compositions peintes rĂ©pondait Ă  des critĂšres formalisĂ©s de longue date. Les curieux du XIXe siĂšcle se livrĂšrent trĂšs tĂŽt Ă  des recherches empiriques puis scientifiques sur les origines et les formes de la lumiĂšre. Le TraitĂ© des couleurs de Goethe, les expĂ©riences sur l’élĂ©mentarisation des couleurs de Turner vont, parmi d’autres, fournir le socle de la thĂ©orie des lois optiques de la couleur de Michel EugĂšne Chevreul, qu’on pourrait aussi dĂ©finir comme la formalisation d’un soleil « des complĂ©mentaires ». C’est fort de la connaissance de ces diffĂ©rentes approches que Georges Seurat, le premier, va avoir l’idĂ©e d’une nouvelle approche picturale fondĂ©e sur la division systĂ©matique du ton que le critique FĂ©lix FĂ©nĂ©on nommera « nĂ©o-impressionniste ». Disparu en 1891, Seurat laisse ses principes Ă  son ami Paul Signac qui les fait Ă©voluer et assiste bientĂŽt Ă  leur transformation, par exemple sous le pinceau d’AndrĂ© Derain.

ENTRE NATURALISME ET SYMBOLISME
Le dernier quart du XIXe siĂšcle voit se succĂ©der deux mouvements que tout oppose. Le premier, le naturalisme, emprunte Ă  la tradition, Ă  l’impressionnisme, Ă  la photographie et au japonisme, pour Ă©voquer un Ăąge d’or des campagnes et des villes, un monde en voie de disparaĂźtre. Le second, le symbolisme, rĂ©cuse tout ce qui peut relever du quotidien et se veut peinture de l’ñme. On retrouve Ă  cette pĂ©riode l’antagonisme qui avait pu opposer le rĂ©alisme et le romantisme, un art qui parlait de matiĂšre et un autre qui faisait rĂ©fĂ©rence Ă  l’esprit. Si le soleil qui veille sur le premier se fait volontiers « modeste », le second s’impose par sa place, sa couleur et par son irradiation : il devient « envahissant » et la nature lui semble soumise tout entiĂšre, la dĂ©fense du principe vital s’imposant une derniĂšre fois au moment oĂč la science reconsidĂšre l’objet-soleil.

RIEN QUE LE SOLEIL
Cet envahissement du champ pictural repĂ©rable Ă  la fin du xixe siĂšcle s’exacerbe encore au dĂ©but du siĂšcle suivant. Le soleil « unique » interprĂ©tĂ© au grĂ© des diffĂ©rents courants qui se succĂšdent, devient le seul sujet qui envahit toute la surface de la toile. IntĂ©grant les derniĂšres dĂ©couvertes astronomiques, l’astre circulaire qui avait longtemps prĂ©valu se dĂ©forme et se transforme, il se trouve dĂ©sormais accompagnĂ© des ondes que la recherche lui a associĂ©es et d’un environnement en devenir.

LE SOLEIL, UNE ÉTOILE PARMI TANT D’AUTRES
Ce devenir annoncĂ© dans la section prĂ©cĂ©dente prendra la forme d’une thĂ©orie rĂ©volutionnaire, celle de la relativitĂ© gĂ©nĂ©rale. En effet, depuis 1915, et la publication, par Albert Einstein, de ses recherches, il s’avĂšre que l’espace et le temps sont liĂ©s, le temps formant une quatriĂšme dimension. Tous deux ne sont pas absolus et peuvent ĂȘtre dĂ©formĂ©s d’oĂč il s’ensuit que dans l’univers en expansion, le soleil n’est plus qu’une modeste Ă©toile pĂ©riphĂ©rique. A charge aux artistes d’entrer dans cette dimension supplĂ©mentaire que le temps, mĂȘme instable, finira bien par leur rĂ©vĂ©ler.

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