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“Pierres gravées” Camées, intailles et bagues de la collection Guy Ladrière, à L’École des Arts Joailliers, Paris, du 12 mai au 1er octobre 2022

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“Pierres gravées” 
Camées, intailles et bagues de la collection Guy Ladrière

à L’École des Arts Joailliers, Paris

du 12 mai au 1er octobre 2022

L’École des Arts Joailliers


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© Sylvain Silleran, présentation presse, le 10 mai 2022.


Rome, I-IIe siècle, Méduse, Camée en sardonyx , Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Rome, I-IIe siècle, Méduse, Camée en sardonyx , Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
XVIe siècle, Hercule, Camée en sardonyx, cadre en bronze doré, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
XVIe siècle, Hercule, Camée en sardonyx, cadre en bronze doré, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.

Texte de Sylvain Silleran

Rome, XIXe siècle, Antonia la jeune en Junon, Camée en sardonyx, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Rome, XIXe siècle, Antonia la jeune en Junon, Camée en sardonyx, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Rome, début du IIIe siècle ap. J.-C., Jupiter,Camée en sardonyx sur une boîte en or de Gabriel Morel, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Rome, début du IIIe siècle ap. J.-C., Jupiter, Camée en sardonyx sur une boîte en or de Gabriel Morel, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Milan, fin du XVIe siècle, Elisabeth 1ere (1533-1603), Camée en agate des Grisons, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Milan, fin du XVIe siècle, Elisabeth 1ere (1533-1603), Camée en agate des Grisons, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.

Quel travail que celui d’extraire de ces lourdes pierres colorées les délicatesses de plume de minuscules portraits. Toute la tendresse soyeuse d’une barbe de Jupiter, pourtant écumante comme des vagues se brisant sur une côte est gravée avec l’art et la patience d’un maître. Le joaillier est un dieu grec maitrisant le temps et les éléments, il se substitue au vent, aux marées qui érodent la roche pendant dix mille ans, et y écrit, en intaille ou en camée, les passions des hommes.


La taille du bijou le fait entrer dans le domaine de l’intime, du sentimental. Il faut se pencher sur un minuscule profil pour admirer une femme assise nous venant de la Grèce antique, sentir l’air iodé souffler dans les boucles d’une Aphrodite. Parfois un petit miroir reflète le dos de la pièce, il faut se contorsionner, le nez sur la vitre, pour y apercevoir quelque silhouette, tenter de déchiffrer l’écriture liliputienne d’un sceau, reconnaitre le visage de Bacchus.


François 1er, roi des Deux Siciles et Maria Isabella de Bourbon s’enlacent par guirlande interposée, cornes d’abondance chargées de fruits, de pommes, de poires. Au centre, deux serpents surmontés d’une couronne rappellent l’étoffe mythologique dont sont faits les souverains. Une Vierge byzantine, des Christs de jaspe côtoient un portrait d’Antonia du XIXème siècle qui n’a rien abandonné ce ses racines antiques. 


Louis XIII tout en fraise fait face à Anne d’Autriche qui lui survivra, elle le regarde, droite, blanche, encore plus royale. Elisabeth première, telle Omphale, est recouverte d’une peau de lion, elle contemple le lointain avec douceur mais l’immense pouvoir d’avoir un monde qui lui appartient. Un profil de femme s’est enroulé dans une spirale caramel, Auguste est gravé dans un rubis rose comme un bonbon à la fraise, une Ariane transparente, sucette pâle nous évoquent des petits bonheurs. C’est cette fragilité de la pierre qui a été travaillée jusqu’à effleurer son point de rupture qui donne la saveur douce à ces portraits. Des portraits qui semblent sur le point de fondre.


Et ces rouges brûlants de lave, dans lesquels un cavalier d’ambre est prisonnier, cette cornaline où règne un Neptune incandescent semblent sortis d’une forge de légendes. Une Méduse romaine, symbole protecteur, est déclinée jusqu’au XIXème siècle. Une version du IIe,-IIIe siècle en quartz fumé est transparente, aquatique, elle ressemble au visage mouvant formée par la colonne d’eau venue des profondeurs de l’océan dans le film Abyss. La pierre prend vie, la lumière à travers le cristal réveille l’âme que l’artisan a placé en elle.


Une Vénus romaine jaillit de l’ovale de pierre, vivante, une naissance bien antérieure à celle peinte par Botticelli. La légende d’Alexandre le Grand devient épique dans cet assemblage minutieux de dizaines de pierres taillées pour un portrait guerrier qui tient du samouraï. Là en Zeus-Ammon le voilà romantiquement coiffé de cornes de bélier. Un empereur Constantin II de turquoise se perd dans une rêverie pleine de mélancolie. Socrate, Jupiter, un jeune Caligula gracieux et érotique racontent un monde antique poétique et charnel. Une femme romaine à bonnet semble une dame du XVIIIé siècle, une paysanne de conte, une provinciale de roman. La magie de ces pierres est étonnante, elles nous fait parvenir intacte, après avoir traversé les siècles, les passions des hommes, les gloires des rois, les merveilles des dieux.

Sylvain Silleran

Jacopo da Trezzo (vers 1515-1589), Rhinocéros dit la Merveille de Lisbonne, Camée en sardonyx, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Jacopo da Trezzo (vers 1515-1589), Rhinocéros dit la Merveille de Lisbonne, Camée en sardonyx, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Italie, milieu du XVIe siècle, Alexandre le Grand en Zeus-Ammon, Camée en sardonyx, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Italie, milieu du XVIe siècle, Alexandre le Grand en Zeus-Ammon, Camée en sardonyx, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.

Extrait du communiqué de presse :



Commissariat :

Philippe Malgouyres, historien de l’art et conservateur en chef du patrimoine au Département des Objets d’Art du musée du Louvre



Du 12 mai au 1er octobre 2022, L’École des Arts Joailliers présentera une exposition racontant l’histoire de l’art des pierres gravées de l’Antiquité au XIXe siècle. Issus d’une exceptionnelle collection privée, intailles grecques et néoclassiques, camées antiques et médiévaux, petites sculptures d’époque impériale, bagues signets mérovingiennes, anneaux épiscopaux seront réunis pour évoquer toutes les facettes de l’art millénaire de la glyptique.

Pierres gravées en relief ou en creux, camées et intailles incarnent l’évolution de la gravure en miniature. Elles offrent une étonnante traversée de l’histoire humaine et minéralogique : du sceau de l’empereur romain aux amulettes des guerriers antiques, de la prière gravée au doigt du croyant du Moyen Âge à la bague de mariage, elles sont à la fois publiques et intimes, objets de parure et de collection. Changeant souvent de montures, copiées à de multiples exemplaires pour les plus célèbres d’entre elles, les pierres gravées sont particulièrement difficiles à dater ou à identifier. Elles n’en ont pas moins fasciné les hommes à toutes les époques. Les Romains épris d’art grec, l’homme de la Renaissance s’attachant à faire revivre l’Antique, les voyageurs du Grand Tour et les amateurs néoclassiques du XIXe siècle, tous ont recherché et collectionné avec passion ces pierres de mémoire.

À travers l’étude de la remarquable collection particulière de Guy Ladrière, exposée pour la première fois au public, c’est une véritable initiation à l’histoire de la glyptique qui sera proposée à L’École des Arts Joailliers. Deux cents pièces seront exposées, de l’Antiquité grecque au XIXe siècle, permettant de présenter un panorama continu de techniques et de styles.

Guy Ladrière, grand marchand spécialiste des arts premiers et de l’art médiéval, est aussi un collectionneur passionné. Depuis des décades, il rassemble patiemment les camées, intailles et bagues avec un goût très personnel. Sa collection choisie ne se veut pas encyclopédique : c’est la beauté de chaque pièce qui le guide, aux hasards des découvertes. Sa grande diversité reflète la curiosité du collectionneur.

L’exposition sera organisée autour de thèmes, principalement chronologiques et parfois iconographiques (l’Égypte grecque et romaine, les portraits impériaux, les gemmes au Moyen Age, la Renaissance, les têtes de Méduses, deux mille ans de bagues…). Elle sera encadrée par deux excursus : l’un sur les pierres et la technique où seront présentées pierres brutes et gravées, l’autre traitant de l’histoire du goût pour ces pierres et leur étude, à travers des livres illustrés des XVIIe et XVIIIe siècles. Ces deux composantes, le matériau et la référence permanente à l’Antiquité, sont centrales pour comprendre la glyptique.

Art aujourd’hui un peu oublié, le plus souvent anonyme, la glyptique a créé des chefs d’oeuvre, et se déploie sur les gemmes les plus variées, de toutes couleurs, cornalines ou héliotropes, rubis ou améthystes. C’est donc la grande histoire doublée d’une histoire de l’art et des techniques que permet de faire revivre cette collection, qui comprend, parmi les plus belles pièces, le rubis gravé à l’effigie de l’empereur Auguste ou la bague au camée du roi Charles V.

Au croisement de l’histoire de l’art, de la gemmologie et de l’histoire des techniques, le sujet de cette exposition entre en résonance avec la mission de L’École des Arts Joailliers depuis sa création en 2012, grâce au soutien de Van Cleef & Arpels. Par les cours proposés comme les conférences et les ateliers, les expositions, les publications, ou encore la recherche, elle offre a tous les publics la possibilité de découvrir ces trois disciplines relatives à l’art du bijou.

Le commissariat de l’exposition est assuré par Philippe Malgouyres, historien de l’art et conservateur en chef du patrimoine au Département des Objets d’Art du musée du Louvre depuis 1997. Il enseigne également en France et à l’étranger, et est l’auteur de nombreuses publications sur les arts décoratifs et les matériaux, dont Porphyre. La pierre pourpre des Ptolémées aux Bonaparte, catalogue d’exposition, musée du Louvre 2003-2004 ; Ivoires de la Renaissance et des Temps modernes. La collection du musée du Louvre, Paris, 2010 ; De Filarete à Riccio. Bronzes italiens de la Renaissance (1430-1550). La collection du musée du Louvre, Paris, 2020.




A l’occasion de cette exposition, deux ouvrages seront copubliés par L’École des Arts Joailliers : 
Camées et intailles. L’art des pierres gravées. Auteur : Philippe Malgouyres. Hors-série Découvertes Gallimard, coédité avec L’École des Arts Joailliers.
Pierres gravées. Camées, intailles et bagues de la collection Guy Ladrière. Auteur : Philippe Malgouyres. Coédité par Mare et Martin et L’École des Arts Joailliers.

Fin du XVe, Chasse au sanglier, d’après l’antique, Camée en sardonyx monté en enseigne, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Fin du XVe, Chasse au sanglier, d’après l’antique, Camée en sardonyx monté en enseigne, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Etrurie, Ve siècle av. J.-C., Homme agenouillé, Intaille sur un scarabée en cornaline, monture en or, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Etrurie, Ve siècle av. J.-C., Homme agenouillé, Intaille sur un scarabée en cornaline, monture en or, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Empire romain, Osiris Canope, Calcédoine, monture du XVIIe siècle en argent doré, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.
Empire romain, Osiris Canope, Calcédoine, monture du XVIIe siècle en argent doré, Collection Guy Ladrière, Photo Benjamin Chelly.