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🔊 “ Véra Léon” commissaire d’exposition. J’aurais voulu être un artiste.fr

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“Véra Léon” commissaire d’exposition

J’aurais voulu être un artiste.fr

J’aurais voulu ĂŞtre un artiste.fr

PODCAST -  Interview de Véra Léon, commissaire de l'exposition "J’aurais voulu être un artiste.fr", par Anne-Frédérique Fer, enregistrement réalisé par téléphone, entre Paris et la Drôme, le 28 avril 2021, durée 24’38. © FranceFineArt.
(photographie, crédit © Laure Ledoux)

PODCAST –  Interview de VĂ©ra LĂ©on, commissaire de l’exposition « J’aurais voulu ĂŞtre un artiste.fr »,

par Anne-Frédérique Fer, enregistrement réalisé par téléphone, entre Paris et la Drôme, le 28 avril 2021, durée 24’38.
© FranceFineArt.
(photographie, crédit © Laure Ledoux)

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En ce temps de crise sanitaire, où depuis mars 2020, par leur activité jugée non essentielle par le gouvernement, les musées et les lieux de culture sont en sommeil, où les activités se dématérialisent, l’exposition J’aurais voulu être un artiste.fr a pour ambition de questionner la place de la création.

Si dans l’imaginaire collectif, l’artiste est une personne marginale, rêveuse, qui n’a pas le sens des réalités, qui est parfois considéré comme fou ou rebelle, l’artiste par son regard singulier sur le monde, est également un indicateur sociétal. 

Dans ce questionnement sur la place de l’artiste et de son rôle dans notre société, dans la façon dont la crise sanitaire a contraint nos corps, nos libertés, dont elle a réduit les possibilités de montrer le travail des artistes, de vivre physiquement les œuvres, J’aurais voulu être un artiste.fr est également une réflexion sur la pratique de l’exposition.

À travers la proposition, J’aurais voulu être un artiste.fr , Véra Léon, artiste chercheuse et commissaire de l’exposition, s’est confiée au micro de FranceFineArt. Pour découvrir les réflexions que Véra Léon a impulsées et concrétisées avec les neuf artistes du projet, nous vous invitions à écouter son interview.

Anne-Frédérique Fer

véra & léon (France) - Monopoly de l’artiste / Vidéo
véra & léon (France) Monopoly de l’artiste Vidéo
Rafael Serrano (Venezuela)- Reading Howie / Photographies numériques
Rafael Serrano (Venezuela)Reading Howie Photographies numériques
Mariette Auvray (France)- À nos parts absentes / Film-poème.
Mariette Auvray (France)À nos parts absentes Film-poème.
Kaitlin Bouleau (Australie) - Au-delĂ  des toi(t)s / Huile sur toile.
Kaitlin Bouleau (Australie) Au-delĂ  des toi(t)s Huile sur toile.
Gilbert Princesse (France) - Atlas - clips et politique / Installation interactive.
Gilbert Princesse (France) Atlas – clips et politique Installation interactive.
Dilan Roche (France-Turquie) - Chute la vie / Encre, papier et photographies.
Dilan Roche (France-Turquie) Chute la vie Encre, papier et photographies.

Extrait du communiquĂ© de presse :




J’aurais voulu ĂŞtre un artiste.fr : exposition en ligne / avril-juin 2021 / 9 artistes \ 6 mĂ©diums \ 5 nationalitĂ©s



Collectif d’artistes : Vos trĂŞves, nos rĂŞves  

Neuf artistes se réunissant pour faire face, en collectif, à un monde en berne

AUVRAY Mariette, France, Vidéaste, performeuse, musicienne, née en 1986

BOULEAU Kaitlin, Australie, Peintre, née en 1987

LÉON & VÉRA, France, Plasticien·nes, poètes, performeur·ses, nés en 1990

PRINCESSE GILBERT, France, Artiste, auteur, né en 1989

LEKER Lucie, France, Musicienne et compositrice, née en 1989

RENSHAW Olivia, Angleterre, Poétesse, née en 1992

ROCHE Dilan, France-Turquie, Plasticienne et performeuse, née en 1989

SERRANO Rafael, Venezuela, Plasticien, né en 1977

SOTOS Candela, Espagne, Photographe, née en 1986



Note d’intention :

On ne peut aujourd’hui fredonner le tube J’aurais voulu être un artiste sans ironie, tant ses paroles des années 1980 contrastent avec la crise actuellement traversée par les artistes. Jouant de cet écho parodique, cette exposition ambitionne de questionner à nouveaux frais la place de la création dans notre ère de crise sanitaire et politique.

Au creux des heures les plus sombres, l’art est réputé revêtir un rôle transformateur. Il catalyserait les révolutions, nourrirait les changements et les combats, inspirerait les foules et les fous. Or la réalité des artistes est méconnaissable, loin de la bohème fantasmée. Leurs possibilités individuelles de créer sont largement déterminées par la situation socio-politique, où privé et politique se mêlent. La production des imaginaires et leurs résonnances avec le regard du public dépendent largement de ces facteurs souvent invisibles mais non moins puissants.

Cette exposition propose ainsi de s’interroger sur ces obstacles sanitaires et sociétaux, envisagés à la fois comme freins et comme irréductiblement liés à la création. Si la crise influe sur les orientations esthétiques des artistes, dans quelle mesure imprègnet- elle aussi davantage leurs démarches de positionnements politiques ? Dans quelle mesure les rapproche-t-elle aussi d’autres formes de luttes ? Rêver aujourd’hui et demain constitue-t-il, finalement, un acte politique ?

VĂ©ra LĂ©on, commissaire d’exposition – LaurĂ©ate de l’Institut pour la photographie (2021)





Porteuse de projet

Véra Léon, Artiste-chercheuse née en 1990, commissaire d’exposition, et docteure en histoire de l’art contemporain, je vis entre la Seine-Saint-Denis et la Drôme. Nourrie d’une double formation en histoire (ENS de Lyon) et en arts (Paris 8), je m’attache à relier les points qui séparent les approches scientifiques et artistiques, les modes d’écriture académiques et poétiques, les épistémologies théoriques et politiques. Lauréate 2021 du programme de soutien à la recherche et à la création de l’Institut de la photographie, je développe actuellement des recherches (performances, publications…) d’une part sur la formation du regard, et d’autre part sur les pratiques sociales et genrées de légitimation dans les mondes de l’art. En corps et en ligne, en texte et en image, mon travail tente de faire gronder les frondes de l’expérience sensible, les espaces utopiques potentiels contenus dans les révoltes intérieures résonnant avec les tumultes collectifs.




L’exposition J’aurais voulu être un artiste.fr s’articule en 3 axes thématiques


1.L’intime maladie – Replis et reconquĂŞtes

Dans un contexte sous tension, la maladie projette son ombre sur le quotidien de la création. À chaque vague correspond un nouveau repli sur soi : parfait prétexte pour une reconquête des formes ?

Kaitlin Bouleau (Australie) – Au-delĂ  des toi(t)s / Huile sur toile

L’ordre de se retrancher derrière les murs interroge : les frontières du chez-soi sont-elles étanches ? Tracer les contours des corps, c’est aussi sentir les chairs qui hébergent les subjectivités et les couleurs des paysages intimes. À l’abri, peut-être peindre l’effervescence des imaginations collectives.

Lucie Leker (France)- Sans titre / Création sonore

Dans ce temps ralenti, loin des planches, l’écho de musiques d’un autre temps tente de réunifier les fragments isolés des identités. Deux sons se côtoient sans jamais fusionner, tels des êtres voisins qui se ressemblent mais ne s’entendent pas. Dans le silence de la ville, ils sonnent comme la vibrante nécessité d’achever la trêve.

Mariette Auvray (France)- À nos parts absentes / Film-poème

Que reste-t-il des êtres aimés dans les plis d’un temps arrêté ? Leurs fantômes habitent nos imaginaires et nos voix. La maladie, entrave des corps et des esprits, finit par faire émerger cette force de l’intérieur, nouvel espace de relation à soi et à l’altérité.


2.ObstruĂ©es, obstinĂ©es – Luttes des reprĂ©sentations, luttes d’artistes

Les restrictions condamnent les artistes à créer sous une chape, sans public. Leur précarité matérielle se double ainsi d’une précarité existentielle. Comment faire exister le visible dans un monde des invisibles ?

Rafael Serrano (Venezuela)- Reading Howie / Photographies numériques

Une même page, saisie sous des variations d’exposition lumineuse. L’ouvrage fondateur de la sociologie de l’art, Les mondes de l’art, de Howard Becker, se trouve ici éclairé sous un jour à la fois parodique et obsessionnel. Cet acte photographique interroge la construction d’un regard artistique sur le monde social, à la fois distant et proche, surplombant et sensible.

Olivia Renshaw (Angleterre)- Parts of Days in This Unprecedented Time / Poésie

Dans un réel condamné à l’inertie, faut-il s’échapper coûte que coûte, au risque de nos pires cauchemars ? L’écriture poétique brode sur les failles de ce quotidien déjà entaillé par le handicap. Elle révèle la cruauté des possibles et l’éclat inconnu des corps.

vĂ©ra & lĂ©on (France) – Monopoly de l’artiste / VidĂ©o

Le noir de l’écran clignote de lumière, comme troué par des enseignes publicitaires. Son vertige hypnotique nous introduit dans les coulisses de l’art comme marchandise, sur le seuil invisible des normes sociales, là où les subjectivités artistiques semblent s’échouer dans un hors-champ. Ce chaos visuel et sonore questionne nos sens : mirage ou émergence de nouvelles surfaces sensibles ?


3.RĂ©sister Ă  la nuit – Politique pandĂ©mique des corps

L’épidémie met en lumière les maladies préexistantes de nos démocraties. Comment la joie peut-elle embraser les corps entre psychoses et cancers ? Quelles sont les conditions d’une renaissance ?

Candela Sotos (Espagne) – YrupĂ© / VidĂ©o

Né de l’eau trouble des souvenirs, le nénuphar Yrupe ne daigne s’ouvrir que tous les soixante ans. Leçon de patience, sa vie microscopique, captée par la pellicule, nous amène à quelques coudées seulement de l’embrasement des imaginaires, comme des révoltes à venir des mondes aquatiques et végétaux.

Dilan Roche (France-Turquie) – Chute la vie / Encre, papier et photographies

Ce flux intuitif de coulures manuscrites, de lumières encrées, d’écritures de l’ombre, semble adresser un défi à la conscience omniprésente. Invitation à une rêverie labyrinthique, ces formes nous montrent le chemin pour dessiner un commun par-delà les rainures du temps.

Gilbert Princesse (France) – Atlas – clips et politique / Installation interactive

Au gré des clics sur ces captures d’écran, des motifs récurrents surgissent. Ils cartographient des espaces signifiants, affirment des gestes de résistances, dessinent la reconquête des corps face aux injustices d’un monde en crise. Des images de luttes.