🔊 “Hoda Afshar” Performer l’invisible, au musée du quai Branly – Jacques Chirac, du 30 septembre 2025 au 25 janvier 2026
“Hoda Afshar” Performer l’invisible
au musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris
du 30 septembre 2025 au 25 janvier 2026
MusĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac

PODCAST –Â Entretien avec
Annabelle Lacour,Â
responsable des collections photographiques au musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, et commissaire de l’exposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, 29 septembre 2025, durĂ©e 14’27,
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :

Hoda Afshar, The Fold. Installation photographique, 2023-2025. Tirage argentique. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac. Fonds ClĂ©rambault, musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac.

Hoda Afshar, The Fold. Installation photographique, 2023-2025. Tirage argentique. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac. Fonds ClĂ©rambault, musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac.

GaĂ©tan Gatian de ClĂ©rambault, Sans titre (Etude des drapĂ©s marocains), 1918-1919. N° inventaire PP0164302. Tirage sur papier barytĂ©, 17,7 x 12,1 cm. Afrique, Maroc Fès (ville). © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac ClĂ©rambault, GaĂ«tan Gatian de © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac.
Commissariat :
Annabelle Lacour Responsable des collections photographiques au musée du quai Branly – Jacques Chirac
Avec la précieuse collaboration de l’artiste Hoda Afshar et de la Milani Gallery, Brisbane
Introduction
Depuis une quinzaine d’années, Hoda Afshar construit une oeuvre poétique et engagée qui interroge les rapports de pouvoir inscrits dans la pratique photographique. Née à Téhéran (Iran) en 1983 et aujourd’hui installée à Melbourne (Australie), elle est considérée comme l’une des artistes visuelles les plus novatrices de la scène contemporaine australienne.
Instrument privilégié de la domination impériale, la photographie a contribué à façonner les imaginaires occidentaux sur le reste du monde. Consciente de cet héritage, Hoda Afshar explore les potentialités de ce médium pour faire émerger des histoires oubliées ou intentionnellement occultées. Ce faisant, elle réaffirme la puissance du langage photographique comme outil de révélation et de résistance.
Première exposition personnelle de l’artiste en France, Hoda Afshar. Performer l’invisible déploie deux de ses projets majeurs – Speak the Wind et The Fold – qui incarnent les grands axes de sa recherche sur l’histoire des regards et dévoilent ses expérimentations plastiques autour de l’image. Avec Speak the Wind, Hoda Afshar repousse les limites de la photographie en cherchant à capturer les vents insaisissables des îles du détroit d’Ormuz en Iran. Fruit d’une recherche de l’artiste dans la collection du musée, The Fold se réapproprie les images prises au Maroc par le psychiatre Gaëtan Gatian de Clérambault en 1918 et 1919 pour interroger de manière critique les histoires qui entourent leur création.
Photographies, vidéos, dessins, installations sonores et miroirs imprimés composent un parcours où les récits de l’invisible prennent forme.
SPEAK THE WIND, 2015-2020
Speak the Wind est le fruit de plusieurs voyages d’Hoda Afshar sur les Ă®les du dĂ©troit d’Ormuz, Ă l’extrĂŞme sud de l’Iran. Ce projet interroge l’hĂ©ritage de la photographie documentaire et ethnographique utilisĂ©e pour dĂ©crire les lieux et les populations. Dans ces paysages spectaculaires sculptĂ©s par les vents, l’artiste s’est penchĂ©e sur les histoires multiples de la rĂ©gion, haut lieu du commerce international depuis l’AntiquitĂ©, marquĂ©e par une pratique tardive de l’esclavage depuis l’Afrique de l’Est et par plusieurs siècles d’Ă©changes Ă©conomiques et culturels. Speak the Wind explore les croyances locales et les pratiques rituelles liĂ©es aux vents, perçus dans la rĂ©gion comme des forces nocives pouvant possĂ©der les corps et provoquer des maladies. Des cĂ©rĂ©monies visant Ă apaiser ces impressionnantes bourrasques mobilisent musique, chant, danse et encens. MĂŞlant images fixes et en mouvement, ce travail convoque les traces tangibles du vent, Ă la fois force physique et spirituelle. Une sĂ©rie de dessins rĂ©alisĂ©s par les habitants incorpore Ă la dĂ©marche de l’artiste le point de vue des protagonistes. Ă€ rebours d’un projet strictement documentaire, Hoda Afshar assemble des images Ă©vocatrices et poĂ©tiques, et offre au spectateur un espace de contemplation et de rĂ©flexion sur les rencontres possibles entre le rĂ©el et le spirituel.
Biographie de l’artiste
Hoda Afshar est nĂ©e en 1983, Ă TĂ©hĂ©ran, en Iran et vit actuellement Ă Naarm (Melbourne), en Australie. Hoda Afshar a commencĂ© sa carrière en 2005 comme photographe documentaire en Iran. Depuis 2007, elle vit en Australie, oĂą elle dĂ©veloppe une pratique artistique Ă l’intersection de la crĂ©ation d’images conceptuelles, mises en scène et du documentaire. Ses oeuvres explorent les relations complexes entre le politique et l’esthĂ©tique, la connaissance et la reprĂ©sentation, la visibilitĂ© et la violence. Elle s’intĂ©resse Ă la manière dont la crĂ©ation d’images peut renforcer ou remettre en question notre sens commun, ainsi qu’aux mĂ©canismes qui façonnent la perception. Ses oeuvres invitent le public Ă rĂ©flĂ©chir et Ă repenser la manière dont nous voyons et ce que nous voyons, souvent en donnant une visibilitĂ© et une voix Ă des questions et Ă des parties de la sociĂ©tĂ© marginalisĂ©es. Hoda Afshar acquiert une reconnaissance internationale avec Remain (2018), Ă propos des rĂ©fugiĂ©s dĂ©tenus sur l’île de Manus en Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, et Speak the Wind (2021) prĂ©sentĂ©e dans cette exposition. Son travail a Ă©tĂ© montrĂ© en Australie et plus largement Ă travers le monde. En 2023, sa première grande exposition personnelle se tient Ă la Art Gallery of New South Wales Ă Sydney. La mĂŞme annĂ©e, sa sĂ©rie In Turn (2022), rĂ©ponse poĂ©tique au soulèvement des femmes en Iran, est prĂ©sentĂ©e Ă Paris Photo. Son oeuvre The Fold (2023-2025) est dĂ©voilĂ©e Ă l’occasion de la Triennale de la National Gallery of Victoria Ă Melbourne. Elle est reprĂ©sentĂ©e par la Galerie Milani Ă Brisbane en Australie.

Hoda Afshar, Speak the wind, 2015 – 2020. Référence H.A_11.20_27. Tirages photographiques jet d’encre. © Courtesy de l’artiste et de la Galerie Milani, Brisbane, Australie.

Hoda Afshar, Speak the wind, 2015 – 2020. Référence 2020_10_12_Hoda_Pt2-S1-0003. Tirages photographiques jet d’encre. © Courtesy de l’artiste et de la Galerie Milani, Brisbane, Australie.

Hoda Afshar, Speak the wind, 2015 – 2020. Référence 2020_10_12_Hoda_Pt2-S1-0003. Tirages photographiques jet d’encre. © Courtesy de l’artiste et de la Galerie Milani, Brisbane, Australie.
THE FOLD, 2023-2025
Avec The Fold, Hoda Afshar explore un fonds emblématique de la collection de photographies du musée du quai Branly – Jacques Chirac, prises par le psychiatre Gaëtan Gatian de Clérambault (1872-1934) au Maroc en 1918 et 1919, dans un contexte colonial. Cet ensemble de près d’un millier de photographies, qui documentent le drapé traditionnel marocain, s’inscrit dans une vaste recherche menée par leur auteur sur les techniques du drapé. The Fold dépasse les premières investigations d’Hoda Afshar sur la représentation des femmes et du voile dans les productions orientalistes, pour enquêter sur les motivations de Clérambault, et interroger les mécanismes idéologiques et politiques à l’oeuvre dans la réalisation de ses clichés. Le psychiatre, ethnographe et photographe devient l’objet d’étude de l’artiste ; celui qui fut en position de savoir et de pouvoir devient, à son tour, sujet d’analyse. Cette installation réunit photographies, miroirs imprimés, son et vidéo, et mobilise différentes stratégies visuelles. Les images du fonds y sont fragmentées, suggérées, manipulées, discutées, sans jamais être dévoilées dans leur totalité, mettant à mal le projet scientifique de Clérambault et l’idée selon laquelle les photographies permettent d’accéder directement à la connaissance. Chaque composante de l’oeuvre interroge la manière dont nous percevons les images et nous invite à réfléchir à notre propre regard.
The Fold (Installation photographique)
Cette installation photographique, composĂ©e de plus de 900 tirages argentiques disposĂ©s en grille, traduit l’ampleur du projet d’étude du drapĂ© de ClĂ©rambault, l’ambition classificatoire qui l’anime et le caractère obsessionnel de sa recherche du pli. Le titre The Fold, « Le Pli », est une rĂ©fĂ©rence Ă l’ouvrage Ă©ponyme Ă©ditĂ© en 1989 du philosophe français Gilles Deleuze (1925-1995). Lors de ses recherches sur la base de donnĂ©es en ligne du musĂ©e, Hoda Afshar dĂ©couvre que les images qu’elle a tĂ©lĂ©chargĂ©es ont Ă©tĂ© automatiquement recadrĂ©es sur des dĂ©tails. L’artiste dĂ©cide d’accueillir l’obstacle technique et le hasard comme parties intĂ©grantes du processus crĂ©atif. En ne rĂ©vĂ©lant que des fragments de drapĂ©s pliĂ©s, de visages recouverts, de bras suspendus, l’oeuvre supprime une partie des informations de l’image et perturbe ainsi l’accès Ă l’archive. Ă€ partir de vignettes numĂ©riques, Hoda Afshar rĂ©alise des nĂ©gatifs, qu’elle tire ensuite en positif dans la chambre noire. Par ce long processus et ce passage du numĂ©rique Ă l’argentique, l’artiste opère le chemin inverse du traitement habituel de l’archive.
The Fold (Installation de miroirs imprimés)
Dans cet ensemble, Hoda Afshar a reproduit, Ă Ă©chelle humaine, une sĂ©quence photographique rĂ©alisĂ©e par ClĂ©rambault qui dĂ©compose un geste d’agencement du drapĂ©. L’artiste s’intĂ©resse Ă la manière dont le corps des modèles est objectivĂ©, Ă la manière d’un mannequin qui supporte le dĂ©ploiement de l’étoffe. Les photographies ont Ă©tĂ© imprimĂ©es sur des plaques de verre, qui ont ensuite Ă©tĂ© recouvertes d’une couche d’argent. Les silhouettes drapĂ©es prises dans le verre cohabitent ainsi avec le reflet du visiteur affleurant Ă la surface du miroir. Le public, en cherchant le sujet de l’image, est confrontĂ© Ă son propre reflet. Par ce processus, l’artiste nous rappelle que nous voyons toujours les images selon notre propre perception et nous invite Ă rĂ©flĂ©chir Ă notre propre regard.
The Fold (Vidéo)
Le volet filmique de The Fold s’ouvre sur une animation numérique rejouant la scène de la mort de Clérambault. Sur le point de devenir aveugle, Clérambault se suicide le 17 novembre 1934 d’une balle de revolver, face à un miroir. La presse de l’époque précise qu’il était entouré d’une « étrange collection de mannequins de cire qu’il se plaisait à habiller avec des étoffes rares », sans toutefois évoquer ses recherches sur le drapé. Cet évènement a participé à la légende du personnage. Le film d’Hoda Afshar se poursuit par une séquence d’entretiens dans laquelle des chercheurs de différentes disciplines émettent des hypothèses sur la figure de Clérambault, se contredisant parfois. Comme l’artiste, ces personnalités s’expriment depuis l’Australie, elles sont extérieures à l’histoire du psychiatre comme de ses photographies. Ces entretiens sont filmés suivant une esthétique empruntée au film noir et dans un décor inspiré de la maison des miroirs dans La Dame de Shanghai (1947) d’Orson Wells, qui symbolise la complexité de personnages aux multiples facettes. Conçu comme une enquête sur les motivations de Clérambault, le film révèle également la manière dont les personnes interrogées aujourd’hui réfléchissent à son héritage. La multiplication de leurs reflets dans les miroirs matérialise la nature stratifiée de la pensée et de la perception.
The Fold (Création sonore)
Tout comme les autres composantes de l’installation The Fold invitent le public Ă apprĂ©hender le sujet des photographies de ClĂ©rambault en rĂ©flĂ©chissant Ă l’acte mĂŞme de regarder, la pièce sonore pose la question de savoir qui parle et Ă qui – incitant le visiteur Ă s’imaginer que l’on s’adresse Ă lui. Cette crĂ©ation sonore est composĂ©e de fragments de dialogue impliquant plusieurs interlocuteurs fictifs qui adoptent diffĂ©rentes positions narratives et divers modes d’adresse directe ou indirecte afin d’Ă©tablir des relations changeantes entre les participants – y compris le public. Des techniques sonores telles que l’Ă©cho, le retard, le panoramique, le doublage et la rĂ©pĂ©tition sont utilisĂ©es pour produire des effets de miroir similaires Ă ceux que l’on retrouve dans les composantes visuelles de l’oeuvre. La pièce s’inspire de plusieurs oeuvres de compositeurs français, notamment « Tu m’Ă©coutes » (1975) de Luc Ferrari et « L’Écho du miroir » (1980-2008) de Bernard Parmegiani.
L’oeuvre The Fold a Ă©tĂ© commandĂ©e Ă l’origine par la National Gallery of Victoria, Ă Melbourne, pour la Triennale 2023 de la NGV. Une nouvelle version de l’oeuvre a Ă©tĂ© produite pour cette exposition et acquise par le musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac.
Biographie de l’artiste
Hoda Afshar est nĂ©e en 1983, Ă TĂ©hĂ©ran, en Iran et vit actuellement Ă Naarm (Melbourne), en Australie. Hoda Afshar a commencĂ© sa carrière en 2005 comme photographe documentaire en Iran. Depuis 2007, elle vit en Australie, oĂą elle dĂ©veloppe une pratique artistique Ă l’intersection de la crĂ©ation d’images conceptuelles, mises en scène et du documentaire. Ses oeuvres explorent les relations complexes entre le politique et l’esthĂ©tique, la connaissance et la reprĂ©sentation, la visibilitĂ© et la violence. Elle s’intĂ©resse Ă la manière dont la crĂ©ation d’images peut renforcer ou remettre en question notre sens commun, ainsi qu’aux mĂ©canismes qui façonnent la perception. Ses oeuvres invitent le public Ă rĂ©flĂ©chir et Ă repenser la manière dont nous voyons et ce que nous voyons, souvent en donnant une visibilitĂ© et une voix Ă des questions et Ă des parties de la sociĂ©tĂ© marginalisĂ©es. Hoda Afshar acquiert une reconnaissance internationale avec Remain (2018), Ă propos des rĂ©fugiĂ©s dĂ©tenus sur l’île de Manus en Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e, et Speak the Wind (2021) prĂ©sentĂ©e dans cette exposition. Son travail a Ă©tĂ© montrĂ© en Australie et plus largement Ă travers le monde. En 2023, sa première grande exposition personnelle se tient Ă la Art Gallery of New South Wales Ă Sydney. La mĂŞme annĂ©e, sa sĂ©rie In Turn (2022), rĂ©ponse poĂ©tique au soulèvement des femmes en Iran, est prĂ©sentĂ©e Ă Paris Photo. Son oeuvre The Fold (2023-2025) est dĂ©voilĂ©e Ă l’occasion de la Triennale de la National Gallery of Victoria Ă Melbourne. Elle est reprĂ©sentĂ©e par la Galerie Milani Ă Brisbane en Australie.