đ âLucile Boironâ WOMB, Ă la Galerie MadĂ©, Paris, du 7 janvier au 25 fĂ©vrier 2021
âLucile Boironâ WOMB
à la Galerie Madé, Paris
du 7 janvier au 25 février 2021
Lucile Boiron
Lucile Boiron – modds
Galerie madé
Librairie Man

PODCAST –Â Interview de Lucile Boiron,
par Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, Ă Paris, le 13 janvier 2021, durĂ©e 16â54, © FranceFineArt.
© Anne-FrĂ©dĂ©rique Fer, visite de l’exposition avec Lucile Boiron, le 13 janvier 2021.
Extrait du texte de Sylvain Silleran – PhotoSaintGermain 2020
https://francefineart.com/2021/01/07/3016_photosaintgermain/
« [âŠ] Le vrai choc de ce festival est Womb de Lucile Boiron Ă la galerie MadĂ©. Un poisson Ă©ventrĂ© dont coule un sang-sauce rouge orangĂ© est prĂ©sentĂ© comme une offrande par deux mains dĂ©licates, dansantes ; des visages sont tendus dans une troublante confusion, souffrant ou orgasmiques, Saint SĂ©bastien agonisant ou en pĂąmoison. Des fruits saignent, il y grouille des viscĂšres ou de la vermine. Une bouche sâouvre pour dĂ©vorer une tranche de jambon, lui donnant un baiser fougueux, une Ă©treinte Ă©rotique. La vie et la mort et la nourriture, la chair rouge, bien vivante, voilĂ de quoi se rĂ©veiller ! Fruits, viande, poisson, le mangeur et le mangĂ©, tout est corps, sexe, cadavre ressuscitĂ©. Dans cette cuisine divine, oh si divine, le beau et le dĂ©goĂ»tant se confondent dans une excitante confusion, et en couleurs sâil vous plait ! De vraies couleurs de la Renaissance, des couleurs de Botticelli, de beautĂ©s et de grĂąces. »






Extrait du communiqué de presse :
Lucile Boiron explore et Ă©puise des fragments de chairs, des instants oĂč la nature de lâhomme apparaĂźt pour ce quâelle est avant tout, corruptible. Loin de dresser un inventaire de la rĂ©vulsion, elle interroge la vĂ©ritĂ© biologique des corps, rĂ©ponse photographique Ă la question du bon et du mauvais goĂ»t.
Ă nous qui ne le voyons plus, le corps rappelle sa vĂ©ritable condition, un territoire porteur dâĂ©tats partagĂ©s mais uniques, vecteur des traces dâhistoires que seules les peaux Ă©prouvĂ©es comprennent.
Quand la chose dĂ©jĂ morte parodie le vivant, la dĂ©composition livre Ă la pourriture une matiĂšre qui rĂ©pugne. Dans une logique qui lui est propre, la chair se suce et sâavale, sâengloutit, se rejette pour se dĂ©sagrĂ©ger, migrant de lâĂ©tat solide Ă lâĂ©tat liquide. Comme les fluides corporels, les natures mortes de la photographe errent entre ces deux Ă©tats indĂ©terminĂ©s. Festin visuel, vision cannibale, bonheur dâarracher et de dĂ©chiqueter. Les femmes photographiĂ©es par Lucile Boiron dĂ©vorent le monde depuis le siĂšge du sensible. Le gros plan conduit au coeur mĂȘme de lâorigine. La scĂšne se joue depuis des temps immĂ©moriaux, avec une jouissance inexplicable, avec les mains, Ă lâaide des mandibules et de tous les muscles. Toutes rejouent avec dĂ©lectation les moments de redĂ©couverte du sauvage.
Ici, le corps socialisĂ© ne cesse de se rĂ©volter. Il laisse entrevoir quâil est le siĂšge du rĂ©el, le sujet de la photographie. Il se mue en langage, accumulant les inscriptions. Le plaisir et la vermine forment lâhorizon dâun quotidien parsemĂ© dâhumeurs. Sur et sous la peau, au contact de la viande, une infinitĂ© dâentitĂ©s Ă©tranges prolifĂšrent. Lucile Boiron traque les dĂ©mangeaisons, les rougeurs, les varices⊠Il nây a pas dans le monde rĂ©el de peau Ă©carlate, on nây rencontre que des Ă©manations qui sâimposent alors comme signes. Des signes que nous rejetons, par dĂ©goĂ»t, parce que nous les considĂ©rons comme avilissants.
Ambivalence sĂ©duisante du laid et du rĂ©pugnant suscitent un plaisir Ă rejouer lâanimalitĂ© et jouissance morbide de la contemplation. Asticots grouillants, viande crue, fruits en dĂ©composition, ces images lancinantes obsĂšdent autant quâelles rĂ©vulsent.
Les Ă©mergences cutanĂ©es, contrairement Ă ce quâen dit la morale, ne sont pas la consĂ©quence de dĂ©rĂšglements internes ou une punition infligĂ©e. La photographie a quelques difficultĂ©s Ă affronter croĂ»tes, Ă©coulements et cicatrices. Elle nây voit quâun miroir de lâĂąme. Le pauvre Job recouvert dâulcĂšres sait quel est le prix de sa rĂ©demption. La psychologisation de la reprĂ©sentation du corps a cette fĂącheuse tendance Ă le considĂ©rer comme potentiellement coupable et impropre. Rides, boutons, durillons, traces de petite vĂ©role seraient des rĂ©alitĂ©s mĂ©taphoriques, les stigmates indiscutables de fautes commises, aveux des turpitudes de son propriĂ©taire.
Ici, il est au plus prĂšs du rĂ©el, car câest ainsi que les hommes viventâŠ
François Cheval, Juin 2019
Le livre WOMB est publié par Libraryman Award 2019
https://www.libraryman.se/lucile-boiron-womb/
Biographie
NĂ©e en 1990, Lucile Boiron vit et travaille entre Paris et Nantes. Lucile est une photographe diplĂŽmĂ©e de lâENS Louis-LumiĂšre.
En 2019 elle remporte le prix Libraryman et Ă©dite son premier livre, Womb. Lâouvrage est prĂ©sentĂ© lors de lâĂ©dition 2019 du salon Printed Matterâs New-York Art Book Fair, puis exposĂ© dans le cadre de la Triennale New Visions au Henie Onstad Kunstenter. Il a Ă©galement Ă©tĂ© nominĂ© pour le prix 2020 du livre dâauteur des rencontres dâArles ainsi que pour la cinquiĂšme Ă©dition des rĂ©vĂ©lations du livre dâartiste ADAGP.
Travaillant en coloriste, lâartiste sculpte les chairs et les angles, interroge la vĂ©ritĂ© biologique des corps, fascinĂ©e quelquefois par la sensualitĂ© lâinfĂąme. A nous qui ne le voyons plus, le corps rappelle sa vĂ©ritable condition, un territoire porteur dâĂ©tats partagĂ©s mais uniques, vecteur des traces dâhistoires que seules les peaux Ă©prouvĂ©es comprennent. Elle occupe actuellement un atelier Ă Clichy avec lâincubateur Poush Manifesto.