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🔊 “Les intermittences du cĹ“ur” Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, Ă  la galerie binome, Paris, du 16 mars au 15 mai 2021 (prolongĂ©e jusqu’au 6 juin 2021)

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“Les intermittences du cœur”
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche

Ă  la galerie binome, Paris

du 16 mars au 15 mai 2021 (prolongĂ©e jusqu’au 6 juin 2021)

Galerie Binome

PODCAST - IInterview de Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 17 mars 2021, durée 19’50. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 17 mars 2021, durée 19’50, © FranceFineArt.


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Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche
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© Anne-Frédérique Fer, visite de l’exposition avec Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, le 17 mars 2021.

Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.
Baptiste Rabichon & Fabrice Laroche, série Les intermittences du coeur, 2019. Tirage unique sur papier RC dans une édition de 3 (+3EA), épreuve chromogène par contact d’après autochromes originaux (circa 1910-1917) des jardins d’Albert Kahn à Boulogne-Billancourt, collection de Jeanne.

Extrait du communiquĂ© de presse :


Performance en laboratoire développée à quatre mains par Baptiste Rabichon et Fabrice Laroche, Les intermittences du coeur sont une série d’épreuves chromogènes tirées à partir d’autochromes originaux, par définition irreproductibles. Par delà le défi technique que représentent ces grands tirages analogiques couleur, le binôme joue sur la magie de la révélation à plus d’un titre, exaltant d’intimes rapports à l’image. Une folle aventure photographique, à l’instar de celles qui ont construit l’Histoire de la photographie depuis ses origines, entre invention et passion.



D’une histoire l’autre

En 2017, Baptiste Rabichon, tout juste diplĂ´mĂ© du Fresnoy, est laurĂ©at de la rĂ©sidence BMW Ă  Gobelins – École de l’image, oĂą il rencontre Fabrice Laroche, enseignant en photographie. Ce dernier observe les manipulations photographiques du jeune artiste, des prises de vue et collages argentiques aux photogrammes corporels gĂ©ants, pour ce qui allait constituer les sĂ©ries des Albums et des Balcons prĂ©sentĂ©es l’annĂ©e suivante aux Rencontres d’Arles et Ă  Paris Photo. Outre cette agilitĂ© Ă  expĂ©rimenter les procĂ©dĂ©s photographiques traditionnels, Laroche perçoit chez Rabichon sa considĂ©ration du vĂ©gĂ©tal et des fleurs, motifs rĂ©currents dans son travail. Il va l’enchanter en lui prĂ©sentant un ensemble d’autochromes originaux, datĂ©s entre 1910 et 1917. Fabrice Laroche s’est vu confier ces plaques de verre par un ami jardinier, qui les tenait de son arrière-grand-tante, laquelle les avait reçues en cadeau. Jeanne a Ă©tĂ© l’une des gouvernantes d’Albert Kahn et l’a accompagnĂ© passionnĂ©ment les dernières annĂ©es de sa vie. Le coffret s’est transmis Ă  travers les gĂ©nĂ©rations jusqu’au partage entre l’hĂ©ritier jardinier et le dĂ©positaire photographe, pour en imaginer une postĂ©ritĂ©.

Se découvrant une passion commune pour l’expérimentation, Baptiste Rabichon et Fabrice Laroche vont travailler à révéler la fascination opérée par ces merveilleux objets. A l’instar de petites machines à remonter le temps, ils projettent le spectateur dans une époque où la modernité de l’autochrome permettait à la photographie de rivaliser avec la peinture dans la représentation de la nature et des paysages. Un héritage d’une grande charge émotionnelle qui décide Rabichon & Laroche à exploiter la dimension secrète de ces vestiges photographiques.

Titre gigogne, Les Intermittences du coeur évoque autant cette démarche introspective que la succession d’histoires révélées par l’exploration de ces autochromes, telle une saga. Emprunté à Marcel Proust, ce titre d’un chapitre de La recherche du temps perdu est aussi présenté comme le titre caché, celui que l’écrivain avait initialement envisagé de donner à son roman. Pour Rabichon & Laroche, il rétablit la chaîne des liens tissés entre tous les passeurs des photographies d’Albert Kahn jusqu’à leur oeuvre finale.



Le tirage d’après autochrome, un défi technique

L’autochrome est un procédé de restitution photographique des couleurs breveté en 1903 par les frères Lumière. C’est la première technique industrielle de photographie couleur en produisant des images positives sur plaques de verre. L’autochrome n’a donc pas vocation à être tiré sur papier, l’image est directement visible par rétroéclairage. Au demeurant, les plaques restent d’un format assez réduit, en l’occurence 9 x 12 cm, ce qui induit une grande proximité entre le sujet et le regard du spectateur qui doit scruter l’image au plus près, si ce n’est avec une loupe pour la perception des détails.

Prenant le contre-pied de cette esthétique de la miniature, le binôme commence par une projection plus monumentale, à l’échelle du mur de leur grand laboratoire, à l’intérieur de laquelle ils viennent cadrer des morceaux choisis. Cette libre immersion dans les Jardins du monde d’Albert Kahn, est fixée en négatif sur un premier tirage, qui servira de contact lors d’une seconde projection pour restituer l’image en positif.

Ce travail à même la surface du mur, compte tenu de la taille des tirages, parfois de plus de deux mètres, implique l’engagement de tout le corps, bras déployés pour maintenir les bords et les angles, assurer le contact entre les deux épreuves. Cette pression aléatoire entre les deux surfaces insolées génère comme d’étranges mises au point dans le paysage, avec ses zones de flou ou de netteté.



Un bond spatio-temporel dans une matière-couleur

Mais le plus surprenant réside dans la perception de la couleur. Selon une analogie avec l’histoire de la peinture, que le thème de la variation autour d’un même jardin oriente inexorablement, l’effet semble véritablement pointilliste. De près, le motif se brouille en une abstraction de points colorés pour se recomposer avec du recul. Très visible, la trame dans l’image pourrait être celle d’une sérigraphie ou d’une impression offset. Tandis que la simplification manifeste de la palette de couleurs, en trichromie (orange, vert, violet), permettrait tout autant un bond spaciotemporel dans une image digitale et pixellisée. Sous l’effet de l’agrandissement, les millions de grains microscopiques de fécule de pomme de terre compressés à la surface de la plaque de verre, pour constituer le filtre de l’autochrome, semblent éclater à la manière d’un bruit numérique : un anachronisme visuel qui régénère l’image et son motif dans l’oeil du spectateur contemporain habitué à la synthèse RVB (rouge, vert, bleu) à la surface de ses écrans.

Pour le néophyte en photographie, la perte de repères paraît renforcée par une énigme, celle des ronds noirs ou blancs sur les bords du papier. Empreintes en positif ou négatif des aimants qui tiennent le papier au mur lors des phases successives de tirage, ils constituent au contraire la preuve de la matérialité du dispositif.

En 1932, les frères Lumière annonçaient l’abandon de la production des autochromes, faute de reproductibilité possible de l’image. À l’ère de l’hyper-reproductibilité et de la dématérialisation des images, Rabichon & Laroche relèvent le défi d’une nouvelle surface tangible dans la réécriture du passé : l’uchronie en photographie.

Une ambition qui transcende à la fois l’oeuvre immense d’Albert Kahn, le secret dévouement de Jeanne, et la disparition tragique de l’ami jardinier qui ne verra pas l’hommage rendu à son aïeule.

Dans l’intimité du laboratoire, l’esthétique du travail traduit aussi l’exaltation d’une expérience mêlée d’intuition et de hasard. Une tentative à ajouter dans les annales de la photographie.