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🔊 “Guénaëlle de Carbonnières” à la galerie binome, Paris, du 20 janvier au 18 mars 2023

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“Guénaëlle de Carbonnières”
Les marées de pierre

Ă  la galerie binome, Paris

du 20 janvier au 18 mars 2023

galerie binome


Interview de Guénaëlle de Carbonnières, par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 19 janvier 2023, durée 26’35. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières,


par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 19 janvier 2023, durée 26’35.
© FranceFineArt.


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GuŽna‘lle de Carbonnires
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©Anne-FrĂ©derique Fer, visite de l’exposition avec GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, le 19 janvier 2023.

Extrait du communiqué de presse :


Guénaëlle de Carbonnières, série Submergées (ruines d’aquarium), Parthénon, 2021. Tirage argentique par contact sur papier RC - encadrement en métal blanc, verre antireflet - tirage unique dans une édition de 3 - 40 x 30 cm - © Guénaëlle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, sĂ©rie SubmergĂ©es (ruines d’aquarium), ParthĂ©non, 2021. Tirage argentique par contact sur papier RC – encadrement en mĂ©tal blanc, verre antireflet – tirage unique dans une Ă©dition de 3 – 40 x 30 cm – Â© GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
Guénaëlle de Carbonnières, Pierre, plis, série Le temps voilé, 2023. Photogramme fragmenté sur papier RC - contrecollage sur aluminium, verre antireflet - pièce unique - 42,5 x 33 cm - © Guénaëlle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, Pierre, plis, sĂ©rie Le temps voilĂ©, 2023. Photogramme fragmentĂ© sur papier RC – contrecollage sur aluminium, verre antireflet – pièce unique – 42,5 x 33 cm – © GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
Guénaëlle de Carbonnières, série Submergées (ruines d’aquarium), Parthénon, 2021. Tirage argentique par contact sur papier RC - encadrement en métal blanc, verre antireflet - tirage unique dans une édition de 3 - 40 x 30 cm - © Guénaëlle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome
GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, sĂ©rie SubmergĂ©es (ruines d’aquarium), ParthĂ©non, 2021. Tirage argentique par contact sur papier RC – encadrement en mĂ©tal blanc, verre antireflet – tirage unique dans une Ă©dition de 3 – 40 x 30 cm – © GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
Guénaëlle de Carbonnières, série Creuser l’image, Mossoul, 2022. Encre et gravure à la pointe sèche sur tirage argentique - contrecollage sur aluminium, encadrement boîte et verre antireflet - pièce unique - 50,8 x 61 cm - © Guénaëlle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, sĂ©rie Creuser l’image, Mossoul, 2022. Encre et gravure Ă  la pointe sèche sur tirage argentique – contrecollage sur aluminium, encadrement boĂ®te et verre antireflet – pièce unique – 50,8 x 61 cm – © GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
Guénaëlle de Carbonnières, série Creuser l’image, Baalbek, porte, 2022 - encre et gravure à la pointe sèche sur tirage argentique - contrecollage sur aluminium, encadrement boîte et verre antireflet - pièce unique - 20,3 x 25,4 cm - © Guénaëlle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, sĂ©rie Creuser l’image, Baalbek, porte, 2022 – encre et gravure Ă  la pointe sèche sur tirage argentique – contrecollage sur aluminium, encadrement boĂ®te et verre antireflet – pièce unique – 20,3 x 25,4 cm – © GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
Guénaëlle de Carbonnières, Dépôt, série Cités englouties, 2022. Photogramme sur papier RC - contrecollage sur aluminium, encadrement boîte et verre antireflet - pièce unique - 103 x 61 cm - © Guénaëlle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.
GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, DĂ©pĂ´t, sĂ©rie CitĂ©s englouties, 2022. Photogramme sur papier RC – contrecollage sur aluminium, encadrement boĂ®te et verre antireflet – pièce unique – 103 x 61 cm – © GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières, courtesy Galerie Binome.

”Guénaëlle de Carbonnières appartient à une génération d’artistes pour laquelle l’image ne se réduit pas à une affaire de représentation. Ce qu’il y a “à voir” doit désormais dépendre de l’expérience plastique, c’est la seule façon de montrer autrement, en faisant de la matière même et des gestes, les acteurs de tout premier plan.”

[extrait] À l’intérieur des images, par Michel Poivert, 2022



Les marées de pierre –
par Anne Favier

Première exposition de GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières Ă  la Galerie Binome, Les marĂ©es de pierre rĂ©unit plusieurs ensembles photographiques rĂ©cents traversĂ©s par une poĂ©tique de l’archĂ©ologie. Si l’artiste rĂ©active les images des vestiges de notre humanitĂ© et exhume les archives d’un patrimoine imaginaire commun, elle rĂ©investit Ă©galement par les moyens de la photographie des gestes et des processus archĂ©ologiques : relevĂ©, fouille, prospection, reconstitution, prĂ©lèvement, stratigraphie, enfouissement, surgissement… Sans anachronisme, il s’agit de sonder en profondeur les potentialitĂ©s plastiques du mĂ©dium en entremĂŞlant librement technologies digitales et procĂ©dĂ©s analogiques des âges premiers de la photographie. Les recherches artistiques de GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières relèvent ainsi d’une archĂ©ologie du photographique lui-mĂŞme. Les propriĂ©tĂ©s matĂ©rielles de l’argentique viennent sceller ses reconstructions libres – l’artiste parle de « caprices » – de sites historiques Ă  partir de sources hĂ©tĂ©roclites, catalogues de ventes, banques d’images mĂ©diatiques, fonds d’archives. C’est alors un complexe Ă©cosystème photographique qui se dĂ©voile Ă  travers la manipulation d’images transmutĂ©es par une succession d’opĂ©rations et de rĂ©actions propres au mĂ©dium : surimpression, surexposition, modulation de la nettetĂ©, « chimicographie », brĂ»lure ou voile de lumière, effet de solarisation, rĂ©versibilitĂ© des valeurs… En explorant singulièrement pour chaque nouvelle sĂ©rie la technique du photogramme – ou « dessin photogĂ©nique » selon Talbot -, GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières remonte aux origines du photographique. 

Pour l’ensemble Le temps voilé, des fragments d’images d’architectures anciennes sont transposés sur soie sérigraphique. Associé à la production de multiples, ce support technique est ensuite détourné et retourné comme un négatif souple pour l’élaboration d’un photogramme original. Les plis et replis du volume translucide troublent et voilent les images, jusqu’à faire parfois totalement écran à la traversée lumineuse. Ces zones de réserves émettent d’éblouissants effacements, contrastant avec d’autres densités très sourdes. La photographie est encore fragmentée : une bande soustraite par une coupe rigoureuse laisse un blanc, une zone aveugle. Cet interstice ouvre en creux l’espace de représentation et rappelle les recherches fractionnées de « temps » d’exposition en laboratoire.

TravaillĂ©es en chambre noire, les Ă©preuves argentiques tĂ©moignent de leur submersion transitoire – en bains de rĂ©vĂ©lateur et de fixateur – dont elles ont enregistrĂ© les traces physico-chimiques mouvantes et les phĂ©nomènes sensibles accidentels (taches, macules, halos, « auras » ). Cette labilitĂ© est particulièrement manifeste dans la sĂ©rie SubmergĂ©es : des icĂ´nes archĂ©ologiques, tels le ParthĂ©non, le ColisĂ©e ou une pyramide, devenues Ă©lĂ©ments de dĂ©coration miniature pour aquariums semblent surgir d’un insondable abĂ®me. Le processus chimique – ou alchimique ! – Ă  l’oeuvre poursuit l’altĂ©ration de ces vestiges prototypiques. Avec humour, cette transfiguration photosensible, comme une bulle d’air remontĂ©e des fonds, signale les destructions en cours et les disparitions Ă  venir dont la montĂ©e des eaux n’est qu’un des symptĂ´mes.

La verticalité des Cités englouties évoque un écoulement tout à la fois visuel et temporel. Pour la construction de ces photogrammes, l’artiste a foulé les traces conservées du projet utopique « Cité industrielle » imaginé par l’architecte et urbaniste Tony Garnier. Minutieusement relevées au crayon sur de fragiles rouleaux de calque, les archives exhumées d’un rêve d’architecture avant-gardiste se déplient spectralement comme des bandeaux d’écritures latentes qui interfèrent les unes les autres.

Le palimpseste est finalement poussĂ© Ă  son comble avec les oeuvres hybrides de l’ensemble Creuser l’image. ProcĂ©dant par agrĂ©gation de nombreuses photographies de sites historiques en zones de conflit (Mossoul, Alep…), l’artiste tend Ă  reconstituer la mĂ©moire collective de paysages archĂ©ologiques soumis Ă  des destructions successives. Points de vue et temporalitĂ©s multiples se tĂ©lescopent par photomontage. Des rehauts d’encre, noir transparent et blanc opalescent, intensifient l’étrange effet de sĂ©dimentation du feuilletage iconographique. Si la construction stratigraphique semble se creuser spatialement – voire se consumer – en une succession de plans, elle est aussi finement remarquĂ©e Ă  la pointe Ă  graver suscitant un dĂ©collement de la surface. De lĂ©gers reliefs transparaissent ; le territoire sillonnĂ© est reconfigurĂ© en une cartographie hologrammatique. MĂ©taphore d’une mĂ©moire instable en perpĂ©tuelle reconstruction, cette poĂ©tique tectonique photographique anime en profondeur l’image pelliculaire.


Anne Favier –
Commissaire d’exposition et critique d’art, maîtresse de conférences en esthétique et sciences de l’art à l’Université Jean Monnet de Saint-Etienne, UR. ECLLA.

Biographie


Guénaëlle de Carbonnières (1986, Paris, France) vit et travaille à Mâcon. Initialement formée en philosophie, elle est agrégée et professeure en Arts plastiques, diplômée en Arts et Médias numériques de l’UniversitéPanthéon-Sorbonne. Sa pratique artistique qui mêle la photographie, la gravure, le dessin et des installations, interroge particulièrement la mémoire collective à travers la notion de patrimoine et l’archéologie. Ses manipulations photographiques, analogiques ou digitales, faites d’accidents, incisions, perfusions, brûlures, destructions… réconcilient diverses temporalités, proposant différentes strates de visibilités qui mettent en tension surface et profondeur, latence et présence, figuration et abstraction.

Artiste Ă©mergente, le travail de GuĂ©naĂ«lle de Carbonnières a fait l’objet de premières expositions Ă  la Galerie Michèle Chomette Ă  Paris, Ă  la MAPRAA et Ă  la Fondation Renaud Ă  Lyon. Plusieurs fois nominĂ©e et finaliste de prix d’artiste, elle rejoint en 2021 la Galerie Françoise Besson Ă  Lyon et la Galerie Binome Ă  Paris. En 2022, elle rĂ©alise deux rĂ©sidences de crĂ©ation auprès de la Fondation Renaud Ă  Lyon et de la Maison du Grand Site Ă  SolutrĂ©. Trois expositions personnelles lui sont consacrĂ©es, Au creux des pierres, les plis du temps Ă  la Galerie Françoise Besson avec le soutien du CNAP, Palimpsestes – RĂŞver la ville Ă  la Fondation Renaud ainsi qu’à La RĂ©sidence Ă  Dompierre-sur-Besbre en collaboration avec la MAPRAA sur le parcours en rĂ©sonance avec la Biennale de Lyon. Après Unseen Ă  Amsterdam (2021), son travail est Ă©galement prĂ©sentĂ© en solo show au Salon Polyptyque Ă  Marseille (2022). En 2023, elle poursuit Mondes rĂ©versibles, images tangibles projet soutenu par la DRAC Bourgogne Franche-ComtĂ© et prĂ©sente Les marĂ©es de pierre, sa première exposition personnelle Ă  la Galerie Binome.