“Saison Napoléon 2021” au musée de l’Armée, hôtel des Invalides, Paris, jusqu’au 31 octobre 2021 – Napoléon n’est plus, et jusqu’au 13 février 2022 – Napoléon ? Encore !
“Saison Napoléon 2021”
au musée de l’Armée, hôtel des Invalides, Paris
jusqu’au 31 octobre 2021 – Napoléon n’est plus,
jusqu’au 13 février 2022 – Napoléon ? Encore !
Texte de Sylvain Silleran :
Napoléon se couronnant lui-même, deux tableaux jumeaux de Yan Pei-Ming interprètent celui, si iconique, de David. Le cadre s’est resserré jusqu’à ne contenir que la tête de l’empereur, ses épaules et sa couronne tenue au bout du bras. L’image est de taille monumentale, le majestueux profil d’un empereur romain. Tout aussi impérial, le tigre aux pieds et aux mains d’homme de Assan Smati se lève pour commander aux planètes. Les artistes contemporains invités ont investi le musée de l’Armée pour un parcours-dialogue autour de la figure napoléonienne et de son histoire, ils nous proposent un jeu de piste plein de surprises.
Les paysages biographique de Fabrice Hyber résument la vie de Napoléon en une trajectoire : une pierre lancée depuis la Corse fait des ricochets sur l’eau jusqu’à atteindre l’ile Sainte Hélène. Rebond après rebond, c’est une cartographie qui s’écrit en ondes et en paraboles. Les balles de plomb que Pablo Gosselin fait tomber et s’écraser au sol éclatent sous l’impact. L’oxydation transforme le plomb éclaboussé en fleurs bleutées, en papillons irisés, un envol léger autour du Napoléon d’Ingres. Le superbe travail de Célia Muller rend hommage aux femmes si nombreuses présentes sur les champs des batailles napoléoniennes : ses Delphines sont cantinières, blanchisseuses, compagnes d’officiers. Ses portraits au pastel sec sur papier de soie sont de délicates photographies, une dentelle noire et grise, fragile comme de la fumée prête à s’effacer au moindre souffle. On se retient donc de respirer, admirant cette Delphine en veste militaire, le bras non pas glissé dans le gilet blanc mais tenant un bébé serré contre son sein par une large ceinture de soie. De son autre main, elle tient un sabre, mère et guerrière. Cette femme ayant accouché vingt fois sur le champ de bataille raconte la victoire, la vraie : celle contre la mort. Sa beauté est celle du courage.
Shu Rui explore l’image populaire de Napoléon vu depuis la Chine, c’est celle d’un businessman prospère, admiré pour sa réussite. Aujourd’hui le voilà vendu et emballé, objet souvenir, assiette, peluche, jouet. Cette nature morte en désordre aux Napoléons oreillers, masques, article de papeterie, canette de soda est une bataille en soi, un chaos de boutique ou de table de cuisine. Le portrait de héros au fusain de Hervé Ingrand, debout, fier, défie jusqu’au bout les anglais. Moins fière, mais avec un sérieux de compétition, Marina Abramovic tient un grand drapeau blanc, bien droite sur son cheval blanc. Son hommage à son père qui fut héros national dure 14 minutes de capitulation immobile, au moins elle monte le talon bas… Au-dessus du tombeau de l’empereur, Pascal Convert, avec Memento Marengo, fait revenir le squelette de Marengo, le cheval préféré de Napoléon, sous le dôme des Invalides. Les honneurs sont rendus au chef de guerre sous forme d’un rite antique, un rituel rude et sobre, terrien. Il ne reste plus qu’à contempler les soleils couchants d’Ange Leccia. Ses vagues ne sont pas celles de Sainte Hélène mais ça y ressemble. En tout cas tous les crépuscules se rejoignent.
Est-ce la fin de l’empereur ? Non, Napoléon s’éveille à l’immortalité, se relève, écarte son linceul. Des tableaux monumentaux le représentent défiant la mort, d’ailleurs son cercueil embarque sur la Belle Poule vers un destin immense.
Tout commence l’après-midi du 5 mai 1821, il est 5h 49, Napoléon Bonaparte vient de mourir. Les horloges sont arrêtées comme le veut la coutume. Surprenante histoire que celle de la mort de l’empereur qui nous est contée ici, elle est celle d’une légende qui s’éteint et d’une autre qui se construit sous nos yeux. Voici le lit de mort avec à son chevet, Louis Marchand, son premier valet de chambre, les outils de Francesco Antommarchi le médecin légiste, son rapport d’autopsie, le masque mortuaire. Ici Napoléon meurt en serrant sa légion d’honneur sur son cœur, là le front ceint de lauriers. Le premier jet de l’annonce du décès est rédigé par Napoléon lui-même. Un peu plus loin son testament est complété d’un codicille, ultime modification écrite en urgence au dos d’une carte à jouer.
L’humanité de ces petits détails façonne l’histoire. La légende se bâtit autant par le romantisme que par la grandeur. Le rapatriement du cercueil, le parcours du cortège à travers l’arc de triomphe, le pont de la Concorde, l’assemblée forment une panorama grandiose. La construction du tombeau des Invalides, les plans, les façades, les colonnes et les statues, quelle immensité! Et puis dans une vitrine un coffret scellé de cire enferme les clés du tombeau. Une petite boîte dont une radiographie révèle le contenu: cinq clés. Il y en a une minuscule dont on ne sait toujours pas ce qu’elle ouvre. Napoléon n’a pas livré tous ses secrets.
Sylvain Silleran
Extrait du communiqué de presse :
L’année 2021 marque le deux centième anniversaire de la mort de l’empereur Napoléon Ier. Pour l’occasion, le musée de l’Armée et la Fondation Napoléon proposent, aux Invalides, une saison culturelle entièrement dédiée à cette figure majeure de notre histoire.
Exposition : Napoléon n’est plus
Jusqu’au 31 octobre 2021. Une exposition co-organisée avec la Fondation Napoléon.
La saison Napoléon au musée de l’Armée débute avec une première exposition consacrée à la mort de l’Empereur : Napoléon n’est plus.
Île de Sainte-Hélène, le 5 mai 1821. À 5h49 du soir, l’Empereur exilé rend son dernier soupir.
Relégué au bout du monde depuis plus de cinq ans, il n’exerce plus aucune influence sur le monde. Pourtant, sa mort réveille les passions. Rapidement, les souvenirs, les témoignages, les images, les reliques foisonnent. Une histoire nouvelle voit le jour, où la mort en exil du grand homme joue un rôle déterminant, et où subsistent des incertitudes empreintes de légendes et de contradictions.
Enquêtant sur tous les aspects de ses derniers instants, de ses funérailles, du retour de ses Cendres et des monuments qui perpétuent sa mémoire, l’exposition propose un parcours de près de deux cent cinquante œuvres mêlant beaux-arts, archives et objets d’art populaire pour comprendre la marche triomphale de Napoléon vers l’éternité.
Parcours contemporain : Napoléon ? Encore ! De Marina Abramović À Yan Pei-Ming
Du 7 mai 2021 au 13 février 2022
En écho aux commémorations du bicentenaire de la mort de l’Empereur, le Musée propose, pour la première fois de son histoire, un parcours d’art contemporain aux Invalides.
La présentation de commandes originales ou d’oeuvres existantes confiées à des artistes, soit de renom, soit émergents, français et étrangers (Pascal Convert, Ange Leccia, Fabrice Hyber, Marina Abramović, Julian Schnabel, Georges Tony Stoll, Hélène Delprat…), évoque la figure de Napoléon, ainsi que l’empreinte de son action sur le monde actuel.
Ce projet ambitieux consiste à inviter une trentaine d’artistes contemporains, sur le principe de la carte blanche, à investir les espaces permanents d’exposition du Musée et à questionner l’héritage laissé par cette figure emblématique de l’histoire qui ne laisse personne indifférent et qui déclarait « l’imagination gouverne le monde ».
Ce parcours est conçu en deux temps : d’abord dans les salles du parcours de visite permanent et sous le Dôme des Invalides puis à partir d’octobre 2021, dans les salles d’expositions avec une installation de l’artiste belge Hans Op de Beeck sur le thème de la mort de Napoléon et une seconde installation vidéo par le collectif La Méduse proposant une réflexion sur le cinéma et l’histoire napoléonienne.
Le parcours de l’exposition – Napoléon l’immortel
Commissariat de l’exposition :
Musée de l’Armée, département XIXe siècle et symbolique
Léa Charliquart, chargée de mission auprès de la direction
Émilie Robbe, conservatrice en chef du patrimoine
Fondation Napoléon
Pierre Branda, chef du service Patrimoine
Chantal Prévot, responsable des bibliothèques
De l’Italie jusqu’aux Cent-Jours, la carrière de Napoléon est jalonnée de hauts faits relayés par la presse, par la peinture de Salon, par l’estampe, voire par la caricature et la chanson populaire. Et c’est lui-même qui a, en grande partie, orchestré ce que l’on appellerait aujourd’hui sa politique de communication. Nouvel Alexandre, égal d’Hannibal, successeur de Charlemagne… Il s’est confronté aux plus grands héros de l’histoire. Du héros au demi-dieu, il n’y avait qu’un pas que de nombreux artistes ont facilement franchi.
Mourir
En mai 1821, Napoléon est prisonnier des Anglais à Sainte- Hélène depuis plus de cinq ans. Après avoir renoncé à l’idée de quitter Sainte-Hélène vivant, il travaille pour la postérité en rédigeant ses mémoires. Il est peu à peu gagné par la maladie et souffre d’une douleur persistante à l’estomac causée par un grave ulcère. Année après année, il s’affaiblit jusqu’à rester constamment alité dès la fin de l’année 1820. Dans les derniers mois, ses souffrances sont terribles et en avril 1821, son entourage comprend qu’il est condamné. Napoléon meurt le 5 mai 1821 à 5h49 de l’après-midi.
L’autopsie et les masques mortuaires
Une autopsie est pratiquée à la demande de l’Empereur lui-même qui craint que le mal qui le ronge ne soit héréditaire. Pour les Anglais, cette autopsie a un autre enjeu : prouver que ce ne sont pas les conditions de l’exil qui ont tué le prisonnier dont ils avaient la garde. Elle est pratiquée au lendemain de la mort par le docteur Antommarchi, sous la surveillance de six médecins anglais et en présence des serviteurs les plus fidèles de l’Empereur. Le rapport d’autopsie du docteur Antommarchi, présenté dans l’exposition, décrit un ulcère qui a lentement perforé la paroi de l’estomac.
La veillée funèbre
Après sa mort, le corps de Napoléon est lavé et installé dans l’ancien cabinet de travail devenu chapelle ardente. Placé sur son lit de campagne, il est revêtu de son uniforme bien connu de colonel de la Garde et de ses décorations. Il est veillé par les serviteurs de Longwood selon l’étiquette du palais impérial. Après une messe célébrée par l’abbé Vignali, on décide d’ouvrir les portes de Longwood à tous ceux qui désiraient lui rendre un dernier hommage.
Le testament
Composé de vingt pièces distinctes dont la rédaction fut concentrée sur deux semaines, entre le 11 et le 29 avril 1821, l’ensemble testamentaire de Napoléon Ier possède plusieurs dimensions : l’acte juridique, à la fois privé et public, se double d’une perspective politique et comporte une profondeur psychologique et intime. Sentant ses dernières forces l’abandonner, Napoléon décide de se consacrer à l’écriture de ses dernières volontés.
La Tombe de Sainte-Hélène
De 1821 à 1840, le corps de Napoléon repose à Sainte-Hélène au cœur de la riante vallée du Géranium. Si la tombe est ancrée dans une réalité géographique très caractéristique, elle devient rapidement un symbole : cette tombe solitaire en pleine nature entourée de saules pleureurs devient en soit un sujet de représentation, un sujet romantique.
Le Retour des Cendres
Le retour des Cendres est un épisode hautement politique. Depuis 1821, des pétitions sont déposées à l’Assemblée pour rapatrier le corps de Napoléon. Celles-ci trouvent finalement l’écho suffisant dans les conditions politiques du règne de Louis-Philippe, et avec le soutien d’Adolphe Thiers, l’expédition est décidée en 1840.
Napoléon aux Invalides
Napoléon est une figure tutélaire de l’Hôtel national des Invalides, au point d’éclipser celle de son illustre fondateur, Louis XIV. Bien avant le retour de ses Cendres et la construction de ce tombeau monumental, Napoléon avait imposé sa vision et ses perspectives à la nature, l’organisation et au fonctionnement de l’institution des Invalides.
Monumental
À l’achèvement du tombeau en 1861, Napoléon devient, avec le Dôme, un monument national. Au-delà de l’objet architectural qu’il constitue, le tombeau devient un symbole, symbole de l’Empereur, symbole de son passage à la postérité et de sa mémoire éternelle.
Un parcours d’art contemporain – Napoléon ? Encore ! De Marina Abramović à Yan Pei-Ming
Commissariat de l’exposition :
Éric de Chassey, directeur de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), professeur à l’École normale supérieure de Lyon
Julien Voinot, chargé de collections, département xıxe siècle et symbolique, musée de l’Armée
Les artistes
Marina Abramović, Adel Abdessemed, Art & Language, Stéphane Calais, Pascal Convert, Hélène Delprat, Damien Deroubaix, Pablo Gosselin, Laurent Grasso, Juliette Green, Fabrice Hyber, Hervé Ingrand, Kapwani Kiwanga, Alexander Kluge avec Georg Baselitz, La Méduse, Ange Leccia, Célia Muller, Yan Morvan, Hans Op de Beeck, Pavel Pepperstein, Edgar Sarin, Julian Schnabel, Shu Rui, Assan Smati, Georges Tony Stoll, Laure Subreville, Agnès Thurnauer et Yan Pei-Ming.
Ce parcours d’art contemporain est présenté en deux temps : la première partie à partir du 7 mai 2021 ; la seconde partie débutera à partir du 20 octobre 2021.
Pendant deux siècles, la figure de Napoléon a dominé non seulement l’histoire européenne, mais aussi la perception générale que les peuples pouvaient se faire de cette dernière, non seulement en France mais aussi dans le reste du monde. Génie pour les uns, ogre pour les autres, Napoléon, que l’on privilégie la personnalité du général Bonaparte ou celle de l’empereur Napoléon Ier, a été le sujet et l’objet de centaines de milliers d’images, d’oeuvres d’art, de livres puis de films, souvent engagés, qui ont durablement marqué l’histoire de l’art et de la culture, de Jacques-Louis David ou Jean-Dominique Ingres à
Larry Rivers ou Marcel Broodthaers, de Louis Lumière ou Abel Gance à Youssef Chahine ou Alexander Sokourov. Les transformations sociales et politiques ont peut-être amoindri sa place explicite dans la pensée contemporaine, mais celle-ci reste vive parce que, au-delà de tout jugement de valeur, il a façonné un monde dont nous sommes, consciemment ou non, positivement ou négativement, les héritiers.
Le bicentenaire de sa mort est l’occasion de comprendre et de voir ce que les artistes d’aujourd’hui peuvent faire de cet héritage et de cette personnalité en tout point exceptionnels, avec une distance sans doute plus grande que celle des générations précédentes, mais avec une acuité peut-être redoublée – chaque génération produisant ses propres conceptions et ses propres images de celui qui déclarait : « l’imagination gouverne le monde » (Napoléon, Mémorial de Sainte-Hélène, 8 janvier 1816) et dont on a pu dire qu’il avait construit une « épopée faite pour l’image et par l’image. » (Jean Tulard, préface, in cat. expo. Napoléon, images de légende, Épinal, musée de l’Image, p. 13).
Des oeuvres d’art du xxıe siècle, réalisées par des artistes issus de contextes et de pays très différents, seront ainsi montrées dans les salles napoléoniennes du musée de l’Armée, comme des intrus ou des partenaires parmi les objets et les images de la geste héroïque qui y est contée, ainsi que dans divers lieux de l’Hôtel national des Invalides, qui est, depuis 1840 et le retour en France des Cendres de l’Empereur, le haut lieu de sa mémoire et d’un culte toujours vivant. Certaines préexistent à cette exposition, d’autres ont fait l’objet de commandes spécifiques, sans prescription ni de sujet ni de point de vue. Deux grandes commandes ont été passées à Pascal Convert et à Ange Leccia : le premier intervient dans le Dôme, en relation directe avec le tombeau de l’Empereur, en proposant une oeuvre centrée sur le squelette de Marengo, cheval mythique saisi par les troupes anglaises à Waterloo ; le second propose une installation filmique monumentale dans la salle des Cavaliers, fondée sur des images rapportées de Sainte-Hélène. Choisies dans le cadre d’un dialogue serré avec les artistes, les autres oeuvres présentent soit un rapport direct avec l’iconographie de Bonaparte (Georg Baselitz, Stéphane Calais, Laurent Grasso, Hervé Ingrand, Julian Schnabel, Georges Tony Stoll, Yan Pei-Ming) et avec les événements napoléoniens (Fabrice Hyber, Kapwani Kiwanga, Alexander Kluge, Yan Morvan, Pavel Pepperstein), soit un rapport plus oblique à la figure napoléonienne et à son héritage (Adel Abdessemed, Marina Abramović, Art & Language, Hélène Delprat, Damien Deroubaix, Edgar Sarin, Assan Smati). Sont ainsi interrogés par les arts visuels quelques thèmes fondamentaux d’une histoire désormais nécessairement plurielle, comme le génie, l’exemplarité, la conquête, la virilité, l’insularité, la question raciale, l’identité nationale, etc.
En outre, le parcours au sein du musée de l’Armée est ponctué d’oeuvres de cinq artistes de moins de 35 ans – Pablo Gosselin, Juliette Green, Célia Muller, Shu Rui et Laure Subreville – qui ont été invités à réaliser une oeuvre spécifique grâce au parrainage des artistes confirmés invités dans le parcours d’art contemporain, dans le cadre d’un soutien à la jeune création.
La seconde partie du parcours, qui se déroulera d’octobre 2021 à janvier 2022 dans les salles d’exposition temporaires du musée de l’Armée, s’inscrit dans le prolongement de ces réflexions, plus spécifiquement sur la mort de Napoléon à proprement parler. La première salle sera investie par une installation monumentale de l’artiste belge Hans Op de Beeck, oeuvre invitant à la méditation sur la fin de vie de l’Empereur à Sainte- Hélène. La seconde salle, scénographiée par le collectif d’artistes français La Méduse, proposera une réflexion sur le cinéma et l’histoire, à partir d’une série d’extraits de films où Napoléon figure de façon charismatique. Sa postérité au XXe siècle, transmise par le cinéma, sera l’occasion de rendre un hommage appuyé aux grands cinéastes et théoriciens qui ont souvent placé l’histoire au coeur de leur oeuvre, tels que Vertov, Godard, Kluge, Syberberg, Portabella ou Sokourov.