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“Tatiana Wolska” Prix Drawing Now 2024, au Drawing Lab, du 24 janvier au 20 avril 2025

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“Tatiana Wolska” Belladone, Prix Drawing Now 2024

au Drawing Lab, centre d’art privé dédié au dessin contemporain, Paris

du 24 janvier 2024 au 20 avril 2025

Drawing Lab


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©Sylvain Silleran, présentation presse, le 23 janvier 2024.

Texte Sylvain Silleran

Tatiana Wolska, Untitled, 2022, crayons de couleurs, 65 x 50 cm. © Amélie Bataille, courtoisie de l’artiste et Irène Laub gallery.

Tatiana Wolska, Untitled, 2022, crayons de couleurs, 65 x 50 cm. © Amélie Bataille, courtoisie de l’artiste et Irène Laub gallery.

Tatiana Wolska, Untitled, 2021, technique mixte sur papier, 150 x 150 cm. © Amélie Bataille, courtesy de l’artiste et la galerie Irène Laub.

Tatiana Wolska, Untitled, 2021, technique mixte sur papier, 150 x 150 cm. © Amélie Bataille, courtesy de l’artiste et la galerie Irène Laub.

Tatiana Wolska, Hyperballad, 2023, crayons de couleurs, 150 x 150 cm. © Amélie Bataille, courtoisie de l’artiste et Irène Laub gallery.

Tatiana Wolska, Hyperballad, 2023, crayons de couleurs, 150 x 150 cm. © Amélie Bataille, courtoisie de l’artiste et Irène Laub gallery.

Tatiana Wolska, Hyperballad, 2023, crayons de couleurs, 150 x 150 cm. © Amélie Bataille, courtoisie de l’artiste et Irène Laub gallery.

Tatiana Wolska, Hyperballad, 2023, crayons de couleurs, 150 x 150 cm. © Amélie Bataille, courtoisie de l’artiste et Irène Laub gallery.

Tatiana Wolska – Belladone

Drawing Lab



Des sorcières, de la belladone. Voilà un univers riche, féminin, avec quelque chose de sulfureux, de sensuel, de magique. Quelle belle promesse nous faisait la lauréate du prix Drawing Now. Celle de pénétrer dans un monde mystérieux, dangereux, de se glisser dans la clandestinité de ces femmes, de se rappeler de la sorcellerie comme d’un mouvement de résistance à la violence de la société.


La grande salle est recouverte d’un grand tapis de papier courant sur le sol, grimpant aux murs jusqu’au plafond. Est-ce la mode de couvrir ainsi les espaces de moquettes façon caverne depuis la lauréate du prix Marcel Duchamp? Des fragments de papiers déchirés sont agrafés, scotchés, formant un gigantesque collage. Le papier est essentiellement blanc, parfois quelques morceaux rapidement barbouillés de couleur ou striés de quelques traits de pinceaux viennent ajouter un peu de gris, du rose, de l’orangé. Une peau de créature de Frankenstein, un collage même pas punk qui recouvre quelques excroissances éparses. Cela fait improvisé à la hâte, pas pensé. On est bien loin des mosaïques flamboyantes de Nikki de Saint Phalle, de la recup’ de faïence dont Gaudi a fait les merveilleux bancs du parc Güell. C’est plutôt léger pour la lauréate d’un salon prestigieux.


Des dessins au crayons de couleurs sur de grandes feuilles au blanc éclatant laissent s’épanouir des formes organiques, des êtres hésitant dans une douce langueur entre fleurs et chairs. Un dessin appliqué au crayon bien taillé, au stylo, doux et enveloppant, chaleureux de pétales parfumées, mais aux plis et replis carnés annonciateurs d’autres abîmes. C’est un dessin silencieux et systématique qui s’égare quelque peu dans l’ornemental. On regrette le vaste pays peuplé d’hommes et de castors dessiné par Suzanne Husky, les riches histoires de cet immense écosystème se déroulant sur ces murs. On se souvient du talent de Daniel Otero Torres, de ses guérilleros et de ses féroces chiens de garde.


Tatiana Wolska convoque Louise Bourgeois, ses silhouettes rouge sang de fleurs coupées, quelques livres sur les sorcières et l’oppression des femmes à travers les âges, quelques photocopies de planches naturalistes, de dessins botaniques, une gravure moyenâgeuse, la revue ‘sorcières’, magazines fleurant bon la libération des années 70. C’est scolaire comme une bibliographie de mémoire universitaire et doucement nostalgique.


Il reste quelques formes organiques en bois. Des grands blocs, assemblages de bouts de planches comme des couches géologiques, sculptés, lissés, formant des sculptures sensuelles, charnelles. Ces organismes vivants se déroulent, coulent dans l’espace comme des êtres surnaturels, visions hallucinatoires sous champignons d’un monde se liquéfiant pour livrer ses secrets. Là on trouve quelque connexion au pouvoir d’une bruja du Mexique ou d’ailleurs, on pense aux récits de Carlos Castaneda, même si il est un homme, « nobody’s perfect ». On retrouve un art simple, pauvre, mais partant vraiment à la rencontre du matériau, l’embrassant pour offrir une vision du vivant, une vision de l’invisible. Voilà quelque chose de contemporain qui résonne avec notre époque de décroissance, un engagement dans l’upcycling, un militantisme du tactile.


Sylvain Silleran


Extrait du communiqué de presse :

Commissaire d’exposition : Marianne Derrien


L’exposition Belladone de Tatiana Wolska se niche entre le politique et l’intime en proposant une expérience physique et cognitive où le dessin fusionne avec la sculpture. Plante des sorcières, bonne ou mauvaise herbe magique connue depuis l’Antiquité, la Belladone, est à la fois le remède et le poison nous rappelant que son utilisation requiert un maniement subtil ainsi qu’une grande connaissance.

À travers l’histoire de cette plante, l’exposition favorise la prolifération et le dialogue afin d’unir le familier et l’étrange, la légèreté et l’ardeur, la suggestion et la revendication. Les oeuvres graphiques et en volume de Tatiana Wolska mutent en autant d’enveloppes organiques probables ou indéfinies. En créant de la valeur à ce qui ne perdure pas, l’artiste affirme une posture expérimentale et engagée avec cette nouvelle oeuvre-construction en papier (déchirés, découpés et agrafés) aux côtés d’autres oeuvres déjà produites. Du dehors au dedans, d’un corps à un autre, du végétal à l’humain, c’est notre relation aux cycles vitaux, au déracinement ainsi qu’aux formes d’émancipation et d’affranchissement qui est sondé. Tout au long de ce projet, récits et échanges se mêlent et se croisent pour créer l’archive d’une présence, celle de l’artiste elle-même avec celles d’autres artistes, activistes, écrivaines…

Marianne Derrien, Commissaire d’exposition




L’artiste – Tatiana Wolska

Née en 1977 à Zawiercie, Pologne. Vit et travaille à Bruxelles

Tatiana Wolska développe une pratique multidisciplinaire caractérisée par la croissance organique et la prolifération des formes. Ses dessins et sculptures, liés par un dialogue constant, témoignent d’une recherche sur la sinuosité des courbes, l’émergence d’éléments organiques et l’hybridation des objets. Bouteilles en plastique, clous ou rebuts de bois sont autant de substances matricielles au service d’un mouvement d’amplification et de croissance.

Les dessins de Tatiana Wolska évoquent le vivant (plantes, muscles, organes, cheveux, ou micro-organismes) et placent la question du corps au centre de ses préoccupations. Flirtant avec l’invisible et avec l’intime, elle déploie un univers à la frontière du réel et de l’abstraction.

Tatiana Wolska a débuté sa carrière artistique à la Villa Arson de Nice. Lauréate du Grand Prix du Salon de Montrouge, elle est invitée par la Fondation Pierre Bergé pour une exposition personnelle au Palais de Tokyo en 2014. Depuis lors, son travail est régulièrement montré par des institutions internationales, notamment le Frac Corse et le Frac PACA (FR) en 2016, la Villa Empain à Bruxelles (FR) et l’Arsenal à Poznan (PL) en 2018, la Villa Datris à Paris (FR) en 2020, le château de Chamarande (FR) ou le projet Sculpture in the City à Londres (UK) en 2021. EN 2024, un solo show lui a été consacré au Midlands Arts Centre à Birmingham (UK). Elle a également fait partie de l’exposition collective Rebel Garden à l’occasion de la Triennale de Bruges (BE) et de l’exposition de sculptures ARBOS à Lustwarande, Tilburg (NL).