🔊 “Aassmaa Akhannouch & Cyrus Cornut” Prix HSBC pour la Photographie, à la Galerie Esther Woerdehoff, Paris, du 27 mai au 26 juin 2021
“Aassmaa Akhannouch & Cyrus Cornut”
Prix HSBC pour la Photographie, lauréats 2021
Ă la Galerie Esther Woerdehoff, Paris
du 27 mai au 26 juin 2021
Prix HSBC pour la Photographie
Galerie Esther Woerdehoff
Atelier EXB
PODCAST – Interview de Sylvie Hugues, conseillère artistique 2021 – 26e Ă©dition du Prix HSBC pour la Photographie, ainsi que de Aassmaa Akhannouch et de Cyrus Cornut, laurĂ©ats 2021 du Prix HSBC pour la Photographie,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 24 mai 2021, durée 27’52, © FranceFineArt.
© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec Aassmaa Akhannouch, Cyrus Cornut et Sylvie Hugues, le 24 mai 2021.
Extrait du communiqué de presse :
commissariat : Sylvie Hugues, Conseillère artistique 2021 – 26ème édition du Prix HSBC pour la Photographie
Le Prix HSBC pour la photographie ouvre l’itinérance 2021 à la galerie Galerie Esther Woerdehoff pour exposer Aassmaa Akhannouch et Cyrus Cornut, choisi parmi les 12 photographes proposés au comité exécutif Par Sylvie Hugues, conseillère artistique 2021.
Aassmaa Akhannouch – « La maison qui m’habite encore… »
Mes parents sont maintenant tous les deux décédés.
Enfant, j’habitais une maison rouge. La « maison rouge » était mon adresse, c’était la maison adorée de ma mère. Fermée pendant 30 ans j’ai dû y aller avec ma sœur pour la vider en raison de sa vente imminente. La maison contient encore quelques meubles, trois pruniers, quatre orangers et toute mon enfance.
Je me promène dans le jardin, il n’est pas aussi grand que dans mes souvenirs… C’est la veille de la fĂŞte, ça sera probablement poulet aux olives demain… Ma mère prĂ©pare des cornes de gazelles, dans la cour devant la cuisine… C’est l’étĂ© et l’immense fenĂŞtre du sĂ©jour est grande ouverte. Je m’approche, mon père et ma sĹ“ur sont tous les deux derrière un livre.
Il y a des livres partout, mais le soir, on ne me lisait pas des histoires pour enfants, on me les racontait, c’est qu’il y a très longtemps les choses les plus extraordinaires pouvaient encore arriver… C’est la fĂŞte demain. J’aurai un ruban dans ma natte, je ne jouerai pas trop le matin pour ne pas abĂ®mer mes chaussures, mais l’après-midi, j’aurai oubliĂ© qu’ils Ă©taient neufs… Je regarderai ma mère se coiffer devant son miroir, peut-ĂŞtre qu’elle portera son caftan bleu pâle… Je ne veux pas que cette maison soit vendue, je veux la garder en cette veille de fĂŞte, en cet Ă©tĂ© Ă©ternel, engloutie, endormie, car elle n’a jamais cessĂ© d’être mon adresse.
Les images de la sĂ©rie sont des prises de vue dans ma maison d’enfance, mais aussi des mises en scènes qui Ă©voquent mon enfance dans cette maison… Les tirages sont des cyanotypes virĂ©s et rehaussĂ©s Ă l’aquarelle, tous rĂ©alisĂ©s par moi-mĂŞme.
Aassmaa Akhannouch
De quelle couleur sont les souvenirs ? En revisitant la maison de son enfance, Ă l’occasion de la vente de celle-ci, la photographe marocaine Aassmaa Akhannouch nous fait voyager dans le temps. Astucieusement, elle a tenu Ă immortaliser le vieux tĂ©lĂ©viseur dĂ©finitivement hors service, la pile de livres qui ne trouveront plus de lecteurs, la robe oubliĂ©e trop longtemps dans la penderie… S’en dĂ©gage une grande mĂ©lancolie. Mais la photographe ne cède pas Ă la facilitĂ© de ce genre d’exercice.
Combien de fois a-t-on vu les maisons de famille photographiĂ©es sous toutes les coutures ? Volets fermĂ©s, murs lĂ©zardĂ©s, lits dĂ©laissĂ©s, etc. Ă€ la nostalgie des espaces vides, la photographe ajoute des images dĂ©crivant les scènes de son enfance : la prĂ©paration du repas, la sĂ©ance de coiffure… Et – miracle du talent – ça sonne juste. C’est comme si les habitants de cette maison – pourtant fermĂ©e depuis trente ans – n’avaient jamais quittĂ© les lieux !
Le procĂ©dĂ© de tirage dont elle fait mention, Ă savoir du cyanotype virĂ© et rehaussĂ© Ă l’aquarelle, s’accorde parfaitement au propos et ajoute une patine aux tirages. C’est un peu comme si on rouvrait une vieille malle au grenier et qu’on tombait sur ses photographies. Un aller-retour entre prĂ©sent et passĂ© s’opère… Bref, nous voici en prĂ©sence d’un Maroc Ă©ternel dont les teintes effacĂ©es mais tenaces, rĂ©vèlent une belle sensibilitĂ©.
Sylvie Hugues Conseillère artistique 2021
Aassmaa Akhannouch
Née à Meknès (Maroc) en 1973, je vis et travaille entre Casablanca et le Lot, Occitanie.
Après un diplĂ´me d’ingĂ©nieur en France et un MBA aux États-Unis, je travaille dans le marketing pendant 15 ans. En 2013, je suis un cursus Ă la Photo Academy Casablanca pour perfectionner mes connaissances en photographie. En 2016, je dĂ©cide de me consacrer entièrement Ă la pratique photographique. De 2016 Ă 2018, j’ai Ă©tĂ© accompagnĂ©e dans ma recherche par l’artiste photographe FLORE Ă l’Atelier Photographique de L’Oeil de l’Esprit – Paris. Mon travail photographique se dĂ©ploie autour de l’exploration du souvenir. Ă€ travers mes images, et une attention particulière au tirage, je raconte des histoires, des fragments de mĂ©moire ouverts aux associations et Ă©motions du spectateur. Au-delĂ de l’intention de documenter le passĂ©, je tente plutĂ´t de rĂ©vĂ©ler des Ă©motions qui demeurent en moi. Du passĂ©, j’essaie d’extraire une empreinte intime, lyrique et intemporelle. J’ai exposĂ© au Maroc et en France et suis reprĂ©sentĂ©e par la Galerie127, Marrakech, Maroc.
Cyrus Cornut – « Chongqing, sur les quatre rives du temps qui passe »
Municipalité de Chongqing, République Populaire de Chine, 34 millions d’habitants.
L’une des plus fortes croissances démographiques et économiques mondiales.
L’agglomération centrale de 15 millions d’âmes se voit perfuser de près de 300 000 nouveaux arrivants chaque année.
Chongqing, la « ville Montagne », sillonnée par le fleuve Yangtsé et la rivière Jialing, peine à percer l’épais brouillard qui la recouvre toute l’année.
Héritière des déplacés du barrage des Trois-Gorges et fille des autorités pékinoises qui l’ont élevée au rang de municipalité au même titre que ses grandes sœurs de la côte Est, Chongqing s’est développée à une vitesse vertigineuse. Formes urbaines et infrastructures ont jailli défiant la gravité, épousant les reliefs de ses quatre rives escarpées et gravées par ses cours d’eau. La vitesse de l’urbanisation a pris de haut le temps lent des pêcheurs, de l’érosion des fleuves, de l’éclosion puissante des montagnes.
La danse ininterrompue des grues et des pelleteuses empile les hommes avec une rapidité déconcertante. Plus aucun obstacle n’empêche les tours de s’élancer. Elles se reproduisent presque à l’identique, comme des métastases.
Les réseaux de transport traversent les eaux, transpercent les roches, gravissent les coteaux, faisant fi de la puissance des éléments. Le fleuve est devenu l’artère qui fait battre un cœur économique résolument tourné vers la conquête économique de l’Ouest par la nouvelle route de la soie. Seules les rives, quasi sauvages, résistent et s’allient aux caprices du Fleuve. Des hommes assis sur ses berges regardent ses méandres et leurs horizons s’obstruer et ses flancs s’épaissir. Ils cultivent encore, ici et là , quelques jardins nourriciers en attendant avec fatalité que les derniers bouts de terres nues disparaissent.
Cyrus Cornut
Cyrus Cornut a 43 ans, il est architecte de formation, cela se sent dans les sujets qu’il choisit de documenter. Urbanisation dévorante en Chine, recul des zones naturelles au profit des mégapoles et des réseaux autoroutiers. Et son corollaire, mépris des populations des zones rurales et pollution endémique. Chaque projet, je le sais, fait l’objet d’une recherche sérieuse de documentation, afin de pouvoir, une fois sur place, saisir les scènes importantes et porteuses de sens. La photographie à la chambre que pratique Cyrus Cornut ne s’improvise pas. C’est une photographie du temps long qui nécessite de nombreux repérages préalables, afin de trouver les meilleurs points de vue. La chambre photographique est un appareil lourd qu’il faut fixer sur trépied. Chaque vue doit être minutieusement composée en scrutant le verre dépoli à l’arrière.
Minutieux il faut l’être aussi dans la mesure de la lumière, le film argentique ne supportant pas les Ă©carts d’exposition. Se soucier Ă©galement de la gamme chromatique : ici, la palette des gris et verts pâles donnent une belle unitĂ© Ă l’ensemble (le photographe peut remercier le brouillard de CO2 qui plane au-dessus de la ville…). Il y a fort Ă parier que les paysages urbains immortalisĂ©s par le photographe n’existent plus aujourd’hui, d’oĂą l’importance de mener pareille entreprise malgrĂ© le coĂ»t qu’elle engendre et l’engagement que cela demande.
Sylvie Hugues Conseillère artistique 2021
Cyrus Cornut
Photographe, architecte de formation, son travail s’oriente en premier lieu sur la ville, sa plastique, ses Ă©volutions, ses traces, ses vides, et sur les comportements humains qu’elle induit. En 2006, son premier travail sur les villes chinoises est exposĂ© aux Rencontres d’Arles sous la direction artistique de Raymond Depardon. Il sera membre de l’agence coopĂ©rative Picturetank qu’il intègre en 2007, jusqu’à sa fermeture en 2017. En 2010, avec le groupe France14, il expose « Voyage en pĂ©riphĂ©rie », travail sur les paysages de logements de masses en ĂŽle-de-France. Ă€ partir de 2011, ses recherches s’orientent Ă©galement sur la place du vĂ©gĂ©tal dans le paysage urbain, mais aussi vers le paysage rural. Ainsi naĂ®t « Le voyage d’Alberstein » travail de collaboration qui tente la synthèse entre diffĂ©rents questionnements sur l’humain, son environnement naturel, planifiĂ© ou relationnel et le cadre temporel dans lequel il Ă©volue. Il dĂ©veloppe aujourd’hui un travail Ă la chambre 4×5 qui lui permet de poser un regard lent sur les Ă©volutions urbaines, en Asie, comme en France, ainsi qu’une Ă©criture davantage plastique mĂŞlant dessin, gravure et photographie. Son travail est exposĂ© en France et Ă l’étranger.
Le Prix HSCB pour la Photographie
Depuis 26 ans, le Prix HSBC pour la Photographie, créé en avril 1995, a pour mission d’aider et de promouvoir de façon durable la génération émergente de la photographie.
Un concours annuel est ouvert à tout photographe professionnel n’ayant jamais édité de monographie, sans critère d’âge ni de nationalité.
Chaque année, un conseiller artistique désigné pour apporter un nouveau regard présélectionne une dizaine de candidats. Il présente alors ses choix au Comité exécutif qui élit les deux lauréats.
Accompagnement des deux artistes
• Publication de la première monographie de chaque artiste avec l’Atelier EXB – Collection Prix HSBC pour la Photographie, dirigée par Christian Caujolle.
• Création et organisation de l’exposition itinérante de leurs oeuvres dans des lieux culturels.
• Aide à la production de nouvelles oeuvres pendant l’année de l’itinérance.
• Acquisition par HSBC France de six oeuvres par lauréat pour son fonds photographique.
Exposition itinérante
Paris – Galerie Esther Woerdehoff – 27 mai au 26 juin 2021
Galerie virtuelle Prix HSBC pour la photographie – juin 2021
Arles – dans le cadre des Rencontres photographiques – juillet / août 2021
Metz – Cité musicale, galerie d’exposition de l’Arsenal – 24 septembre au 14 novembre 2021