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🔊 “Kapwani Kiwanga” Cima Cima, le Crédac, Centre d’art contemporain d’Ivry, du 27 avril au 11 juillet 2021

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“Kapwani Kiwanga”
Cima Cima

Centre d’art contemporain d’Ivry

du 27 avril au 11 juillet 2021


Credac

PODCAST - Interview de Kapwani Kiwanga, par Anne-Frédérique Fer, à Vitry, le 26 avril 2021, durée 11’47. © FranceFineArt.

PODCAST –  Interview de Kapwani Kiwanga,

par Anne-Frédérique Fer, à Vitry, le 26 avril 2021, durée 11’47,
© FranceFineArt.


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© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec Kapwani Kiwanga, le 26 avril 2021.

Kapwani Kiwanga, The Marias, 2020. Vues d’exposition, Kapwani Kiwanga, new work, Kunstinstituut Melly (formerly known as Witte de With Center for Contemporary Art), Rotterdam (NL), 2020. © Photo Kristien Daem. Courtesy de l’artiste et Galerie Poggi, Paris. © Adagp, Paris, 2021.
Kapwani Kiwanga, The Marias, 2020. Vues d’exposition, Kapwani Kiwanga, new work, Kunstinstituut Melly (formerly known as Witte de With Center for Contemporary Art), Rotterdam (NL), 2020. © Photo Kristien Daem. Courtesy de l’artiste et Galerie Poggi, Paris. © Adagp, Paris, 2021.
Kapwani Kiwanga, The Marias, 2020. Vues d’exposition, Kapwani Kiwanga, new work, Kunstinstituut Melly (formerly known as Witte de With Center for Contemporary Art), Rotterdam (NL), 2020. © Photo Kristien Daem. Courtesy de l’artiste et Galerie Poggi, Paris. © Adagp, Paris, 2021.
Kapwani Kiwanga, The Marias, 2020. Vues d’exposition, Kapwani Kiwanga, new work, Kunstinstituut Melly (formerly known as Witte de With Center for Contemporary Art), Rotterdam (NL), 2020. © Photo Kristien Daem. Courtesy de l’artiste et Galerie Poggi, Paris. © Adagp, Paris, 2021.
Kapwani Kiwanga, The Marias, 2020. Vues d’exposition, Kapwani Kiwanga, new work, Kunstinstituut Melly (formerly known as Witte de With Center for Contemporary Art), Rotterdam (NL), 2020. © Photo Kristien Daem. Courtesy de l’artiste et Galerie Poggi, Paris. © Adagp, Paris, 2021.
Kapwani Kiwanga, The Marias, 2020. Vues d’exposition, Kapwani Kiwanga, new work, Kunstinstituut Melly (formerly known as Witte de With Center for Contemporary Art), Rotterdam (NL), 2020. © Photo Kristien Daem. Courtesy de l’artiste et Galerie Poggi, Paris. © Adagp, Paris, 2021.

Extrait du communiquĂ© de presse :





Directrice-curator : Claire Le Restif




L’exposition personnelle de Kapwani Kiwanga le 26 avril 2021 est réservée uniquement, jusqu’à ce que les conditions nous le permettent, aux visites professionnelles. Prévue du 23 avril au 28 juin 2020, l’exposition fut reportée suite à l’aggravement de la crise sanitaire et donne lieu en 2021 à un projet distinct de celui précédemment pensé.

Franco-canadienne, Kapwani Kiwanga (née en 1978 à Hamilton) est artiste chercheuse. Son travail s’intéresse aux récits dessinant une asymétrie du pouvoir, et à mettre en lumière les témoins parfois inattendus de ces histoires. Son travail plastique cherche à donner une forme à des archives parfois dormantes ou peu connues.

Le titre de l’exposition, Cima Cima, fait référence aux « cimarrones » ou « marrons », termes d’origine arawak passés dans la langue espagnole pour désigner les personnes en condition d’esclavage, devenues fugitives dans les Amériques. Une fois émancipés, ces femmes et ces hommes devaient mettre en place des stratégies pour préserver leur liberté. Cela passait par l’établissement de villages précaires prêts à être abandonnés pour reprendre la route, par une agriculture exceptionnelle permettant leur survivance, et par l’apprivoisement de plantes ramenées de leurs terres natives pour être adaptées à un nouvel environnement.

Cima Cima pose donc la question des gestes volontairement dissimulés permettant la survie, aborde l’histoire d’une résistance silencieuse, et la pratique d’une indocilité créatrice comme mode de vie, garante de liberté.

C’est particulièrement la culture des plantes et leur place en tant que témoins de l’histoire humaine qui intéresse ici l’artiste, ainsi que leur fonction parfois ambivalente : la plante qui nourrit, la plante qui soigne, mais aussi la plante qui tue soit indirectement par son exploitation, soit par son utilisation en tant que poison.

Pour la grande salle du Crédac, Kapwani Kiwanga propose Matières premières (2020), une forêt de papier brut à base de fibre de canne à sucre. Allant du plafond au sol, les lés de papier empêchent l’appréhension de l’espace d’un seul regard et invitent le public à emprunter une déambulation marquée par la contrainte. Des fragments de lames de machettes retravaillées et redécoupées viennent parfois se greffer sur le papier, qui, couplés à la circulation entravée, rappellent les espaces de domination sur le corps des personnes en condition d’esclavage, caractéristiques de la culture de la canne à sucre.

Dans la deuxième salle et à l’invitation de Kiwanga, Noémie Sauve, artiste et soutien de l’association Clinamen, co-fondatrice du Fonds d’Art Contemporain Agricole de Clinamen (projet accompagnant les pratiques paysannes par la diffusion d’œuvres d’art), présente trois dessins de la série motif vivant (2018–2020–2020) au crayon et contenant des graines paysannes de tomates.

Partiellement dissimulée, faisant face à la baie vitrée, une rizière de riz de la variété Oryza glaberrima est installée dans cet espace. Selon les récits oraux, le riz africain a fait le voyage aux Amériques camouflé dans les cheveux des femmes de l’Afrique de l’Ouest contraintes à l’émigration pour être réduites à l’état d’esclavage. Cultivé dans le nord de l’Amérique du Sud grâce aux soins et au savoir-faire de ces femmes, l’histoire du Oryza glaberrima a survécu de manière orale.

Léonard Nguyen Van Thé, paysagiste et jardinier, assiste Kapwani Kiwanga tout au long de l’exposition afin de suivre la culture du riz au Crédac.

Au mur est présentée une production récente de l’artiste pour la Renaissance Society à Chicago : une tapisserie où des répliques en verre de grains de riz Oryza glaberrima sont tissés, rappelant le récit des voyages transocéaniques de cette variété.

La série Lazarus, quant à elle, est constituée de quatre sérigraphies blanches sur papier. Ces œuvres de Kiwanga reprennent des illustrations des XIXe et XXe siècles montrant des « taxons Lazare » : des espèces animales déclarées comme éteintes qui refont leur apparition dans la nature après de nombreuses décennies.

La troisième salle présente l’œuvre The Marias, récemment montrée au Kunstinstituut Melly (Formerly known as Witte de With Center for Contemporary Art). Cette pièce se compose de deux reproductions réalistes en fil d’acier et papier coloré d’une Caesalpinia pulcherrima, aussi appelée fleur de paon. Cette plante, native des Amériques et des Caraïbes, est montrée ici sous la forme d’une branche fleurie sur un premier socle, et d’une branche bourgeonnante sur un deuxième socle.

Largement cultivée en tant que plante ornementale aujourd’hui, cette plante était pourtant utilisée pour ses propriétés abortives notamment par les femmes en condition d’esclavage, amenées de force dans les territoires où la fleur de paon est endémique. Refuser de se reproduire dans un système créé de telle sorte à ce que ces femmes ne détiennent plus légalement la possession de leur propre corps est un acte politique et une manière de se réapproprier ce droit fondamental.

L’œuvre fait également référence à l’histoire d’autres femmes en Europe, à l’époque victorienne, issues d’un milieu très privilégié, dont la société attend non pas le travail mais impose l’occupation par des loisirs tels que la confection de fleurs ornementales en papier, répliques exceptionnelles des fleurs naturelles dont elles s’inspirent. Cette pièce interroge ainsi différentes manières de faire l’expérience du naître femme entre le XVIIe et le XIXe siècle.

The Marias s’attache enfin à l’histoire personnelle d’Anna Maria Sibylla Merian (1647–1717), naturaliste et artiste peintre, connue notamment pour ses illustrations botaniques et de métamorphoses de chenilles en papillons réalisées au Suriname. Ses illustrations d’une grande beauté et son héritage dans le milieu des sciences naturelles sont incontestés, or son parcours perpétue les voyages transatlantiques européens et rappelle le statut ambivalent de ces recherches scientifiques dont les découvertes se font au prix d’une domination de la flore, de la faune.

Dans le Crédakino est projetée la vidéo Vumbi (2012), dans laquelle l’artiste nettoie le feuillage d’un mur végétal recouvert d’une couche de poussière rouge en Tanzanie, afin de faire réapparaître le feuillage vert initial. Un tirage répétant ce geste sur un site différent est également exposé.





INVITATION DE KAPWANI KIWANGA

NOÉMIE SAUVE, née en 1980 à RomanssurIsère. Vit et travaille à Paris.

Le travail de NoĂ©mie Sauve va audelĂ  des contraintes inhĂ©rentes aux diffĂ©rentes disciplines artistiques et s’engage directement et Ă©troitement avec le monde. En collaboration avec des spĂ©cialistes divers (ingĂ©nieurs en biologie, vulcanologues, taxonomistes, architectes, chercheurs, paysans…), elle travaille sur plusieurs mediums et terrains avec singularitĂ©.

Sa série de dessins motif vivant incorpore des graines qui peuvent être plantées et potentiellement donner des fruits. Ce travail résonne avec les questionnements abordés dans cette exposition : comment adapter les gestes, les modes de vie, et réflexions nourries par nos connaissances passées dont nous avons hérité et qui ne cherchent pas à préserver une nature idéalisée pour s’y réfugier, mais plutôt faire face à notre nécessité de s’adapter à un monde imparfait et toxique.




POURQUOI LES GRAINES ?

« La graine est le ‹ potentiel vivant ›. Il y est contenu, on ne sait pas comment il va se déployer.

Les semences paysannes sont des graines libres, issues du vivant qui bousculent pourtant toute une architecture sociale et économique sur laquelle nous nous basons. Société dont les règles limitent le déploiement présent et à venir de ces semences non stérilisées. Issues de plusieurs générations, fruits d’évolution et d’adaptation, cette qualité des graines paysannes est néanmoins vue comme une menace. Une « menace » incarnée pourtant d’après moi dans des visions rassurantes comme peuvent l’être la liberté, l’autonomie et le vivant.

Les graines incarnent aussi un temps de négociation avec ces potentiels vivants dans nos espaces. Une cohabitation à investir, un travail de fond et une temporalité dans lesquels nos habitudes sont perdues jusque dans nos cultures agricoles exigeantes.

En intégrant des graines issues de semences paysannes, je défends la liberté de circulation de ce patrimoine vivant universel, et j’encourage leur diffusion. »

Noémie Sauve