âCarte blanche Ă Ru Xiao Fanâ
au Musée Guimet, Paris
du 11 mars au 8 juin 2020 (prolongĂ©e jusquâau 21 septembre 2020)
Musée National des Arts Asiatiques-Guimet
Le musĂ©e national des arts asiatiques â Guimet rouvrira le 8 juillet. Les collections permanentes ainsi que la Carte blanche Ă Ru Xiao Fan seront de nouveaux accessibles au public dans le respect des rĂšgles sanitaires.

PODCAST – Interview de Henri-François Debailleux, critique d’art et commissaire
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 10 mars 2020, durĂ©e 12’28. © FranceFineArt.



Extrait du communiqué de presse :
Commissaires :
Sophie Makariou, Présidente du MNAAG, commissaire générale
Henri-François Debailleux, Commissaire invité
Ă lâoccasion de cette 9e Ă©dition de Carte blanche, le musĂ©e national des arts asiatiques â Guimet a choisi lâartiste contemporain chinois Ru Xiao Fan. Peintre, sculpteur, conteur, amoureux de la vie, poĂšte de lâhumour, il a imaginĂ© pour le MNAAG un panthĂ©on de divinitĂ©s dĂ©licates et facĂ©tieuses. 72 oeuvres sculptĂ©es en porcelaine, disposĂ©es en Ă©ventail Ă la maniĂšre dâun mandala, seront rĂ©unies spĂ©cialement dans la rotonde du 4e Ă©tage. Cette installation fera Ă©cho aux splendides collections de porcelaines chinoises du musĂ©e du 2e Ă©tage, quâelles soient issues de Jingdezhen ou de Dehua. Entre permanence et diffĂ©rence, tradition et contemporanĂ©itĂ©, Orient et Occident, les dualitĂ©s se retrouvent aussi dans la double Ă©ducation artistique de Ru Xiao Fan.
En rĂ©sonance avec lâespace sacral de la rotonde, ces figures de mĂ©ditation exaltent le geste millĂ©naire des artistes de la porcelaine, mĂȘlant biscuit sans glaçure et glaçure cĂ©ladon ou blanc bleutĂ©. Lâassise de ces sculptures est composĂ©e des bols de cuisson des fours Song que lâartiste dĂ©couvrait par hasard il y a dix ans sur un marchĂ© de la ville de Jingdezhen.
Les personnages Ă tĂȘte de fleurs sont caractĂ©ristiques de la production de lâartiste. Ils Ă©voquent Ă la fois le mandala bouddhique mais aussi la tradition cĂ©ramique du site de Jingdezhen. Câest en visitant le musĂ©e que lâartiste sâest rappelĂ© quâil avait reprĂ©sentĂ© un bouddha assis sur un grand plat avec un bouquet de fleurs Ă la place de la tĂȘte. Il dĂ©cida de reprendre en partie cette idĂ©e et de fixer sur les assiettes serties dans leur socle un moine en cĂ©ramique (appelĂ© luohan ou arhat – un disciple du Bouddha) et de disposer les piĂšces en Ă©ventail, forme parfaitement adaptĂ©e Ă lâespace circulaire. Telle une ode du cheminement, chacune des figures installĂ©es sur une boule de cristal, comme en apesanteur, semble voler sur la mer ou dans le ciel.
Ru Xiao Fan est un artiste que lâon pourrait qualifier de proustien. Dâailleurs Ă la recherche du temps perdu en version chinoise est son livre de chevet. Dans le dĂ©veloppement de son oeuvre, la peinture prĂ©figure souvent la sculpture dont les sĂ©ries sont autant dâexpĂ©rimentations spatiales interrogeant le rapport entre leurs diffĂ©rentes composantes : sculpture, socle et verre. Cocktail de formes, de couleurs, de textures et dâhybridation, ses oeuvres Ă©voquent un art populaire oĂč dominent le fantastique et lâesthĂ©tique mais aussi lâhumour et la gaietĂ©. Une synthĂšse parfaite entre lâhumain et le vĂ©gĂ©tal qui se retrouvent fondamentalement unis dans la pensĂ©e chinoise, sans toutefois se dĂ©partir dâun sens esthĂ©tique empli de poĂ©sie.
Ru Xiao Fan est nĂ© en 1954 Ă Nankin (Chine). Il est diplĂŽmĂ© des Beaux-Arts de lâĂcole Normale SupĂ©rieure de Nankin en 1982 et de lâĂcole nationale des Beaux-Arts de Paris en 1986. Il a Ă©tĂ© boursier de la Casa Velasquez Ă Madrid en 1988 et 1990. Il vit et travaille Ă Paris. De par sa double Ă©ducation artistique, Ru Xiao Fan passe tour Ă tour dâun langage pictural occidental rappelant le Pop Art, Ă des sculptures rĂ©alisĂ©es dans des techniques traditionnelles chinoises telles la laque et la porcelaine. Si la consommation moderne et la nature morte sont des sujets rĂ©currents dans son oeuvre, les fleurs en sont un thĂšme majeur depuis sa sĂ©rie de peintures intitulĂ©es 100 fleurs (2003), faisant rĂ©fĂ©rence au mouvement « Que cent fleurs sâĂ©panouissent » (1957).