“Yu Youhan” pionnier de l’art contemporain chinois
“Yu Youhan“
pionnier de l’art contemporain chinois
texte de Liyu Yeo, rédacteur pour FranceFineArt
Né en 1943 à Shanghai, Yu Youhan 余友涵 est considéré comme un pionnier de l’art contemporain chinois. C’est un peintre abstrait à l’expression visuelle originale tout en étant le leader incontesté du mouvement « Politique Pop ».
Yu a fait ses études à Pékin, à l’académie des Beaux-arts avant de retourner à Shanghai en 1973. Yu enseigne au collège des arts appliqués de cette ville pendant 30 ans. Il a de nombreux échanges sur la peinture non figurative avec Chen Zhen, un artiste franco-chinois.
Dans les années 1970, Yu a été influencé par le post-expressionnisme, découvert dans des livres. C’était le contraire du style officiel du réalisme social prôné par le gouvernement. À partir de 1984/85, s’inspirant des écrits de Laozi ( 5 siècle avant J C ), le fondateur du Taoïsme, Yu commença de peindre les séries circulaires : un ensemble de peintures non figuratives influencées par le texte : le Dao de jin. L’univers Taoïste change sans cesse et cela d’une façon cylindrique. Les peintures cherchent à représenter cette qualité universelle par des points et des lignes dynamiques et fluides de consistance et d’épaisseur variable. Les coups de pinceaux monochromes en acrylique ressemblent aux peintures traditionnelles à l’encre sèche du peintre Huang Binhong au début du XXème siècle. Yu n’a cessé d’explorer cette voie tout au long de sa carrière.
Avec pour toile de fond, les réformes économiques, Yu commença à peindre à la fin des années 1980, les séries du mouvement politique pop, reflet des changements sociaux, urbains et économiques. La palette des portraits colorés de Mao semblent inspirés par l’art populaire chinois. Mao est souvent peint d’une façon humoristique à côté de pop stars comme Whitney Houston. Il est associé à des souvenirs symboliques de l’ère Mao tel des bouquets de fleurs spécifiques et à des bouteilles Thermos. Yu, jeune homme, a traversé, la turbulente période Mao depuis « le grand bond en avant » des années 1950 jusqu’à la révolution culturelle des années 1966/76. Les peintures de cette période sont sûrement une tentative pour se réconcilier et faire la paix avec la mémoire de Mao.
Dans les années 1990, au cours d’un voyage dans les montagnes Yimeng de la province du Shandong, Yu a perçu dans ce paysage une façon de renouer avec la nature et un mode d’existence idéal totalement perdu alors par la course éperdue au développement économique. Il a commencé la série de paysages du Yimeng en hommage à l’obsession de Cézanne pour la montagne Sainte Victoire.
Avec pour référence les principes Taoistes, les peintures de Yu semblent accomplir un cycle complet. Ces nouvelles séries abstraites comportent en toile de fond une exploration de couleurs tandis que le regardeur serpente entre les points et les lignes. Les points pourraient symboliser le yin et le yang. Les lignes pouvant être lues comme un accident vasculaire cérébral fondamental qui dans la calligraphie représente le chiffre un.
Tout au long de sa carrière de peintre, Yu a cherché à rester un artiste libre de peindre et d’évoluer selon son tempérament même si son travail va à contre-courant des tendances et de la mode. Yu se résume par cette formule : « l’art se valorise par sa liberté, et j’ai le droit de choisir ».
Yu a participé aux biennales de Venize et de Sao Paolo en 1993 et en 1994. En Chine, Yu a exposé en 1989 à Pékin à l’exposition « China/avant-garde ». Il a eu une rétrospective en 2016 à la Powerstation of art de Shanghai et une autre au Long Muséum dans la ville de Chongqing en 2018. En France, Yu a participé à l’exposition « Chine le corps partout » au musée d’art contemporain de Marseille en 2004 et à l’espace Cardin en 2002 « Paris-Pekin » une exposition d’art contemporain chinois.
Liyu Yeo