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🔊 “Pouvoir et prestige” Art des massues du Pacifique, au musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris, du 8 juin au 25 septembre 2022

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“Pouvoir et prestige“
Art des massues du Pacifique

au musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris

du 8 juin au 25 septembre 2022

musée du quai Branly



Interview de Stéphanie Leclerc-Caffarel, commissaire associée de l’exposition, responsable de collections Océanie au musée du quai Branly – Jacques Chirac, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 juin 2022, durée 17’32. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Stéphanie Leclerc-Caffarel, commissaire associée de l’exposition, responsable de collections Océanie au musée du quai Branly – Jacques Chirac,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 7 juin 2022, durée 17’32.
© FranceFineArt.

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Pouvoir et prestige.; Art des massues du Pacifique
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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 7 juin 2022.

Massue. Légende: Lil-lil, Milieu du 19è siècle, Bois sculpté, 63 x 15 x 1.5 cm. Océanie, Candidat/Australie. N° inventaire: 71.1885.52.63 Oc D. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Hughes Dubois.
Massue. Légende: Lil-lil, Milieu du 19è siècle, Bois sculpté, 63 x 15 x 1.5 cm. Océanie, Candidat/Australie. N° inventaire: 71.1885.52.63 Oc D. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Hughes Dubois.
Massue. Légende: Iles Salomon, groupe Isabel. Milieu – fin du 19e siècle. Bois, fibres végétales, 133 x 16 cm. Océanie. Salomon, îles. N° inventaire: 70.2014.15.1. © musée du quai Branly - Jacques Chirac, photo Hughes Dubois.
Massue. Légende: Iles Salomon, groupe Isabel. Milieu – fin du 19e siècle. Bois, fibres végétales, 133 x 16 cm. Océanie. Salomon, îles. N° inventaire: 70.2014.15.1. © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Hughes Dubois.
Massue, Légende: Nouvelle-Calédonie. Cambridge University Museum of Archaeology and Anthropology. Milieu du 18è siècle, Bois, 74.5 cm, Océanie. N° inventaire: MAA 1922.985_001. Museum of Archaeology & Anthropology, University of Cambridge © Droits Réservés.
Massue, Légende: Nouvelle-Calédonie. Cambridge University Museum of Archaeology and Anthropology. Milieu du 18è siècle, Bois, 74.5 cm, Océanie. N° inventaire: MAA 1922.985_001. Museum of Archaeology & Anthropology, University of Cambridge © Droits Réservés.

Extrait du communiqué de presse :



Massue, Milieu du 18è siècle. Bois, coquille de bénitier (Tridacna sp.), étoffe d’écorce, fibres de coco, 66.7 cm. Océanie, Nouvelle-Calédonie. N° inventaire: A.1894.220. Candidat/© National Museums Scotland.
Massue, Milieu du 18è siècle. Bois, coquille de bénitier (Tridacna sp.), étoffe d’écorce, fibres de coco, 66.7 cm. Océanie, Nouvelle-Calédonie. N° inventaire: A.1894.220. Candidat/© National Museums Scotland.
Dieu-Massue. Légende: Îles Cook, île Mangaia. Fin 18e – début 19e siècle. Bois, fibres de coco, cheveux, 91.4 x 21.5 x 67.4 cm. N° inventaire: Inv. Oc,LMS.42. Londres, British Museum. ©The Trustees of the British Museum. All rights reserved.
Dieu-Massue. Légende: Îles Cook, île Mangaia. Fin 18e – début 19e siècle. Bois, fibres de coco, cheveux, 91.4 x 21.5 x 67.4 cm. N° inventaire: Inv. Oc,LMS.42. Londres, British Museum. ©The Trustees of the British Museum. All rights reserved.
Bâton de dance biface rapa. Légende: Rapa Nui (Île de Pâques). Rome, Congregazione del Sacro Cuore. Début – milieu du 19è siècle. Bois, 81 cm. Océanie, Candidat/Ile de Pâques. N° inventaire: PO27. Candidat/Collection particulière © photo Hughes Dubois.
Bâton de dance biface rapa. Légende: Rapa Nui (Île de Pâques). Rome, Congregazione del Sacro Cuore. Début – milieu du 19è siècle. Bois, 81 cm. Océanie, Candidat/Ile de Pâques. N° inventaire: PO27. Candidat/Collection particulière © photo Hughes Dubois.

Commissariat :

Steven Hooper, commissaire de l’exposition, professeur et directeur à la Sainsbury Research Unit for the Arts of Africa, Oceania and the Americas à l’Université d’East Anglia au Royaume-Uni.

Stéphanie Leclerc-Caffarel, commissaire associée de l’exposition, responsable de collections Océanie au musée du quai Branly – Jacques Chirac.




Pour la première fois, le musée du quai Branly – Jacques Chirac consacre une exposition d’envergure à l’art des massues du Pacifique et interroge les multiples facettes de ces objets ethnographiques d’exception, souvent méconnus et mésestimés. 

Pouvoir et Prestige. Art des massues du Pacifique met en lumière la complexité, la beauté et l’importance culturelle des massues en tant que sculptures, objets cérémoniels, emblèmes d’autorité, en plus de leur fonction d’armes. Près de 140 massues, parmi les plus belles et représentatives des différentes régions d’Océanie, offrent un point d’entrée inédit vers les cultures du Pacifique, de l’Australie à l’Île de Pâques (Rapa Nui).

« Massues », « casse-têtes », « armes traditionnelles » : derrière ces appellations réductrices se niche une catégorie d’objets longtemps enfermés dans des lieux communs et des préjugés. Sans nier la dimension guerrière à laquelle renvoient les massues, l’exposition s’attache à mettre en valeur le raffinement de leur sculpture, l’élaboration de leur ornementation et l’ensemble des caractéristiques, matérielles et spirituelles, qui en font bien plus que de simples outils.

Ainsi, les massues se révèlent sculptures, oeuvres d’art, objets de représentation, symboles d’autorité et de prestige, images et réceptacles du divin, objets d’échange et instruments cérémoniels. L’exposition n’omet pas la valeur historique de pièces collectées tour à tour comme des souvenirs, des trophées et des documents ethnographiques, en retraçant les trajectoires de certaines de ces oeuvres depuis leur fabrication, au 18e et 19e siècles surtout, jusqu’à leur conservation actuelle dans des musées et collections à travers le monde. Surtout, l’exposition propose un regard neuf sur leur utilisation, les cultures qui les ont produites et les images qui en ont découlé.

Cette réflexion trouve son origine dans le travail et l’intérêt du commissaire Steven Hooper pour les arts océaniens. Dans les années 1970, il documenta, avant sa dispersion sur le marché de l’art, la très importante collection ethnographique de son grand-père, James Hooper, riche de nombreuses massues. Il mena ensuite un long travail anthropologique aux îles Fidji, où il fit son premier terrain, avant d’y poursuivre ses recherches ailleurs dans le Pacifique jusqu’à aujourd’hui.

Deux grandes sections structurent le parcours d’exposition et explorent les différentes formes et fonctions des massues de l’art océanien. Le parcours invite les visiteurs à percevoir « au-delà de l’arme » les nombreux rôles que les massues jouaient dans leurs cultures d’origine. Des massues réunies dans l’exposition rendent aussi, et surtout, hommage aux maîtres-sculpteurs qui les ont créées, aux spécialistes, dont certains étaient investis de fonctions rituelles, qui les ont décorées et manipulées, aujourd’hui considérés comme des gardiens culturels autant que des artistes prompts à l’innovation.

Conçue en collaboration avec la Fondazione Giancarlo Ligabue, cette exposition présente des prêts exceptionnels d’institutions publiques et privées, telles que le British Museum de Londres, le Museum of Archeology and Anthropology de Cambridge ou encore le Museum Volkenkunde de Leyde. L’exposition Pouvoir et Prestige. Art des massues du Pacifique a d’abord été présentée du 16 octobre 2021 au 13 mars 2022 au Palazzo Cavalli-Franchetti à Venise.

Taiaha, bâton de combat. Légende: Aotearoa/Nouvelle-Zélande, Baie des Îles (?). Bois, coquille d’Haliotis iris (pāua). L. 197 cm, Océanie, Nouvelle-Zélande. N° inventaire: H.230. Candidat/Collection particulière © Droits réservés.
Taiaha, bâton de combat. Légende: Aotearoa/Nouvelle-Zélande, Baie des Îles (?). Bois, coquille d’Haliotis iris (pāua). L. 197 cm, Océanie, Nouvelle-Zélande. N° inventaire: H.230. Candidat/Collection particulière © Droits réservés.
Massue courte Patu parāoa. Légende: Aotearoa Nouvelle-Zélande. 18e siècle. Os de cétacé, 50 cm. N° inventaire: D1887.6. Cambridge University Museum of Archaeology and Anthropology. Museum of Archaeology & Anthropology, University of Cambridge © Droits Réservés.
Massue courte Patu parāoa. Légende: Aotearoa Nouvelle-Zélande. 18e siècle. Os de cétacé, 50 cm. N° inventaire: D1887.6. Cambridge University Museum of Archaeology and Anthropology. Museum of Archaeology & Anthropology, University of Cambridge © Droits Réservés.
Massue courte Mere pounamu. Légende: Aotearoa (Nouvelle-Zélande). 18è - début du 19e siècle. Néphrite, 36.8 cm. Océanie, Nouvelle-Zélande. Photographes du musée: Candidat/Josh Murfitt. Candidat/Collection particulière © Droits réservés.
Massue courte Mere pounamu. Légende: Aotearoa (Nouvelle-Zélande). 18è – début du 19e siècle. Néphrite, 36.8 cm. Océanie, Nouvelle-Zélande. Photographes du musée: Candidat/Josh Murfitt. Candidat/Collection particulière © Droits réservés.

Parcours de l’exposition

Ses massues d’une diversité inouïe furent produites en Océanie. Beaucoup, datées du 18e ou du 19e siècle, sont aujourd’hui conservées dans des musées et des collections privées à travers le monde. C’est pourtant la première fois qu’une exposition leur est entièrement consacrée. Pouvoir et Prestige. Art des massues du Pacifique invite les visiteurs à percevoir « au-delà de l’arme » les nombreux rôles que les massues jouaient dans leurs cultures d’origine. Elle rend également hommage aux sculpteurs qui produisirent ces oeuvres, et qui, bien que nous ignorions presque toujours leurs noms, ne sont pas oubliés pour autant


Qu’est-ce qu’une massue ?

Les premières « massues » à être acquises par des Européens en Océanie, au 18e siècle, furent avant tout considérées comme des armes. Pourtant ces objets complexes jouaient et jouent encore bien des rôles au sein des sociétés qui les ont créés et utilisés. Il s’agit notamment de biens patrimoniaux et d’emblèmes identitaires importants. Cette exposition met en valeur les nombreuses formes et fonctions des massues. Ce sont d’abord des sculptures, que des experts fabriquèrent avec les plus grands soin et talent. À travers l’immense Océanie, ils créèrent des pièces d’une grande diversité formelle, dont beaucoup présentent des surfaces décorées ou enrichies de matériaux précieux. Ces massues étaient souvent échangées comme des objets de valeur au sein des communautés et entre elles. En contexte rituel, certaines servaient d’instruments cérémoniels. D’autres – parfois les mêmes – étaient utilisées au combat comme des armes. La forme, la taille et les matériaux d’un grand nombre d’entre elles suggèrent qu’il s’agissait d’emblèmes d’autorité et de divinité. Les massues se distinguent aussi par leurs provenances. Ces thèmes structurent le parcours de l’exposition.



#Formes

Sculptures

Les massues réunies ici rendent hommage au talent des sculpteurs d’Océanie qui ne cessèrent de démontrer leur expertise à l’ouvrage et leur connaissance culturelle des formes et des motifs appropriés. Outre le bois, nombreux étaient ceux qui savaient sculpter la pierre ou l’os de cétacé. Ces savoir-faire étaient transmis de génération en génération, autorisant l’émergence de nouveaux styles au fil du temps. Ceux qui, dans le Pacifique, fabriquaient les massues étaient des gardiens culturels autant que des artistes prompts à l’innovation. De leur virtuosité résultent d’incroyables sculptures dont certaines frappent par l’élégance de leurs lignes et l’équilibre de leurs volumes. D’autres surprennent par la complexité de leur décor. Jusqu’au 18e siècle, les artisans travaillaient surtout avec des outils en pierre, en coquillage ou en dent de requin. Quand les Européens introduisirent le fer, puis l’acier, en Océanie, les sculpteurs se mirent à utiliser des herminettes, des haches et des ciseaux en métal. Ces derniers permirent d’accroître le rythme de production et parfois la précision de la sculpture.


Diversité formelle

En Océanie, plus de massues furent produites que n’importe où ailleurs dans le monde. À cette profusion correspond une stupéfiante diversité de silhouettes, de formes et de dimensions. La finition de nombre de ces massues est exceptionnelle, reflet du minutieux travail de l’artiste et du respect dû à leurs propriétaires, ainsi qu’aux esprits, aux divinités et aux ancêtres qui présidaient aux affaires humaines. Les experts-sculpteurs savaient quels arbres employer pour chaque type, lesquels étaient les plus appropriés aux massues droites ou incurvées. Dans certaines régions, la croissance des jeunes arbres était orientée afin d’obtenir la courbe désirée. Quelques massues arborent une structure racinaire préservée. Beaucoup sont en bois précieux, souvent considérés comme sacrés. Des matériaux tels que des fibres végétales contribuaient aussi à l’efficacité des massues. Comme bien des éléments sculptés, ils jouaient un rôle technique autant que symbolique, en plus de leur valeur esthétique. Certaines massues, fidjiennes notamment, possèdent de larges pales. Il ne s’agissait pas seulement d’armes majestueuses, elles fonctionnaient aussi comme des boucliers pour parer les lances et, dans le Pacifique occidental, les flèches.


Surfaces

Les surfaces de la plupart des massues étaient traitées avec grand soin. Une fois l’ébauche réalisée, elles étaient polies à l’aide de pierre ponce ou d’un racloir en défense de porc. Puis des feuilles abrasives comme celles de l’arbre à pain étaient utilisées pour la finition. Les zones destinées à recevoir des motifs étaient sculptées à l’aide de burins munis d’une dent de requin ou, après l’arrivée des Européens, de ciseaux en métal.Une fois la sculpture ornementale achevée, la surface pouvait être lustrée à l’aide d’huile de coco ou de bancoulier. Beaucoup de massues se devaient d’être brillantes, à l’image d’une peau humaine en pleine santé. Cette équivalence entre « épiderme » d’une massue et d’une personne vigoureuse est importante dans de nombreuses régions du Pacifique. Les guerriers partaient au combat leur corps huilé et peint, luisant de vitalité. De même, prêtres et chefs étaient parés en vue d’une apparition publique. Principal attribut de leur fonction, leur massue devait resplendir. Des motifs sculptés, incrustés ou peints en soulignaient les contours et contribuaient à leur efficacité visuelle et à leur beauté.



#Fonctions

Instruments cérémoniels

Qu’elles fussent ou non utilisées au combat, beaucoup de massues servirent d’instruments lors de cérémonies. En dehors d’occasions guerrières, de parades préalables aux expéditions militaires ou de célébrations à leur issue, elles furent utilisées lors de danses, de divertissements et d’avertissements à des partenaires d’échange et à des groupes voisins. Ces performances offraient l’opportunité aux jeunes hommes de démontrer leur talent et leur athlétisme. Des séquences soigneusement chorégraphiées permettaient de s’entraîner à certains mouvements militaires et d’exprimer une identité collective. Certaines massues furent ainsi adaptées à un usage exclusivement cérémoniel. Souvent légères, il était possible de les manier et de les faire tournoyer à grande vitesse. Dans certaines régions, notamment aux îles Fidji, les danses faisant appel à des massues ne furent jamais abandonnées. Ailleurs, elles réapparaissent aujourd’hui lors d’événements comme le Festival des arts du Pacifique, au cours duquel différents groupes insulaires rivalisent de dextérité et d’inventivité dans leurs performances.


Armes

La plupart des massues furent d’abord conçues pour être des armes, quoique beaucoup n’aient sans doute jamais servi au combat. Des formes particulières étaient adaptées à des techniques martiales spécifiques : feinte, parade, charge, estoc, taille. Elles étaient aussi appropriées à diverses formes de lutte. Les bâtons droits et équilibrés étaient fatals en combat rapproché, les spécimens les plus longs utilisés comme des piques. Ceux de taille moyenne étaient maniés à deux mains, alors que les plus courts étaient tenus d’une seule. Il s’agissait parfois d’armes de jet. Plusieurs massues, cependant, sont très lourdes et semblent ergonomiquement inefficaces. Elles n’auraient pas été fonctionnelles en corps à corps. Elles étaient peut-être réservées à la mise à mort d’adversaires blessés ou brandies pour inspirer un sentiment de menace et de violence latente. Luttes et conflits étaient fréquents dans le Pacifique, comme partout ailleurs dans le monde. Souvent, la guerre prenait la forme de querelles récurrentes consistant à venger des attaques ou des méfaits antérieurs. Une fois l’honneur rétabli, les hostilités cessaient pour un temps, puis reprenaient de manière cyclique. Les tueries de masse, dont les populations hors du Pacifique se firent expertes aux 19e et 20e siècles, semblent n’avoir jamais eu cours en Océanie.


Autorité et divinité

Nombre de massues servaient d’attributs de rang. Leur rôle principal était de communiquer un message quant au statut et à l’autorité de la personne à laquelle elles étaient publiquement associées, y compris les chefs de guerre. Des formes, des dimensions et des matériaux hors du commun s’en faisaient l’écho. Surfaces lustrées, motifs figuratifs et finesse de la sculpture contribuaient peu à leur efficacité technique, mais ne laissaient aucun doute quant au statut de leur propriétaire. De précieux matériaux étaient issus de la forêt ou de la mer. Il s’agissait là de territoires sacrés, associés à des entités non-humaines et à une forme suprême d’autorité. Certains bois tropicaux, prisés pour leur solidité et leur durabilité, évoquaient les qualités dont on espérait que les chefs et les guerriers valeureux étaient dotés. Le coeur de certains arbres avait une riche teinte brune, qualifiée de rouge et associée aux chefs et au divin.L’autorité dans le Pacifique, comme ailleurs, était liée aux relations que les humains entretenaient avec les esprits, les dieux ou les ancêtres. Les hommes ne prospéraient que s’ils avaient témoigné le respect approprié à ces sources d’un pouvoir non-humain. Des massues consacrées pouvaient être au centre de l’attention cultuelle et servir de véhicules aux puissances divines.


#Provenances

Toutes les massues ont leur histoire et leur « biographie », depuis leur création et leur usage local jusqu’à ce qu’elles soient mises au rebut, détruites ou acquises par des Européens. Façonnés dans des matériaux pérennes, nombre de spécimens ont survécu et sont conservés dans des collections à travers le monde.Bien des histoires, néanmoins, se sont perdues. Les pratiques guerrières et la fabrication des massues cessèrent presque partout en Océanie il y a plus d’un siècle. La conversion des populations locales à différentes formes de christianisme porta souvent un coup fatal à la préservation de savoirs précieux ou à la transmission des connaissances culturelles. Aujourd’hui pourtant, de nombreux habitants du Pacifique témoignent de leur intérêt et font preuve d’une expertise incomparable en ce qui concerne l’histoire de leur culture et de leur communauté.Les massues ont un rôle important à jouer dans cette démarche de réappropriation et de redécouverte historique, puisqu’elles figurent parmi les premiers objets qui furent systématiquement échangés et collectés. A ce titre, elles sont porteuses de données inédites sur les cultures océaniennes, leurs interactions, leur rapport au sacré, au pouvoir, à la guerre, et sur le rôle des artistes et des oeuvres d’art dans ces domaines.