đ âBollywood superstarsâ au musĂ©e du quai Branly â Jacques Chirac, du 26 septembre 2023 au 14 janvier 2024
âBollywood superstarsâ
Histoire dâun cinĂ©ma indien
au musĂ©e du quai Branly â Jacques Chirac, Paris
du 26 septembre 2023 au 14 janvier 2024
MusĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac
PODCAST – Interview de HĂ©lĂšne Kessous, Docteure en Anthropologie sociale et ethnologie, adjointe scientifique au musĂ©e dĂ©partemental des arts asiatiques Ă Nice, et co-commissaire de l’exposition,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 25 septembre 2023, durĂ©e 26â41,
© FranceFineArt.
Extrait du communiqué de presse :
A Rajasthani girl, 1930-1950. Tirage sur papier barytĂ©, 23,7 x 29 cm. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac.
Commissaires :
Julien Rousseau, Conservateur du patrimoine, responsable de lâunitĂ© patrimoniale Asie au musĂ©e du quai Branly â Jacques Chirac
HélÚne Kessous, Docteure en Anthropologie sociale et ethnologie, adjointe scientifique au musée départemental des arts asiatiques à Nice.
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Avec plus de 1500 films produits par an, dont une partie exportĂ©e sur tous les continents, lâInde est aujourdâhui le premier producteur de cinĂ©ma au monde. Lâexposition Bollywood Superstars retrace plus dâun siĂšcle de cinĂ©ma indien depuis ses sources mythologiques et artistiques jusquâaux icĂŽnes du « star-system » contemporain. Une scĂ©nographie immersive fait entrer le visiteur dans les scĂšnes de danse et les palais des films historiques, proposant un dialogue constant entre objets patrimoniaux et cinĂ©ma. Plus de 200 oeuvres – peintures, figurines dâombres, costumes, photographies – illustrent les arts populaires, les rĂ©cits et les influences artistiques qui ont donnĂ© naissance Ă lâunivers Ă©blouissant et infini des cinĂ©mas indiens.
Photogramme du film Mughal-E-Azam réalisé par K. Asif (1960). Mughal-E-Azam, Kamuddin Asif , 1960.
Photogramme du film Mughal-E-Azam réalisé par K. Asif (1960). Mughal-E-Azam, Kamuddin Asif , 1960.
Affiche de l’exposition Bollywood Superstars. © Gitanjali Rao.
PARCOURS DE L’EXPOSITION
Lâexposition dĂ©bute avec les arts narratifs populaires qui ont prĂ©cĂ©dĂ© le cinĂ©ma et coexistĂ© avec lui jusquâa nos jours : spectacles de conteurs, de thĂ©Ăątres dâombres et de lanternes magiques. Le coeur du parcours est consacrĂ© ensuite Ă deux genres indĂ©modables que sont le film mythologique et le film historique. Dieux et princes, romances et batailles inspirent les arts indiens depuis toujours et constituent les recettes des blockbusters. Un intermĂšde dĂ©diĂ© au rĂ©alisateur Satyajit Ray et au cinĂ©ma social apporte un contrepoint pour Ă©voquer la diversitĂ© des cinĂ©mas indiens qui sont loin de se rĂ©duire Ă lâindustrie commerciale de Bombay (Bollywood) qui est la plus connue. Le parcours se termine avec une installation immersive mettant Ă lâhonneur des acteurs ayant traversĂ© les dĂ©cennies, aâ partir dâune sĂ©lection de scĂšnes cultes. Car en Inde, les acteurs et les actrices sont adorĂ©s comme nulle part ailleurs : ils sont les nouvelles icĂŽnes de la culture populaire.
Les racines : pré-cinémas et arts populaires
En 1896, les spectateurs dĂ©couvrent les images animĂ©es, moins dâun an aprĂšs les premiĂšres projections des frĂšres LumiĂšres aâ Paris. Rapidement et tout au long du 20e siĂšcle, lâInde invente son propre cinĂ©ma en puisant aâ la source des arts narratifs et des spectacles populaires. Suivant la tradition des conteurs itinĂ©rants, des thĂ©Ăątres dâombres et des spectacles de lanternes magiques, les premiers films sâinspirent dâhistoires mythologiques vielles de plus de 2000 ans et sont montrĂ©s de village en village, dans des salles ambulantes. Le cinĂ©ma devient un nouveau dispositif permettant de faire sortir les dieux des temples et de les rapprocher des fidĂšles. Câest aussi un moyen dâĂ©changer un regard avec des images divines vivantes, avec toute lâimportance religieuse que possĂšde la vue (darshan) dans la civilisation indienne. Dans cette section, le visiteur a la possibilitĂ© de manipuler une lanterne magique conçue pour lâexposition et projetant une oeuvre sur plaque de verre exĂ©cutĂ©e par Gitanjali Rao, artiste et rĂ©alisatrice de film dâanimation. Il peut Ă©galement entrer dans la salle en kalĂ©idoscope ouâ se rĂ©pĂštent aâ lâinfini les chorĂ©graphies de danses rĂ©gionales que le cinĂ©ma a rĂ©adaptĂ©es.
Dieux et princes Ă lâĂ©cran : films mythologiques et historiques
Au dĂ©but du 20e siĂšcle, lâInde est une colonie britannique divisĂ©e par les langues, les identitĂ©s rĂ©gionales et les religions. Comment produire alors un film capable de sâadresser a tous et de toucher le vaste marcheÌ indien ? Pour relever ce dĂ©fi et dans le contexte dâune construction nationale naissante, les premiers films vont remonter aux racines du pays, incarner des dieux et des hĂ©ros historiques tout en sâinscrivant dans la longue tradition artistique indienne. Fortement influenceÌ par lâiconographie et le style dramatique des « images de calendrier » imprimĂ©es par les presses Ravi Varma, Dundiraj Phalke dit Dadasaheb Phalke (1870-1944) rĂ©alise les premiers films mettant en scĂšne des divinitĂ©s hindoues, donnant naissance au cinĂ©ma mythologique. Pour illustrer le passage des images imprimĂ©es aux images animĂ©es, un ensemble exceptionnel de chromolithographies et de peintures originales de Ravi Varma est prĂ©sentĂ© ici, en regard des films mythologiques muets, puis des sĂ©ries tĂ©lĂ©visĂ©es Ă effet spĂ©ciaux tirĂ©es des Ă©popĂ©es hindoues. BientĂŽt, ce sera le film historique qui offrira au cinĂ©ma indien ses plus grands succĂšs, adaptant Ă lâĂ©cran les faits dâarmes et la vie sentimentale des souverains de lâĂąge dâor de lâhistoire nationale. Bijoux, sculptures, costumes et objets dâart illustrent ici la grandeur des cours mogholes et rajputes, magnifiĂ©es par les classiques du film historique. Des extraits de Mughal-E-Azam (de K. Asif, 1960) sont notamment projetĂ©s parmi un ensemble dâobjets historiques spectaculaires : robes de cours, Ă©crans ajourĂ©s de palais, armures dâapparat et jade sertis de pierres prĂ©cieuses. Une salle de projection propose ensuite une pause dans le parcours pour Ă©voquer un tout autre cinĂ©ma, celui de la nouvelle vague indienne Ă travers des extraits de lâoeuvre de Satyajit Ray, aâ sa maniĂšre « superstar » du cinĂ©ma dâauteur et reconnu dans le monde entier.
Superstars
La derniĂšre partie du parcours sâouvre avec les annĂ©es 1970 et les « single screens » cinĂ©ma, qui se dĂ©veloppent dans le sillage des premiers grands films Ă succĂšs de lâindustrie de Bollywood. Sholay (de Ramesh Sippy, 1975) classique Ă©ternel, hisse au sommet lâacteur culte Amitabh Bachchan dans lâun des premiers films « masala ». A la maniĂšre du mĂ©lange dâĂ©pices masala, le film mĂȘle les genres pour offrir un ensemble complet et intense dâĂ©motions. Mais ce sont avant tout les interprĂštes adulĂ©s du public qui font le succĂšs des films en Inde. Nul autre star-system au monde ne suscite une telle ferveur. Quâelles soient installĂ©es ou montantes, les vedettes populaires ont la capacitĂ© dâĂ©mouvoir le spectateur dâun simple mot, dâun geste ou dâun regard. Une installation rend hommage Ă quelques-unes des plus grandes stars aâ partir dâune sĂ©lection de scĂšnes iconiques des dĂ©cennies 1970 Ă 2010.
Figure du thĂ©Ăątre d’ombres, Sita sous son arbre, dĂ©but du 20e siĂšcle. Peau de daim ou de chĂšvre, dĂ©coupĂ©e, cousue et peinte, 71 x 97 cm. Inde, Andhra Pradesh (Ă©tat). N° inventaire 71.1967.25.47. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, photo Patrick Gries.
Tenture de temple: Krishna Shri Nathji et l’offrande d’Annakuta. Fin du 19e siĂšcle. Peinture sur toile de coton, 237 x 254 x 0,5 cm. Inde, Nathdwara. N° inventaire 70.2014.10.1. © musĂ©e du quai Branly – Jacques Chirac, photo Claude Germain.