đ âNi cygne ni luneâ OEuvres tchĂšques 1950-2014, au Centre Pompidou, Paris, du 7 octobre 2020 au 1er fĂ©vrier 2021
âNi cygne ni luneâ OEuvres tchĂšques 1950-2014 de la collection Claude et Henri de Saint Pierre
au Centre Pompidou, Paris
du 7 octobre 2020 au 1er février 2021
PODCAST – Interview de Karolina Ziebinska-Lewandowska, conservatrice au MusĂ©e national dâart moderne – Cabinet de la photographie, et commissaire de l’exposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 7 octobre 2020, durĂ©e 14â14, © FranceFineArt.
© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec Karolina Ziebinska-Lewandowska, le 7 octobre 2020.
Extrait du communiqué de presse :
Commissaire :
Karolina Ziebinska-Lewandowska, conservatrice au MusĂ©e national dâart moderne, Cabinet de la photographie
assistée de :
Julie Jones, attachĂ©e de conservation au MusĂ©e national dâart moderne, Cabinet de la photographie
CĂ©line Makragic, attachĂ©e de collection au MusĂ©e national dâart moderne.
SituĂ©e au coeur des collections du MusĂ©e national dâart moderne, la salle Focus met Ă lâhonneur depuis 2015 des artistes modernes et contemporains de toutes disciplines, Ă partir dâoeuvres marquantes entrĂ©es dans les collections sous forme de dons rĂ©cents.
AprĂšs Barnett Newman, Chen Zhen, Hubert Damisch, Jos Houweling et tout rĂ©cemment Yuan Jai, le Centre Pompidou prĂ©sente la donation dâHenri et Claude de Saint Pierre, une quarantaine dâoeuvres offertes au MusĂ©e, complĂ©tĂ©e de quelques autres issues de leur collection. ConstituĂ© de prĂšs de soixante-dix oeuvres, cet ensemble permet de dĂ©voiler un fragment encore mal connu de la scĂšne artistique tchĂšque. Les Ćuvres des photographes du groupe du nouveau documentaire DOFO, les images de murs par Emila MedkovĂĄ et celles de la rĂ©alitĂ© « pauvre » par Alois NoĆŸiÄka et Äestmir KraĂ
LtkĂœ, les natures mortes paisibles de Jan Svoboda, le rĂ©alisme poĂ©tique de Bohuslav Reynek, lâart brut de Jan KĆĂĆŸek, les recherches abstraites de Bela KolĂĄĆovĂĄ ou les actions subversives de lâartiste Fluxus Milan KnĂĆŸĂĄk, attestent la richesse et la diversitĂ© de lâart en TchĂ©coslovaquie communiste. Majoritairement photographique, lâexposition introduit Ă©galement quelques magnifiques exemples de lâabstraction picturale des annĂ©es 1960 et 1970 avec des toiles de Josef Sima, Vaclav BoĆĄtĂk ou des pastels de Karel Malich.
PrĂ©sentant les oeuvres dâune vingtaine dâartistes, lâexposition « Ni cygne ni lune » offre ainsi un regard Ă la fois diffĂ©rent et complĂ©mentaire sur lâavant-garde europĂ©enne la plus connue.
Dans lâhistoire de lâabstraction europĂ©enne de lâaprĂšs-guerre, il semble que lâombre du Rideau de fer soit encore trop prĂ©sente : la rĂ©vision des canons de lâabstraction dâEurope occidentale nâa pas encore eu lieu. Il nâest donc pas Ă©tonnant que Karel Malich, Vaclav BoĆĄtĂk, Emila MedkovĂĄ, Bela KolĂĄĆovĂĄ ou Äestmir KraĂ
LtkĂœ, grands noms de lâhistoire de lâart en RĂ©publique TchĂšque, restent ailleurs, relativement inconnus. AprĂšs 1945, lâabstraction tchĂ©coslovaque, nourrie de lâexpĂ©rience du surrĂ©alisme, donne naissance Ă une version particuliĂšre de lâinformel qui commence avec des expositions indĂ©pendantes telles « Konfrontace » vers 1960 ; cette abstraction est aussi empreinte de lâhĂ©ritage du constructivisme, comme en tĂ©moignent les oeuvres de Zdenek Sykora, Milan Grygar ou de Stanislav Kolibal. Au sein des groupes dâartistes engagĂ©s dissidents, comme dans les expositions, peinture et photographie se cĂŽtoient. Si la frontiĂšre politique a certes limitĂ© les Ă©changes artistiques, ces oeuvres font partie intĂ©grante de lâhistoire europĂ©enne.
Avec le don dâune quarantaine dâoeuvres de la collection de Claude et Henri de Saint Pierre, rĂ©alisĂ© en 2019, les collections du MusĂ©e national dâart moderne comblent en partie cette lacune. Le couple dĂ©couvre lâart tchĂšque dâaprĂšs-guerre dans les annĂ©es 1990, pĂ©riode pendant laquelle Henri de Saint Pierre se dĂ©place rĂ©guliĂšrement en tant que conseiller dans les usines et fonderies de la RĂ©publique tchĂšque. Une scĂšne artistique riche, mais restĂ©e locale, devient une terre dâexploration qui, sous lâĂ©gide de Claude de Saint Pierre, mĂšne Ă la constitution dâune collection privĂ©e unique, conservĂ©e Ă Paris.
Notices biographiques par Athina Alvarez et Olga Frydryszak-Retat –
Extrait du catalogue de lâexposition « Ni cygne ni luneâ sous la direction de Karolina Ziebinska-Lewandowska aux Ăditions Dilecta / Centre Pompidou
Stanislav Benc – 1935, Prague, TchĂ©coslovaquie â 2015, Prague, RĂ©publique tchĂšque
Stanislav Benc est un artiste, photographe et camĂ©raman tchĂšque. Entre 1952 et 1954, il Ă©tudie au collĂšge des arts appliquĂ©s de Prague. Il poursuit ses Ă©tudes en chimie Ă lâInstitut de technologie chimique de Prague de 1954 Ă 1956 et travaille pour la tĂ©lĂ©vision tchĂ©coslovaque en tant quâĂ©clairagiste avant de devenir assistant camĂ©raman. De 1986 Ă 1991, il Ă©tudie le cinĂ©ma Ă la Film and TV School de lâAcademy of Performing Arts de Prague. En parallĂšle, il sâinitie Ă la photographie et expose dĂšs 1961. Il a briĂšvement Ă©tĂ© membre du Fotoklub Praha. En 1965 il participe Ă lâexposition « Confrontations III » au AleĆĄ Hall Ă Prague Ă laquelle participent des peintres et photographes abstraits, dont Cestmir KraĂ LtkĂœ et Karel KuklĂk. Benc utilise Ă©galement le collage en tissant et en dĂ©formant la composition de ses photographies qui donnent lâimpression de vibrer. Ces constructions rĂ©arrangĂ©es rĂ©sultent de la superposition de plusieurs reproductions de chaque image en coupes verticales.
VĂĄclav BoĆĄtĂk – 1913, HornĂ Ăjezd, Autriche-Hongrie â 2005, Prague, RĂ©publique tchĂšque
DiplĂŽmĂ© de lâAcadĂ©mie des beaux-arts de Prague, oĂč il Ă©tudie dans lâatelier de Willy Nowak, VĂĄclav BoĆĄtĂk est lâune des figures majeures de la peinture abstraite en TchĂ©coslovaquie et membre du groupe dâart UmÄleckĂĄ berseda [Art forum], Ă partir de 1942, dont lâactivitĂ© a Ă©tĂ© officiellement interrompue en 1972 et puis relancĂ©e aprĂšs 1989. Le dĂ©but de sa production artistique est nourri par les influences des peintres rĂ©alistes CĂ©zanne et Corot. DĂšs la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1950, BoĆĄtĂk se dirige vers une oeuvre abstraite dans laquelle il dĂ©noue les questions essentielles de lâexistence par de simples formes gĂ©omĂ©triques et des jeux de lumiĂšre mĂȘlant des combinaisons de couleurs. Ă la mĂȘme Ă©poque, il participe avec le peintre JiĆĂ John Ă la crĂ©ation dâun mĂ©morial aux victimes de lâHolocauste, Ă lâintĂ©rieur dâune synagogue praguoise. En 1960 il lance la crĂ©ation du groupe dâart UB 12 qui influence de maniĂšre significative le dĂ©veloppement de lâart tchĂšque au cours de la dĂ©cennie qui commence. RestĂ© en TchĂ©coslovaquie dans les annĂ©es qui ont suivi lâintervention des troupes soviĂ©tiques, en 1968, il nâa vu ses oeuvres officiellement reconnues et exposĂ©es Ă Prague quâau printemps 1989, aprĂšs la chute du rĂ©gime totalitaire.
Eva FukovĂĄ – 1927, Prague, TchĂ©coslovaquie â 2015, New York, Ătats-Unis
Eva FukovĂĄ sâoriente trĂšs tĂŽt vers les arts grĂące au travail de sa mĂšre, Ă©crivaine, et de son pĂšre, peintre. FormĂ©e Ă la peinture Ă lâĂcole des arts graphiques de Prague sous la direction du professeur Rudolf Skopec, elle Ă©tudie ensuite Ă lâAcadĂ©mie des arts visuels de 1945 Ă 1950. Son travail de photographe commence en 1939 lorsque son pĂšre lui offre un Leica. Quelques annĂ©es plus tard, en 1951, elle se lie dâamitiĂ© avec JiĆĂ KolĂĄĆ, Jan HanÄ, Kamil LhotĂĄk, Jan RychlĂk, ZdenÄk UrbĂĄnek et Josef Schwarz. Elle frĂ©quente avec son mari, VladimĂr Fuka, les artistes qui poursuivent le travail du Skupina 42 [Groupe 42] et en 1963, elle publie une monographie. En 1967, elle Ă©migre avec son mari aux Ătats-Unis. Une deuxiĂšme monographie est publiĂ©e en 2007 par Torst aprĂšs deux grandes expositions dĂ©diĂ©es Ă FukovĂĄ en 1996 et 2007. LâĆuvre de FukovĂĄ porte une empreinte surrĂ©aliste sans pour autant appartenir au mouvement. Son travail sâapparente Ă celui de JiĆĂ KolĂĄĆ en employant la technique du photomontage, nĂ©anmoins sa dĂ©marche est diffĂ©rente puisquâelle rĂ©utilise des photographies et non des images trouvĂ©es, et quâelle privilĂ©gie des compositions trĂšs structurĂ©es quâelle rephotographie afin dâobtenir un rendu lisse.
Antonin Gribovsky Ì- 1933, Brno, TchĂ©coslovaquie â 1989, Olomouc, TchĂ©coslovaquie
Antonin GribovskĂœ se tourne trĂšs tĂŽt vers la photographie, rĂ©alisant ses premiĂšres prises de vues Ă 14 ans. AprĂšs une courte formation artistique dans lâatelier du sculpteur Jaroslav VanÄk, il devient machiniste dans lâusine dâarmement de Brno puis travaille entre 1961 et 1963 dans une fabrique de machines Ă outils de PĆerov. Cofondateur du groupe DOFO qui rĂ©unit Ă partir de 1958 des artistes dâOlomouc comme Jan Hajn, Rupert Kytka ou encore Ivo PĆeÄek, GribovskĂœ fait partie des photographes qui ont fait de lâunivers industriel des usines dans lesquelles ils travaillent un lieu dâexpĂ©rimentations visuelles. InfluencĂ©s par le surrĂ©alisme introduit dans lâart tchĂšque par les artistes dâavant-garde des annĂ©es 1920 et 1930 â dont les peintres JindĆich Ć tyrskĂœ, Toyen ou Josef Ć Ăma â et par la philosophie de lâexistentialisme de Jean-Paul Sartre, ses clichĂ©s traitent de sujets comme la mort, la solitude ou lâaliĂ©nation, Ă©voquant un sentiment dâinutilitĂ© de lâexistence dans une sociĂ©tĂ© totalitaire restrictive. Technicien de la photographie, GribovskĂœ nâhĂ©site pas Ă expĂ©rimenter avec les techniques de prise de vue et de dĂ©veloppement comme le principe de la solarisation ou la superposition dâimages, crĂ©ant des photographies Ă©nigmatiques empreintes de nostalgie et dâanxiĂ©tĂ©.
Jan Hajn – 1923, Galanta, TchĂ©coslovaquie â 2006, Olomuc, RĂ©publique tchĂšque
Issu du milieu amateur, membre fondateur du groupe DOFO crĂ©Ă© en 1958 dans la foulĂ©e de la dĂ©tente politique, Jan Hajn est lâauteur dâune oeuvre prolifique et fascinante au travers de laquelle il sâest attachĂ©, tout au long de sa vie, Ă retranscrire la beautĂ© cachĂ©e des lieux et des objets du quotidien. Aux cĂŽtĂ©s dâautres photographes amateurs comme Antonin GribovskĂœ, Rupert Kytka, Ivo PĆeÄek ou JaromĂr Kohounek, Hajn fait de lâenvironnement industriel dans lequel il travaille le thĂ©Ăątre de ses mises en scĂšnes photographiques. Scrutant les dĂ©tails nĂ©gligĂ©s, les objets oubliĂ©s ou abandonnĂ©s, les clichĂ©s de Jan Hajn dĂ©voilent avec finesse la beautĂ© du monde en apparence trĂšs prosaĂŻque de lâusine. Le style photographique de Hajn et des autres membres de DOFO sera dâailleurs qualifiĂ© par le critique dâart VĂĄclav Zykmund comme une « poĂ©sie du quotidien ». PrĂ©sentĂ©s en 1966 au Museum Folkwang Ă Essen lors de lâexposition « Surrealismus und Fotografie [SurrĂ©alisme et photographie] » organisĂ©e par Otto Steiner, leurs travaux â par leur gravitĂ©, leur pertinence et leur beautĂ© intrinsĂšque â ont un impact sur la photographie qui dĂ©passe les frontiĂšres nationales.
Josef Hampl – 1932, Prague, TchĂ©coslovaquie â 2019, HruĆĄov, Slovaquie
Peintre, graphiste, dessinateur, photographe, formĂ© Ă lâĂcole des arts dĂ©coratifs de Prague entre 1955-1960 sous la direction du professeur Jaroslav MasĂĄk, Josef Hampl expose dĂšs la fin des annĂ©es 1950. De 1967-1990 il enseigne les arts graphiques Ă lâAcadĂ©mie des beaux-arts de Prague. Au dĂ©but de sa carriĂšre artistique il est proche de VladimĂr BoudnĂk, artiste visuel considĂ©rĂ© comme fondateur et reprĂ©sentant de « lâexplosionalisme », tous les deux engagĂ©s dans le mouvement de lâabstraction. Ăgalement ami de lâĂ©crivain Bohumil Hrabal et du poĂšte et artiste JiĆĂ KolĂĄĆ, Hampl sâessaye entre autres Ă lâart du collage et entreprend des interventions dans le paysage au cours des annĂ©es 1970 et 1980. Son support de prĂ©dilection est le papier et il expĂ©rimente plusieurs techniques en combinant la gravure avec le dessin et le collage. Ces expĂ©rimentations sont suivies dans les annĂ©es 1990 par la rĂ©alisation des montages cousus en grand format sur toile. Au fil du temps, Hampl Ă©labore ses propres techniques et approches novatrices dans de vastes sĂ©ries sur lesquelles il intervient Ă plusieurs reprises, dĂ©montrant son intĂ©rĂȘt pour le processus crĂ©atif.
KriĆĄtof Kintera – 1973, Prague, TchĂ©coslovaquie
KriĆĄtof Kintera est un sculpteur basĂ© Ă Prague et Ă Amsterdam. Reconnu internationalement, il a notamment exposĂ© Ă plusieurs reprises en France. Il a Ă©tudiĂ© Ă lâAcadĂ©mie des beaux-arts de Prague et Ă la Rijksakademie van Beeldende Kunsten dâAmsterdam. Il transforme des dĂ©tritus technologiques collectĂ©s dans des dĂ©chetteries â des machines et des piĂšces dâordinateurs, des radios ou encore des cĂąbles â en installations monumentales ou en sculptures. Il utilise des objets qui proviennent directement du quotidien des consommateurs et dĂ©tourne leur emploi : il les modifie en y introduisant des microfictions, des usages absurdes, et les Ă©lĂšve au rang dâoeuvres dâart. Ses travaux font rĂ©fĂ©rence aux doutes exprimĂ©s dans les sociĂ©tĂ©s sous des rĂ©gimes autoritaires ou communistes qui se retrouvent en plein essor Ă©conomique, laissant derriĂšre eux les prĂ©occupations locales. Son travail sur la rĂ©utilisation de dĂ©tritus sâinscrit Ă©galement dans une problĂ©matique Ă©cologique qui cible les pays en dĂ©veloppement.
Milan KnĂĆŸĂĄk – 1940, PlzeĆ, TchĂ©coslovaquie
NĂ© en 1940 Ă PlzeĆ, Milan KnĂĆŸĂĄk grandit dans la ville thermale de Marienbad, aprĂšs lâexpulsion en 1945 des Allemands de TchĂ©coslovaquie. Son pĂšre, violoniste amateur, enseigne les mathĂ©matiques et les arts et câest auprĂšs de lui que KnĂĆŸĂĄk sâinitie Ă la peinture et Ă la musique. Ă partir des annĂ©es 1960 et aprĂšs un bref passage aux Beaux-Arts de Prague, il fonde avec des amis artistes le groupe Aktual Art qui organise des manifestations artistiques dans les rues de la ville. La photographie est alors pour KnĂĆŸĂĄk un outil idĂ©al pour enregistrer les nombreuses performances, happenings et installations. Membre du groupe Fluxus, KnĂĆŸĂĄk utilise Ă©galement la photographie pour des collages â associant Ă©crit, peinture, dessin et parfois mĂȘme objets trouvĂ©s dans la rue â dont les compositions sâinspirent de lâesthĂ©tique de lâaffiche publicitaire et reflĂštent une influence prĂ©gnante du pop art amĂ©ricain et du nouveau rĂ©alisme. AprĂšs deux dĂ©cennies dominĂ©es par lâhĂ©ritage du surrĂ©alisme, les annĂ©es 1960 ouvrent ainsi la voie Ă une nouvelle gĂ©nĂ©ration dâartistes mĂȘlant art et politique, expĂ©rimentant avec les matĂ©riaux informels, et dont Milan KnĂĆŸĂĄk, photographe, plasticien, musicien et activiste, est lâune des figures de proue.
JiĆĂ KolĂĄĆ – 1914, ProtivĂn, TchĂ©coslovaquie â 2002, Prague, RĂ©publique tchĂšque
JiĆĂ KolĂĄĆ est un artiste et Ă©crivain aussi bien connu pour sa poĂ©sie que pour ses collages. Son oeuvre incarne lâindĂ©pendance et lâoriginalitĂ© Ă une Ă©poque oĂč la rĂ©pression culturelle communiste fait des ravages, lui faisant ainsi subir lâoppression et lâemprisonnement
dans son pays natal. KolĂĄĆ commence Ă exposer son travail en 1937 et publie son premier recueil de poĂ©sie intitulĂ© Certificat de baptĂȘme en 1941. Un an plus tard, aux cĂŽtĂ©s du thĂ©oricien de lâart JindĆich ChalupeckĂœ, du sculpteur Ladislav ZĂvr, du peintre FrantiĆĄek HudeÄek et des poĂštes Ivan BlatnĂœ et Josef Kainar entre autres, il fonde Skupina 42 [Groupe 42] qui met en avant « lâenchantement de la technique ». Entre 1959 et 1961, il rĂ©alise ses PoĂšmes du silence, qui proposent une vĂ©ritable rupture avec la poĂ©sie verbale et poussent la dĂ©construction du poĂšme entreprise par StĂ©phane MallarmĂ© et Guillaume Apollinaire. Au dĂ©but des annĂ©es 1960, KolĂĄĆ se tourne davantage vers les arts visuels et devient de plus en plus expĂ©rimental, se consacrant Ă lâart du collage. Interdit de publication et dâexposition pendant la normalisation â pĂ©riode qui suit le Printemps de Prague et sâĂ©tend jusquâĂ la RĂ©volution de velours entre 1968 et 1989 â et signataire de la Charte 77, JiĆĂ KolĂĄĆ part Ă Berlin puis, empĂȘchĂ© de retourner Ă Prague, Ă©migre en 1980 Ă Paris, oĂč il fonde la Revue K, consacrĂ©e aux artistes dâorigine tchĂšque vivant en exil.
BÄla KolĂĄĆovĂĄ – 1923, Terezin, TchĂ©coslovaquie â 2010, Prague, RĂ©publique tchĂšque
BÄla KolĂĄĆovĂĄ, formĂ©e initialement dans une Ă©cole de commerce, dĂ©couvre lâart et la photographie avec la rencontre pendant la Seconde Guerre mondiale de JiĆĂ KolĂĄĆ, poĂšte dâavant-garde et cofondateur du Skupina 42 [Groupe 42], quâelle Ă©pouse en 1949. Autodidacte, elle sâinitie Ă la photographie dans les annĂ©es 1950 en rĂ©alisant une sĂ©rie de clichĂ©s dâenfants jouant dans les rues de Prague. AprĂšs ces premiers pas dans un style documentaire, KolĂĄĆovĂĄ dĂ©laisse lâappareil photo et se renferme chez elle, expĂ©rimentant en chambre noire. De ses recherches sur la lumiĂšre et le mouvement naissent, en 1962, ses premiers Roentgenograms. Cette sĂ©rie devenue iconique est suivie par des compositions minimalistes â natures mortes surrĂ©alistes faites de cheveux coupĂ©s, de coquilles dâoeufs, de capsules de bouteille ou de dĂ©chets. Elle fait partie du groupe artistique KĆiĆŸovatka, au sein duquel domine lâabstraction gĂ©omĂ©trique et le op-art et qui compte parmi ses membres notamment Karel Malich, ZdenÄk SĂœkora, Paula Mautnerova ainsi que JiĆĂ KolĂĄĆ.
LâactivitĂ© photographique de BÄla KolĂĄĆovĂĄ ne dure quâune quinzaine dâannĂ©es : Ă partir des annĂ©es 1970, elle se tourne vers le collage, lâassemblage et le dessin, mais câest bien par son travail en chambre noire quâelle se fait remarquer en tant quâartiste.
Cestmir KraĂ
LtkĂœ – 1932, Liberec, TchĂ©coslovaquie â 2016, Prague, RĂ©publique tchĂšque
AprĂšs des Ă©tudes dâethnographie et dâhistoire de lâart Ă la Charles University de Prague de 1951 Ă 1956, Cestmir KraĂ LtkĂœ dĂ©bute en tant quâethnologue dans les rĂ©gions de BohĂȘme et de Moravie oĂč il Ă©tudie les traditions populaires de la rĂ©gion jusquâen 1960, tout en sâinitiant Ă la photographie. En 1960, il retourne Ă Liberec pour se concentrer sur lâhistoire de lâart et la pratique photographique, et devient commissaire Ă la galerie municipale OblastnĂ. Pendant cette pĂ©riode, il est influencĂ© par le travail dâEmila MedkovĂĄ, adhĂšre au mouvement abstrait et lâInformel, et participe aux expositions « Konfrontace III [Confrontations III] ». En 1968, il Ă©migre aux Ătats-Unis, oĂč il restera jusquâen 1986, avant de rejoindre le Mexique jusquâen 1995. Les photographies de Cestmir KraĂ LtkĂœ reflĂštent les recherches menĂ©es par les photographes tchĂšques des annĂ©es 1960, fortement influencĂ©s par le surrĂ©alisme de lâentre-deux-guerres. En 1963-1964, KraĂ LtkĂœ emmĂ©nage Ă proximitĂ© dâune dĂ©charge, le menant ainsi Ă porter son regard sur la richesse des objets trouvĂ©s, Ă©parpillĂ©s sur le sol. Il accorde une place importante aux titres de ses oeuvres, qui donnent une dimension mĂ©taphorique aux images. Il rĂ©alise par ailleurs une commande particuliĂšre pour les aĂ©roports tchĂ©coslovaques oĂč ses photographies abstraites, agrandies, prennent la forme de panneaux monumentaux.
Jan KĆĂĆŸek – 1919, DobromÄĆice, TchĂ©coslovaquie â 1985, Goulles, France
NĂ© en 1919 dans le petit village de DobromÄĆice, Jan KĆĂĆŸek a passĂ© la majoritĂ© de sa vie en France, oĂč il a crĂ©Ă© une oeuvre inclassable et protĂ©iforme, fortement influencĂ©e par lâart brut et le surrĂ©alisme. AprĂšs des Ă©tudes aux Beaux-Arts de Prague, interrompues par la Seconde Guerre mondiale, KĆĂĆŸek se forme en autodidacte, explorant un large champ de domaines, allant de lâart religieux Ă la physique molĂ©culaire et Ă lâanatomie. AttirĂ© par Paris, alors foyer des innovations artistiques, il sây installe en 1948 et rĂ©alise des sculptures utilisant, faute de moyen, des pierres de dĂ©molition quâil ramasse sur les chantiers. Son travail est remarquĂ© par le critique dâart Charles Estienne et par AndrĂ© Breton, avec qui il entretient une brĂšve correspondance et grĂące auquel il participe Ă plusieurs rĂ©unions surrĂ©alistes. Ă dĂ©faut de matĂ©riel et dâespace pour la sculpture, il poursuit ensuite ses recherches par le dessin et la peinture, reproduisant de maniĂšre presque obsessive le mĂȘme motif de figure fĂ©minine. DĂ©noncĂ©s comme sans-papiers, KĆĂĆŸek et sa femme fuient Paris. RĂ©fugiĂ© en CorrĂšze, il cesse alors dĂ©finitivement son activitĂ© de sculpteur et passe la fin de sa vie dans une petite maison quâil construit de ses mains, vivant de lâapiculture.
Karel Malich – 1924, Holice, TchĂ©coslovaquie â 2019, Prague, RĂ©publique tchĂšque
Karel Malich est principalement connu pour ses sculptures gĂ©omĂ©triques en acier et ses mobiles en fil de fer. AprĂšs des Ă©tudes dâart et dâesthĂ©tique Ă la facultĂ© des arts de la Charles University de Prague et Ă lâAcadĂ©mie des beaux-arts, il expose pour la premiĂšre fois en tant que membre du groupe Promena en 1959. Sa premiĂšre exposition personnelle se tient en 1963 Ă la Maison de la culture de VysokĂ© MĂœto. Au fil du temps, Malich oriente son expression artistique vers lâabstraction et la gĂ©omĂ©trie en se concentrant sur des surfaces monochromes. Au cours des annĂ©es 1960, Malich rĂ©alise des collages, ce qui lâamĂšne Ă crĂ©er des reliefs et des sculptures spatiales. Câest Ă cette Ă©poque quâil expose des dessins et des gouaches qui servent dâĂ©tudes prĂ©liminaires pour ses sculptures et quâil rĂ©alise ses premiers modĂšles de nuages et de sculptures en fil tridimensionnel. Les sculptures spatiales de Malich deviennent progressivement dramatiques et denses : ses structures en fil de fer rappellent les lignes de forces cosmiques. En 1995, Karel Malich reprĂ©sente son pays Ă la Biennale de Venise.
Pavla MautnerovĂĄ- 1919, Brno, TchĂ©coslovaquie â 2001, HaĂŻfa, IsraĂ«l
NĂ©e Ă Brno en 1919, Pavla MautnerovĂĄ quitte sa ville natale alors quâelle a 19 ans pour sâinstaller Ă Prague. Elle y rencontre celui qui deviendra son mari, le peintre Robert Piesen, et se lie dâamitiĂ© avec les artistes MikulĂĄĆĄ Medek, Richard Fremund ou encore le sculpteur AleĆĄ VeselĂœ, qui vivait dans la mĂȘme maison que le couple. Sans formation acadĂ©mique, MautnerovĂĄ se met Ă la peinture de maniĂšre intensive Ă partir des annĂ©es 1950, dĂ©veloppant une oeuvre au caractĂšre mĂ©ditatif prononcĂ©. MautnerovĂĄ explore dans ses toiles les possibilitĂ©s intrinsĂšques de la matiĂšre, utilisant un colorant Ă sĂ©chage rapide pour crĂ©er des motifs abstraits quâelle rehausse de dorures. InspirĂ©es par lâart byzantin et lâOrient, ses peintures aux couleurs vibrantes rendent aussi hommage Ă lâart chrĂ©tien mĂ©diĂ©val, rappelant parfois la forme des triptyques gothiques. Sa spiritualitĂ© se reflĂšte dans les titres quâelle choisit, empruntant ses sujets au registre biblique, comme celui de la Robe de VĂ©ronique. En 1965, MautnerovĂĄ quitte dĂ©finitivement la TchĂ©coslovaquie avec son mari pour sâinstaller dâabord Ă Vienne, puis dans la communautĂ© artistique de Ein Hod, en IsraĂ«l, avant de sâinstaller dans les annĂ©es 1990 Ă HaĂŻfa, tout en continuant son activitĂ© artistique jusquâĂ la fin de sa vie.
Emila MedkovĂĄ – 1928, ĂstĂ nad OrlicĂ, TchĂ©coslovaquie â 1985, Prague, TchĂ©coslovaquie
Emila MedkovĂĄ se forme Ă la photographie Ă lâĂcole dâart graphique de Prague auprĂšs du photographe Josef Ehm. Elle sây familiarise avec lâavant-garde tchĂšque : la photographie de JaromĂr Funke et la peinture de MikulĂĄĆĄ Medek, qui deviendra son Ă©poux. Le couple cĂŽtoie le monde culturel et artistique pragois et rejoint le groupe surrĂ©aliste dâaprĂšs-guerre, menĂ© par la figure de lâartiste et critique Karel Teige. Les premiĂšres mises en scĂšne photographiques que MedkovĂĄ rĂ©alise entre 1947 et 1951, qui mettent en scĂšne des objets du quotidien â cheveux, coquilles dâĆufs â, tĂ©moignent de lâinfluence du surrĂ©alisme. Plus tard, MedkovĂĄ ancre davantage sa photographie dans le rĂ©el. Elle sort dans les rues de Prague et sâintĂ©resse aux dĂ©tails insignifiants de lâarchitecture urbaine, les failles dans les murs ou les objets abandonnĂ©es, dans une sĂ©rie rappelant le travail sur les graffitis de BrassaĂŻ. Les cadrages en gros plan mĂ©tamorphosent ces dĂ©tails en de singuliĂšres images teintĂ©es dâhumour et de mĂ©lancolie, rĂ©vĂ©lant un regard unique. MalgrĂ© sa reconnaissance tardive, MedkovĂĄ, dont le travail inspira, entre autres, Alois NoĆŸiÄka, nâen est pas moins lâune des plus importantes femmes photographes tchĂšques de lâaprĂšs-guerre.
Alois NoĆŸiÄka- NĂ© en 1934 Ă RudĂkov, TchĂ©coslovaquie
NĂ© en 1934, il prend ses premiĂšres photographies Ă 10 ans, utilisant lâappareil de son pĂšre pour saisir les paysages de son enfance. Il Ă©tudie ensuite Ă lâĂcole secondaire dâart industriel de Brno, oĂč lâenseignement est alors concentrĂ© sur le rĂ©alisme socialiste soviĂ©tique, mais dĂ©couvre, grĂące aux collections de la bibliothĂšque, la photographie internationale â dont le travail de BrassaĂŻ. Il rĂ©alise en 1959 une premiĂšre sĂ©rie de photographies consacrĂ©e Ă un cimetiĂšre juif dĂ©laissĂ©. En 1961, il rencontre le poĂšte et meneur du groupe surrĂ©aliste tchĂšque Milan Napravnik qui lui fait dĂ©couvrir le travail dâEmila MedkovĂĄ. NoĆŸiÄka radicalise dĂšs lors sa dĂ©marche. Photographiant invariablement des dĂ©chets trouvĂ©s dans la rue, des chiffons, de la tĂŽle froissĂ©e, il resserre son cadre pour ne laisser place quâĂ de pures abstractions. Ses clichĂ©s saisissants et souvent dramatiques, rĂ©vĂ©lant un art maĂźtrisĂ© de la texturologie, lui valent une reconnaissance dans les cercles surrĂ©alistes dâEurope de lâOuest. Ses travaux restent davantage publiĂ©s Ă lâĂ©tranger que dans son pays natal.
Ivo PĆeÄek- 1935, Olomuc, TchĂ©coslovaquie â 2006, Olomouc, RĂ©publique TchĂšque
Ivo PĆeÄek est le cofondateur du groupe DOFO, formĂ© en 1958 au moment de la dĂ©tente politique et culturelle aprĂšs lâĂ©poque stalinienne. Bien quâissu du milieu de lâintelligentsia, il nâa pas la possibilitĂ© de suivre des Ă©tudes artistiques et se fait engager Ă lâusine. Son intĂ©rĂȘt pour lâart lui permet de se rapprocher du peintre Slavoj KovaĆik et du critique VĂĄclav Zykmund, qui deviendra le mentor du groupe DOFO. ConstituĂ© de photographes amateurs parmi lesquels Rupert Kytka, AntonĂn GribovskĂœ ou encore Jan Hajn â qui, comme PĆeÄek, Ă©taient ouvriers â, DOFO a laissĂ© une empreinte durable dans lâhistoire de la photographie tchĂšque. Pour PĆeÄek, câest son atelier mĂ©tallurgique dâopĂ©rateur-tourneur qui est devenu le champ de ses investigations artistiques. Il dĂ©veloppe Ă partir des annĂ©es 1960 une photographie profondĂ©ment inscrite dans lâunivers du travail qui se caractĂ©rise par une approche mĂ©taphorique et empreinte de nostalgie, trĂšs nourrie par le nĂ©orĂ©alisme du cinĂ©ma italien. Cherchant la poĂ©sie dans le quotidien, les clichĂ©s de PĆeÄek sâintĂ©ressent aux dĂ©tails insignifiants de lâunivers ouvrier, Ă©vitant lâhĂ©roĂŻsation des lieux qui caractĂ©risait le rĂ©alisme socialiste de lâĂ©poque prĂ©cĂ©dente. AprĂšs cette pĂ©riode rĂ©aliste, PĆeÄek se tourne vers une photographie plus expĂ©rimentale et abstraite, proche de lâart informel, jouant avec le photomontage et la superposition. Câest par les sĂ©ries de photographies rĂ©alisĂ©es dans son atelier quâil acquiert une renommĂ©e dans son pays.
Bohuslav Reynek – 1892, Petrkov, Autriche-Hongrie â 1971, Petrkov, TchĂ©coslovaquie
AprĂšs de brĂšves Ă©tudes Ă lâuniversitĂ© de Prague, Bohuslav Reynek quitte Prague pour Petrkov, un petit village situĂ© en BohĂȘme orientale. En 1926, il Ă©pouse la poĂ©tesse française Suzanne Renaud, dont il traduira plus tard lâoeuvre en tchĂšque. En 1914, il dĂ©bute sa longue et Ă©troite collaboration avec lâĂ©diteur Josef Florian, dans le village de StarĂĄ ĆĂĆĄe, par la traduction dâauteurs français, lâillustration de livres et la publication de ses propres poĂšmes. Entre 1915 et 1949, Reynek traduit les poĂšmes de Paul Claudel, Victor Hugo, Paul Verlaine et Jean Giono, entre autres. Il sĂ©journe par ailleurs rĂ©guliĂšrement en France, Ă Grenoble, de 1926 Ă 1936. Son oeuvre graphique, constituĂ©e de dessins et de gravures, rĂ©putĂ©e dans le DauphinĂ© dĂšs les annĂ©es 1930, est restĂ©e inconnue durant des dĂ©cennies en TchĂ©coslovaquie en raison du rĂ©gime politique en place. Le public tchĂšque ne dĂ©couvre cette oeuvre quâen 1968 durant le bref Printemps de Prague. Pendant sa carriĂšre artistique, Reynek expĂ©rimente avec plusieurs techniques : dâabord la peinture, puis le dessin, le pastel et lâaquarelle, puis la linogravure et les clichĂ©s-verres avant de se consacrer principalement Ă la gravure Ă partir de 1933.
Jaroslav Rössler – 1902, Smilov, Autriche-Hongrie â 1990, Prague, TchĂ©coslovaquie
Jaroslav Rössler se fait connaĂźtre pour sa fusion de diffĂ©rents styles rĂ©unissant des Ă©lĂ©ments du constructivisme, de lâobjectivitĂ© nouvelle et de lâart abstrait. AprĂšs une formation au sein du studio du photographe FrantiĆĄek Drtikol, il est remarquĂ© Ă lâĂąge de 21 ans par le thĂ©oricien dâart Karel Teige qui lui confie des tĂąches de graphiste et dâillustrateur pour les magazines PĂĄsmo, Disk, Stavba et ReD (revue DevÄtsilu). Il se rend Ă Paris en 1925 pour un sĂ©jour dâĂ©tude de six mois et devient, cette mĂȘme annĂ©e, photographe pour le OsvobozenĂ© divadlo [ThĂ©Ăątre libĂ©rĂ©] de Prague. Il contribue aussi activement au magazine PestrĂœ tĂœden. De 1927 Ă 1935, il vit Ă Paris et travaille dans le domaine de la publicitĂ© et collabore notamment avec le photographe Lucien Lorell. AprĂšs son retour Ă Prague, il tient un modeste atelier de photographie et reprend une activitĂ© dâauteur Ă la fin des annĂ©es 1950. Il renoue avec les tendances artistiques et photographiques tchĂšques de cette pĂ©riode, y compris lâinformel.
Joseph Sima – 1891, JaromÄĆ, Autriche-Hongrie â 1971, Paris, France
Joseph Sima est un peintre franco-tchĂšque dont lâoeuvre onirique et poĂ©tique occupe une place dĂ©terminante dans la peinture du 20e siĂšcle. Sima sâinstalle Ă Paris en 1922 aprĂšs des Ă©tudes Ă Prague et se lie dâamitiĂ© avec Tristan Tzara, AmĂ©dĂ©e Ozenfant, Le Corbusier, Piet Mondrian, FrantiĆĄek Kupka et les Delaunay, entre autres. En 1925-1926, il frĂ©quente les surrĂ©alistes et expose au Salon des surindĂ©pendants dans la section qui leur est consacrĂ©e. Il cĂŽtoie les poĂštes RenĂ© Daumal et Roger Gilbert-Lecomte avec lesquels il fonde le mouvement et la revue Le Grand Jeu, dont il assure la direction artistique. Sima participe Ă lâexposition surrĂ©aliste de 1929 au Kunsthaus de Zurich et, en 1935, il accompagne AndrĂ© Breton et Paul Ăluard lors de leur voyage Ă Prague. Il conçoit la couverture de lâĂ©dition tchĂšque de Nadja de Breton. DĂšs les annĂ©es 1920, Sima travaille un registre de formes gĂ©omĂ©triques. AprĂšs une longue interruption due Ă la guerre, il rĂ©alise des paysages Ă partir de 1950, influencĂ© par ses souvenirs dâenfance, ses visions et idĂ©es dâavant-guerre, ainsi que par son amour de la poĂ©sie et de la libertĂ©.
Jan Svoboda – 1934, BohuĆovice, TchĂ©coslovaquie â 1990, Prague, TchĂ©coslovaquie
Alors quâil est encore adolescent, Jan Svoboda Ă©crit des poĂšmes nourris dâinfluences surrĂ©alistes, de Breton, dâĂluard et de la revue Minotaure. AprĂšs une formation de scĂ©nographe, il sâinitie Ă la photographie dans les annĂ©es 1950 afin dâillustrer ses textes. Ă partir de 1963 il est membre du groupe MĂĄj 57, grĂące auquel il rencontre le milieu dâavant-garde pragoise, notamment le peintre et sculpteur Zdenek Sekal, et puis Stanislav Kolibal. La dĂ©couverte de lâĆuvre de Josef Sudek, une des grandes figures de la photographie tchĂšque, encourage Svoboda Ă faire de ses clichĂ©s son oeuvre principale. Il rĂ©alise ses premiĂšres prises de vues dans les rues de Prague avant de se tourner presque exclusivement vers les intĂ©rieurs. En Ă©cho au travail de Sudek, il photographie des compositions faites de pierres, de fleurs, de fruits, et dâobjets du quotidien dont se dĂ©gage un fort sentiment de solitude. Ă partir des annĂ©es 1970, Svoboda crĂ©e des oeuvres plus radicales, citant et reproduisant ses propres images dans une dĂ©marche autorĂ©flexive. Ces derniers travaux, au travers desquels il interroge les limites de lâimage photographique, ouvriront la voie Ă des expĂ©riences plus larges dâappropriation du mĂ©dium et inspireront une gĂ©nĂ©ration entiĂšre dâartistes comme ThomĂĄĆĄ PospÄch ou Pavel VanÄĂĄt.
Jan Wojnar – 1944, Vendryne, TchĂ©coslovaquie â 2014, RĂ©publique tchĂšque
Jan Wojnar est lâun des protagonistes de la pensĂ©e conceptuelle dans lâart tchĂšque de la fin des annĂ©es 1960. Son oeuvre, extrĂȘmement vaste, couvre les domaines de la peinture, de la sculpture ou encore de la poĂ©sie, et ne peut ĂȘtre embrassĂ©e complĂštement sans Ă©voquer la photographie. Tour Ă tour utilisĂ©e pour archiver et documenter ses actions ou pour rĂ©aliser divers essais en chambre noire, cette pratique photographique tient une place centrale tout au long de sa carriĂšre. InspirĂ© par le courant de lâart conceptuel qui imprĂšgne les annĂ©es 1960, il dĂ©bute en 1978 la sĂ©rie des « Autofotogrammes » dans laquelle il perce, coupe, plie du papier photosensible, avant dâen rĂ©aliser les tirages. Chaque image photographique qui naĂźt de ce processus unique est conçue comme lâenregistrement du geste de lâartiste et du changement quâil fait subir au matĂ©riau. Photographe prolifique, Jan Wojnar cherche dans ses travaux Ă questionner les limites du mĂ©dium. Bien que son oeuvre demeure largement mĂ©connue, ses rĂ©alisations reprĂ©sentent lâune des expressions les plus originales de la photographie conceptuelle tchĂšque.