🔊 “Comme en 40…” au musée de l’Armée, hôtel des Invalides, Paris, du 17 septembre 2020 au 10 janvier 2021
“Comme en 40…”
au musée de l’Armée, hôtel des Invalides, Paris
du 17 septembre 2020 au 10 janvier 2021
PODCAST – Interview de Carine Lachèvre, adjointe au chef du dĂ©partement de l’historial Charles de Gaulle, et co-commissaire de l’exposition,
par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 16 septembre 2020, durée 21’41, © FranceFineArt.
© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 16 septembre 2020.
Extrait du communiqué de presse :
Commissariat Musée de l’armée :
Lieutenant-colonel Christophe Bertrand, chef du département contemporain
Jordan Gaspin, département contemporain
Vincent Giraudier, chefndu département de l’historial Charles de Gaulle
Carine Lachèvre, adjointe au chef du département de l’historial Charles de Gaulle
Assistés de Madeleine Armanet, Laurent Charbonneau, Anne-Sixtine Clévenot, Camille Cros et Nathalie Pouderoux
L’année 1940, est un épisode décisif de l’histoire de France. Pour que le visiteur en saisisse les enjeux, de la « drôle de guerre » à la fin de l’ année 1940, en passant par la campagne de France, l’Appel du 18 juin et la mise en place du gouvernement de Vichy, le musée de l’Armée présente une exposition « à hauteur d’homme » qui retrace l’atmosphère de cette année terrible.
Les coulisses de la Seconde Guerre mondiale, les conséquences des décisions politiques et militaires sont bien connues aujourd’hui. Or, on oublie qu’elles ne le sont pas nécessairement en 1940, aussi bien par les personnalités politiques et militaires que par la population.
Les 16, 17 et 18 juin, marqués par la démission du président du Conseil Paul Reynaud, les discours du maréchal Pétain, puis du général de Gaulle, représentent une véritable césure dans l’année 1940.
L’exposition revient sur ces événements qui ont façonné l’histoire de France en interrogeant l’évolution de leur perception historique et mémorielle. Elle remet ainsi l’année 1940 dans son contexte, en la présentant comme ses contemporains l’ont perçue à l’époque, dans une démarche volontairement immersive.
Et vous qu’auriez-vous rĂ©ellement fait ?
Année de la défaite, c’est aussi l’année de la signature des armistices, des débuts de l’Occupation, de la création de l’État français par le maréchal Pétain, de l’émergence sur la scène publique du général de Gaulle… L’exposition décrypte la campagne de France et ses conséquences sur les Français en s’interrogeant sur la manière dont ont vécu l’année 1940 selon qu’ils étaient prisonniers de guerre, internés, réfugiés, habitants en zone annexée, occupée, non occupée, dans les territoires de L’Empire colonial, jusqu’au summum de la liberté : Londres.
Cette exposition s’inscrit dans un cycle de commémorations d’envergure nationale. Alors que les derniers témoins sont en train de disparaître, l’année 2020 marquera le 80e anniversaire des combats de la campagne de France, de l’Appel du 18 juin, de la création de la France Libre, ainsi que les dates anniversaires de naissance et de mort du général de Gaulle (1890-1970). Par ailleurs, grand musée d’histoire militaire et haut lieu gaullien, le musée de l’Armée proposera au public un historial Charles de Gaulle rénové et des espaces dédiés à la Seconde Guerre mondiale réaménagés.
L’exposition
Le propos
« Nous venons de subir une incroyable défaite. À qui la faute ? »
Ces quelques mots rédigés à l’été 1940 par l’historien Marc Bloch témoignent tout autant de la sidération de voir l’armée française ainsi écrasée, que de la difficulté à expliquer un désastre aussi absolu. Quatre-vingts ans après, et alors même que disparaissent les derniers témoins, comprendre cette période dramatique de notre histoire nationale nécessite d’en revenir aux faits tels qu’ils ont été connus et perçus, « à hauteur d’homme », par nos concitoyens d’alors.
La scénographie a pour ambition de créer une atmosphère immersive pour mieux appréhender ce moment historique. Dès la passerelle située entre les deux salles de l’exposition, le visiteur sera plongé dans l’année 1940 à travers un dispositif photographique cinétique et la projection d’archives filmiques de la campagne de France.
La première salle de l’exposition propose un parcours chronologique, de la « drôle de guerre » à la signature des armistices franco-allemand et franco-italien. Après le temps long des huit mois de la « drôle de guerre », le temps s’accélère avec le désastre de la Campagne de France et ses 45 jours de combat, suivies de la période dramatique qui découle de la défaite : la démission de Paul Reynaud, la nomination du maréchal Pétain à la tête du gouvernement, le discours qui s’ensuit le 17 juin, les discours à la BBC de Churchill puis de De Gaulle le 18 juin, enfin les armistices des 22 et 24 juin. Ce parcours haletant s’organise en alcôves séparées par des voilures carrées blanches et noires, de plus en plus rapprochées à mesure que le visiteur avance dans le temps et qui évoquent par leur plus ou moins grande opacité, les incertitudes auxquelles les contemporains furent confrontés. Tout le long du parcours de la première salle, une timeline photographique accompagne le visiteur, suggérant l’accélération des événements, en un resserrement dramatique.
La deuxième salle propose quant à elle un parcours géo-thématique. Jusqu’à l’entrée en vigueur des armistices, la définition d’un Français est claire. À partir du 25 juin et des mois qui suivent, différentes identités se forment : être Français ne signifie plus la même chose pour tous les individus, selon qu’ils vivent en zone annexée, occupée, non occupée, dans l’Empire colonial français, en Angleterre ou ailleurs dans le monde, où se créent au fur et à mesure des comités de la France Libre, France Libre à laquelle tous ceux qu’on appellera plus tard des « résistants » n’adhèreront pas forcément. La scénographie appuie donc ce discours par un effet de morcellement et le traitement de chaque territoire par une chromie évolutive, de l’absence totale de liberté des prisonniers de guerre à la liberté la plus absolue, incarnée par Londres.