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“VĂ©gĂ©tal“
L’École de la beautĂ©

au Palais des Beaux-Arts de Paris

du 16 juin au 4 septembre 2022

Chaumet
Palais des Beaux-Arts de Paris



Interview de Marc Jeanson, botaniste, ancien responsable de l’Herbier du MusĂ©um national d’Histoire naturelle de Paris,  directeur des collections botaniques du jardin Majorelle, Ă  Marrakech, et commissaire de l'exposition, par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 14 juin 2022, durĂ©e 16’50. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Marc Jeanson, botaniste, ancien responsable de l’Herbier du MusĂ©um national d’Histoire naturelle de Paris, directeur des collections botaniques du jardin Majorelle, Ă  Marrakech, et commissaire de l’exposition,


par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă  Paris, le 14 juin 2022, durĂ©e 16’50.
© FranceFineArt.

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©Anne-Fréderique Fer, présentation presse, le 14 juin 2022.

Extrait du communiqué de presse :



François-Regnault Nitot, Parure feuilles de chĂȘne aux intailles de cornaline, 1809. Or, Ă©mail, cornaline. Paris, collections Chaumet. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
François-Regnault Nitot, Parure feuilles de chĂȘne aux intailles de cornaline, 1809. Or, Ă©mail, cornaline. Paris, collections Chaumet. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
Chaumet, Broche oeillet, 2019. Or blanc et diamants. Paris, collections Chaumet. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
Chaumet, Broche oeillet, 2019. Or blanc et diamants. Paris, collections Chaumet. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
François-Regnault et Joseph Chaumet, DiadĂšme Ă©pis de blĂ© dit "CrĂšvecoeur" transformable en devant de corsage, 1810 - 1910. Or et diamants. Collection Chaumet Paris. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
François-Regnault et Joseph Chaumet, DiadĂšme Ă©pis de blĂ© dit « CrĂšvecoeur » transformable en devant de corsage, 1810 – 1910. Or et diamants. Collection Chaumet Paris. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
Jean-Valentin Morel, Parure aux grappes de raisin, vers 1850. Perles mauves, Ă©meraudes, Ă©mail et or. Paris, collections Chaumet. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
Jean-Valentin Morel, Parure aux grappes de raisin, vers 1850. Perles mauves, Ă©meraudes, Ă©mail et or. Paris, collections Chaumet. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
Jean-Baptiste Fossin, Guirlande florale, vers 1830. Or, argent, diamants. Paris, collections Chaumet. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
Jean-Baptiste Fossin, Guirlande florale, vers 1830. Or, argent, diamants. Paris, collections Chaumet. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
Jean-Baptiste Fossin, Bracelet feuilles de lierre, 1847. Or, Ă©mail, diamants et perles fines baroques. Collection Chaumet Paris. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
Jean-Baptiste Fossin, Bracelet feuilles de lierre, 1847. Or, Ă©mail, diamants et perles fines baroques. Collection Chaumet Paris. © Claessens & Deschamps – Chaumet.
Halasz Gyula, BrassaĂŻ (1899-1984), Pistil,c. 1932. Épreuve gĂ©latino-argentique. Donation de Madame Gilberte BrassaĂŻ, 2002. Centre Pompidou – MusĂ©e national d’art moderne, Centre de crĂ©ation industrielle, Paris.
Halasz Gyula, BrassaĂŻ (1899-1984), Pistil,c. 1932. Épreuve gĂ©latino-argentique. Donation de Madame Gilberte BrassaĂŻ, 2002. Centre Pompidou – MusĂ©e national d’art moderne, Centre de crĂ©ation industrielle, Paris.
Anna Atkins, Photographs of British Algae: Fucus vesiculosus, 1841-1853. Cyanotype sur papier. Paris, MusĂ©um national d’Histoire naturelle. © MusĂ©um national d’Histoire naturelle.
Anna Atkins, Photographs of British Algae: Fucus vesiculosus, 1841-1853. Cyanotype sur papier. Paris, MusĂ©um national d’Histoire naturelle. © MusĂ©um national d’Histoire naturelle.
Achille Quinet, Étude d’aprĂšs nature, seconde moitiĂ© du xixe  siĂšcle. Épreuve sur papier albuminĂ©. Paris, École nationale supĂ©rieure des beaux-arts. © Beaux-Arts de Paris, Dist. RMN-Grand Palais/image Beaux-Arts de Paris.
Achille Quinet, Étude d’aprĂšs nature, seconde moitiĂ© du xixe  siĂšcle. Épreuve sur papier albuminĂ©. Paris, École nationale supĂ©rieure des beaux-arts. © Beaux-Arts de Paris, Dist. RMN-Grand Palais/image Beaux-Arts de Paris.
Barbara Regina Dietzsch (NĂŒrnberg 1706 - 1783 NĂŒrnberg), Tulpe mit Schmetterling und Maikäfer.
Barbara Regina Dietzsch (NĂŒrnberg 1706 – 1783 NĂŒrnberg), Tulpe mit Schmetterling und Maikäfer.

Commissaire de l’exposition : 

Marc Jeanson, botaniste, ancien responsable de l’Herbier du MusĂ©um national d’Histoire naturelle de Paris, directeur des collections botaniques du jardin Majorelle, Ă  Marrakech.

Exposition rĂ©alisĂ©e avec le concours des Beaux-Arts de Paris et avec la participation exceptionnelle du MusĂ©um national d’Histoire naturelle de Paris, du musĂ©e d’Orsay et du musĂ©e du Louvre.




Les Beaux-Arts de Paris et la Maison Chaumet prĂ©sentent, du 16 juin au 4 septembre 2022 VĂ©gĂ©tal – L’École de la beautĂ©, sous le commissariat du botaniste Marc Jeanson. Cette exposition inĂ©dite et ambitieuse affirme la beautĂ© de la nature et cĂ©lĂšbre le caractĂšre intemporel du vĂ©gĂ©tal en croisant les visions, les Ă©poques et les supports, invitant ainsi à regarder la nature à travers le prisme universel de l’art et de la beautĂ©. Initiatrice du projet, la Maison Chaumet a puisĂ© dans son vaste patrimoine, l’un des plus importants de l’histoire du bijou en Europe, pour faire rĂ©sonner son identitĂ© naturaliste et son regard botaniste avec toutes les formes artistiques qui se sont, elles aussi, penchĂ©es sur le vĂ©gĂ©tal.

PrĂšs de 400 oeuvres offrent ainsi au public une libre flĂąnerie Ă  travers 5 000 ans d’art et de science racontĂ©s par le dialogue entre peintures, sculptures, textiles, photographies, mobilier et prĂšs de 80 objets joailliers de Chaumet et d’autres maisons. Source majeure d’inspiration pour la Maison depuis sa crĂ©ation, en 1780, par Marie-Étienne Nitot, qui se prĂ©sentait comme « joaillier naturaliste », la nature est aujourd’hui au coeur de notre sociĂ©tĂ© engagĂ©e dans un nouvel Ă©veil Ă  l’environnement.

C’est pourquoi les Beaux-Arts de Paris et Chaumet ont confiĂ© le commissariat de l’exposition au botaniste Marc Jeanson, ancien responsable de l’Herbier du MusĂ©um national d’Histoire naturelle de Paris, aujourd’hui directeur botanique du jardin Majorelle, à Marrakech. Complice de la Maison depuis plusieurs annĂ©es, Marc Jeanson a imaginĂ© VĂ©gĂ©tal comme un herbier composĂ© Ă  partir des espĂšces prĂ©sentes dans les crĂ©ations Chaumet.

Les plantes apparaissent ainsi au sein du paysage dans lequel elles cohabitent : la forĂȘt, l’estran, la roseliĂšre, le champ de blé  Au fil des chapitres, le visiteur renoue avec les outils du botaniste, l’oeil, le savoir et la mĂ©moire. Face Ă  ces objets de science devenus objets d’art et ces observations prĂ©liminaires d’artistes devenus botanistes s’ouvre un monde qui émerveille, guidĂ© par l’émotion et le sensible.




Le parti pris de la liberté

Novatrice dans sa dĂ©marche, une maison allant au-delĂ  de la crĂ©ation joailliĂšre qui la dĂ©finit pour partager une vision avec d’autres formes de crĂ©ation artistique, l’exposition l’est aussi dans sa construction, affranchie de toute chronologie. Elle permet ainsi au visiteur de dĂ©ambuler librement dans les diffĂ©rents paysages qui se succĂšdent, passant du relevĂ© d’une fresque pariĂ©tale vieille de prĂšs de 5 000 ans Ă  une forĂȘt de carton de l’artiste contemporaine Eva Jospin. Dans le paysage domestiquĂ© de l’ager, oĂč pousse le blĂ©, les diadĂšmes de Marie-Étienne Nitot cĂŽtoient un champ de Raoul Dufy et une veste brodĂ©e d’épis Yves Saint Laurent, l’ensemble bercĂ© par une sculpture sonore spĂ©cialement composĂ©e par Zimoun. Riche de 400 oeuvres, dont une centaine d’objets issus des collections Chaumet, incluant crĂ©ations joailliĂšres, dessins, photographies et maillechorts – soit des maquettes de diadĂšme composĂ©es d’un alliage de cuivre, nickel et zinc –, le corpus illustre l’enthousiasme qu’a suscitĂ© le projet. Pour cette exposition, plus de 70 musĂ©es, fondations, galeries et collectionneurs privĂ©s, français et étrangers, ont prĂȘtĂ© des oeuvres : le MusĂ©um national d’Histoire naturelle, les musĂ©es d’Orsay et du Louvre, l’Institut de France, le Victoria and Albert Museum, le Pistoia Musei, ou encore le musĂ©e de l’École de Nancy, le Royal Botanic Gardens de Kew, la Kunsthalle de Hambourg, l’Albion Art Collection de Tokyo, pour ne citer qu’eux.




Un regard croisĂ©, une mĂȘme sublimation du vĂ©gĂ©tal

Rendant hommages aux figures tutĂ©laires de la taxonomie, la science des lois de la classification, avec, par exemple, les dessins des Jussieu ou l’herbier de Paul Hermann, VĂ©gĂ©tal rĂ©unit des oeuvres majeures, d’autres jamais exposĂ©es, rarement vues ou gagnant Ă  ĂȘtre connues. Exceptionnellement autorisĂ©s Ă  quitter le Louvre, Le Printemps et L’ÉtĂ© de Giuseppe Arcimboldo prennent une dimension autre, tout comme le lys d’Henri Fantin-Latour venus du Victoria and Albert Museum, les nymphĂ©as, mais aussi les iris de Claude Monet, la chaise aux ombelles d’Émile GallĂ©, les pensĂ©es peintes par Eliot Hodgkin, une robe Christian Dior brodĂ©e de muguet, des narcisses fleurissant sur la panse d’un vase Daum ou encore les oeillets de Bartolomeo Bimbi, Ă©lĂšve de Lorenzo Lippi officiant Ă  la cour des MĂ©dicis. À leurs cĂŽtĂ©s, de nombreuses crĂ©ations joailliĂšres issues de collections particuliĂšres confirment l’inĂ©dit : diadĂšme Bedford, bracelet aux nymphĂ©as, broches hanneton, martin-pĂȘcheur, diadĂšme-bandeau feuille de chĂȘne, suite d’hirondelles, diadĂšme aux oeillets, broche de la reine Hortense. Ces piĂšces exceptionnelles entrent en dialogue avec des oeuvres inattendues, telles que ces photographies de jacinthes de Dora Maar, de pistil de tulipe de BrassaĂŻ ou de pivoine de Robert Mapplethorpe ; ou encore ces Ă©tudes de chardons d’EugĂšne Delacroix, croquis de lierre de Le Corbusier, peintures d’iris d’Otto Dix ou de fleurs de Gustave Courbet.




Le dessin comme geste fondamental

Marque de fabrique des Beaux-Arts de Paris ou d’une crĂ©ation joailliĂšre Chaumet, le dessin constitue leur trait d’union. Partenaires depuis plusieurs annĂ©es, l’École et la Maison ont placĂ© la crĂ©ation et la transmission au coeur de leur histoire. Totalement animĂ©es d’une volontĂ© de partage universel, elles communient dans ce projet ambitieux reflĂ©tant les grandes missions des Beaux-Arts de Paris, Ă  la fois lieu de formation et d’expĂ©rimentations artistiques, d’expositions, de conservation de collections historiques et contemporaines et une maison d’édition. MĂ©cĂšne du cabinet de dessins et de la chaire Dessin Extra-Large, Chaumet est Ă©galement impliquĂ© dans la filiĂšre « Artistes et MĂ©tiers de l’exposition » permettant Ă  ses Ă©tudiants de se former Ă  la rĂ©gie, à la scĂ©nographie, Ă  la mĂ©diation et Ă  tous les mĂ©tiers relatifs Ă  la prĂ©sentation et Ă  la diffusion de l’art. Cette filiĂšre permet Ă  ses Ă©tudiants de prendre VĂ©gĂ©tal, dont la scĂ©nographie a Ă©tĂ© confiĂ©e à Adrien GardĂšre, comme cas pratique.




Réhabiliter les femmes dans la botanique

La multiplicitĂ© des regards de l’exposition permet d’inviter de grandes figures fĂ©minines qui gagnent Ă  ĂȘtre (re)dĂ©couvertes. L’impĂ©ratrice JosĂ©phine y tient une place Ă  part. FidĂšle de la Maison depuis 1805, la souveraine est aussi passionnĂ©e de sciences naturelles, au point d’ĂȘtre reconnue pour l’impulsion novatrice qu’elle a insufflĂ©e Ă  la botanique et à l’horticulture. 

Elle contribue Ă  la renommĂ©e de Pierre-Joseph RedoutĂ©, Ă  qui elle confie le soin de rĂ©fĂ©rencer les espĂšces des jardins de Malmaison. Ce qui vaut à l’artiste d’ĂȘtre baptisĂ© le « RaphaĂ«l des fleurs », ainsi qu’en tĂ©moignent ses roses, iris et pavots prĂ©sentĂ©s dans l’exposition. De la forĂȘt d’Eva Jospin accueillant le public Ă  la mise en notes imaginĂ©e pour l’évĂ©nement par Laurence Equilbey / Insula orchestra, les oeuvres de femmes habitent l’exposition : grappes de raisin de SĂ©raphine de Senlis, varechs d’Yvonne Jean-Haffen, tulipes de Regina Dietzsch ou de Berthe Morisot, lys de Laure Albin-Guillot, oeillets des soeurs Marthe et Juliette Vesque ou encore chrysanthĂšmes de Luzia Simons. Sans oublier ce bronze de Sarah Bernhardt dialoguant avec les cyanotypes d’algues d’Anna Atkins, membre de la SociĂ©tĂ© botanique de Londres, l’une des rares à accepter les femmes en 1839.




Une lecture plurielle du temps

PortĂ©e par cette question de l’esthĂ©tique, l’exposition interroge la notion du temps. Celui de l’observation pour regarder et nommer la nature, le temps long du joaillier ou de l’artiste, qui se rĂ©vĂšle dans l’échange entre la dĂ©licatesse d’une parure Ă  feuilles de chĂȘne et la force de l’arbre peint par Odilon Redon. Ou encore dans l’écho entre les fleurs de nymphĂ©as collectĂ©es sur la momie de RamsĂšs II, qui sont les plantes sĂ©chĂ©es les plus anciennes du monde, et un bracelet nymphĂ©a de Jean-Baptiste Fossin des annĂ©es 1830. Cette pluralitĂ©, nĂ©e de l’essence mĂȘme du vĂ©gĂ©tal qui naĂźt, s’épanouit et meurt, rĂ©sonne particuliĂšrement dans notre monde contemporain, constamment en mouvement. Ce que montre la sĂ©rie d’iris de Patrick Neu, rĂ©conciliant l’éphĂ©mĂšre et l’immuable. Les rapports d’échelle concourent aussi Ă  cette lecture multiple, Ă  l’instar de la broche trĂšfle créée par la Maison en 1852 et de la Tapisserie aux mille-fleurs, du xvie  siĂšcle, mesurant huit mĂštres de long. VĂ©gĂ©tal vient Ă©galement rĂ©tablir la nature comme matĂ©riau de la mĂ©moire. Jardin, promenade en forĂȘt ou simple bouquet, l’exposition ouvre Ă  chacun une porte vers ses propres souvenirs.




La transmission en héritage

Comme les treize chefs d’atelier qui se sont succĂ©dĂ© sans discontinuer depuis sa crĂ©ation, en 1780, la Maison Chaumet a placĂ© la transmission au coeur de son activitĂ©. L’exposition vient le confirmer avec la restauration d’une trentaine d’oeuvres, des plus humbles aux plus prestigieuses. Offerte Ă  Louis XIV par le cardinal Barberini et entrĂ©e au MusĂ©um national d’Histoire naturelle en 1796, la table dite « au collier de perles » est un tĂ©moignage spectaculaire de l’ñge d’or du mobilier florentin en marqueterie de pierres dures. Le mĂ©cĂ©nat de Chaumet lui permettra de restaurer l’un de ses pieds. RĂ©alisĂ©s en plĂątre et papier mĂąchĂ© Ă  partir de 1877, les modĂšles du Dr Auzoux apportent une grande innovation dans l’enseignement de la botanique – ils sont aujourd’hui conservĂ©s au musĂ©e national de l’Éducation. Deux d’entre eux sont prĂ©sentĂ©s lors de l’exposition, cinq seront restaurĂ©s. Tout aussi complexes, la restauration d’un bouquet de fleurs en porcelaine du xviiie  siĂšcle faisant partie des collections du musĂ©e national de CĂ©ramique de SĂšvres ou celle de la grande huile sur toile de Max Leenhardt reprĂ©sentant l’ancien laboratoire de l’Institut de botanique de Montpellier. Inscrite au titre des Monuments historiques en 2009, la peinture rĂ©alisĂ©e vers 1890 sera entiĂšrement nettoyĂ©e, consolidĂ©e et mise en tension. L’immense Tapisserie aux mille-fleurs, du xvie  siĂšcle, qui vient conclure l’exposition, bĂ©nĂ©ficiera quant à elle d’une restauration de ses bordures.

Le parcours de l’exposition 

 


LA GROTTE
Pour dĂ©buter le parcours immersif de l’exposition, le visiteur se trouve face Ă  un relevĂ© de fresque pariĂ©tale d’AndrĂ© Vila effectuĂ© dans l’oued Djerat, en AlgĂ©rie. Les palmiers que l’on y dĂ©couvre annoncent la figure centrale que reprĂ©sente l’arbre Ă  travers l’histoire de l’art. L’oeuvre peut aussi ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme la matrice de l’histoire de la taxonomie, la science des lois de la classification utilisĂ©e pour l’ensemble de la sĂ©lection.

LA FORÊT
On ne peut se reprĂ©senter l’identitĂ© de l’arbre qu’en s’approchant de lui et en l’observant. ChĂȘne, cĂšdre, noisetier, laurier, mais aussi lierre, houx, gui et fougĂšre
 le regard se prĂ©cise et l’attention du visiteur est guidĂ©e vers les bourgeons, les Ă©corces ou les racines propres Ă  chaque espĂšce. Lorsque ces espĂšces s’assemblent, que l’arbre devient grĂ©gaire, apparaĂźt la forĂȘt. À elle seule, la figure de l’arbre est devenue une allĂ©gorie de notre rapport au monde vivant et la forĂȘt, un territoire d’espoirs. 

L’ESTRAN
Toutes les plantes terrestres trouvent leur origine dans la mer, oĂč la vie est nĂ©e il y a environ trois milliards d’annĂ©es. LaissĂ© sur le sable par la marĂ©e descendante, un amoncellement extraordinaire d’organismes et de formes de vie se rĂ©vĂšle aux yeux des curieux. Riches d’un rĂ©pertoire de structures et de couleurs exceptionnelles, les algues voisinent, ici, avec les coquillages et les perles, grandes sources d’inspiration des crĂ©ations joailliĂšres Chaumet.

LA ROSELIÈRE
Plante emblĂ©matique des crĂ©ations de Chaumet, le roseau ourle les Ă©tangs oĂč les nymphĂ©as Ă©talent leurs feuilles flottantes Ă  la nervation palmĂ©e remarquable. TĂąches de couleur Ă  la surface des eaux et passion de Claude Monet, leurs fleurs sont des structures botaniques enchevĂȘtrĂ©es et rĂ©vĂ©lĂ©es par la prĂ©cision des illustrateurs botaniques. 

LE DOMESTIQUÉ L’AGER
Il y a 10 000 ans, lors de l’invention de l’agriculture, les cĂ©rĂ©ales furent les premiĂšres plantes Ă  ĂȘtre domestiquĂ©es. Symbole d’abondance, de fertilitĂ© et de richesse, l’épi de blĂ© se retrouve dans l’ornement des plus grandes figures historiques, de l’AntiquitĂ© à l’Empire. Sur les chemins longeant les champs de cĂ©rĂ©ales, on dĂ©couvre carottes sauvages, chardons et trĂšfles des prairies. Non loin, le jardin potager accueille courges, vignes et autres espĂšces nourriciĂšres.

LE DOMESTIQUÉ L’HORTUS
Apparues dans l’histoire Ă©volutive des plantes il y a plus de 200 millions d’annĂ©es, les fleurs ont Ă©tĂ© transposĂ©es dans tous les registres, de l’artistique au politique. L’humain s’est passionnĂ© pour la fleur, au point d’en oublier la plante, avec ses feuilles, ses branches, ses bourgeons et ses racines. Pas moins de vingt-trois espĂšces – rose, Ă©glantine, orchidĂ©e, lys, muguet, passiflore, jacinthe, lilas, pivoine
 – composent ce lieu oĂč butine l’abeille et vole le colibri, tous deux capturĂ©s en broches en 1970 et 1890. 

MILLE-FLEURS
DĂ©diĂ© aux mille-fleurs, le lieu Ă©voque un regard contemporain sur le monde vivant. ComposĂ©es des diffĂ©rentes espĂšces vĂ©gĂ©tales que le visiteur a observĂ©es durant toute sa dĂ©ambulation, les deux toiles de Giuseppe Arcimboldo Le Printemps et L’ÉtĂ© sont les seules oeuvres de l’exposition montrant une reprĂ©sentation humaine. À leurs cĂŽtĂ©s, une Ă©tude pour un diadĂšme de la fin du XVIIIe  siĂšcle, des projets de colliers et devants de corsages de la fin du XIXe  siĂšcle, mais aussi le diadĂšme Bedford, rĂ©alisĂ© par Jean-Baptiste Fossin vers 1830, prĂȘtĂ© par un collectionneur privĂ©, sont mis en regard avec l’immense Tapisserie aux mille-fleurs, du XVIe  siĂšcle, venue du palais des Vescovi, Ă  Pistoia. PrĂȘt exceptionnel accordĂ© par le musĂ©e du Louvre, Le Printemps et L’ÉtĂ© invitent Ă  quitter l’exposition sur une question, celle de la relation de dĂ©pendance entre humain et non-humain.




Le livre de l’exposition
Voulu non comme un catalogue d’exposition, mais comme une invitation Ă  prolonger ce rapport (re)trouvĂ© avec la nature qu’offre l’évĂ©nement, l’ouvrage Ă©ditĂ© chez JBE Books croise les contributions. La prĂ©face classique s’efface devant une conversation entre Jean-Marc Mansvelt, Directeur GĂ©nĂ©ral de Chaumet, et Marc Jeanson, commissaire de l’exposition. 
Cette nouvelle perspective autour du vĂ©gĂ©tal se confirme dans les sĂ©ries de photos exclusives. SignĂ©es Julien Claessens et Thomas Deschamps, elles prĂ©sentent les crĂ©ations joailliĂšres Chaumet sous un nouveau regard, faisant rĂ©sonner avec modernitĂ© les piĂšces et les oeuvres. La poĂ©tesse amĂ©ricano-libanaise Etel Adnan, disparue en novembre 2021, signe l’un de ses derniers Leporellos. À ses cĂŽtĂ©s, le philosophe Emanuele Coccia s’interroge sur les interactions entre plantes et histoire humaine. Estelle Zhong Mengual, historienne de l’art et titulaire de la chaire des Beaux-Arts « Habiter le paysage – l’art Ă  la rencontre du vivant », dresse une histoire environnementale de l’art, tandis qu’Alice Thomine-Berrada, archiviste-palĂ©ographe, conservatrice des peintures, sculptures et objets mobiliers des Beaux-Arts de Paris, aborde le thĂšme de la botanique dans les concours de l’école. Enfin, l’auteure portugaise basĂ©e Ă  Londres Filipa Ramos signe un texte sur l’approche naturaliste contemporaine dans les beaux-arts.



Marc Jeanson – le commissaire de l’exposition 
SpĂ©cialiste des palmiers, Marc Jeanson est docteur en systĂ©matique vĂ©gĂ©tale – il a soutenu sa thĂšse de doctorat au New York Botanical Garden. AprĂšs avoir Ă©tĂ© conservateur de l’Herbier de Montpellier, il rejoint l’Herbier du MusĂ©um national d’Histoire naturelle de Paris, dont il devient le responsable. En 2020, il prend la direction des collections botaniques du jardin Majorelle, Ă  Marrakech. Auteur de diffĂ©rentes publications, Marc Jeanson a Ă©galement Ă©tĂ© commissaire associĂ© de l’exposition Jardins, qui s’est tenue au Grand Palais, Ă  Paris, en 2017. Nourrie de valeurs partagĂ©es autour de la beautĂ© et de l’engagement, la complicitĂ© entre la Maison Chaumet et Marc Jeanson s’est dĂ©jĂ  illustrĂ©e dans l’exposition Dess(e)in de Nature, en 2019.