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“Helena Rubinstein” La collection de Madame

au musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, Paris

du 19 novembre 2019 au 28 juin 2020 (prolongĂ©e jusqu’au 27 septembre 2020)

Musée du quai Branly

Le musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac rouvre ses portes au public le 9 juin 2020. Dès cette date, les visiteurs auront accès au Jardin, au Plateau des collections permanentes, Ă  l’exposition « Frapper le fer, l’art des forgerons africains » qui est prolongĂ©e jusqu’au 28 juin 2020, ainsi que l’exposition « Helena Rubinstein. La collection de Madame » qui est prolongĂ©e jusqu’au 27 septembre 2020.

PODCAST - Interview de Mathieu Deldicque, conservateur du patrimoine au musée Condé et commissaire de l'exposition

PODCAST –  Interview de HĂ©lène Joubert, Conservateur en chef, Responsable de l’UnitĂ© patrimoniale des collections Afrique du musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, et commissaire de l’exposition,

par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 19 novembre 2019, durĂ©e 18’41. © FranceFineArt.

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Helena Rubinstein
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© Anne-Frédérique Fer, présentation presse, le 18 novembre 2019.

L'appartement d'Helena Rubinstein. Vers 1937. Immeuble situé 24, quai de Béthune sur l'île Saint-Louis à Paris. Dora Maar (dite), Markovitch Henriette Dora (1907-1997). Paris, Centre Pompidou - Musée national d'art moderne - Centre de création industrielle. AM2004-0163 (869). © Centre Pompidou, MNAM-CCI. © ADAGP, Paris.
L’appartement d’Helena Rubinstein. Vers 1937. Immeuble situĂ© 24, quai de BĂ©thune sur l’Ă®le Saint-Louis Ă  Paris. Dora Maar (dite), Markovitch Henriette Dora (1907-1997). Paris, Centre Pompidou – MusĂ©e national d’art moderne – Centre de crĂ©ation industrielle. AM2004-0163 (869). © Centre Pompidou, MNAM-CCI. © ADAGP, Paris.
Le salon africain, 24, quai de Béthune,Paris, vers 1960. © Paris, archives Helena Rubinstein - L’Oréal.
Le salon africain, 24, quai de BĂ©thune,Paris, vers 1960. © Paris, archives Helena Rubinstein – L’OrĂ©al.
Boris Lipnitzky (1887-1971), Helena Rubinstein posant devant des objets de sa collection, 216, boulevard Raspail, Paris, vers 1930. © Lipnitzki / Roger-Viollet.
Boris Lipnitzky (1887-1971), Helena Rubinstein posant devant des objets de sa collection, 216, boulevard Raspail, Paris, vers 1930. © Lipnitzki / Roger-Viollet.

extrait du communiqué de presse :

Commissaire : HĂ©lène Joubert, Conservateur en chef, Responsable de l’UnitĂ© patrimoniale des collections Afrique du musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac


PrĂ©cieux reliquaires kota ou fang, pièces d’exception baoulĂ©, bamana ou senoufo … Si l’ascension vertigineuse d’Helena Rubinstein, première femme d’affaires du 20e siècle que Cocteau surnommait « l’ImpĂ©ratrice de la beauté » est connue de tous, son parcours de collectionneuse intuitive et son rĂ´le pionnier dans la reconnaissance des arts africains et ocĂ©aniens l’est sans doute moins. Ă€ travers soixante-cinq oeuvres issues de sa collection, le musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac lui rend hommage et rĂ©vèle la fascination de Madame pour les arts extra-europĂ©ens.

Construite essentiellement à Paris au gré de ses rencontres et sans cesse enrichie par l’acuité de son regard, la collection de Madame rassemble plus de 400 pièces d’arts extra-occidentaux. Dans ses intérieurs de Paris, New York et Londres, cet extraordinaire ensemble voisine avec les oeuvres de peintres et sculpteurs de la modernité, Chagall, Braque et Brancusi, Modigliani, Picasso et Miró. Devenue mythique à travers ses participations à des expositions majeures, comme African negro art au Museum of Modern Art en 1935, sa collection est dispersée en 1966 à New York, lors d’une série de ventes exceptionnelles qui ont marqué une étape essentielle de la valorisation des arts africains. Aujourd’hui, elle reste associée au temps des premiers amateurs des arts « lointains » – où l’on relève peu de femmes.

Helena Rubinstein est une pionnière. À cette époque, le marché des arts extra-occidentaux commence tout juste à se développer. La fréquentation assidue des cercles intellectuels, des galeries d’art et des ventes publiques, lui permet d’accéder à une large typologie d’objets. Initiée à ce domaine par le sculpteur Jacob Epstein, Helena Rubinstein collectionne des pièces plus inattendues, notamment du Nigeria, du Cameroun, de République populaire et République démocratique du Congo. Elle apprécie l’expressivité et la force de ces sculptures qui répondent à ses goûts d’avant-garde. Son attention aux aspects figuratifs d’objets utilitaires (étriers de poulie de métier à tisser, portes, sièges, instruments de musique), et au traitement sculptural du visage par les artistes africains rejoint une recherche personnelle constante sur la beauté et ses multiples expressions.

Un important travail de recherche a précédé cette exposition. Hélène Joubert, Responsable de l’Unité patrimoniale des collections Afrique du musée et commissaire, a mené deux ans d’enquête dans les institutions nationales et internationales ainsi que dans les grandes collections privées et les fonds d’archive. Une importante iconographie a été réunie pour illustrer l’histoire de cette collection. Guidée par des catalogues de vente de 1966, par des publications et références diverses, par le recueil de témoignages ou encore par l’analyse de photographies des appartements d’Helena Rubinstein, la commissaire met en avant la construction d’une collection, son histoire, sa particularité. C’est aussi la sensibilité originale de Madame qui se révèle ici, une facette jusqu’alors très peu explorée.

La collection d’Helena Rubinstein témoigne de choix artistiques audacieux pour la majorité de ses contemporains. Son regard visionnaire et sa curiosité la porte vers des oeuvres rares et puissantes, devenues majeures aux yeux de la postérité. Une sélection de soixante-cinq objets provenant d’Afrique et d’Océanie, d’Insulinde et d’Amériques pour une moindre part et un ensemble de documents, photos, etc, évoquent les choix de cette figure majeure du collectionnisme de la première moitié du 20e siècle.

Parcours de l’exposition :

Rien ne prĂ©disposait Helena Rubinstein, nĂ©e dans une famille modeste de Cracovie, Ă  l’extraordinaire destin qu’elle se forgea dans la première moitiĂ© du 20e siècle, depuis l’Australie, oĂą elle fit fortune, en passant par l’Europe, oĂą elle cultiva un goĂ»t Ă©clectique pour les arts, jusqu’aux États-Unis, oĂą elle consolida son empire. Ses premiers pas dans cette passion pour les arts africains et ocĂ©aniens furent guidĂ©s vers 1908-1909 par le sculpteur Jacob Epstein, Ă  Londres. Ă€ cette Ă©poque, le marchĂ© des arts « primitifs Â», ainsi qu’on les appelait, commençait juste Ă  se dĂ©velopper Ă  Paris. Sous l’influence de son premier mari, Edward William Titus, fĂ©ru d’art et de littĂ©rature, et au contact d’artistes, de collectionneurs et de marchands français, Helena Rubinstein rĂ©unit une collection de rĂ©fĂ©rence, qui compta plus de quatre cents pièces, mise en scène tout au long de sa vie dans ses appartements de Paris, New York et Londres. Devenue mythique Ă  travers ses participations Ă  des expositions qui ont fait date, comme African Negro Art au Museum of Modern Art de New York en 1935, sans cesse enrichie par l’acuitĂ© de son regard, cette collection fut dispersĂ©e les 21 et 29 avril et 10 octobre 1966 Ă  New York, lors d’une sĂ©rie de ventes exceptionnelles qui marquèrent une Ă©tape essentielle de la valorisation des arts africains. Aujourd’hui, elle reste associĂ©e au temps des premiers amateurs d’arts lointains, parmi lesquels on relève peu de femmes.


L’identité de la collection : arts classiques et ensembles
Ă€ Paris, Helena Rubinstein eut l’opportunitĂ©, par sa frĂ©quentation assidue des cercles intellectuels, des galeries d’art et des ventes publiques, d’accĂ©der Ă  une large typologie d’objets en provenance du continent africain oĂą dominaient alors les sculptures et les masques de CĂ´te-d’Ivoire (baoulĂ©, dan, wè et gouro) et du Gabon (fang, kota et punu). Ă€ cĂ´tĂ© des « classiques Â» qui manifestent un goĂ»t français, Madame collectionna des pièces plus inattendues, issues du Nigeria, du Cameroun et de RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo. Quelques pièces de mobilier tchokwe marquaient la limite mĂ©ridionale de la cartographie de sa collection, d’oĂą l’Afrique australe et l’Afrique orientale Ă©taient absentes. Après 1935, l’acquisition d’une partie des objets rĂ©unis par F.-H. Lem, collecteur et historien de l’art, enrichit cette collection, dĂ©jĂ  très originale, de nombreuses rĂ©fĂ©rences du Mali (bamana et senoufo) et du Burkina Faso (mossi et bobo). L’achat d’un ensemble important de tĂŞtes et de bustes funĂ©raires en terre cuite agni collectĂ©es en CĂ´te-d’Ivoire par le Dr Lheureux permit Ă  Helena Rubinstein de concevoir, en complĂ©ment du « salon africain Â» et du « salon de musique Â» de son appartement parisien, un spectaculaire mur de cinquante-six pièces dont l’accumulation rendait compte de la variĂ©tĂ© des dĂ©tails. Son attention Ă  l’aspect figuratif de certains objets utilitaires – Ă©triers de poulie de mĂ©tier Ă  tisser, portes, sièges, instruments de musique â€“ et au traitement sculptural du visage par les artistes africains rejoignait sa recherche, engagĂ©e de longue date, dans le domaine de la beautĂ© et de ses multiples dĂ©finitions.


Un certain regard : les chefs-d’oeuvre
En complĂ©ment du principe de sĂ©ries raffinĂ©es qui rĂ©pondait aussi Ă  la pratique d’achat « en gros Â» d’une redoutable nĂ©gociatrice, sa curiositĂ© dirigea Helena Rubinstein vers des oeuvres rares et puissantes, devenues majeures aux yeux de la postĂ©ritĂ©. Les masques recouverts de peau d’animaux de la Cross River (Nigeria) illustrent l’originalitĂ© de son regard, attirĂ© autant par la diffĂ©rence que par l’étrange. La statue dansante de la « reine Â» bangwa, immortalisĂ©e par Man Ray, est devenue une icĂ´ne du mouvement moderniste. Madame l’installa Ă  Paris dans son salon-bibliothèque, la dĂ©plaçant au grĂ© de ses incessants voyages et des variations de ses scĂ©nographies intĂ©rieures. De nombreuses photographies permettent d’apprĂ©cier les diffĂ©rentes configurations de cette collection en perpĂ©tuelle Ă©volution. Le gardien de reliquaire kota aux formes parfaites, soulignĂ©es par un lumineux placage en laiton, figura en majestĂ© sur le rebord de la cheminĂ©e du salon du boulevard Raspail. Acquis par la collectionneuse en 1931 Ă  la vente de la collection Georges de MirĂ©, il passa en 1981 dans les mains de William Rubin, conservateur au MoMA, qui en fit une icĂ´ne du primitivisme. La mĂ©diatisation de cette collection, Ă©troitement associĂ©e Ă  l’image et Ă  la personnalitĂ© de sa propriĂ©taire, popularisa un ensemble de chefs-d’œuvre absolus consacrĂ©s par l’épreuve du temps. Ces chefs-d’oeuvre furent les rencontres exceptionnelles d’Helena Rubinstein, ses compagnons de vie, les ambassadeurs de son ouverture d’esprit et de sa sensibilitĂ©.


D’une collection à l’autre : les multiples vies des objets
Avant d’entrer en sa possession, les objets d’Helena Rubinstein Ă©taient passĂ©s entre les mains de collectionneurs et de marchands, souvent cĂ©lèbres, illustrant le caractère temporaire de toute collection – ces parcours, faute d’archives, sont souvent difficiles Ă  retracer. De leur provenance africaine et des conditions de leur arrivĂ©e en Europe, nous ne savons presque rien. Loin de leur lieu de crĂ©ation et d’usage, ces objets anonymes ont Ă©tĂ© classĂ©s en se basant sur une analyse formelle, Ă  partir d’élĂ©ments d’information progressivement renseignĂ©s et questionnĂ©s jusqu’à aujourd’hui. Par ses lectures et par son appartenance Ă  un rĂ©seau d’initiĂ©s, Madame maĂ®trisait le savoir de l’époque, s’appuyant sur une cartographie des styles culturels et des notions d’usage contextuel, qu’elle restituait avec passion Ă  travers interviews et confĂ©rences. Isolant ou juxtaposant cette collection avec d’autres tĂ©moignages de l’histoire de l’art – antiquitĂ©s orientales et Ă©gyptiennes, art moderne â€“ elle lui attribua une place primordiale dans son univers Ă©clectique et flamboyant. Lors des ventes d’avril et octobre 1966 Ă  New York, les objets qu’elle avait chĂ©ris et longuement rassemblĂ©s furent emportĂ©s vers d’autres horizons en Europe et aux États-Unis, intĂ©grant pour la plupart des collections privĂ©es et, plus rarement, publiques. Une partie de cette collection est Ă  ce jour difficile Ă  localiser. Le musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac conserve un petit ensemble de sept rĂ©fĂ©rences, dont une pièce se trouve au Pavillon des Sessions du Louvre (statue de l’île de Nias) et deux dans les collections permanentes (statue mossi du Burkina Faso et vase du PĂ©rou), dont cette exposition a contribuĂ© Ă  complĂ©ter la documentation. La complexitĂ© des mouvements des objets ayant constituĂ© la collection d’Helena Rubinstein, puis dispersĂ©s et passĂ©s de mains en mains, ouvre un fascinant champ de recherche qui leur confère une aura particulière.