🔊 “YOGA” Ascètes, yogis, soufis, au Musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris, du 2 février au 2 mai 2022
“YOGA“ Ascètes, yogis, soufis
au Musée national des arts asiatiques – Guimet, Paris
du 2 février au 2 mai 2022
PODCAST – Interview de Amina Okada, conservatrice générale du patrimoine, chargée des collections indiennes, et co-commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 1er février 2022, durée 10’00.
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
Commissaires :
Vincent Lefèvre, conservateur général du patrimoine, directeur de la conservation et des collections.
Amina Okada, conservatrice générale du patrimoine, chargée des collections indiennes.
Récurrente dans l’Inde ancienne autant que contemporaine, la figure de l’ascète est centrale dans de nombreuses manifestations de l’art indien. Elle illustre ainsi notamment le développement -pour se retrancher du monde- d’une discipline mentale et corporelle appelée yoga. Dédiée aux représentations de l’ascétisme, cette exposition réunit un ensemble de miniatures indiennes et de sculptures sur bois et bronze, du 10e au 19e siècles. En tout, 70 oeuvres aussi précieuses que méconnues.
Fuir le monde apparaît très tôt comme un idéal dans les multiples courants religieux qui se développent en Inde. Cette aspiration au renoncement tient probablement à la croyance en la réincarnation, perçue comme une souffrance dont l’homme cherche à se délivrer. Celle-ci est liée à la causalité du karma – mot sanskrit qui désigne à la fois l’acte et ses conséquences. Bonnes ou mauvaises, les actions de notre vie déterminent une renaissance plus ou moins heureuse dans la suivante. Choisir la voie de l’ascèse devient alors un moyen de réduire l’enchaînement des causalités.
Mus par cette aspiration, le boudhisme et le jaïnisme ont associé ascèse et vie monastique tandis que le brahmanisme a recherché l’équilibre entre vie mondaine et renoncement, notamment à travers la pratique du yoga. Via la mystique soufie, l’Islam s’est également rapproché de ces traditions de l’Inde ancienne, comme l’illustrent les artistes de la période moghole. Emmenée par les commissaires Amina Okada et Vincent Lefèvre, l’exposition dévoile les manifestations artistiques liées à ces courants religieux, à travers 70 oeuvres issues des collections du musée Guimet, du musée du Louvre, du musée Rietberg de Zurich, de la Chester Beatty Library de Dublin ou de fondations privées….
Dans la pensée indienne, les sages divins (rishi) contrôlent l’univers par la puissance de leur ascèse, assimilée à un feu ardent. Leurs représentations sont nombreuses, comme en témoignent les gouaches sur or et papier du XVIIème siècle de l’école moghole (Ascètes auprès d’un feu), le panneau de char de procession en bois de teck, réalisé au XVIIIème siècle en Inde, dans le Tamil Nadu (Yoga pratiquant l’ascèse des cinq feux).
Le hatha-yoga hérite de très anciennes conceptions concernant l’analogie entre espace interne et univers, animés par un même souffle. Son terrain d’exercice est le corps des signes ou « corps subtil » qui recèle une énergie divine, réveillée notamment par des techniques vibratoires. Ces pratiques -qui remontent aux sources même du yoga- sont ici illustrées au fil de multiples oeuvres, dont le « Corps subtil du yogi », gouache du Punjab des années 1800.
Dans les années 1550, Muhammad Ghauth Gwaliyari, éminent sheikh soufi, entreprenait la compilation en persan d’un traité sur le yoga : le Bahr al-hayât (l’océan de vie). Conservé à la Chester Beatty Library de Dublin, cet ouvrage exceptionnel dévoile les plus anciennes représentations connues des 21 postures de yoga (asana) décrites et commentées.
Pour accompagner l’exposition, un catalogue de 96 pages et 50 illustrations coédité par le MNAAG et la RMN-GP.