Agenda CulturelIncontournables 2

“Dans la Seine” à la Crypte archéologique de l’île de la Cité, à partir du 31 janvier 2024

Partage


“Dans la Seine”
Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours

à la Crypte archéologique de l’île de la Cité, Paris

à partir du 31 janvier 2024

Crypte archéologique de l’île de la Cité


previous arrow
01-RP_dans_la_Seine_01
02-RP_dans_la_Seine_02
03-RP_dans_la_Seine_03
04-RP_dans_la_Seine_04
05-RP_dans_la_Seine_05
06-RP_dans_la_Seine_06
07-RP_dans_la_Seine_07
08-RP_dans_la_Seine_08
09-RP_dans_la_Seine_09
10-RP_dans_la_Seine_10
11-RP_dans_la_Seine_11
12-RP_dans_la_Seine_12
13-RP_dans_la_Seine_13
14-RP_dans_la_Seine_14
15-RP_dans_la_Seine_15
next arrow
01-RP_dans_la_Seine_01
02-RP_dans_la_Seine_02
03-RP_dans_la_Seine_03
04-RP_dans_la_Seine_04
05-RP_dans_la_Seine_05
06-RP_dans_la_Seine_06
07-RP_dans_la_Seine_07
08-RP_dans_la_Seine_08
09-RP_dans_la_Seine_09
10-RP_dans_la_Seine_10
11-RP_dans_la_Seine_11
12-RP_dans_la_Seine_12
13-RP_dans_la_Seine_13
14-RP_dans_la_Seine_14
15-RP_dans_la_Seine_15
previous arrow
next arrow
©Sylvain Silleran, présentation presse, le 30 janvier 2024.
Statuette d’Apollon, alliage cuivreux. Epoque gallo-romaine. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris.

Statuette d’Apollon, alliage cuivreux. Epoque gallo-romaine. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris.

Mascaron retrouvé en novembre 2014 dans la Seine, au pied du Pont-Neuf, par les plongeurs de la Brigade fluviale de Paris. © Brigade fluviale de Paris / DRAC d’Ile-de-France, Service régional de l’archéologie.

Mascaron retrouvé en novembre 2014 dans la Seine, au pied du Pont-Neuf, par les plongeurs de la Brigade fluviale de Paris. © Brigade fluviale de Paris / DRAC d’Ile-de-France, Service régional de l’archéologie.


Texte Sylvain Silleran

Soldat de plomb à la cote de maille. Moyen Âge. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris.

Soldat de plomb à la cote de maille. Moyen Âge. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris.

Cruche en céramique fine blanche, Ier siècle. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris.

Cruche en céramique fine blanche, Ier siècle. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris.

Yan Tomaszewski, ex-voto, série Sequana, 2023, © Yan Tomaszewski.

Yan Tomaszewski, ex-voto, série Sequana, 2023, © Yan Tomaszewski.

Il n’y a pas que nos amours qui coulent avec la Seine sous le pont Mirabeau, on y trouve la mémoire des habitants de Paris, ceux de Lutèce et même d’avant. C’est fou ce qu’on perd dans un fleuve, depuis les silex des hommes préhistoriques aux formes abstraites, les outils de fer de leurs successeurs bien emballés dans leurs gangues de rouille sanguine et verte. Même les mammouths y égarent leurs défenses, on les retrouve bien plus tard, feuilletées par le temps. Les piliers de bois des quais du premier port établi sur l’île de la cité n’ont pas bougé, ils révèlent leur âge, cercle après cercle, ils ont connu les premiers parisiens.

Une nasse du Ier siècle, tressage serré de branches de noisetier et de sureau, a été parfaitement conservée. Elle git sur un lit de sable, intemporelle, on peut encore sentir les mains du vannier tirant les épaisses tiges. Le temps semble s’être arrêté, les objets de toutes les époques se mélangent, leur point commun est d’avoir été perdus et trouvés. Le moment de la perte, celui, long, de l’enfouissement, et enfin celui de la découverte créent un bouillon historique vibrant. Un vase à bandes rouges, une tomette carrée au motif de fleur, de l’artisanat simple du moyen-âge, un robinet de tonneau, de la vaisselle romaine… Un flacon de parfum de Lutèce se déguise en vase art déco.

L’inventaire est poétique lorsqu’il est formé par 10 cuillères ou une poignée de clés qui n’ouvriront plus ni portes ni coffres. Voici des pièces de monnaie d’une bourse perdue aux thermes, la monnaie rendue illisible ressemble désormais à un jeu pour enfants, devenue pareille à une vaisselle miniature de dînette. Dans le lit de la Seine ont fini des médailles protectrices, méreaux, jetons de pèlerinages ou laisser-passers. Les saints y cohabitent avec des emblèmes de corporations, symboles allant jusqu’à l’image érotique. Un jeton de présence à la messe des matines a fini ses jours à côté d’un sexe féminin, emblème des poissonniers; la couronne des orfèvres avec un Saint Denis décapité.

Des armes, épées, haches, pointes de lances, s’ensablent sous la Seine depuis l’âge de bronze. Les lames oxydées sont devenues désuettes. L’époque moderne ose des formes plus audacieuses, une garde d’épée s’enroulant en spirale flamboyante autour de la main, souple telle une chorégraphie de roman de Dumas, une scène shakespearienne pleine de panache. Un petit pistolet de poche du XIXéme siècle a été jeté dans la Seine par son propriétaire, peut-être est-ce là l’arme d’un crime? L’objet trouvé évoque toutes les histoires, les grandes batailles comme les polars poisseux.

Un obus strié est tourné comme un vase noir, fait du même métal terne que des soldats de plomb à la verticalité noueuse de Giacometti. D’autres statuettes sont des divinités gallo-romaines, un Apollon aux longues tresses, un Mercure à la posture de culturiste. A l’opposé, la douceur des visages de quelques ex-voto de calcaire blanc se trouvent féminisés par leurs traits émoussés par le temps. Un casque de soldat de la guerre de 14 troué, on ne sait pas, par les balles, ou, espérons-le pour la survie de ce poilu, bien plus tard par la corrosion. D’ailleurs la rouille et le calcaire l’ont revêtu d’un motif floral du plus bel effet. Quelques dés à coudre déformés prennent de l’importance, tutoient les reliques les plus précieuses. L’homme est-il donc destiné depuis la nuit des temps à perdre ses affaires?

Une bague de promesse jadis offerte aux fiançailles ou au mariage, deux mains jointes dissimulant un cœur, se retrouve orpheline de son doigt, de son amour. A-t-elle été jetée dans la Seine par un amoureux trahi? Dans cet inventaire de toutes les passions humaines, un siphon d’eau de Seltz au bec de canard, autrefois star des cafés, repose à côté d’un petit ange. Le sacré et le profane. Le lit de notre Seine n’en finit pas de charrier nos objets perdus.


Sylvain Silleran

Cuillère en alliage cuivreux. Époque médiévale ou moderne. Dragage de la Seine, au niveau du Pont-Marie, Paris. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris.

Cuillère en alliage cuivreux. Époque médiévale ou moderne. Dragage de la Seine, au niveau du Pont-Marie, Paris. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris.

Photographe inconnu, La débâcle de la Seine vers le Petit-Pont, Paris, 3 janvier 1880. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris.

Photographe inconnu, La débâcle de la Seine vers le Petit-Pont, Paris, 3 janvier 1880. CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet – Histoire de Paris.


Extrait du communiqué de presse :

Commissariat général
Valérie Guillaume, directrice du musée Carnavalet – Histoire de
Paris et de la Crypte archéologique de l’île de la Cité

Commissariat scientifique
Sylvie Robin, conservatrice en chef du patrimoine, responsable du département des collections archéologiques au musée Carnavalet – Histoire de Paris

Conception Scénographique
Violette Cros, scénographie, Arnaud Roussel, graphisme, Gabrielle Trévise, conception éclairage





L’exposition dresse un portrait de la Seine parisienne à partir d’une série d’objets recueillis dans son lit ou sur ses berges, présentés dans le parcours des vestiges de la Crypte archéologique de l’île de la Cité, en plein centre de Paris. Ces objets, issus de recherches ou de collectes, rappellent les interactions entre l’homme et le fleuve depuis la Préhistoire. Illustrée par une iconographie variée ainsi que par des restitutions numériques, l’exposition réunit plusieurs chercheurs en archéologie et rassemble près de 150 objets recueillis dans la Seine, dont chacun raconte Paris.

Le fleuve qui a façonné Paris depuis les premières installations humaines jusqu’à nos jours a reçu quantité d’objets tombés, jetés, perdus, ou déplacés par les courants. Tous témoignent de l’histoire de la Seine, de son évolution, de ses aménagements et de ses paysages, mais aussi de ses populations successives, leurs modes de vie, leurs croyances ou leurs combats. Présentées de manière chronologique, ces découvertes sont aussi l’occasion d’expliquer les méthodes scientifiques utilisées dans l’interprétation et la datation des vestiges et des objets archéologiques.

L’exposition témoigne d’abord des installations humaines de l’époque préhistorique, sur les berges du fleuve, puis dans l’Antiquité, le temps de ses premiers aménagements réalisés par les Romains. Les périodes médiévale et moderne recueillent des armes, des ex-voto mais aussi des déchets. Aujourd’hui encore, des découvertes fortuites livrent des armes et fragments d’architecture. L’exposition explore aussi la Seine en amont et en aval de Paris, avec l’évocation de ses sources en Bourgogne, d’une pêcherie antique dans l’Aube, et d’un site paléolithique à Clichy-la-Garenne.

Certains objets choisis appartiennent au registre de l’utilitaire : outils et dispositifs pour aménager la nature, armes pour chasser ou se battre. D’autres sont magiques et s’adressent à la bienveillance de la Seine en tant que divinité ou médiatrice. Tous livrent des récits d’hommes et de femmes qui ont construit leur quotidien avec la Seine, qu’il s’agisse des chasseurs néandertaliens ou d’une population parisienne pieuse et superstitieuse. Leurs préoccupations sont encore les nôtres, composer avec l’environnement, exploiter la Seine, la surveiller et l’honorer en la protégeant. L’archéologie permet le décryptage scientifique de ces fragments de vie, magnifiés par le mystère et la matérialité des oeuvres contemporaines de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, ainsi que par celle de Yan Tomaszewski.



Parcours de l’exposition

Le parcours de l’exposition s’articule autour de quatre périodes chronologiques et plusieurs thématiques choisies parmi des découvertes archéologiques en lien avec la Seine. Ce sont d’abord les installations humaines de l’époque préhistorique, sur les berges du fleuve, puis dans l’Antiquité, le temps de ses premiers aménagements. Les périodes médiévale et moderne révèlent des armes, des ex-voto et des déchets, tandis que la Seine d’aujourd’hui nous livre encore des trouvailles fortuites, comme des morceaux de ponts.

Ces objets témoignent des récits d’hommes et de femmes qui ont construit leur quotidien avec la Seine, qu’il s’agisse des chasseurs néandertaliens ou du peuple parisien pieux et superstitueux.

L’exposition explore aussi la Seine en amont et en aval de Paris, avec l’évocation de ses sources en Bourgogne, d’une pêcherie antique dans l’Aube, et d’un site paléolithique à Clicly-la-Garenne. Les objets présentés appartiennent au registre de l’utilitaire ou de la magie.

Tout au long de la visite, un parcours illustré permet aux enfants de mieux comprendre les vestiges de la Crypte et les principales thématiques abordées par l’exposition.

#ExpoCrypte #catalogue de l’exposition Dans la Seine Objets trouvés de la Préhistoire à nos jours sous la direction de Sylvie Robin, publié par Paris Musées

@Cryptearcheologique – La Crypte archéologique de l’île de la Cité

Située sous le parvis de la Cathédrale Notre-Dame, la Crypte archéologique présente les vestiges découverts lors des fouilles réalisées de 1965 à 1970 et offre un panorama unique sur l’évolution urbaine et architecturale de l’île de la Cité, coeur historique de Paris. Au sein d’un parcours permanent, une exposition temporaire est dédiée à cet acteur incontournable de l’histoire de Paris qu’est la Seine. Une série d’objets archéologiques, issus de recherches ou de collectes, rappelle les interactions entre l’homme et le fleuve, à travers les fragments d’une histoire commune depuis la Préhistoire.


La découverte de la Crypte
La Crypte archéologique de l’île de la Cité abrite des vestiges du Paris antique, médiéval et d’époque moderne mis au jour entre 1965 et 1972 lors de la construction d’un parc de stationnement souterrain. Cette fouille, exceptionnellement conservée en plein coeur de la capitale, est l’unique site archéologique ouvert au public à Paris. Sur près de 1800 m2, il témoigne des transformations de la ville, dès sa fondation à la fin de la conquête de la Gaule par Jules César. Le parvis de Notre-Dame apparaît en 1163 avec la construction de la cathédrale. C’est alors une placette étroite qui ne permet pas de recul sur la façade : les notions de perspective et de mise en valeur des monuments n’existent pas dans la ville médiévale. La place prend sa configuration actuelle en 1877, au moment de la construction du nouvel Hôtel-Dieu. Au XXe siècle, l’automobile conquiert Paris. Dans les années 1950-1960, on compte alors 20 000 voitures qui traversent quotidiennement l’île de la Cité. Il faut attendre 1963 pour qu’une délibération municipale envisage l’arrêt de la circulation automobile devant la cathédrale et la construction d’un stationnement souterrain. André Malraux, Ministre des Affaires culturelles, demande en 1967 un projet pour une nouvelle place. Le 16 juillet 1965 débutent les fouilles confiées à la Commission du Vieux Paris. Elles révèlent, dans un grand enchevêtrement de murs, des restes de multiples constructions datant des grandes périodes d’occupation de l’île. Devant l’importance des vestiges, l’archéologue Michel Fleury obtient la modification du projet de parking qui est repoussé au sud du parvis, à un emplacement où il n’y a pas de constructions antiques. Toute la fouille est maintenue en place telle que le visiteur la voit aujourd’hui. En 1969, deux architectes, André Hermant et Pierre-Jean Jouve, sont choisis par le ministère des Affaires culturelles pour aménager le site archéologique et le protéger. En 1980, est inaugurée la première Crypte archéologique de France.