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🔊 “Sur le motif” Peindre en plein air 1780 1870, à la Fondation Custodia, Paris, du 3 décembre 2021 au 3 avril 2022

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“Sur le motif“ 
Peindre en plein air 1780 1870

à la Fondation Custodia, Paris

du 3 décembre 2021 au 3 avril 2022

Fondation Custodia



Interview de Alice-Anne Tod, ancienne conservatrice en formation à la Fondation Custodia et auteure des notices des œuvres du catalogue en ligne, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 2 décembre 2021, durée 23’05. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Alice-Anne Tod, ancienne conservatrice en formation à la Fondation Custodia et auteure des notices des œuvres du catalogue en ligne,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 2 décembre 2021, durée 23’05.
© FranceFineArt.

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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse avec Ger Luijten, le 2 décembre 2021.

Extrait du communiqué de presse :



Frederik Rohde (Copenhague 1816 – 1886 Copenhague), Toits. Huile sur toile. 25,4 x 22,2 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2014-S.41.
Frederik Rohde (Copenhague 1816 – 1886 Copenhague), Toits. Huile sur toile. 25,4 x 22,2 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2014-S.41.
Edgar Degas (Paris 1834 – 1917 Paris), Château Sant’Elmo, depuis Capodimonte, vers 1856. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 20 x 27 cm. The Fitzwilliam Museum, Cambridge, acquis grâce. aux Gow, Cunliffe et Perceval Funds, avec l’aide du National Art-Collections Fund et du Museums and Galleries Commission / Victoria and Albert Purchase Grant Fund, inv. PD.18–2000.
Edgar Degas (Paris 1834 – 1917 Paris), Château Sant’Elmo, depuis Capodimonte, vers 1856. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 20 x 27 cm. The Fitzwilliam Museum, Cambridge, acquis grâce. aux Gow, Cunliffe et Perceval Funds, avec l’aide du National Art-Collections Fund et du Museums and Galleries Commission / Victoria and Albert Purchase Grant Fund, inv. PD.18–2000.
Anonyme français, XIXe siècle, Une terrasse sur l’île de Capri. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 32,7 x 30,8 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2014-S.10.
Anonyme français, XIXe siècle, Une terrasse sur l’île de Capri. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 32,7 x 30,8 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2014-S.10.
John Constable (East Bergholt 1776 – 1837 Londres), Étude de nuages : coucher de soleil orageux, 1821–1822. Huile sur papier, contrecollé sur toile, 20,3 x 27,3 cm. National Gallery of Art, Washington, D. C., don de Louise Mellon en l’honneur de M. et Mme Paul Mellon, inv. 1998.20.1.
John Constable (East Bergholt 1776 – 1837 Londres), Étude de nuages : coucher de soleil orageux, 1821–1822. Huile sur papier, contrecollé sur toile, 20,3 x 27,3 cm. National Gallery of Art, Washington, D. C., don de Louise Mellon en l’honneur de M. et Mme Paul Mellon, inv. 1998.20.1.

Commissariat :

Ger Luijten, directeur de la Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris

Mary Morton, conservatrice et cheffe du département des peintures françaises de la National Gallery of Art de Washington

Jane Munro, conservatrice du département des peintures, dessins et estampes du Fitzwilliam Museum de Cambridge



Cette exposition , qui réunit plus de cent cinquante études à l’huile appartenant à la Fondation Custodia à Paris, à la National Gallery of Art de Washington, au Fitzwilliam Museum de Cambridge et à une collection particulière, propose une nouvelle approche de la peinture de plein air en Europe entre 1780 et 1870.

La pratique est, certes, attestée dès avant le début de cette période. Les expériences italiennes de Claude Lorrain (1600-1682) évoquées par son biographe et le remarquable ensemble d’oeuvres de François Desportes (1661–1743) conservé à Sèvres en témoignent. Ce n’est toutefois qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle que l’usage de l’esquisse à l’huile en plein air fit partie intégrante de la formation des paysagistes européens. À la croisée de la peinture et du dessin, ces études de petit format étaient généralement exécutées sur papier. Peintes rapidement sur le motif, elles avaient pour objectif d’exercer l’oeil et la main à saisir les fugitifs effets de lumière et de couleur. Parfois terminées ultérieurement en atelier, elles n’étaient toutefois pas conçues comme des oeuvres finies destinées à être exposées ou vendues. Elles constituaient pour l’artiste de précieuses références sur lesquelles il se basait pour donner à ses travaux plus formels fraîcheur et immédiateté.

L’esquisse de plein air à l’huile, sur papier ou sur toile, fut adoptée par des artistes originaires de l’Europe entière, et au-delà. Le visiteur trouvera donc dans l’exposition des oeuvres de Pierre-Henri de Valenciennes, Achille-Etna Michallon, Camille Corot, Rosa Bonheur, John Constable, Joseph Mallord William Turner, Christoffer Wilhelm Eckersberg, Johan Thomas Lundbye, Vilhelm Kyhn, Johann Martin von Rohden, Carl Blechen et bien d’autres encore. Le parcours n’est ni chronologique, ni organisé par écoles, mais se structure autour des motifs abordés : arbres, rochers, l’eau sous ses multiples formes, volcans, ciels, toits, Rome et la Campagne romaine, Capri.

Ger Luijten, l’un des commissaires de l’exposition : « Nous visons une présentation poétique plus que didactique des oeuvres sélectionnées, soulignant tout à la fois les différences et les similitudes d’approche d’artistes de nationalités très diverses, sur quatre générations successives. Ces études ont un caractère intemporel et sont souvent très difficiles à dater. Tout au long de l’organisation et de la mise en place de cette exposition, nous avons partagé le plaisir que prirent les artistes à produire ces oeuvres. Les peintres, dans leur grande majorité, n’auraient jamais envisagé d’exposer leurs études à l’huile. OEuvres de caractère strictement personnel, aide-mémoires destinés à nourrir leurs grands formats d’atelier, elles n’étaient connues que d’un cercle très restreint d’amis, de collègues ou d’élèves. Mais leur fraîcheur et leur immédiateté les rend aujourd’hui infiniment plus séduisantes que l’essentiel de l’œuvre officiel de ces mêmes artistes. Sur le motif est l’occasion exceptionnelle d’un examen approfondi de paysages d’une grande originalité qui, en dépit de leur petit format, restituent l’éclatante splendeur du monde qui nous entoure. »

Après le legs en 2010 d’un très bel ensemble constitué par Carlos van Hasselt, directeur de la Fondation Custodia de 1970 à 1994, et son compagnon Andrzej Nieweglowski, la Fondation Custodia collectionne, depuis une décennie, les esquisses de paysage à l’huile. S’est ainsi constitué un fonds de référence très ambitieux, qui compte aujourd’hui des œuvres d’artistes célèbres figurant parmi les pionniers de la méthode, Pierre-Henri de Valenciennes, Simon Denis, Thomas Jones, Camille Corot, Carl Blechen et John Constable, dont la vue des jardins de Hampstead, récemment découverte, est présentée ici pour la première fois.

La National Gallery of Art de Washington possède un très beau groupe d’études, fruit de donations et de legs consentis par divers collectionneurs, et structuré par son ancien conservateur Phillip Conisbee (1946-2008). Conisbee contribua, en 1980, à l’organisation de l’exposition fondatrice Painting from Nature qui se tint au Fitzwilliam Museum de Cambridge, institution qui a toujours manifesté un très vif intérêt pour le sujet et enrichi avec enthousiasme sa collection d’esquisses. L’exposition ouvre donc un dialogue entre les peintures issues de ces trois institutions et un remarquable ensemble dont le prêt a été consenti par l’une des plus ferventes collectionneuses d’oeuvres de ce type. Qu’elle soit remerciée une fois encore pour la passion instillée dans la mise en place de ce projet.

Vilhelm Kyhn (Copenhague 1819 – 1903 Copenhague), Rochers à marée basse, 1860. Huile sur toile. 26,4 x 40,8 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2012-S.17.
Vilhelm Kyhn (Copenhague 1819 – 1903 Copenhague), Rochers à marée basse, 1860. Huile sur toile. 26,4 x 40,8 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2012-S.17.
Johan Carl Neumann (Copenhague 1833 – 1891 Copenhague), Dunes de sable sur la plage de Skagen. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 25,2 x 37,9 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2015-S.4.
Johan Carl Neumann (Copenhague 1833 – 1891 Copenhague), Dunes de sable sur la plage de Skagen. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 25,2 x 37,9 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2015-S.4.
Janus La Cour (Thimagard, près de Ringkøbing 1837 – 1909 Odder, Danemark), Oliviers près de Tivoli, 1869. Huile sur toile. 37,4 x 60,5 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2012-S.7.
Janus La Cour (Thimagard, près de Ringkøbing 1837 – 1909 Odder, Danemark), Oliviers près de Tivoli, 1869. Huile sur toile. 37,4 x 60,5 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2012-S.7.
Jules Coignet (Paris 1798 – 1860 Paris), Vue de Bozen avec un peintre, 1837. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 31 x 39 cm. National Gallery of Art, Washington, D. C., don de Mme John Jay Ide en mémoire de M. et Mme William Henry Donner, inv. 1994.52.1.
Jules Coignet (Paris 1798 – 1860 Paris), Vue de Bozen avec un peintre, 1837. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 31 x 39 cm. National Gallery of Art, Washington, D. C., don de Mme John Jay Ide en mémoire de M. et Mme William Henry Donner, inv. 1994.52.1.
Camille Corot (Paris 1796 – 1875 Paris), L’île et le pont de San Bartolomeo, Rome, 1825–1828. Huile sur papier, contrecollé sur toile. – 27 x 43,2 cm. National Gallery of Art, Washington, D. C., Patrons’ Permanent Fund, inv. 2001.23.1.
Camille Corot (Paris 1796 – 1875 Paris), L’île et le pont de San Bartolomeo, Rome, 1825–1828. Huile sur papier, contrecollé sur toile. – 27 x 43,2 cm. National Gallery of Art, Washington, D. C., Patrons’ Permanent Fund, inv. 2001.23.1.
Louise-Joséphine Sarazin de Belmont (Versailles 1790 – 1870 Paris), Grotte dans un paysage rocheux. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 42,2 x 57,4 cm. Collection particulière.
Louise-Joséphine Sarazin de Belmont (Versailles 1790 – 1870 Paris), Grotte dans un paysage rocheux. Huile sur papier, contrecollé sur toile. 42,2 x 57,4 cm. Collection particulière.
Christian Ernst Bernhard Morgenstern (Hambourg 1805 – 1867 Munich), Chutes de la rivière Traun, Autriche, 1826. Huile sur papier. 28 x 36,4 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2019-S.16.
Christian Ernst Bernhard Morgenstern (Hambourg 1805 – 1867 Munich), Chutes de la rivière Traun, Autriche, 1826. Huile sur papier. 28 x 36,4 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2019-S.16.
John Constable (East Bergholt 1776 – 1837 Londres), Vue de jardins à Hampstead, avec un sureau, vers 1821–1822. Huile sur carton. 17,6 x 14 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2019-S.58.
John Constable (East Bergholt 1776 – 1837 Londres), Vue de jardins à Hampstead, avec un sureau, vers 1821–1822. Huile sur carton. 17,6 x 14 cm. Fondation Custodia, Collection Frits Lugt, Paris, inv. 2019-S.58.

Peindre en plein air

Une première section pose, par le biais d’un ensemble très diversifié d’esquisses à l’huile, la question essentielle du sens : que veut dire « peindre en plein air » ? Évoquant la sensation née de la confrontation avec la nature, ces oeuvres engagent également le visiteur à s’interroger sur les modalités pratiques du travail en extérieur. Les artistes avaient en effet à transporter le matériel nécessaire sur des trajets parfois fort longs pour atteindre des lieux reculés. Dans sa vue de Bozen, Coignet représente l’attirail requis du peintre de plein air – boîte de peinture, siège pliant, parasol – avec autant de soin que le grandiose paysage de montagnes.



Les éléments naturels – arbres, eau, rochers, ciels et effets atmosphériques

Un intérêt croissant pour la nature et pour des sciences d’apparition récente, comme la météorologie et la géologie, contribuèrent au développement de la peinture de paysage. Cette curiosité empirique offrait aux peintres de plein air les clefs nécessaires à la compréhension des éléments naturels constituant la matière première de la peinture de paysage. Arbres, eau, rochers, ciels, effets atmosphériques font ainsi chacun l’objet d’une section en propre. Pierre-Henri de Valenciennes recommandait de classer et de répartir systématiquement les composantes d’un paysage et son influence se fait sentir au travers de l’ensemble de l’exposition. Son traité Élémens de perspective (1799/1800) donna à la peinture de plein air des lignes directrices qui furent suivies tout au long du XIXe siècle. L’étude approfondie de la nature y était recommandée et l’auteur conseillait, entre autres, de limiter les séances de travail sur le motif à deux heures au plus, de manière à bénéficier d’une lumière, de couleurs et d’une atmosphère constantes.



Arbres

L’arbre constitue, pour le peintre de paysage, un motif fondamental. Valenciennes engageait son lecteur à peindre de minutieuses études d’arbres isolés ou en groupes, et d’en restituer fidèlement et dans les moindres détails l’écorce, les mousses, branches et racines, et plus encore les feuillages. Pionnier de la peinture de plein air, Simon Denis nous offre un gros plan sur un arbre que baigne une lumière dorée. L’échelle imposante et le cadrage adopté confèrent à la composition une certaine monumentalité. Quelques décennies plus tard, l’artiste danois Janus La Cour livrait une méticuleuse étude d’un bosquet de vieux oliviers. L’inscription qui y figure, « Tivoli 18–30 avril », laisse penser que, suivant un autre conseil de Valenciennes, il revint sur le motif plusieurs jours de suite pour de brèves séances de travail, s’assurant ainsi de bénéficier des mêmes conditions de luminosité.



Eaux : cascades et rivages

Motif particulièrement séduisant, l’eau confrontait le peintre de plein air à de multiples défis : dépeindre la déconcertante transparence d’un élément insaisissable dans ses perpétuelles métamorphoses et la gageure de restituer à l’huile le rythme envoûtant des vagues, des courants et de la houle. L’Allemand Christian Morgenstern capte la furie des eaux tumultueuses d’une cascade sur le cours de la Traun, en Bavière. Brossée avec une rapidité dont témoignent la date et la localisation tracées dans la matière encore fraîche, l’oeuvre n’en rend pas moins avec un grand naturalisme la complexité des textures, de la transparence des eaux bouillonnantes et des ombres sous la surface. L’esquisse du Baron Gérard évoque, d’une touche très libre, la puissance d’une mer déchaînée et des vagues déferlantes sur un fond rouge orangé qu’embrase le soleil couchant. L’artiste ne vise ici pas tant à décrire un lieu précis qu’à évoquer la mystérieuse immensité de la mer qui enflammait les imaginations romantiques. Points de rencontre de l’eau et de la terre, paysages côtiers et lacustres avaient un pittoresque qu’accentuaient les caprices des conditions climatiques. Si humble qu’elle fût, une simple dune de sable suffisait à traduire la magie de la lumière, par une journée particulièrement belle sur la côte danoise.



Rochers, cavernes et grottes

Formes, couleurs et textures de la croûte terrestre constituaient, par leur variété, un sujet tout aussi fascinant pour une étude de paysage. La superposition des couches stratigraphiques, les formations géologiques, l’érosion des falaises étaient également la base d’une réflexion sur le temps, propre à remettre l’histoire humaine en perspective. La restitution à l’huile des qualités sculpturales d’une roche ou d’un intérieur de grotte constituait de même un défi au savoir-faire de l’artiste. Dans une étonnante étude de Vilhelm Kyhn, les rochers sont minutieusement rendus dans des tons de brun et de gris-bleu, les eaux calmes se réduisant à un arrière-plan quasi abstrait. En Italie, les grottes et cavernes qui abondent dans les zones volcaniques exerçaient sur les artistes un attrait tout particulier, et Louise-Joséphine Sarazin de Belmont, l’une des seules femmes paysagistes à peindre en plein air au XVIIIe siècle en fit l’un de ses sujets. Aujourd’hui largement oubliée, elle connut, de son vivant, une grande célébrité. Ciels et effets atmosphériques Le ciel, le plus insaisissable de tous les motifs naturels, offrait un inépuisable répertoire d’expérimentations et, aux yeux de Valenciennes, c’est par cette source de toute lumière dans la nature que le peintre se devait de commencer son travail. La rapidité s’imposait pour parvenir à saisir les incessantes métamorphoses de l’ombre et de la lumière en fonction de la course des nuages dans le ciel. Valenciennes recommandait d’ailleurs de ne pas excéder trente minutes dans le cas de phénomènes particulièrement fugitifs comme les levers ou couchers de soleil. Le ciel, sous toutes ses apparences – orageux ou serein, dégagé ou nuageux – eut, avec John Constable, l’un de ses chroniqueurs les plus fervents. Le peintre désignait par le terme « cieler » les studieuses balades qu’il entreprenait pour saisir l’aspect des nuages dans les conditions atmosphériques les plus diverses. Cette lumineuse étude porte la marque laissée par le doigt de l’artiste dans la matière encore fraîche. Les effets spectaculaires de tempête et de brume exerçaient un attrait tout particulier sur les artistes d’une sensibilité plus romantique





La lumière d’Italie : Rome et la Campagne romaine

C’est en Italie, qui joue de ce fait un rôle central dans l’histoire de la peinture en plein air, que la plupart des artistes de l’époque s’essayèrent à la méthode. Venus de l’Europe entière, les jeunes peintres affluaient dans la péninsule pour y poursuivre leur formation, poussés vers Rome par le désir de se plonger dans la culture classique et l’étude des maîtres anciens. La présence de sites grandioses et de ruines antiques, la magique lumière du sud et la constance du climat garantissaient un cadre particulièrement favorable pour peindre sur le motif. De vibrantes communautés d’artistes expatriés se formaient, au sein desquelles les informations circulaient sur les meilleures méthodes de travail et les sites les plus appropriés. Depuis son logement à l’Académie de France à Rome, André Giroux peignit une vue exceptionnelle de la Ville éternelle sous la neige. L’étude fut exécutée avec rapidité, et la variété des textures et les empâtements du premier plan témoignent de la délectation de l’artiste à jouer de la matérialité de la peinture. Le séjour romain de Giroux coïncide avec la présence dans la ville de Camille Corot, figure centrale de l’histoire de la peinture de plein air, incarnation de la transition entre la tradition académique néoclassique et les expériences de l’avant-garde impressionniste qui se manifesta après lui. D’une audacieuse géométrie, la vue étonnamment moderne de San Bartolomeo est considérée comme l’un des chefs-d’oeuvre de Corot. La campagne aux alentours de Rome combinait la beauté naturelle de ses paysages sauvages et la majesté des ruines héritées de son passé classique. On l’appelait « la Campagna » et ce fut pour les peintres de plein air un laboratoire, théâtre de sorties au cours desquelles ils travaillaient ensemble, peignant souvent côte à côte. La surprenante vue d’Olevano fut ainsi réalisée par Caruelle d’Aligny lors d’une excursion avec Corot en avril 1827.



Italie du sud : la baie de Naples, les volcans et Capri

Au-delà de Rome, de nombreux artistes poussaient leur périple plus au sud, vers la baie de Naples. Edgar Degas avait des attaches familiales dans la ville et, dans sa jeunesse, y exécuta un ensemble d’études de plein air à l’huile sur papier, restituant à la perfection l’aspect nacré du ciel napolitain. Motif très séduisant, le Vésuve figure dans de nombreuses esquisses peintes dans la région, apparaissant le plus souvent à l’arrièreplan, imposante masse rocheuse en sommeil. La période à laquelle s’intéresse notre exposition correspond toutefois à une phase d’intense activité volcanique et nombreux furent les artistes qui, avides d’assister à l’un des spectacles les plus grandioses que puisse offrir la nature, s’aventurèrent dans de périlleuses excursions. L’étude de Jean-Charles-Joseph Rémond rend ainsi compte de la terrible éruption du Stromboli qui se produisit le 30 août 1842. L’île de Capri était une destination très prisée des peintres d’Europe du nord et maints artistes allemands et scandinaves y firent des vues emblématiques des côtes rocheuses et des eaux d’un bleu profond. C’est toutefois une étude anonyme figurant une terrasse inondée d’une éblouissante lumière qui constitue l’un des points d’orgue de cette section. OEuvres informelles, généralement conçues comme des outils pédagogiques, bien des esquisses de paysage à l’huile n’étaient pas signées et leur attribution reste souvent délicate.



Toits, cours et ruines

Cette dernière section ignore délibérément les évocations classiques de Rome et les paysages d’Italie idéalisés pour se tourner vers des motifs infiniment plus humbles, souvent choisis par les artistes dans leur pays natal : vues de toits impromptues, cours de ferme, édifices délabrés, recoins anonymes. Travaillant depuis une fenêtre, Frederik Rohde détaille avec soin les tuiles rouges qui s’offraient à son regard, mais son véritable sujet semble être le vent qui, agitant les peupliers, révèle dans le lointain le clocher d’une église. Brossée avec une plus grande liberté, la cour de ferme d’Augustus Egg donne ce même sentiment d’immédiateté.



Travailler d’après nature : du dessin à la peinture

Aux origines de la peinture à l’huile en plein air se trouve le dessin, et les thèmes évoqués tout au long de l’exposition furent également abordés au fusain, à la craie ou au crayon dès les XVIe et XVIIe siècles. Une sélection de dessins issus de la très riche collection de la Fondation Custodia est insérée dans le parcours de l’exposition, rappelant ainsi l’ancienneté de cette tradition du travail sur le motif.



Le catalogue

L’exposition s’accompagne d’un catalogue très complet [Sur le motif. Peindre en plein air 1780-1870 / Ger Luijten, Mary Morton et Jane Munro (éd.) Londres, Paul Holberton Publishing, 2020], publié en deux versions, anglaise et française. Les divers essais rédigés par les commissaires et par plusieurs experts qui font autorité sur le sujet, Michael Clarke, Ann Hoenigswald et Anna Ottani Cavina, se font l’écho des toutes dernières recherches sur cette facette importante de l’histoire de l’art européen.

Pour toutes les oeuvres exposées à Paris (dont une quarantaine hors catalogue), la Fondation Custodia mettra également en ligne une présentation entièrement illustrée et accompagnée de textes explicatifs rédigés par Alice-Anne Tod.