đ âTempĂȘtes et naufragesâ de Vernet Ă Courbet, au MusĂ©e de la Vie Romantique, Paris, Ă rĂ©ouverture des musĂ©es et jusqu’au 12 septembre 2021
âTempĂȘtes et naufragesâ
de Vernet Ă Courbet
au Musée de la Vie Romantique, Paris
Ă rĂ©ouverture des musĂ©es et jusqu’au 12 septembre 2021
![PODCAST - Interview de Gaëlle Rio, directrice du musée de la Vie romantique et commissaire de l'exposition, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 1er avril 2021, durée 17'59". © FranceFineArt.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_audio.jpg)
PODCAST – Interview de GaĂ«lle Rio, directrice du musĂ©e de la Vie romantique et commissaire de l’exposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 1er avril 2021, durĂ©e 17’59, © FranceFineArt.
© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec GaĂ«lle Rio, le 1er avril 2021.
![Ferdinand Victor Perrot, (1808-1841), Sauvetage d'un bateau de pĂȘche basbreton par le "Neptune", navire danois, sur les cĂŽtes de la Basse-Bretagne, 1835, huile sur toile, MusĂ©e des Beaux-Arts de Nantes, Nantes, France, N°75 © Alain Guillard / MusĂ©e d'arts de Nantes.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_1.jpg)
![Joseph Vernet, (1714-1789), Le Naufrage, inv. 2019.1.18, DĂ©pĂŽt de l'Ătat de 1898, transfert de propriĂ©tĂ© de l'Ătat Ă la ville de Troyes, 2019, huile sur toile, 76 x 101 cm, MusĂ©e des Beaux-Arts et dâArchĂ©ologie, Troyes. Photo Carole Belle, Ville de Troyes.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_2.jpg)
![Paul Huet, (1803-1869), Brisants à la pointe de Granville (Manche), vers 1852, huile sur toile, 68 x 103 cm Musée du Louvre, département des peintures, Paris, France. Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_3.jpg)
![Pierre-Ămile BerthĂ©lĂ©my, (1818-1894), Naufrage sur la cĂŽte bretonne, 1851, huile sur toile, 93,3 x 72 x 2,5 cm, MusĂ©e de Morlaix © MusĂ©e de Morlaix, MusĂ©e de France.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_4.jpg)
![Louis-Philippe Crépin, (1772-1851), Sauvetage de la gabare l'Alouette, 1822, huile sur toile, 38.5 x 46 cm, Musée national de la Marine, Paris, France, N°64 © Musée national de la Marine / P. Dantec.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_5.jpg)
![ThĂ©odore GĂ©ricault, (1791-1824), Le Radeau de la MĂ©duse (quatriĂšme esquisse dite esquisse Bessonneau), vers 1818 - 1819, huile sur toile, 37,5 x 51,5 x 2 cm, MusĂ©e des Beaux-Arts dâAngers, Angers, France.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_6.jpg)
![Pierre-Emile BerthĂ©lĂ©my (1818-1894), AprĂšs la TempĂȘte, huile sur toile, 128 x 210 cm, MusĂ©e des Beaux-Arts de Rouen © C. Lancien, C. Loisel / RĂ©union des MusĂ©es MĂ©tropolitains Rouen Normandie.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_7.jpg)
![Louis Garneray, (1783 â1857), Le NaufragĂ©, vers 1800, huile sur toile, 82 x 100 cm, MusĂ©e des beaux-arts de Brest . © MusĂ©e des Beaux-Arts de Brest MĂ©tropole.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_8.jpg)
![Ary Scheffer, (1795-1858), La TempĂȘte, vers 1820, huile sur toile, 35,5 x 51,5 cm. MusĂ©e de la Vie romantique, Paris. © MusĂ©e de la Vie romantique / Roger-Viollet.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_9.jpg)
![Victor Hugo, (1802-1885), Les Travailleurs de la mer : Naufrage, entre 1864 et 1866, dessin, 53,5 x 41,5 cm, BibliothĂšque nationale de France â Manuscrits, Paris. © BibliothĂšque nationale de France, Paris.](https://im-francefineart.com/agenda/icono-3051_3200/3065_Tempetes-et-Naufrages_10.jpg)
Extrait du communiqué de presse :
Commissariat :
Gaëlle Rio, directrice, musée de la Vie romantique
Le musĂ©e de la Vie romantique invite Ă dĂ©couvrir une thĂ©matique emblĂ©matique et fascinante de la premiĂšre moitiĂ© du XIXe siĂšcle et lâune des plus puissantes sources dâinspiration de lâunivers romantique : les tempĂȘtes et naufrages. Cette exposition souhaite ouvrir la programmation du musĂ©e au-delĂ de ses collections centrĂ©es sur la vie parisienne des salons en explorant la diversitĂ© picturale du romantisme et en mettant en lumiĂšre ce nouveau regard portĂ© sur la nature et les paysages maritimes comme reflet de lâĂąme romantique.
Ă travers une sĂ©lection dâune soixantaine dâoeuvres â peintures, dessins, estampes, manuscrits â de plus de trente artistes des XVIIIe et XIXe siĂšcles, cette exposition embarque le visiteur dans un rĂ©cit vivant et illustrĂ© de la tempĂȘte maritime, depuis le dĂ©chaĂźnement des Ă©lĂ©ments jusquâaux consĂ©quences souvent dramatiques du naufrage et de la perte avant le retour au calme en mer et sur terre.
La mer, par sa dĂ©mesure et sa violence, fait Ă©cho aux tourments intĂ©rieurs des artistes qui sâemparent des motifs de coups de vent, de nuages menaçants, de vagues se brisant sur des rĂ©cifs, de navires en perdition et de personnages en danger afin de crĂ©er des mises en scĂšne sublimes et dramatiques. Ce vĂ©ritable spectacle des Ă©lĂ©ments dĂ©chaĂźnĂ©s dĂ©voile aussi toute une palette de sentiments exacerbĂ©s comme la terreur, le courage ou lâadmiration devant la force et la beautĂ© de la nature.
GrĂące Ă une scĂ©nographie originale, le parcours sâorganise en trois parties: Aux sources de la reprĂ©sentation de la tempĂȘte â Le spectacle de la tempĂȘte en pleine mer, au coeur du romantisme â AprĂšs la tempĂȘte : Ă©paves et naufragĂ©s. Au cĂŽtĂ© de tableaux et dessins de Joseph Vernet, ThĂ©odore GĂ©ricault, ThĂ©odore Gudin, EugĂšne Isabey, EugĂšne Boudin ou Gustave Courbet, rĂ©sonnent les Ă©crits tempĂ©tueux de Denis Diderot, Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre, Alphonse de Lamartine, Victor Hugo et Jules Michelet ainsi que les crĂ©ations musicales de Ludwig van Beethoven, Franz Liszt ou Richard Wagner.
En Ă©cho aux oeuvres prĂ©sentĂ©es, une sĂ©lection de textes littĂ©raires avec la voix de Guillaume Gallienne de la ComĂ©die-Française et une bande sonore conçue par la MĂ©diathĂšque musicale de Paris viennent complĂ©ter le parcours. Cette exposition sâaccompagne Ă©galement dâune riche programmation culturelle, dâanimations et de dispositifs de mĂ©diation comme un voyage olfactif contĂ©, un parcours de visite pour les enfants, des visites guidĂ©es et des ateliers thĂ©matiques qui inviteront le public du musĂ©e de la Vie romantique Ă explorer cet imaginaire de la tempĂȘte Ă la fois effrayant et sublime.
Pour accompagner lâexposition TempĂȘtes et naufrages. De Vernet Ă Courbet, un catalogue est publiĂ© aux Ă©ditions Paris MusĂ©es.
Parcours de lâexposition
PrĂ©sentĂ©e dans les deux ateliers, lâexposition TempĂȘtes et naufrages. De Vernet Ă Courbet, embarque le visiteur dans un rĂ©cit vivant et illustrĂ© de la tempĂȘte maritime, et invite Ă dĂ©couvrir une soixantaine dâoeuvres â peintures, dessins, estampes, manuscrits â de plus de trente artistes des XVIIIe et XIXe siĂšcle.
Le parcours sâorganise en trois parties correspondant aux trois espaces du musĂ©e dĂ©volus aux expositions temporaires : Aux sources de la reprĂ©sentation de la tempĂȘte â Le spectacle de la tempĂȘte en pleine mer â AprĂšs la tempĂȘte : Ă©paves et naufragĂ©s.
1. AUX SOURCES DE LA REPRĂSENTATION DE LA TEMPĂTE
Câest Ă partir du XVIIIe siĂšcle que les tempĂȘtes et les naufrages deviennent lâun des sujets incontournables des peintures de marine. Alors que les voyages et le commerce maritime se dĂ©veloppent et que les conditions de navigation sâamĂ©liorent, la mer en furie fournit un Ă©lĂ©ment de dĂ©cor, prĂ©texte Ă un rĂ©pertoire des Ă©motions, et satisfait lâengouement croissant pour les catastrophes naturelles. Les artistes sâinspirent avant tout des rĂ©cits bibliques pour reprĂ©senter lâimpuissance de lâhomme face Ă la violence de la nature. Les compositions de Paul Rubens, de Jean-Jacques Monanteuil et de John Martin, vĂ©ritables mises en scĂšne dramatiques de la colĂšre et du chĂątiment divin, associent la curiositĂ© scientifique Ă la mĂ©ditation sur la fragilitĂ© humaine.
Dans la lignĂ©e dâAdrien Manglard, câest avec Joseph Vernet, peintre de marines du roi Louis XV, que les scĂšnes de tempĂȘtes et dâorages deviennent un genre Ă part entiĂšre. Ă partir dâune observation prĂ©cise de la nature, Vernet recompose un naufrage idĂ©al, selon une mise en scĂšne thĂ©Ăątrale, appuyĂ©e sur une gestuelle outrĂ©e et une atmosphĂšre apocalyptique. Jean Pillement et Philippe Jacques de Loutherbourg figurent eux aussi, dans des compositions imaginaires, lâhomme confrontĂ© Ă une nature impĂ©tueuse. Leurs oeuvres annoncent le goĂ»t du sublime dans lâesthĂ©tique romantique des premiĂšres dĂ©cennies du XIXe siĂšcle.
Les peintres romantiques de la fin du XVIIIe siĂšcle sâinspirent de cĂ©lĂšbres rĂ©cits littĂ©raires de tempĂȘtes et de naufrages qui rĂ©sonnent avec le monde intĂ©rieur tumultueux de leurs hĂ©ros. Louis Boulanger traduit en peinture la tragĂ©die Le Roi Lear de William Shakespeare dans laquelle le hĂ©ros Ă la dĂ©rive, accompagnĂ© de son fou, sâavance dans la lande et apostrophe le ciel. Un des plus cĂ©lĂšbres rĂ©cits dramatiques de tempĂȘte est celui dĂ©crit par le Havrais Jacques-Henri Bernardin de Saint-Pierre en 1788, dans sa pastorale Paul et Virginie. Lâauteur sâinspire du naufrage du Saint-GĂ©ran, survenu au mois dâaoĂ»t 1744 au large de lâĂźle de France (actuelle Ăźle Maurice), pour imaginer la tragique disparition en mer de son hĂ©roĂŻne.
VĂ©ritable succĂšs littĂ©raire, ce rĂ©cit dâune passion mariant la vertu, le sublime et le funĂšbre engendre une iconographie abondante durant tout le XIXe siĂšcle.
Parmi les poĂštes des tempĂȘtes, Victor Hugo occupe une place Ă part. Ses premiers voyages entrepris sur les cĂŽtes de la Manche et de la mer du Nord, suivis de vingt annĂ©es dâexil Ă Jersey puis Guernesey, exercent une influence notable sur sa pensĂ©e et son oeuvre. En 1864, il entreprend lâĂ©criture de son grand roman maritime, Les Travailleurs de la mer, dans lequel il raconte le naufrage du bateau Ă vapeur La Durande. Lâart graphique vient relayer lâĆuvre littĂ©raire, tĂ©moignant de lâenvoĂ»tement terrifiant et sublime des bords de mer Ă©prouvĂ© par lâartiste.
2. LE SPECTACLE DE LA TEMPĂTE EN PLEINE MER
Ă la diffĂ©rence de Joseph Vernet et ses Ă©mules, qui peignaient des naufrages depuis la cĂŽte, les artistes romantiques, Ă©pris de drame, nous transportent en pleine mer. Ils reprĂ©sentent cette « mer spectacle », selon la formule de lâhistorien des sensibilitĂ©s Alain Corbin, qui procure toute une gamme dâĂ©motions et avant tout le plaisir dâavoir peur Ă la regarder dĂ©chaĂźnĂ©e. Joseph Mallord William Turner, le peintre de la marine ThĂ©odore Gudin ainsi que Paul Huet, considĂ©rĂ© comme le grand rĂ©novateur du paysage romantique, excellent Ă figurer de terribles tempĂȘtes maritimes, dĂ©nuĂ©es de prĂ©sence humaine et destinĂ©es Ă un public avide dâintempĂ©ries.
Les tableaux de Johan Barthold Jongkind et dâEugĂšne Boudin, inscrits pourtant dans la filiation de ThĂ©odore Gudin et dâEugĂšne Isabey, annoncent les prĂ©mices de lâimpressionnisme par leur exĂ©cution plus libre et plus abstraite des formes, de la couleur et de la lumiĂšre. Gustave Courbet rompt quant Ă lui radicalement avec cette connotation romantique de la tempĂȘte, incompatible avec ses exigences naturalistes. Il donne une vision puissante et inquiĂ©tante de la mer orageuse, traduisant la sauvagerie et lâarchaĂŻsme des forces naturelles.
Au cĂŽtĂ© de ces paysages quasi irrĂ©els cĂ©lĂ©brant la toute-puissance de la nature, ThĂ©odore GĂ©ricault, EugĂšne Isabey ou Louis Garneray sâinspirent de faits divers Ă sensation pour leurs scĂšnes de naufrages contemporains dans lesquelles les mĂąts brisĂ©s, les navires fracassĂ©s et les rescapĂ©s dĂ©sorientĂ©s participent de cette dramaturgie romantique de la catastrophe.
3. APRĂS LA TEMPĂTE : ĂPAVES ET NAUFRAGĂS
Les artistes nâimaginent pas figurer une tempĂȘte sans navire en dĂ©tresse et sans naufrage, et les oeuvres dâEugĂšne Isabey et Pierre-Ămile BerthĂ©lĂ©my rappellent que la tempĂȘte est source de profits pour certaines populations du littoral, contrebandiers ou naufrageurs, dont les pratiques illicites sĂ©duisent les romantiques. En rĂ©action Ă ces usages, le mouvement humanitaire qui naĂźt en 1825 Ă Boulogne encourage le dĂ©veloppement du sauvetage et proscrit le pillage des Ă©paves.
AprĂšs le tumulte occasionnĂ© par la tempĂȘte, il reste les navires en perdition Ă©voquĂ©s par Louis- Philippe CrĂ©pin et Ferdinand Perrot, les Ă©paves Ă©chouĂ©es sur le sable figurĂ©es par Isabey et BerthĂ©lĂ©my ainsi que le corps inanimĂ© dâun naufragĂ© rejetĂ© par les flots dessinĂ© par François Nicolas Feyen-Perrin. Le thĂšme de la femme noyĂ©e, brillamment mis en scĂšne par Joseph Vernet, est repris tout au long du XIXe siĂšcle, depuis les variantes morbides de ThĂ©odore GĂ©ricault, Paul Huet et Jean-Baptiste Carpeaux jusquâĂ celle teintĂ©e dâĂ©rotisme de Jules Garnier.
Tandis que la tempĂȘte romantique jette ses derniers feux dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, apparaĂźt le sujet de la veuve Ă©plorĂ©e et de lâorphelin. Dans les tableaux dâAry Scheffer et dâĂvariste Luminais, la tragĂ©die humaine des disparitions en mer et lâexpression exacerbĂ©e du sentiment de perte lâemportent sur les tourments de la nature. Le drame romantique fait place au pathĂ©tique et au sentimentalisme.