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🔊 “Baptiste Rabichon” à la galerie binome, Paris, du 13 avril au 20 mai 2023

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“Baptiste Rabichon” Verbatim

Ă  la galerie binome, Paris

du 13 avril au 20 mai 2023

galerie binome


Interview de Baptiste Rabichon, par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 19 avril 2023, durĂ©e 18’38. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Baptiste Rabichon,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 19 avril 2023, durĂ©e 18’38,
© FranceFineArt.


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Baptiste Rabichon
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©Anne-FrĂ©derique Fer, visite de l’exposition avec Baptiste Rabichon, le 19 avril 2023.

Extrait du communiqué de presse :

Baptiste Rabichon, Blue screen of death (157), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) - 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (157), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) – 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (124), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) - 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (124), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) – 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (109), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) - 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (109), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) – 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (095), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) - 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (095), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) – 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (064), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) - 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (064), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) – 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (055), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) - 40 x 30 cm.
Baptiste Rabichon, Blue screen of death (055), 2022. courtesy Galerie Binome. Photogramme, encadrement sous double verre et baguettes aluminium, piĂšce unique (+1EA) – 40 x 30 cm.

En Ă©cho Ă  la remise du Prix Camera Clara et Ă  l’exposition de la sĂ©rie laurĂ©ate Mother’s rooms de Baptiste Rabichon au Studio Frank Horvat, la Galerie Binome est heureuse de prĂ©senter Verbatim, un focus sur les derniĂšres Ɠuvres de l’artiste du 13 avril au 20 mai 2023.


Dans une exploration de la photographie sous toutes ses formes, Baptiste Rabichon produit des images mixtes, nĂ©es de la confrontation entre deux contraires : argentique/numĂ©rique, positif/nĂ©gatif, abstrait/ figuratif, empreinte/ reprĂ©sentation, geste hĂ©sitant de la main/ froideur mĂ©canique de la machine
 Combinant composition et enregistrement, l’artiste travaille dans l’obscuritĂ© totale du laboratoire photo, dans cet Ă©tat particulier, entre extrĂȘme concentration et lĂącher prise. Il dĂ©couvre autant qu’il fabrique; c’est la raison du caractĂšre prolifique de son travail. Afin d’accĂ©der Ă  de nouvelles images du monde, Rabichon met en place des outils et des protocoles complexes. Mais cette complexitĂ© de fabrication n’est pas seulement due aux techniques utilisĂ©es, elle rĂ©sulte de la complexitĂ© mĂȘme des choses. Si la photographie peut reprĂ©senter ce que l’on voit du monde pendant un instant, peut-elle en reprĂ©senter notre expĂ©rience ? ExpĂ©rience qui ne se limite ni Ă  la vue, ni Ă  l’instant. C’est dans cet « habile conflit » avec la technique que Baptiste Rabichon se soustrait Ă  son emprise ; ses manipulations sont autant de grains de sable dans les rouages de la photographie et c’est dans le plaisir de la perturber en son sein, par la libertĂ© du geste, qu’il la rapproche de la vie.


Dans Blue Screen of Death, prĂ©sentĂ© pour la premiĂšre fois Ă  l’occasion d’a ppr oc he, Baptiste Rabichon nous propose une singuliĂšre actualisation du geste primaire de l’empreinte photographique (photogramme) revisitĂ©e Ă  l’aune de notre rapport compulsif Ă  la technologie.




Baptiste Rabichon – Blue screen of death, 2022

Au sein d’un corpus de photogrammes (en couleurs et transparents) d’objets en tous genres, vient s’inviter, d’image en image, un Ă©trange intrus ; l’entĂȘtante et inĂ©vitable empreinte d’un smartphone dĂ©versant son contenu sur le papier photosensible par contact direct. Comme si cet objet venait parasiter jusqu’au geste de l’artiste, comme s’il ne pouvait plus y avoir d’oeuvre sans sa prĂ©sence
 Chaque oeuvre de la sĂ©rie Blue Screen of Death est donc contaminĂ©e par le flux de l’écran comme l’est dĂ©jĂ  de fait, chaque instant de la vie. Chaque oeuvre doit donc ‘’faire avec’’, composer avec cette nouvelle donnĂ©e, exactement comme nous devons, In Real Life, faire avec. Les oeuvres de la sĂ©rie Blue Screen of Death sont transparentes et prĂ©sentĂ©es dans un encadrement entre deux verres. Le regard traverse donc ces images, ces fenĂȘtres ouvertes sur le monde qu’elles sont censĂ©es reprĂ©senter, avant de rencontrer un mur, derriĂšre la vitre. Baptiste Rabichon




Baptiste Rabichon – Verbatim, 2023

Dans la lignĂ©e de Blue Screen of Death (photogrammes doublement exposĂ©s Ă  la lueur de l’agrandisseur et du smartphone), Baptiste Rabichon s’obstine Ă  sonder les rapports possibles entre les diffĂ©rentes mĂ©thodes de production d’image avec sa nouvelle sĂ©rie, Verbatim.

Si l’artiste nous a habituĂ© aux rencontres incongrues entre analogique et digital, il nous en livre ici l’une des plus simples sans doute, mais aussi l’une des plus troublantes.

Consistant Ă  premiĂšre vue en de banales reproductions de prises de vues – qu’on devine rĂ©alisĂ©es au tĂ©lĂ©phone par leur format allongĂ© et leur trivialitĂ© – les oeuvres de la sĂ©rie Verbatim, quand on s’en approche, laissent apercevoir des milliers de petits points colorĂ©s qui Ă©voquent l’offset ou la sĂ©rigraphie mais qui ne sont autres que les diodes composant l’écran du smartphone producteur de l’oeuvre en question.

Un regard plus appuyĂ© dĂ©cĂšlera des irrĂ©gularitĂ©s au sein de cette trame. C’est que Baptiste, sans se soucier des traces de doigts, poussiĂšres ou autres impuretĂ©s, a placĂ© directement son tĂ©lĂ©phone allumĂ© dans un agrandisseur photographique devant lequel il a disposĂ© une feuille de papier photosensible. La lumiĂšre de l’écran traversant l’optique insole ainsi le papier de l’image qu’il diffuse.

Verbatim est donc une collecte physique de ce qui se passe sur notre Ă©cran, le rĂ©sultat fidĂšle de l’entretien entre l’outil photographique le plus utilisĂ© aujourd’hui et l’un de ceux en voie d’extinction.

SĂ©rie fleuve entamĂ©e il y a quelques mois, Verbatim est rĂ©alisĂ©e dans l’urgence. Urgence d’une rencontre entre deux Ăšres qui ne sera bientĂŽt plus possible en raison de l’inĂ©luctable disparition de la photographie analogique couleur. Pourtant, renversant l’habituelle nostalgie associĂ©e Ă  l’imagerie argentique, ce sont bien ces petites vignettes numĂ©riques prises au smartphone dont Baptiste Rabichon rĂ©vĂšle la fragilitĂ©.

En effet, la photographie numérique est un texte, incompréhensible certes pour le commun des mortels, mais parfaitement décodé puis transcris en image par les multiples logiciels de nos ordinateurs et téléphones portables. Le titre de la série Verbatim fait écho à cette retranscription, tout comme la célÚbre marque Verbatim, spécialisée dans la conservation de fichiers numériques sur supports physiques (cd, dvd, clés usb
).

Que restera-t-il dans quelques dĂ©cennies des milliards d’images prises quotidiennement durant les premiĂšres annĂ©es du XXIĂšme siĂšcle ? Lorsque jpeg sera un format antĂ©diluvien et que les connectiques usb ne seront plus fabriquĂ©es depuis des lustres ?

Toutes ces images fugaces, vues d’atelier, natures mortes, selfies, photos de sa compagne, l’artiste, par sa technique d’agrandissement (toutes les piĂšces sont uniques et de grand format), les transforment en tableaux. Quelque chose de classique se dĂ©gage, nous sommes face Ă  un monument.


A voir Ă©galement

Baptiste Rabichon – 11Ăšme laurĂ©at prix photo Camera Clara :



Exposition au Studio Frank Horvat du 20 avril au 30 juin 2023
5 rue de l’ancienne mairie. mĂ©tro Boulogne Jean Jaures


http://www.prixcameraclara.com/
https://www.studiofrankhorvat.com/


Le philosophe anglais Bernard Williams dĂ©clarait ne pas pouvoir dĂ©finir la vĂ©ritĂ©, mais distinguait deux vertus cardinales : l’exactitude et la sincĂ©ritĂ© qui nous permettaient de s’en approcher.

Lorsqu’un jour Baptiste Rabichon se renverse sur son lit, un souvenir d’enfance remonte, celui de rĂȘvasser en explorant du regard ces Ă©tranges palais vides que sont les plafonds. Comme Marguerite Pilven le note dans son texte sur la sĂ©rie Mother’s Rooms – Prix Camera Clara 2022, « En matĂ©rialisant une vision d’enfance, (
) Baptiste Rabichon fait un retour sensible au lieu de l’image originelle, non encore corrigĂ©e par le filtre des mĂ©diations ». C’est lĂ  prĂ©cisĂ©ment – le lieu de l’image originelle, que Baptiste Rabichon rĂ©unit exactitude et sincĂ©ritĂ©. Alors que l’objectivitĂ© de la photographie est sans cesse questionnĂ©e, la photographie est pour lui dĂ©clencheur d’une vĂ©ritĂ© ravivĂ©e et qu’importe si elle se base sur un souvenir, une sensation forcĂ©ment subjectifs. Dans ses sĂ©ries prĂ©cĂ©dentes, Baptiste Rabichon mixait les techniques, celles du photographe et du plasticien puisque « la photographie ne peut Ă  elle seule cerner la complexitĂ© d’un moment, l’entiĂšretĂ© d’une situation ; rĂ©vĂ©lant souvent qu’un manque, celui d’un temps saisi et Ă  jamais disparu ». Dans Mother’s Rooms au contraire, son utilisation de la chambre photographique grand format revient Ă  l’essence de l’image : le point de vue. Artifice et discours sont Ă©cartĂ©s pour laisser place Ă  la grĂące de la simplicitĂ© de ce seul point de vue. Ici, la beautĂ© de la vĂ©ritĂ© de Baptiste Rabichon est tellement simple qu’elle opĂšre comme une alchimie, et nous voici tout retournĂ©s.

Audrey Bazin